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Elections au Niger : Des paroles "divines" pour des élections apaisées

Publié le vendredi 20 novembre 2020  |  Agence Nigerienne de Presse
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© Le Sahel par DR
Le Chef de l’Etat reçoit le Ministre Français de l’Europe et des Affaires Étrangères
Le Président de la République, Chef de l’État, SEM. Issoufou Mahamadou, a reçu, hier en fin d’après-midi, le ministre français de l’Europe et des Affaires Étrangères, M. Jean Yves- Le Drian
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Les Nigériens sont appelés aux urnes pour des élections locales et générales en fin 2020 et début 2021. Pour apporter leur contribution à l’apaisement du processus électoral, les leaders religieux du pays, tous bords confondus, accordent leurs violons, malgré les différences de croyance et d’idéologies qui les séparent.

Leur stratégie : prêcher les paroles sacrées qui recommandent la culture de la paix et du dialogue entre les humains pour créer un climat de paix durant tout le processus électoral.

En effet, note-t-on, le processus électoral avance à grands pas au Niger. La présidentielle 1er tour et les législatives sont prévues pour le 27 décembre 2020 et les locales se tiendront deux semaines avant, soit le 13 décembre. Un éventuel deuxième tour est prévu le 10 février 2021.

Pour éviter que ces élections soient émaillées de violences, surtout au regard de certains messages de haine ventilés via les médias et les réseaux sociaux, les leaders musulmans, chrétiens et même des animistes du pays offrent leurs bons offices. Ils multiplient ces derniers temps les appels au calme et au dialogue à l’endroit des acteurs politiques et à toute la société.

Selon les statistiques officielles, la population du Niger est composée à plus de 98% des musulmans. Le reste est composé des chrétiens et des adaptes d’autres religions dont des animistes.

« J’en appelle à tous les acteurs politiques au consensus, qui passe nécessairement par le dialogue. Notre Religion est une religion de paix et de fraternité. Ces deux valeurs, notre pays en a besoin. C’est ce à quoi j’appelle aussi les acteurs politiques à mettre en avant. Nous n’avons pas d’autre pays que le Niger. Faisons-en notre priorité », a déclaré Cheick Djibril Karanta, président de l’Association Islamique du Niger (AIN) dans une intervention télévisée.

C’est dans le même sens que s’inscrit le message lancé par Cheick Mohamed Ben Salla, lui aussi leader musulman, au micro de l’ANP. « Chacun doit œuvrer pour faire évoluer la situation. Il faut savoir contrôler nos langues avant de parler. Il faut maitriser ce que l’on dit », a, en effet, conseillé le guide spirituel.

Pour lui, la violence peut déchirer le pays et découdre les liens sociaux entrez les citoyens. Pour illustrer sa position, il paraphrase Omar Ibn Khatab, deuxième Khalifa du Prophète Mouhammad (Paix et salut sur Lui). « Omar Ibn Khattab a comparé la Oumma (communauté musulmane) aux passagers d’un même bateau en pleine mer. Dans ce même bateau, on partage à chacun une petite parcelle lui revenant comme propriété. Et soudain, un des passagers armé d’une hache décide de faire une fissure sur sa parcelle. Si on le laisse faire, il va faire couler le bateau avec tout le monde avec lui. Si on l’empêche, il sera sauvé de même que les autres passagers », a rapporté l’ouléma.

« Je dis à tout le monde de ne pas sous-estimer sa contribution en invocation, car les invocations peuvent faire modifier la prédestination. Qu’Allah fasse taire partout les armes pour que prévalent les verbes et la sagesse, afin que règne ici chez nous au Niger et partout en Afrique la paix, la cohésion sociale, la fraternité islamique dans le monde et que prospère la solidarité. Qu’Allah fasse que ces élections soient honnêtes, transparentes et inclusives », a souhaité Cheick Ben Salla.

Du côté de la communauté chrétienne du Niger, c’est aussi le message de la paix qui retentit.

Mauro Armanino est un anthropologue et missionnaire italien présent au Niger depuis près de dix (10) ans. Son appel va dans le sens de la promotion de la justice, condition sine qua none de la culture de la paix dans le monde. « La bible dit que sans la justice, il n’y a pas de paix. Il est donc primordial d’instaurer la justice pour que règne la paix. Sinon, ce serait une illusion de penser à des compétitions électorales apaisées sans la justice », a déclaré le prête nigéro-italien.

Pour lui, « la justice est jumelée à la paix ». C’est pourquoi il en appelle « à tous les candidats, même ceux dont les dossiers sont rejetés, d’œuvrer pour qu’il y ait la justice ».

« Du point de vue catholique, nous disons qu’il y a quatre conditions pour qu’il ait la paix, à savoir : la justice, la vérité, la liberté et la solidarité. Ce sont là les quatre piliers qui soutiennent la paix. Mais il faut se demander si toutes ces quatre conditions sont réunies », s’interroge le guide religieux.

« Le seigneur nous a dit de prier pour le pays dans lequel nous vivons, parce que notre paix dépend de la paix de ce pays. Et que le Niger soit un exemple. Nous prions également pour la CENI (Commission électorale nationale indépendante, ndlr) à qui l’Etat du Niger a confié la responsabilité d’organiser ces élections ; nous souhaitons que tous les nigériens se réjouissent de ses résultats », a déclaré, pour sa part, Nafiou Dan Dodo, pasteur nigérien.

Bien qu’il n’existe pas d’organisation formelle d’animistes au Niger, nous avons essayé d’en savoir ce qu’ils pensent de la culture de la paix, notamment en période électorale.

Un animiste, que nous avons rencontré au quartier Talladjé de Niamey, soutient que l’extrémisme politique et religieux est une véritable menace à la paix et de ce point de vue, même les "divinités" vénérées dans sa communauté interdisent la violence gratuite et inutile.

Au Niger, pays très religieux où les populations sont à plus de 90% pratiquantes, les messages des leaders religieux sont très écoutés.

C’est d’ailleurs conscient de leur influence sur la société que la Commission nationale des droits humains (CNDH) a associé ces guides spirituels dans un cadre commun de travail pour rencontrer les acteurs politiques en vue de créer un climat apaisé durant tout le processus électoral.

Ce cadre, appelé "Comité des Sages" est donc composé des leaders religieux, des membres de ladite commission, ainsi que d’autres acteurs compétents.

« Préoccupé par le climat socio-politique qui prévaut en prélude aux élections locales, législatives et présidentielles 2020/2021 que le Niger s’apprête à organiser dans un contexte sécuritaire connu de tous, le Comité des Sages a entrepris des démarches avec les parties prenantes aux élections », a écrit le Comité dans un communiqué qu’il a publié le 10 novembre 2020.

Eu égard aux propos à « caractères haineux véhiculés dans les médias et les réseaux sociaux, toutes tendances confondues », le Comité des Sages a lancé, à travers ce communiqué, un appel à l’endroit de l’ensemble des citoyens et particulièrement les leaders politiques à plus de responsabilité afin de créer un climat d’apaisement dans l’intérêt supérieur du Niger.

En effet, le Comité dit avoir constaté des propos et des agissements susceptibles de compromettre la paix et la quiétude sociales. Et c’est au regard de la nécessité de créer les conditions d’un dialogue politique sincère en vue de parvenir à un consensus sur le processus électoral en cours, que le Comité des Sages a proposé d’offrir « ses bons offices pour créer les conditions d’un rapprochement entre les différentes parties en vue de parvenir à des élections apaisées, consensuelles, crédibles et transparentes ».

Le Comité des Sages a aussi lancé un appel à toutes les Institutions de la République impliquées dans l’organisation de ces élections pour qu’elles jouent leurs partitions conformément à leurs missions, avant d’exhorter les Organisations de la Société Civile à jouer efficacement leur rôle de veille démocratique et républicaine. Aux acteurs des medias, il a demandé d’adopter un comportement responsable dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information en matière électorale.

Selon le Sociologue nigérien A. Saley, cet appel des religieux « aura sans nul doute un impact positif sur le processus électoral ». Mais selon lui, il risque de ne pas faire l’unanimité ».
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