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Dr. Hamid Algabid, ancien secrétaire Général de l’OCI : «Après cette conférence, les gens garderont les bonnes images du Niger comme un pays musulman, fondateur de l’OCI, qui est capable de jouer sa partition dans le monde islamique», a déclaré Dr Hamid Algabid, ancien Secrétaire Général de l’OCI.

Publié le vendredi 27 novembre 2020  |  Le Sahel
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© aNiamey.com par DR
Dr. Hamid Algabid, ancien secrétaire Général de l’OCI
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Notre pays se prépare à accueillir les assises de la 47e session de la Conférence des ministres des Affaires Etrangères des pays membres de l’Organisation pour la Coopération Islamique (OCI) qui se tiendront du 27 au 28 Novembre prochain. Sachant que vous avez occupé pour deux mandats successifs le poste de Secrétaire Général de l’OCI, pouvez –vous nous faire une présentation de cette organisation ?

L’Organisation de la Conférence Islamique est une institution qui a été créée pour booster la coopération entre les pays islamiques sur tous les plans, à savoir économique, culturel, et civilisationnel. Pour présenter l’OCI, rappelons d’abord que c’est une institution qui comprend actuellement 57 Etats membres. C’est une grande organisation. Je pense qu’après l’ONU, elle doit être l’organisation qui a le plus grand nombre de membres. Cette institution couvre tous les pays membres de la ligue arabe, beaucoup de pays africains et asiatiques, bref tous les pays musulmans qui sont dans les différents continents du monde sont membres de l’OCI. Du point de vue historique, l’OCI a été créée suite à l’incendie de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Vous vous souvenez, il y a quelques années, il a été enregistré un incendie criminel ayant affecté cette mosquée. C’est suite à cet incendie que les pays musulmans ont pris conscience de l’importance de s’organiser en mettant en place une organisation qui défendra les intérêts du monde islamique. A cet effet, le premier Sommet de l’OCI a été tenu à Rabat au Maroc. Le Sommet a regroupé une trentaine de membres fondateurs de l’organisation. Il faut préciser que le Niger a été toujours parmi les pays fondateurs. Cette institution s’est organisée au niveau politique en tenant des Sommets, des conférences des ministres des Affaires Etrangères, des réunions d’experts sur les différents sujets. Ajoutons aussi qu’elle a créé des institutions au nombre desquelles la Banque Islamique de Développement (BID), le Fonds de Solidarité Islamique (FSI). Elle comprend également d’autres organes qui y sont affiliés à savoir le Centre d’Istanbul qui s’occupe de l’histoire et de la culture, le Centre de Bangladesh qui a été transformé en une école, puis en une Université. Sur le plan culturel, l’OCI a créé des institutions comme l’Université Islamique du Niger et celle d’Ouganda. Notons que la Banque Islamique de Développement finance entre autres des projets dans tous les pays sous-développés, et le Fonds de Solidarité Islamique intervient également pour le financement de l’Université Islamique de Say au Niger et de toutes les Universités qui sont mises en place par l’OCI. Pour ce qui est du siège de l’institution, il se trouve à Djeddah en Arabie Saoudite. Il est important de préciser que les réunions sont toujours l’occasion pour les Etats membres de faire le point des problèmes qui assaillent le monde islamique, soit des problèmes entre Etats membres, soit des problèmes entre pays membres et d’autres Etats. Le Secrétariat avec l’appui des Etats essaye de proposer des solutions pour régler les différents conflits.

En tant qu’ancien Secrétaire Général de l’OCI, comment accueillez-vous la tenue de cette 47e session de la Conférence de l’organisation à Niamey ?

La tenue de la Conférence est salutaire pour notre pays du fait que le Niger a été toujours reconnu comme membre fondateur de l’OCI. Le Niger a été toujours actif dans le cadre des activités de l’organisation. C’est une manifestation de la participation du Niger dans les activités de l’OCI qui donnera l’occasion à tous les pays membres de se retrouver afin d’échanger sur les différents problèmes. Le Niger qui est toujours considéré comme un pays important fera de son mieux pour que la rencontre soit une réussite. Je souhaite que le Niger puisse réussir cette conférence. Après cette session, les gens garderont les bonnes images du Niger comme un pays musulman, fondateur de l’OCI qui est capable de jouer sa partition dans le monde islamique.

L’organisation de cette importante rencontre est confiée à l’Agence de l’Economie des Conférences (ANEC) qui a fait ses preuves lors de la tenue du Sommet de l’Union Africaine au Niger. Etes-vous optimiste quant à la bonne organisation de cette conférence de l’OCI à Niamey ?

Je suis optimiste quant à la capacité de l’ANEC à gérer confortablement cette rencontre de Niamey. Je pense que la création de cette structure est une bonne chose pour notre pays. Le Niger est devenu émergent dans l’organisation des grandes internationales. L’ANEC a enregistré des succès à travers les réunions et autres rencontres de portées internationales qu’elle a organisée.

On sait que notre pays a tiré d’énormes avantages des apports de l’OCI. Pouvez-vous nous donner une idée des réalisations de l’OCI en faveur du Niger ?

L’un des exemples le plus important est celui de l’Université Islamique de Say. Elle est aujourd’hui une grande institution regroupant des étudiants venus de tous les pays musulmans de la région. A travers la Banque Islamique de Développement, il a été financé beaucoup de projets. Je me souviens encore du projet d’irrigation de Birni Konni. C’est l’un des premiers projets financés par la BID. Même le projet Kandadji, la BID figure parmi les bailleurs. Il y a aussi plusieurs routes qui sont financées par la BID de concert avec d’autres bailleurs. Dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage, ce sont des projets que la BID a financé au Niger en vue d’accompagner les programmes de développement du Niger. La BID qui est une institution affiliée à l’OCI est intervenue presque dans tous les secteurs au Niger. Le Fonds de Solidarité Islamique a également investi des ressources remarquables en finançant plusieurs projets. Par ailleurs, le Fonds continue à œuvrer pour le bon fonctionnement de l’Université Islamique de Say à travers de financement adéquat du fait que la gestion de l’Université est coûteuse.

Votre élection au poste de Secrétaire Général de l’OCI, c’est l’histoire d’une grande prouesse pour un pays comme le nôtre. Quels sont les grands souvenirs que vous gardez du processus ayant conduit à votre élection à ce prestigieux poste ?

A l’OCI, le poste de Secrétaire Général est pourvu de façon rotative par les différents groupes de pays, à savoir le groupe arabe, le groupe africain et le groupe asiatique. Les Secrétaires Généraux se relaient. Au moment de mon élection, c’était le tour de l’Afrique. Il s’est agi pour le groupe africain de présenter le Secrétaire Général parmi les africains. Nous avons présenté notre candidature aux côtés d’autres candidatures. Nous étions entendus au niveau du groupe africain pour présenter un seul candidat. Ce n’était pas du tout facile sachant qu’il y a d’autres qui voulaient des candidatures parallèles. A l’issue des consultations, c’est le Niger qui a été retenu. Le Chef de l’Etat Ali Saibou a envoyé une forte délégation ayant entrepris des démarches et des consultations diplomatiques pour défendre la candidature du Niger. La délégation a été active dans la prise de contact ayant conduit à l’aboutissement de notre dossier. La candidature du Niger a été appréciée pour avoir présenté un ancien Premier ministre. Cela a aussi joué dans le choix de notre pays.

Quels ont été les grandes actions et les défis que vous avez affrontés dans la conduite de l’organisation ?

Au sein d’une organisation, il y a des pays riches et des pays pauvres. L’un des premiers défis de toutes les organisations internationales, c’est d’abord la situation financière sachant que tous les pays n’arrivent pas à s’acquitter de leurs contributions à temps. Il y a des pays qui sont riches qui payent régulièrement leurs contributions. Cela nous a permis de créer l’équilibre. Nous avons tenu à travers des actions ayant permis d’assurer le fonctionnement de l’institution afin d’atteindre nos objectifs. A cet effet, si vous avez constaté, tous les grands conflits qui sont gérés dans le monde prennent un peu leurs sources dans les pays islamiques. Lorsque nous avons pris fonction, nous avions en charge le dossier afghan. A cette époque, l’Afghanistan était sous occupation de l’URSS. Il fallait entreprendre des démarches pour engager une lutte de libération. Pendant une période, l’URSS a quitté le pays. Après d’autres problèmes compliqués sont venus s’ajouter parmi lesquels l’histoire des talibans. Nous avons également investi pour gérer le conflit entre l’Iran et l’Irak. C’était une période difficile, mais finalement la guerre a pris fin. Il y a également le problème de l’invasion de Koweït par l’Irak. L’OCI a joué un rôle majeur dans le règlement de ce problème. Le Koweït a, par la fin, retrouvé sa souveraineté. Notre organisation a intervenu dans certains Etats du monde pour résoudre le problème de minorité islamique. Il existe beaucoup de minorités islamiques de par le monde qui ne sont pas membres, mais qui sont des observateurs. Quand ils ont des problèmes, ils se référent à l’OCI pour qu’ils soient protégés. C’est le cas de la minorité islamique au Philippines. Il a fallu des interventions, de prise de contact, des accords pour pouvoir calmer la situation. Il y a aussi le problème de Cachemire entre l’Inde et le Pakistan. L’OCI a usé de ses moyens pour défendre la minorité islamique. Nous avons également intervenu dans le problème de Rohingyas qui sont opprimés en Birmanie, bien que nous n’ayons pas trouvé une solution définitive. Quand il y a des problèmes entre un pays islamique et un autre pays, nous avons manifesté notre solidarité à l’endroit des pays musulmans. Ce fut le cas de Bosnie-Herzégovine, après la dislocation de l’ex-URSS, après la dislocation de la Yougoslavie. Ce sont des conflits au cours desquels nous avons essayé de calmer certains, tandis que d’autres n’ont pas trouvé des suites favorables. Précisons qu’il y a des problèmes de développement qui se posent au niveau de l’espace commun. La BID intervient pour accompagner les Etats en difficulté, mais il y a aussi des Etats riches qui apportent leur assistance à des pays victimes par exemple de sécheresse, des inondations, de tsunami. D’autres pays riches apportent des contributions spéciales pour soutenir des pays comme ceux du sahel. Nous avons agi pour faire ce que nous pouvons faire, mais le problème de ce monde ne s’arrête jamais : vous réglez un, d’autres se créent.

Selon vous, quel rôle l’OCI pourrait jouer dans l’enracinement de la culture islamique, au moment où l’on assiste à la montée du phénomène de l’islamophobie dans certaines parties du monde ?

Sur le plan culturel, il y a des réunions qui se tiennent en général entre les oulémas, parfois avec des représentants de gouvernements pour essayer de montrer le vrai visage de l’islam. Il faut montrer que toutes ces crises qui se créent à partir d’une fausse interprétation de l’islam, ne cadre pas avec la perception de l’islam sachant que le vrai islam, c’est la paix. On ne peut pas concevoir que ce sont les musulmans qui perpétuent le terrorisme dans le monde. Il faut essayer au niveau des Etats d’étouffer ces mouvements, et mener une campagne au niveau international pour montrer ce que ces minorités veulent propager comme islam, ne cadre pas avec le vrai islam. C’est pourquoi, au niveau des certains centres, il est animé souvent des conférences afin d’expliquer le vrai islam.



Réalisée par Laouali Souleymane
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