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M. Issoufou Mahamane Ousseyni, Directeur Pays du Créditinfo West Africa : «La mise en place du BIC a contribué à réduire les créances en souffrance. Elles sont passées de 10 % en 2014 à 9 % en 2016, puis 8% en 2019»

Publié le jeudi 14 janvier 2021  |  Le Sahel
M.
© Autre presse par DR
M. Issoufou Mahamane Ousseyni, Directeur Pays du Créditinfo West Africa : «La mise en place du BIC a contribué à réduire les créances en souffrance. Elles sont passées de 10 % en 2014 à 9 % en 2016, puis 8% en 2019»
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Monsieur le Directeur, le Bureau d’Informations sur le Crédit a été identifié par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) comme étant un puissant outil pour accélérer l’inclusion financière au sein de cet espace communautaire, qu’est-ce que concrètement le BIC et comment fonctionne-t-il dans nos Etats ?

Permettez-moi d’abord de vous remercier de l’occasion que vous m’offrez de partager avec vos lecteurs quelques notions sur le BIC. Creditinfo West Africa est l’entreprise sélectionnée par la BCEAO et agréée pour mettre en place et exploiter le premier Bureau Régional privé d’Information sur le Crédit (BIC) dans la zone UMOA. Une base de données sophistiquée gérée par une entreprise de haute technologie dont l’activité est régulée par une loi (loi uniforme) et contrôlée par un régulateur (BCEAO pour l’UEMOA) et des organes d’audit externes ; c’est aussi une entreprise dont les clients sont les institutions financières et non financières qui sont à la fois des fournisseurs de données et des utilisateurs des services du BIC ; c’est aussi une entreprise qui développe et commercialise des services de suivi et d’appréciation des risques (produits à valeur ajoutée) pour les banques, les IMF et les autres participants (Télécom, Grands facturiers, etc.) et présente dans plus de 150 Pays à travers le monde. Il faut noter que CREDITINFO, occupe actuellement la 5ème place dans le classement mondial des Majors de l’industrie « Bureau d’Information sur le Crédit ». Grâce à la fiche de consentement que signent les clients auprès de leurs institutions financières, ces dernières, à travers la BCEAO, nous transmettent les informations sur les données de crédit. Il s’agit pour un client donné, du montant des crédits octroyés, le taux, les retards de paiement, etc. Les informations sur l’épargne du client ne sont pas transmises au BIC. Nous recevons également les données des grands facturiers (sociétés d’eau et d’électricité, de téléphonie). Toutes ces informations sont traitées et transcrites sous la forme de rapport de solvabilité encore appelé rapport de crédit qui est transmis sur demande aux institutions financières et aux clients.

Quels sont les avantages du bureau d’information sur le crédit pour les entreprises et les personnes physiques ?

Les principaux avantages du BIC sont : Pour les particuliers et les personnes morales : Un meilleur accès au crédit, à un coût moindre et un faible degré d’exigence de garantie ; prise en compte de la qualité de leur réputation dans les critères d’appréciation de leur solvabilité par les établissements de crédit ; bénéficier de délai de traitement plus court ; disposer d’outils innovants pour connaître leur notation et pour vérifier l’exactitude des informations les concernant et procéder, à des réclamations au besoin. Pour les institutions financières : Augmenter le volume des crédits octroyés, avec une amélioration de la qualité du portefeuille ; réduire les coûts et les délais d’analyse des dossiers de crédit ; anticiper le surendettement des emprunteurs et partant, prévenir les risques de défaillance, contribuant ainsi à une baisse du niveau des provisions sur créances douteuses. Pour l’Economie Nationale : Expansion de l’activité économique, à travers l’accès au crédit des agents à moindre coût ; renforcement de l’efficacité de la supervision de l’activité de crédit ; renforcement de la réputation des Etats sur le plan international ; renforcement de l’attractivité des Etats vis-à-vis des investisseurs étrangers, à travers l’amélioration du climat des affaires.

Le bureau d’information sur le crédit est une initiative de l’Union et de la BCEAO, quels sont les progrès enregistrés par la BCEAO en tant qu’instance de mise en œuvre de cet outil d’accès au financement dans l’espace UEMOA ?

Permettez-moi d’abord de vous rappelez les motifs pour lesquels le BIC avait été créé : il avait été constaté : Une faiblesse persistante du taux de financement de l’économie. Le pourcentage de crédits octroyés en fin 2012 était de 21,4 % du PIB dans l’UEMOA contre 36,3 % au Nigeria, 103,1 % au Maroc et 182,2 % en Afrique du Sud. Une asymétrie d’information entre emprunteurs et banques avait été identifiée comme contrainte majeure à l’accès au crédit. Un taux élevé de dégradation du portefeuille ; des limites des registres publics en matière de partage de l’information sur le crédit (Centrale des risques, SCIE et centrale des incidents de paiement de la BCEAO, inexistence d’une centrale des risques des SFD) ; une faible note des pays de l’UEMOA sur le critère

« étendue de l’information sur le crédit » dans le Doing Business, se traduisant par un climat d’affaires peu attractif. Pour revenir au sujet, la mise en place du BIC a contribué à réduire les créances en souffrance. Elles sont passées de 10 % en 2014 à 9 % en 2016, puis 8% en 2019 (Source : BCEAO, 2019). Depuis décembre 2017, les grands facturiers comme les fournisseurs d’eau, d’électricité et les télécoms, ainsi que les SFD de petite taille figurent également dans la base du BIC. Il faut noter également qu’en 2014, le taux brut de dégradation des portefeuilles des banques était évalué à 16,6%. Ce taux est ressorti à la baisse à 12,6% en 2017 avec une augmentation de l’encours de crédit sur la période.

La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a lancé le 8 décembre 2020 à partir de son siège à Dakar, une campagne de sensibilisation du grand public sur le BIC, qu’est-ce qui a été fait au Niger pour un meilleur ancrage de cet outil d’accès au financement surtout pour le secteur privé ?

Au 30 novembre 2020, le nombre de personnes répertoriées dans la base du BIC est de 10 237 907 personnes (dont 9 999 500 personnes physiques et 238 407 personnes morales). Les campagnes d’information et de sensibilisation organisées par le gouvernement, le Bureau de Représentation de Creditinfo au Niger, les Associations Professionnelles des Banques et Etablissements Financiers (APBEF) de l’UEMOA ont eu un impact positif sur la familiarisation par les banques et les établissements financiers avec ce nouveau dispositif.

Cependant, l’écart entre le nombre de prêts déclarés (1 531 894) et les consultations de rapports de solvabilité (1 005 338) sur la période allant du 1er janvier au 30 novembre 2020, montre que les rapports de solvabilité ne sont pas systématiquement consultés par les banques et les établissements de crédits lors des nouvelles demandes de crédit. Ainsi, les efforts de sensibilisation doivent être poursuivis.

A l’image de tous les pays en développement, l’accès au crédit est un véritable problème pour les entreprises au Niger, Combien d’entreprises, d’établissements financiers ou encore de personnes physiques utilisent le BIC dans notre pays ?

Une meilleure couverture de la population nigérienne par le BIC a permis de favoriser un meilleur accès au crédit. Le nombre de particuliers est passé de 14.454 en janvier 2017 à 1.003.008 en mai 2020 (12% niveau UEMOA) avec une progression mensuelle moyenne de 7%. Le nombre d’entreprises est passé de 427 en janvier 2017 à 10.943 (5% niveau UEMOA) en mai 2020 avec une progression mensuelle moyenne de 8%.

En outre, Le crédit bancaire accordé au secteur privé continue d’augmenter progressivement. En janvier 2017, le nombre de contrats enregistrés au Niger s’élevait à 33.391, il a atteint 1.220.133 (7% niveau UEMOA) au 31 mai 2020 avec une hausse mensuelle moyenne de 8% sur la période.

Quelles sont les perspectives des BIC pour la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ; l’UEMOA et pour le Niger ?

De manière globale, notre vision est de participer activement à l’amélioration de la stabilité du système financier africain et de stimuler l’investissement et l’inclusion financière, afin de créer un environnement de confiance dans lequel les banques et établissements de crédit africains peuvent fournir les services nécessaires à tous les emprunteurs, des particuliers aux entreprises de toute taille.
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