Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Katiellou Gaptia Lawan, Directeur de la Météorologie Nationale : « De plus en plus, le nombre de jours chauds augmente sur notre planète et cela est indéniablement lié au changement climatique »

Publié le vendredi 7 mai 2021  |  Le Sahel
Katiellou
© Autre presse par DR
Katiellou Gaptia Lawan, Directeur de la Météorologie Nationale
Comment




Katiellou Gaptia Lawan, Directeur De La Météorologie Nationale : « De Plus En Plus, Le Nombre De Jours Chauds Augmente Sur Notre Planète Et Cela Est Indéniablement Lié Au Changement Climatique »
Politique
7 Mai 2021 ONEP
Spread the love
Sharing is caring!

Share
Tweet
Pin
Google+
LinkedIn
0
SHARES
Depuis quelque temps, on enregistre une montée progressive de thermomètre dans certaines zones de notre pays et notamment à Niamey. Qu’est-ce-qui explique cette situation ?

Concernant cette montée de température, il faut tout d’abord noter que c’est la période qui l’explique. En effet, les mois d’avril et de mai sont les plus chauds chez nous. Pour expliquer ces périodes de chaleur, il faut remonter aux explications des saisons. Ainsi, c’est l’inclinaison de l’axe des pôles, de plus de 23°, combinée à la révolution de la Terre autour du Soleil, qui fait qu’il se produit une alternance des saisons qui proviennent de la variation d’ensoleillement induite par l’orientation changeante vis-à-vis du rayonnement solaire.

Donc, l’alternance des saisons est due à l’inclinaison de l’axe de la Terre durant sa rotation. C’est-à-dire que durant une période, l’hémisphère Nord recevra une quantité plus importante de rayon du Soleil que l’hémisphère Sud (d’où une température plus élevée) : ce sera donc l’été au Nord et l’hiver au Sud. Chez nous actuellement, on fait face au soleil, d’où les températures élevées que nous enregistrons ces derniers jours. L’entrée du Front Inter Tropical (FIT) et celle de la mousson, sur la boucle du Niger, contribuent aussi à faire monter, encore plus, les températures. En effet, l’humidité qu’apporte cette mousson fait encore monter le mercure. Elles varient donc de 41 à 45 °C, selon les localités. Rien qu’à Niamey, la température monte jusqu’à 42 à 43 °C. Il faut noter que globalement l’année dernière, à cette même période il a fait moins chaud. Pour se protéger de l’intense chaleur, le corps humain dégage naturellement de la sueur. Ce stress thermique provoque un malaise, surtout chez les personnes âgées, les malades chroniques et les enfants. En plus avec le carême, la sensation de chaleur est encore plus intense. Cette sensation de chaleur s’étend à Niamey, Tillabéry, Dosso et une partie de la région de Tahoua. Cette année, le mois de ramadan intervient dans une période de grande chaleur. Cela implique que les gens doivent se protéger et ne pas s’exposer au soleil, au risque de déshydrater le corps et de tomber malade. En résumé, la chaleur, la déshydratation, la hausse de température, l’humidité font beaucoup souffrir le corps humain, qui en plus doit faire face au carême.

Du point de vue météorologique, cette situation est-elle normale ?

En effet, du point de vue de la météorologie, cette situation est tout à fait normale au vue des différentes raisons que nous avons évoquées ci-haut. En plus, elle peut perdurer jusqu’à fin mai début juin. D’ailleurs, d’autres zones seront aussi impliquées par cette vague de chaleur et d’humidité. Avec la faiblesse des vents, que nos récentes analyses nous ont montrée, ce qui aère moins les gens et ne permet pas aux températures de baisser. Du point de vue de la santé humaine, cette situation est plus que préoccupante.

Nous sommes, depuis quelques années, dans une réalité de changement climatique. Quelle peut être la responsabilité de ce changement climatique sur ces séries de canicules au Niger ?

On sait que l’atmosphère de la Terre laisse passer la lumière du soleil qui réchauffe la surface du globe. La chaleur qui s’élève de la surface est en partie absorbée par les gaz et la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère – on appelle ce processus naturel «effet de serre». En l’absence de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et oxyde nitreux (N2O)), la plus grande partie de la chaleur pénétrant dans l’atmosphère terrestre serait directement réémise dans l’espace, et la température moyenne de la Terre serait de -18 °C au lieu de 15 °C. Au cours des 10 000 dernières années, la quantité de ces gaz à effet de serre présents dans notre atmosphère est demeurée relativement constante et a permis à la Terre de conserver un climat relativement stable. La concentration de ces gaz a commencé à grimper avec l’avènement de l’industrialisation, la hausse de la demande en énergie, la croissance démographique et les changements dans l’utilisation du territoire. L’expérience, qui a donc débuté avec l’industrialisation, consiste donc à maintenir l’augmentation dans la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre en brûlant d’énorme quantité de combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel qui génère d’importante quantité de CO2) et en poursuivant la déforestation (la forêt débarrasse l’atmosphère de CO2). L’accroissement des concentrations de gaz à effet de serre accentue l’effet de serre naturel et fait monter la température moyenne de la surface du globe. Ce réchauffement de la planète cause des changements climatiques pour l’ensemble des paramètres du climat car il déclenche une modification des circulations atmosphériques et des autres sous-systèmes du système climatique. Lorsque l’on en parle aujourd’hui, il s’agit du phénomène d’augmentation des températures qui se produit sur Terre depuis 100 à 150 ans. Depuis le début de la révolution industrielle, les températures moyennes sur terre ont en effet augmenté plus ou moins régulièrement. En 2016, la température moyenne sur la planète terre était environ 1 à 1.5 degrés au-dessus des températures moyennes de l’ère préindustrielle (avant 1850). De façon plus précise, lorsque l’on parle du réchauffement climatique, on parle de l’augmentation des températures liées à l’activité industrielle et notamment à l’effet de serre : on parle donc parfois du réchauffement climatique dit “d’origine anthropique” (d’origine humaine). Il s’agit donc d’une forme dont les causes ne sont pas naturelles mais économiques et industrielles. De nombreux scientifiques étudient ce phénomène et tentent de comprendre comment les activités des sociétés humaines provoquent ce réchauffement. Ces scientifiques sont regroupés au sein du GIEC (Groupe International d’Experts sur le Climat), et ils publient régulièrement des rapports étudiant l’évolution du réchauffement climatique. Dans les années 60, plusieurs scientifiques vont montrer que les présomptions sur l’effet de serre s’avèrent en fait réelles. Les scientifiques commencent à se préoccuper de plus en plus du réchauffement climatique, et de ce fait, la société politique va commencer à prendre en compte ce problème. En 1971, le premier Sommet de la Terre évoque pour la première fois dans une grande conférence internationale la définition du réchauffement climatique et ses conséquences. Pendant encore plus d’une décennie, les preuves s’accumulent dans la communauté scientifique au point qu’au milieu des années 1980, les 7 plus grandes puissances économiques mondiales (le G7) demandent à l’ONU de créer un groupe d’experts chargés d’étudier la question. C’est la première fois qu’il y a une vraie prise en compte et une vraie définition du réchauffement climatique comme problème public par les institutions internationales. Selon nos analyses, à la météorologie Nationale, au Niger, c’est à partir de 1996-97 que nous avons constaté que jamais les températures enregistrées, au niveau de toutes nos stations, ne sont descendues en deçà de la moyenne. Cependant, en 2008, la température avait quand même chuté un peu. Les études faites autour des jours chauds ont montré qu’en 1960 ces jours étaient au nombre de 10 ou 15 jours mais aujourd’hui, les jours chauds se comptent à 30, 40 voire 50 par an. Donc, de plus en plus, le nombre de jours chauds augmente sur notre planète et cela est indéniablement lié au changement climatique.

Le forum de prévisions climatiques, qui se tient chaque année dans un pays africain, permet à la Direction de la Météorologie Nationale d’avoir un aperçu des informations, de façon consensuelle, dans le Sahel et spécifiquement sur le Niger. Qu’en est-il de ce forum cette année ?

Vers la fin du mois d’avril et début mai de chaque année, l’ensemble des services de météorologie de l’Afrique de l’ouest, nous nous réunissons, chacun avec son outil de prévisions nationales pour faire des analyses, des prévisions et de se préparer par rapport à la saison d’hivernage. Cela fait deux ans, la pandémie de la Covid-19 exige, nous travaillons en ligne. Actuellement, nous sommes là-dessus. En effet, nous procédons à des prévisions pour anticiper afin de voir quelle sera la quantité de pluie qui va arroser nos pays. Pour voir d’abord si le cumul pluviométrique va être moyen, excédentaire ou déficitaire. Nous travaillons aussi sur le paramètre agro-climatique. Ces données sont utilisées dans le cadre de la sécurité alimentaire et les catastrophes. Ce qui nous permet de voir le profil de la saison. Cela est indispensable surtout justement à cause du changement climatique. Les saisons de pluie n’étant plus ce quelles sont, avec des pluies insuffisantes, qui viennent aussi souvent en retard et qui sont mal reparties, ces informations sont nécessaires pour chaque pays, car le rendement des cultures s’amenuisent de plus en plus. D’après nos recherches, nous avons constaté que le profil de la saison est impacté par ce changement climatique. Ainsi, avec le centre régional Aghrymet, nous avons initié les prévisions des dates de démarrage, de fin de saison et les pauses pluviométriques prolongées, les jours successifs sans pluies à l’intérieur de la saison. Pour se faire une idée de comment vont se passer tous ces évènements, en dehors du cumul qui va tomber. Afin de savoir si les pluies vont tomber à temps, ou en retard, ou précocement. En fonction de ces prévisions, on peut choisir les semences qu’il faut utiliser pour la saison. Nous avons constaté que dans plusieurs régions de notre pays, le démarrage de la saison est toujours problématique. Au vu de l’importance de ces prévisions, l’accent doit être mis sur la sensibilisation. Nous envisageons de créer une plateforme avec des structures comme l’INRAN, pour donner les outils et les informations nécessaires à l’Etat, afin de l’aider à prendre en compte ces aspects dans le cadre de sa politique de sécurité alimentaire. Nous devons, tous ensemble, lancer un véritable programme de sensibilisation, pour expliquer qu’il y a des structures qui produisent des variétés de semences adaptées, selon les saisons, afin de promouvoir le rendement des cultures.

Réalisé par Mahamadou Diallo(onep
Commentaires

Dans le sous-dossier