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Crises pastorales et insécurité au Sahel : Le RBM, la voix des éleveurs

Publié le lundi 31 mai 2021  |  l'évènementniger.com
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© Autre presse par DR
Crises pastorales et insécurité au Sahel : Le RBM, la voix des éleveurs
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Du 27 au 29 mai 2021, le « Réseau Billital Maroobé » (RBM) et une coalition des organisations de la société civile et des collectivités territoriales de six pays sahélo-sahariens, notamment le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad, se sont regroupés à Niamey au Niger autours de plusieurs questions, aspirations et contraintes des éleveurs/pasteurs de la région du Sahel. A l’issue des discussions, des pistes de solutions ont été envisagées afin de proposer des conditions d’un meilleur avenir de l’élevage dans la bande sahélo-saharienne.

Le RBM a conduit une première étude construite autour du recueil de la perception de plus de 1.700 éleveurs, représentant la diversité et la variété des éleveurs/pasteurs dans 23 régions administratives de 3 pays du Sahel Central (Mali, Burkina Faso, Niger) et de 4 pays voisins (Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Nigéria). Au total, 1.898 personnes (entre éleveurs, pasteurs, agriculteurs, élus locaux, membres des services techniques, des groupes d’autodéfense, des gardes forestiers et des militaires) ont été interrogées, dans le cadre de l’étude, pour entendre leurs perceptions et éventuellement les accompagner en vue de maintenir et renforcer la pratique de l’élevage dans la bande sahélo-saharienne de l’Afrique.

Le « pastoralisme », un levier de croissance, mais laissé à son sort
Le RBM et ses partenaires estiment que la pratique du « pastoralisme » intègre la conservation des sols, la préservation de la biodiversité et l’adaptation à la variabilité climatique. En outre, il est, pour eux, « pourvoyeur d’emploi et de croissance ». Ainsi, il est renchéri que ses produits contribuent à la réduction de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté dans les territoires. Cependant, le RBM et ses partenaires constatent que l’inclusion des populations agro-pastorales reste en grande partie à réaliser car, selon eux, les politiques publiques ont rarement pris en compte les spécificités liées à la mobilité qu’implique la pratique du « pastoralisme ».

Par ailleurs, ils constatent aussi qu’en zone sahélienne, le « pastoralisme » fait face à des nombreuses difficultés qui constituent autant de contraintes pour son développement et l’épanouissement des éleveurs. En effet, l’étude menée par le RBM fait ressortir que les insurrections, atteignant un certain niveau, ont entrainé d’importants déplacements et mouvements des populations rurales faisant « plus de 2 millions de réfugiés et déplacés internes » dans la partie la plus affectée par la crise, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Elle a également relevé que les populations rurales sont à la fois actrices et majoritairement victimes de cette situation.

Les agriculteurs vénèrent que la crise que vit le « pastoralisme » aujourd’hui est « l’expression d’une crise globale de la gouvernance des espaces ruraux » qui offre « un taureau propice aux groupes armés pour recruter parmi les éleveurs ». Ce qui malheureusement donne encore une nouvelle représentation de la crise qui affecte le « pastoralisme » en l’aggravant davantage.

« Si une firme minorité s’est laissée séduire, cela a suffi pour ethniciser une partie des esprits au Sahel. La question du pastoralisme est de plus en plus abordée sous un angle ethnique qui façonne et déforme les représentations que chacun se fait de la crise actuelle », a souligné le RBM.

De ce fait, la crise, au niveau pastoral, s’aggrave avec des impacts qui se font sentir sur le plan sécuritaire avec la réduction de l’accès aux ressources pastorales, la décapitalisation et dépossession des éleveurs, la montée des inégalités et des tensions au sein du monde de l’élevage et une crise pastorale qui favorise des violences et une déstabilisation des équilibres fragiles régionaux.

L’implication de la femme pastorale dans la prise de décisions, un autre défi à relever
Aux défis sus-évoqués, s’ajoute une faible représentation de la femme pastorale, dans les politiques socioéconomiques, accentuée par des stéréotypes que porte la société sur elle. La femme pastorale a pourtant un grand rôle à jouer à tous les niveaux. C’est pourquoi les participantes du forum ont aussi plaidé pour leur implication dans les politiques, notamment celles concernant leurs activités pastorales.

« On lutte pour que les uns et les autres comprennent que de la même façon que les femmes ont un rôle à jouer au niveau familial, elles peuvent et doivent jouer le même rôle dans la construction d’une paix durable. Leur contribution est fortement attendue car sans elles, on ne va pas avancer », a signifié Mme Saoudata Walet Aboubacrine, Secrétaire Générale et coordinatrice du programme Sahel de l’association TIN HINANE.

Pour elle, impliquer la femme pastorale dans la prise de décisions n’est pas synonyme de la dégradation de bonnes valeurs sociales, mais une contribution à l’évolution vers le développement. « Les leaders, nos chefs coutumiers, dans leurs milieux, doivent comprendre que les choses doivent changer. On n’invite pas à la déperdition, à la dépravation, à la perte de bonnes cultures ou de bonnes morales, mais, on appelle à ce qu’on aille vers un changement sans perdre nos valeurs positives », a-t-elle expliqué.

A Saoudata d’ajouter : « On appelle à ce que la femme puisse être au cœur des autres groupes de la communauté, de la société, pour aller de l’avant en utilisant son atout de personne conciliante, de médiatrice au niveau non seulement local, mais aussi national et sous régional afin qu’elle contribue à la cohésion sociale et à la paix ».
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