Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Politique

Monsieur le Président, de grâce, épargnez-nous d’une crise inutile et coûteuse (Suite du 17 décembre 2013)
Publié le vendredi 20 decembre 2013   |  Le Monde d'aujourd'hui


Le
© Autre presse par DR
Le président du Niger Mahamadou Issoufou


 Vos outils




Monsieur le Président, Je poursuis cette lettre que j’ai commencée deux semaines plus tôt, en espérant que cette troisième partie de ma lettre vous trouve dans de meilleures dispositions d’esprit pour lire ces lignes sans aucun a priori. Car, c’est du Niger que je vous parle, pas du Gondwana.

Je souhaite, donc, de tout coeur, pour le plus grand bien du Niger et de son peuple, que vous lisiez tranquillement cette lettre et que vous fassiez votre propre introspection, votre propre autocritique, sans orgueil et sans vanité. Vous le savez, Excellence, l’orgueil et la vanité ne mènent qu’au désastre. Débarrassez-vous de ces carcans pour vous élever au niveau de la mission dont le peuple nigérien vous a investi. Ne pensez surtout pas que vous ne pouvez plus reculer. Refusez cette politique du taureau qui vous conduit, tête baissée, dans le mur. Ressaisissez-vous, car il n’est pas tard pour mettre un terme à cette politique de « soutien contre poste » que vous avez dénoncée et condamnée, voire tournée en dérision sous la quatrième République.

Cela ne vous rapportera que des casseroles. Quel crédit peut-on avoir à gratifier d’un poste de directeur général un repris de justice dont le contentieux avec l’Etat n’a jamais été vidé ? Vous êtes dans l’erreur et vous devez le savoir, Monsieur le Président. Interrogezvous sérieusement sur vos responsabilités personnelles dans cette situation sociopolitique qui se dégrade chaque jour davantage. C’est pour vous aider dans cet exercice difficile que j’ai décidé, cette semaine, de vous titiller quelque peu avec toutes ces vérités qui fâchent. La première, c’est que j’ai trouvé troublant que des gens, autour de vous, s’agitent tant depuis que les confidences de l’ancien président Mamadou Tandja ont été rendues publiques. De quoi vous plaignez-vous ? Qu’est-ce que vous vous reprochez donc ?

Ceux qui auraient pu se sentir concernés n’ont jamais senti la nécessité de protester jusqu’ici. Et curieusement, on déploie tant d’efforts autour de vous pour convaincre que l’affaire des 400 milliards que l’ancien président dit avoir laissés ne peut-être que le fruit de l’imagination « d’un vieillard frappé par la sénilité ». Mais, non seulement la réaction de votre entourage a surpris, mais sa sortie a été malheureuse, avec un document qui est manifestement faux. Et puis, soyons quand même sérieux. Mamadou Tandja n’a pas parlé que de 400 milliards. Il a dit des choses plus graves qui choquent la morale. Passons toutefois dessus pour évoquer les révélations de l’ancien vice-président de la commission nationale des droits de l’Homme et des Libertés fondamentales, et non moins beau-frère du Premier ministre Brigi Rafini, El hadj Ahmadou Ahalawey.

Là, c’est carrément le débordement. Pour le respect que je dois et que j’ai pour votre fonction, je ne rapporterai pas ces propos qui dépassent tout entendement. Bref, chaque jour que Dieu fait, nous apprenons de vous des choses pas belles du tout à telle enseigne que les Nigériens se demandent qui ont-ils élu à la tête de l’Etat. Ce qui est certain, c’est que, en moins de trois ans, vous avez donné l’occasion à vos compatriotes de comprendre que vos discours et principes ne sont que de l’opportunisme pur. En effet, vous avez passé des années à défendre des principes auxquels vous ne croyez guère.

Les exemples sont nombreux. Passons encore sur l’exclusion de cadres nigériens sur la base de leurs appartenances politiques ; politique que vous avez dénoncée avec un engagement si fort que personne n’aurait soupçonné de l’opportunisme dans ce que vous prétendiez défendre mais à laquelle vous semblez avoir découvert aujourd’hui des « vertus » immenses. Passons également sur les détournements de deniers publics à travers ces surfacturations qui donnent la nausée à tous ceux qui ont un peu de pitié pour le Niger, mais qui semblent être dans votre registre des « politiquement corrects ». Ce dont je voudrais parler dans cette troisième partie de ma lettre, c’est cette façon prodigieuse avec laquelle vous avez réussi à faire de la septième République, en moins de trois ans, la République de tous les travers que vous avez mis tant de hargne à combattre. En effet, vous avez concentré autour de vous pratiquement tout ce que le Niger compte de redevables devant la justice.

Cette même justice dont vous faisiez l’apologie et au nom de laquelle vous avez créé la Halcia. De la poudre aux yeux des bailleurs de fonds ! Rien de plus. De ces cas qui devraient embarrasser tout homme d’Etat imbu de justice ou même soucieux de son image de marque, je vais vous citer certains qui, de notoriété publique, devraient connaître un épilogue judiciaire mais dont vous avez, dans vos visées machiavéliques, ennobli les auteurs au point d’en faire des icônes de « votre République ». Je vais commencer par le cas que les Nigériens ont senti comme une insulte et par lequel vous avez enfin laissé tomber le masque, si beau et si trompeur.

Ainsi, le « transfuge » Albadé Abouba, symbole de la dictature, dont votre propre gouvernement a demandé à l’Assemblée nationale, avec force justifications, de lever l’immunité parlementaire afin qu’il réponde devant la justice de ce qui lui est reproché, est subitement devenu un homme fréquentable ; si fréquentable que Bazoum Mohamed, votre ministre des Affaires étrangères et président par intérim de votre parti, n’a pas eu la moindre gêne à le qualifier d’homme de qualité qu’il faut avoir avec soi. L’acte concret, vous l’avez posé en nommant Albadé Abouba, ministre d’Etat à la présidence. Cet acte, quoi que vous puissiez penser, vous a enlevé toute crédibilité quant à la foi aux principes de reddition de comptes et de justice sociale dont vous vous disiez porteur.

Mahamadou Issoufou prendre un député dont l’immunité est levée pour en faire un ministre d’Etat, sans que la justice l’ait jamais blanchi, il y a sans doute très peu de gens qui auraient accepté de parier le moindre sou là-dessus ? Vous l’avez quand même fait, alors que vous n’avez jamais arrêté de parler de justice et de bonne gouvernance. Malheureusement, le cas n’est pas isolé. Il est même monnaie courante depuis que tous les ripoux du Niger ont compris que ce n’est pas avec vous que s’arrêtera l’impunité au Niger, loin s’en faut. Avec vous, ils vivent même un nouveau printemps, conscient que vous vous êtes enfermé dans une logique politique qui vous fait accepter toutes les compromissions possibles. Pourvu qu’elles vous donnent l’illusion d’être en train de gagner.

La paix et la cohésion sociales, la stabilité politique, la concorde, bref, tout ce qui est important pour notre pays est aujourd’hui sujet à caution. Et c’est curieusement votre propre camp qui alimente la polémique, attise le feu et l’entretient. Vérifiez par vous-même, à une exception près, tous les sujets à polémique sont partis de votre propre camp. La presse, que vous pensez être en train d’utiliser à bon escient en l’amenant à jouer le mauvais rôle, est un couteau à double tranchant. Faites attention à ce qu’elle peut vous réserver, surtout que les brebis galeuses, il y en a plein dans le lot embrigadé. Dans ce qui se fait autour de vous, par le biais de vos très proches collaborateurs et probablement avec votre plein assentiment, il y a manifestement une volonté de museler la presse. Je m’explique : ce que vous avez donné par la loi, vous êtes en train de le retirer par l’argent essentiellement.

Cela aussi, vous devez le savoir : il n’y a pas que par la loi que l’on peut museler les médias. Le 18 décembre prochain, vous allez vous adresser à vos compatriotes. C’est un discours très attendu pour la simple raison que les Nigériens attendent que vous fassiez amende honorable, que vous vous remettiez en cause et que vous mettiez fin à la chienlit politique que vous avez, en grande parti, sinon installée, du moins soutenue et encouragée. Détrompez-vous, cela n’est pas une faiblesse. Il est même l’apanage des grands hommes, ceux qui savent s’élever au-dessus de la mêlée pour éviter à leurs peuples les affres de crises inutiles et coûteuses. Vous reveniez d’Afrique du Sud où vous avez tenu à assister aux hommages rendus à un de ces grands hommes que l’Humanité a vu naître.

Pour les raisons multiples que l’on sait aujourd’hui, personne ne vous demandera d’être un Mandela ou même de faire comme tel. Ce qu’on vous demande, c’est de rebrousser chemin et de refuser de suivre la voie des mercenaires, la voie du faux et de la confiscation des droits des citoyens. Dites NON au message radio de Massaoudou Hassoumi. Dites NON à la préférence des mercenaires au détriment des partis politiques. Dites aussi la vérité sur toutes ces conventions à l’emporte-pièce que votre gouvernement signe pratiquement chaque quinzaine avec la Chine. N’est-ce pas les 1000 milliards d’Eximbank qui sont ainsi consommés ?

Le peuple nigérien, à qui vous avez juré fidélité, attend de vous entendre à l’occasion de la fête de la République. Ou vous redressez la direction de votre navire, ou vous allez droit dans les rochers. A vous de décider de la destination.

 Commentaires