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Logique institutionnelle: John Fru Ndi- Paul Biya, jusqu’où ?
Publié le samedi 20 avril 2013   |  La Nouvelle Expression


John
© Autre presse par DR
John Fru Ndi et Paul Biya


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En dépit de sa défaite aux sénatoriales, rien n’exclut que le président de la République nomme le Chairman à la Chambre haute du parlement. Le scénario a beau être séduisant, il n’en est pas moins risqué.Tout, dans l’implication de John Fru Ndi, aux sénatoriales du 14 avril 2013, tenait de la symbolique. D’un faisceau de symboles. La toute première participation personnelle du leader du Social democratic front à un scrutin d’enjeu local et de résonnance nationale, lui valait déjà une posture singulière : le Chairman conduisait en effet la liste du Sdf dans une région qui lui avait été longtemps acquise ; de sorte qu’à une différence de voix près face au Rassemblement démocratique du peuple camerounais, certains n’excluaient pas sa victoire. De telles perspectives étaient adossées sur l’hypothèse optimiste d’un retournement d’uniformes militantes au sein du Rdpc.
Dès lors, le scénario de l’éventuelle entrée de John Fru Ndi au parlement était perçu comme une étape significative de la conversion du leader Social democratic front à logique institutionnelle si chère au régime. De longues semaines après sa survenue, la métamorphose politicienne qui avait conduit John Fru Ndi à renoncer à la logique insurrectionnelle, garde encore ses secrets au milieu de tant de rumeurs…
Ce faisant, ce réaménagement dans les attitudes du leader du Sdf signalait déjà à lui tout seul, la toute première victoire du Rdpc à ces élections du 14 avril 2013. Et de fait le parti au pouvoir, accusé d’acte de banditisme politique du fait de la tenue des sénatoriales avant les législatives et municipales, savait qu’il ne lui suffirait pas de rentabiliser à son avantage, la ruée clientéliste de ses «alliés» vers des élections entourées d’un grave malentendu sur l’ordonnancement du calendrier politique.
En dépit de leur empressement à engager leurs formations politiques respectives ou à se déclarer candidats eux-mêmes, Issa Tchiroma Bakary (Fsnc), Bello Bouba (Undp), Amadou Moustapha (Andp), Dakolé Daïssala (Mdr), étaient condamnés, avant même le scrutin, à de la figuration électorale. Restait alors à faire infléchir le leader du Sdf qui, quelques jours après la convocation au collège électoral, avait ressorti une rhétorique protestataire éprouvée, menaçant de boycotter les élections et de s’opposer à leur déroulement si le pouvoir n’avait pas aménagé le calendrier électoral dicté et décliné par le président de la République.
Conscient de l’intérêt pour le pouvoir, de convertir en concurrent un récalcitrant tenté par toutes sortes d’aventures, le Rdpc fut contraint à des manœuvres souterraines. Menées par des acteurs jouissant de la confiance du chef de l’Etat, ces transactions de l’ombre bénéficiaient à l’évidence de l’onction de Paul Biya lui-même.
En cette matière le régime en place est resté cohérent envers lui-même. Au fil des échéances électorales depuis la restauration du multipartisme sa ruse politique consiste à faire accréditer l’idée d’une démocratie crédible à travers la multiplication des candidatures, l’affichage d’une présumée diversité partisane, l’encouragement à la participation électorale des figures et des partis politiques considérés comme relevant de «l’opposition radicale». Le calcul du régime en place, a souvent tenu à la conjuration du spectre du boycottage des élections, dans le but de préserver une part de crédibilité des élections, en sorte de mieux crédibiliser les victoires du partis au pouvoir.
A l’arrivée, cette logique a fini par établir le Social democratic Front et son leader notamment, dans la stature de caution à la démocratie made in Cameroon. Les sénatoriales du 14 avril 2013 n’ont pas dérogé à cette mécanique de validation des élections par le pouvoir. A l’aune de ce jeu, autant la participation de John Fru Ndi était symbolique à plus d’un égard, autant le succès de la liste du Rdpc conduite par l’ancien Premier Ministre Simon Achidi Achu dans le Nord-Ouest sonne, d’un certain point de vue, comme humiliation du Sdf et de son Chairman. Les succès électoraux dans les régions de l’Ouest et de l’Adamaoua, qui propulsent le principal parti d’opposition au Sénat, ne devraient pas faire illusion : il s’agit de victoires politiques collatérales, construites sur le mode du dépit (le vote des électeurs Rdpc dans l’Adamaoua), et du bricolage à visage républicain (les consignes du parti au pouvoir à l’Ouest).
Résultat : on s’interroge sur l’avenir politique immédiatement du leader du Social democratic front si les tendances enregistrées étaient confirmées par le conseil constitutionnel. De ce point de vue, trois scénarios majeurs s’esquissent d’ores et déjà. D’abord le président de la République pourrait procéder à la nomination de John Fru Ndi comme membre du Sénat ainsi que l’y autorise la Constitution. Dans ce cas de figure, l’on assisterait à une entrée légale du Chairman du Social democratic front dans le jeu institutionnel consacré.
Mais cette modalité nominative entamerait l’auréole de la légitimité électorale qui aurait pu signer d’un éclat particulier l’entrée au parlement de John Fru Ndi. Ce scénario, s’il devait s’actualiser, pourrait se prolonger d’une autre éventualité, bien qu’elle semble relever à priori d’une «faute de goût» pour un entrepreneur politique n’ayant pas été élu : la réactivation pour le pouvoir du dossier relatif de la confession de la statue de l’opposition. On se souviendra qu’en novembre 1997 à la faveur de la cérémonie de prestation du serment du président Paul Biya, des hiérarques du Rdpc avaient fait miroiter un tel projet de loi dans ce sens, à l’effet d’obtenir la présence du groupe parlementaire Sdf de ladite cérémonie.
Troisième hypothèse d’école : John Fru Ndi, même sollicité pour sa nomination au Sénat pourrait décliner l’offre du président de la République, et décider de poursuivre son combat politique en dehors de l’institution parlementaire. Ce serait le triomphe d’un certain orgueil politique. Dans ce cas, il lui resterait alors, au leader du Social democratic front, à résoudre une équation particulièrement délicate : préserver son autorité, sa prééminence au sein d’une formation politique ballotée ces dernières année, par de velléités diversement affirmées autour du renouvellement de son leadership.

Valentin Siméon Zinga

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