Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Politique

Afrique : une démocratie sans alternance est une moto sans phare
Publié le lundi 6 janvier 2014   |  Le Pays


Afrique
© Autre presse par DR
Afrique : une démocratie sans alternance est une moto sans phare


 Vos outils




Les rideaux vont, sous peu, descendre sur la vaste comédie humaine à l’empreint 2013, jouée sur les solides et inusables planches du Temps. 2013 va donc, dans quelques heures, se cacher à jamais. Bienvenue 2014 ! A tous les personnages du gigantesque vaudeville qui s’achève, qui se retrouveront une fois de plus projetés sous les projecteurs de la scène 2014, nous adressons nos meilleurs vœux de Nouvel an. Et à tous ceux qui, en 2013, ont fait leurs adieux au théâtre de la vie, nous leur souhaitons le meilleur, pour celle d’après.
2013 va ainsi rejoindre l’univers des ombres. Qu’en retenir ? Dans un mauvais rôle dont il faudrait plus pleurer que rire, on retrouve, hélas, l’Afrique. Cette Afrique qui semble bien s’accommoder de ses pitoyables et inséparables guenilles qui croulent sous le poids d’une gouvernance politico-sociale des plus approximatives. Cette Afrique qui, tel un véhicule en proie à la panne permanente, n’est jamais à l’abri du coup de main extérieur, pour avancer. Le comble, ceux qui en tiennent les volants, s’amusent toujours à emprunter des chemins périlleux aux conséquences incalculables … pour ensuite crier au secours. Et le peuple, dans tout cela, se voit, bien souvent, malgré lui, embarqué vers des caps qu’il n’aura pas choisis. Comment alors s’étonner que le continent en paie toujours le prix fort, en termes d’instabilité permanente, de retours en arrière récurrents et de recommencements perpétuels ?

C’est bien cela, tout le drame de l’Afrique où, généralement, les mandibules claquent à tout propos : démocratie !

Et dire que le problème a un fond, bien connu : l’incapacité des princes, sous nos tropiques, à s’élever au-dessus de leur ego et à descendre de leur empyrée. Car, sur des sujets majeurs qui engagent l’avenir de leur pays ou celui du continent, la primauté a été toujours ou presque celle de leurs intérêts d’abord, bien souvent au détriment de ceux de leur peuple. C’est bien cela, tout le drame de l’Afrique où, généralement, les mandibules claquent à tout propos : démocratie ! La réalité, quant à elle, est bien tout autre : les plus fins contournent la démocratie et les moins subtils font l’option de foncer dans sa garde. A ce rythme, il faut craindre que le continent ne continue à ployer sous le joug maléfique de l’immobilisme et de la stagnation, voire du recul.
On croyait pourtant que la nouvelle génération de chefs d’Etats africains, rendraient, de leur gouvernance, des copies plus propres que celles de leurs devanciers qui avaient, eux, au moins l’excuse d’avoir été propulsés à la tête de jeunes Etats, faisant leurs premiers pas en tant que républiques. Erreur ! Que sont devenues ces républiques, plus de cinq décennies après les indépendances ? En majeure partie, des coquilles quasi vides, surtout en ce qui concerne l’Afrique de la sphère francophone. De fait, quel contenu donner à des républiques dans lesquelles la conception du pouvoir d’Etat par les dirigeants, incruste ses profondes racines dans celle du pouvoir traditionnel ? Combien sont-ils, les chefs d’Etats africains, à diriger leur pays comme on gère un patrimoine personnel ? Que penser de ces républiques où le mot souveraineté sonne creux, leur incapacité à s’assumer ayant été manifeste ? Assurément, l’Américain O. Henry n’a pas fantasmé en parlant de « républiques bananières ».
Est de celles-ci, la République centrafricaine qui poursuit sa longue et effroyable marche vers le Golgotha. C’est à croire que ce pays n’a toujours pas trouvé l’exorciste capable de le libérer des djinns qui le hantent depuis l’après-Barthélemy Boganda. Mais si, jusque-là, l’ex-Oubangui-Chari a continué à s’engloutir dans les profondeurs de l’épaisse nuit politico-sociale dont elle semble avoir du mal à se sortir, c’est que les charlatans de tous bords, qui prétendaient lui apporter la lumière, ont plutôt joué avec des allumettes. Résultat : la Centrafrique est encore à feu et à sang. L’horreur a encore frappé à sa porte et sa terre exhale d’odeur mortifère de l’apocalypse. Chapeau bas à la France qui a accepté d’accourir au chevet du grand sinistré ! Honte à tous ceux qui, gagnés par la mauvaise foi et un souverainisme de piètre aloi, s’insurgent contre son intervention, comme si, laissée à elle seule, la solidarité africaine serait venue à bout de l’incendie centrafricain. Plutôt que de faire un mauvais procès à la France, ces questions devraient agiter leurs viscères : cette énième intervention française sur le continent, dont les Etats agitent à tout va les grelots de la souveraineté, ne doit-elle pas interroger nos consciences ? La France a-t-elle vocation à payer au prix fort les errements des dirigeants du continent ? Quand l’Afrique grandira-t-elle enfin ? Quand lui montera-t-il au visage, le peu d’orgueil et d’amour-propre qui lui restent encore ?

Au Burkina Faso, l’article 37 de la Constitution qui devait ouvrir la voie à l’alternance, n’est pas loin de subir le sort du bélier sacrificiel

2013 a vu s’écrouler un grand monument, une illustre figure du continent, un grand héros de l’Afrique, un patrimoine pour l’humanité. Si l’on dit des siècles qu’ils produisent, chacun, leur grand homme, Nelson Mandela aura été de ces grands-là. Et si l’immensité de l’héritage du Nobel de la paix 1993, ne fait aucun doute, le scepticisme est permis quant à ce qui adviendra de son legs. Assurément, papa Madiba laisse un grand vide. Qui pour le combler ? Qui pour oser prétendre chausser les bottes de ce leader hors pair, de peur de les trouver trop grandes à ses pieds ? Exemple de pardon, Mandela aura aussi été un exemple de renoncement au pouvoir qui passait, à ses yeux, comme un moyen, et non une fin. Il aura été, en cela, un fervent partisan de l’alternance, dont la seule évocation, suffit à donner de l’urticaire à bien des dirigeants africains.
Au Burkina Faso, l’article 37 de la Constitution qui devait ouvrir la voie à l’alternance, n’est pas loin de subir le sort du bélier sacrificiel. Que ceux qui s’activent pour son immolation sur l’autel de la paix sociale, se gardent au moins de verser dans la vaste comédie tendant à faire croire que chaque jour apporte son supplément de pierre à l’édification de la démocratie au Burkina. Au demeurant, une démocratie sans alternance n’en est pas une. Elle est comparable à une moto sans phare : on ne sait jamais vraiment sur quel cul-de-sac elle débouchera. On sait cependant que les longs règnes ont invariablement conduit au chaos, et les exemples sont légion en Afrique comme ailleurs, pour l’attester. Et ce serait se mentir que de croire que ce qui s’est produit ailleurs, n’arrive qu’aux autres. En cela, les tenants du pouvoir et de la modification de l’article 37, sont les plus interpellés. Parce qu’on est en position de pouvoir tout, il faut se garder de vouloir tout. Autrement, le risque est grand de voir ses passions dévorantes se retourner contre soi, et se transformer en tunique de Nessus.
A l’adresse de nos lecteurs qui continuent à mener l’aventure avec nous depuis un certain 3 octobre 1991, nous leur renouvelons notre contrat de confiance. A tous nos partenaires qui nous accompagnent depuis toujours, nous leur réitérons notre disponibilité à continuer ensemble l’exaltante aventure.
Et à tous, enfin, nous marquons notre détermination à rester les mêmes hier, aujourd’hui et demain.
Bonne et heureuse année 2014 à tous.

Cheick Beldh’or SIGUE, Directeur général, Directeur de publication des Editions « Le Pays »

 Commentaires