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Relations France-Afrique : Pourquoi Issoufou Mahamadou et Bazoum Mohamed sont-ils présentés comme les meilleurs élèves de la France au Sahel ?

Publié le mardi 19 octobre 2021  |  nigerdiaspora.net
Emmanuel
© Autre presse par DR
Emmanuel Macron et Bazoum Mohamed
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Alors que la France est de plus en plus contestée et combattue pour sa politique plus que douteuse au Sahel, Issoufou Mahamadou, l’ancien chef de l’État nigérien et son successeur Bazoum Mohamed, se voient décerner la palme des meilleurs élèves de la France. La sentence est venue du Président français, Emmanuel Macron, lors du sommet Afrique-France tenu le …à Montpelier. Par deux fois, au moins, l’hôte des acteurs de la société civile africaine, triés sur le volet par les soins d’Achille Mbembé, a déclaré que Issoufou et Bazoum méritent tous leurs respects pour le travail remarquable qu’ils font à la tête du Niger. Quel travail ? Le président français ne s’est point étendu làdessus mais les Nigériens, comme tous les Africains qui ont suivi ces échanges insolites, s’en sont fait une raison. La célèbre déclaration de feu Ahmed Sékou Touré de Guinée « quand le colon te félicite, c’est que tu as trahi ton pays », est abondamment partagé sur les réseaux sociaux, assortie des photos des deux récipiendaires d’Emmanuel Macron. À Niamey, on ignore si les intéressés ont ressenti de la fierté ou de la gêne après cette mention du président français. Mais cela a laissé aux Nigériens un goût amer de déception, de honte et de regret combinés de voir leur pays inscrit sur ce tableau affligeant pour les Africains. Pourtant, dans ce propos d’Emmanuel Macron, ils retrouvent la confirmation de ce qu’ils ont toujours soutenu. Le procès fait au duo Issoufou-Bazoum est qu’il est plus acquis aux intérêts français qu’à ceux du Niger, devenu entre leurs mains la chose de la France.

Ce qui était impensable pour la France sous Tanja est devenu un jeu d’enfant pour l’hexagone sous Issoufou.

Depuis l’accession d’Issoufou à la tête de l’État, le Niger a continuellement croulé sous le poids de la France. Une France qui a progressivement investi et contrôlé presque tous les secteurs stratégiques de la vie économique et militaire. Vincent Bolloré fera rapidement main basse sur l’eau avec un contrat d’affermage de 10 ans pour Vivendi alors qu’aucune évaluation de la phase d’essai n’est intervenue. Puis, viendra, plus tard, cette histoire insolite de rail qu’Issoufou Mahamadou a concoctée avec le même Vincent Bolloré, cité parmi ceux qui ont mis leur argent, leur énergie et leurs connections pour faire élire Emmanuel Macron à la tête de l’État français. Entre temps, Isoufou Mahamadou a remis en cause la loi minière, adoptée sous Mamadou Tanja et qui contraignait la France au paiement de certains taxes et impôts. Et pour ne pas faire dans la dentelle dans la satisfaction totale des desiderata des autorités françaises, il concède à celle-ci le renvoi aux calendes grecques de l’exploitation d’Imouraren, non sans avoir acté la fermeture de Somaïr et de Cominak, synonyme de mise au chômage de milliers de personnes. Ce qui était impensable pour la France sous Tanja est devenu un jeu d’enfant pour l’hexagone sous Issoufou.

Pour les Nigériens, l’armée française est une armée d’occupation.

Sur le plan de la sécurité, c’est le pire. La France est partout. Avec pas moins de trois bases militaires et un arsenal impressionnant, le pays de Marcon ne remerciera jamais assez le duo- Issoufou-Bazoum de lui avoir permis une réinstallation militaire, 38 ans après y avoir été chassée par Seyni Kountché. L’armée française se balade du Mali au Niger, sans jamais rien justifier, avec à la clé, des zones exclusives que même l’armée nigérienne n’a pas le droit de pénétrer. Pour les Nigériens, c’est une armée d’occupation. C’est d’autant une armée d’occupation que la réinstallation de l’armée française au Niger n’a aucune base légale. Or, Bazoum Mohamed s’s’inscrit résolument dans la même logique qu’Issoufou. Donner à la France tous les droits militaires. Au nom d’une lutte grotesque contre le terrorisme à laquelle personne ne croit plus. C’est d’ailleurs la France qui veille sur Kidal, le refuge de tout ce que l’on peut trouver de terroristes au Sahel. Une lueur d’espoir pointe toutefois à l’horizon avec le Président Bazoum qui, aussitôt installé à la tête de l’État, a fait un clin d’oeil à l’Algérie, la bête noire de la France en Afrique. En associant Bazoum à Issoufou pour cette distinction qui sonne comme une preuve d’hommes qui ont srrvi plutôt un pays étranger que le leur, la France veut ménager la chèvre et le chou. Il faut caresser le président actuel dans le sens des poils pour éviter qu’il ne se tourne pas de façon inattendue vers l’Algérie.

La France est consciente de la chance inespérée qu’elle a d’avoir des autorités aussi acquises aux intérêts français.

Bousculée au Mali, c’est au Niger, chez l’élève soumis et corvéable à merci, que la France est en train d’aménager son dispositif militaire. Le zèle inconsidéré des autorités nigériennes pour rendre service à la France, au détriment du bon voisinage, peut avoir de graves conséquences sur les relations entre le Niger et le Mali. Une perspective qui n’est pas à écarter depuis la sortie médiatique peu courtoise du ministre des Affaires étrangères, Hassoumi Massoudou, à l’encontre du voisin malien. La France est consciente de la chance inespérée qu’elle a d’avoir des autorités aussi acquises aux intérêts français. Elle le leur rend bien d’ailleurs. Malgré sa gouvernance désastreuse qui a ruiné son pays, Issoufou Mahamadou est présenté par les autorités françaises comme un modèle de gouvernant qui mérite tous les respects. Il a d’ailleurs obtenu, probablement grâce au coup de main de ceux dont il a servi les intérêts, le prix Mo Ibrahim. Un contraste avec l’image réelle de l’homme qui est presque détesté dans son pays à cause de son bilan, désastreux. Issoufou, c’est plutôt le corbeau affublé par Macron de plumes de colombe. Si, demain, Bazoum Mohamed décide de donner plus d’intérêt à une coopération militaire avec l’Algérie, il est certain que le discours des autorités françaises changerait à 90 degrés vis-à-vis du président nigérien. Le flatter et le présenter, dans le sillage d’Issoufou, comme un élève exemplaire, n’est-ce pas confirmer publiquement ce qu’en pensent des opinions aussi fortes que la dame de Sotchi ¯Nathalie Yamb ¯ pour qui Bazoum Mohamed n’est que le nouveau laquais de la France ?

Doudou Amadou
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