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Insécurité alimentaire, pauvreté et déplacements en hausse en Afrique à cause du changement climatique (OMM)

Publié le mardi 26 octobre 2021  |  levenementniger.com
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© AFP par Boureima Hama
Le HCR vient en aide aux familles déplacées et affectées par les inondations au Sahel
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L’augmentation des précipitations, la hausse des températures et l’accroissement des phénomènes météorologiques extrêmes ont contribué à aggraver l’insécurité alimentaire, la pauvreté et les déplacements de populations en Afrique en 2020, ce qui n’a fait qu’accentuer la crise socio-économique et sanitaire déclenchée par la pandémie de Covid-19. C’est ce qu’indique un nouveau rapport multi-institutions coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

Le rapport sur l’état du climat en Afrique 2020 donne un aperçu des tendances et des effets du changement climatique, notamment l’élévation du niveau de la mer et la fonte des glaciers emblématiques du continent. Il met en évidence la vulnérabilité disproportionnée de l’Afrique et montre comment les avantages potentiels des investissements dans l’adaptation au climat, les services météorologiques et climatologiques et les systèmes d’alerte précoce l’emportent largement sur les coûts.

« Au cours de l’année 2020, les indicateurs climatiques en Afrique ont été caractérisés par une augmentation continue des températures, une accélération de l’élévation du niveau de la mer, des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, tels que les inondations, les glissements de terrain et les sécheresses, et les impacts dévastateurs associés », a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.

« La fonte rapide des derniers glaciers d’Afrique de l’Est, dont on s’attend à ce qu’elle soit totale dans un avenir proche, nous alerte d’un changement imminent et irréversible du système Terre », a-t-il ajouté.

Selon lui, parallèlement aux mesures de relèvement adoptées face à la Covid-19, il reste urgent de renforcer la résilience climatique. Il est particulièrement nécessaire d’investir dans le développement des capacités et le transfert de technologies, ainsi que dans l’amélioration des systèmes d’alerte précoce nationaux, notamment les systèmes d’observation du temps, de l’eau et du climat, a-t-il expliqué.

Une augmentation de la variabilité météorologique et climatique
« D’ici 2030, on estime que jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres (c’est-à-dire vivant avec moins de 1,90 dollar par jour) seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique si des mesures adéquates ne sont pas prises », a déclaré la Commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine, Josefa Leonel Correia Sacko.

« Cette situation fera peser une charge supplémentaire sur les efforts de réduction de la pauvreté et entravera considérablement la diffusion de la prospérité », a-t-elle ajouté.

En Afrique subsaharienne, le changement climatique pourrait entraîner jusqu’à 3% de baisse supplémentaire du produit intérieur brut d’ici à 2050. « Cela représente un défi de taille pour l’adaptation et la résilience face au climat, car non seulement les conditions physiques se détériorent, mais le nombre de personnes touchées augmente », a-t-elle précisé.

Hausses des températures, élévation du niveau de la mer et fonte des glaces
Le rapport indique que l’Afrique s’est réchauffée plus rapidement que la moyenne mondiale, terres et océans confondus. L’année 2020 se positionne entre la troisième et la huitième année la plus chaude jamais enregistrée en Afrique, en fonction de l’ensemble de données utilisé.

Les taux d’élévation du niveau de la mer le long des côtes tropicales et de l’Atlantique Sud ainsi que de l’océan Indien sont plus élevés que le taux moyen mondial, soit environ 3,6 mm/an et 4,1 mm/an, respectivement. Le niveau de la mer le long des côtes méditerranéennes augmente à un rythme d’environ 2,9 mm/an, soit moins que la moyenne mondiale.

De plus les trois montagnes d’Afrique couvertes de glaciers, le massif du Mont Kenya (Kenya), les Monts Rwenzori (Ouganda) et le Mont Kilimandjaro (Tanzanie) ont enregistré un taux de recul supérieur à la tendance mondiale.

Bien que ces glaciers soient trop petits pour servir de réservoirs d’eau importants, ils ont une importance touristique et scientifique de premier plan. Si cette tendance se poursuit, elle conduira à une déglaciation totale d’ici les années 2040. Le Mont Kenya devrait être libre de glace une décennie plus tôt, ce qui en fera l’une des premières chaînes de montagnes à perdre totalement ses glaciers en raison du changement climatique induit par les activités humaines.

Le rapport note que des précipitations supérieures à la normale, accompagnées d’inondations, ont aussi prédominé dans le Sahel, la vallée du Rift, le bassin central du Nil et le Nord-Est de l’Afrique, le bassin du Kalahari et le cours inférieur du fleuve Congo.

Des conditions sèches ont prévalu sur la côte nord du Golfe de Guinée ainsi que dans le nord-ouest et le sud-est du continent. La sécheresse à Madagascar a déclenché une crise humanitaire.

Insécurité alimentaire et déplacements
Les effets conjugués des conflits prolongés, de l’instabilité politique, de la variabilité climatique, des épidémies de ravageurs et des crises économiques, exacerbés par les conséquences de la pandémie de Covid-19, ont été les principaux facteurs d’une augmentation significative de l’insécurité alimentaire.

Une invasion de criquets pèlerins aux proportions historiques, qui a débuté en 2019, a continué à avoir un impact majeur dans la Corne de l’Afrique et l’Est du continent en 2020.

L’insécurité alimentaire a augmenté de 5 à 20 points de pourcentage à chaque inondation ou sécheresse en Afrique subsaharienne.

La détérioration associée de la santé et de la fréquentation scolaire des enfants pourrait aggraver les inégalités de revenus et de genre à plus long terme. Le rapport constate une augmentation de près de 40% de la population touchée par l’insécurité alimentaire en 2020 par rapport à l’année précédente.

Ainsi, on estime que 12% de tous les nouveaux déplacements de population dans le monde se sont produits dans la Corne de l’Afrique et l’Est du continent, avec plus de 1,2 million de nouveaux déplacements liés à des catastrophes et près de 500.000 nouveaux déplacements liés à des conflits. Dans la catégorie des déplacements internes liés aux catastrophes, les inondations et les tempêtes sont les causes principales, suivies par les sécheresses, indique le rapport.

Investir dans le développement des capacités et le transfert de technologies, et l’amélioration des systèmes d’alerte précoce
Le rapport estime que, pour éviter des coûts encore plus élevés de secours en cas de catastrophe en Afrique subsaharienne, il faudrait allouer chaque année entre 30 et 50 milliards de dollars aux activités d’adaptation au cours de la prochaine décennie.

Pour se préparer à l’intensification des phénomènes dangereux à fort impact et parvenir à un développement résilient face au climat en Afrique, il serait aussi nécessaire d’investir dans les infrastructures hydrométéorologiques et les systèmes d’alerte précoce.

Les enquêtes menées par le Fonds monétaire international (FMI) auprès des ménages en Éthiopie, au Malawi, au Mali, au Niger et en République-Unie de Tanzanie ont révélé, entre autres, qu’il était possible de réduire le risque d’insécurité alimentaire en améliorant l’accès aux systèmes d’alerte précoce et aux informations sur le prix des denrées alimentaires et les conditions météorologiques. Ainsi, informer les agriculteurs sur le moment de planter, d’irriguer ou de fertiliser, permettrait de développer une agriculture tenant compte des facteurs climatiques

Le rapport propose la mise en œuvre rapide de stratégies d’adaptation en Afrique qui stimulerait le développement économique et générerait davantage d’emplois pour soutenir la reprise économique après la pandémie de Covid-19.

Enfin, la poursuite des priorités communes répertoriées dans le plan d’action pour la relance verte de l’Union africaine faciliterait la réalisation d’une relance durable et verte du continent après la pandémie, tout en permettant une action climatique efficace.

Ce rapport est le fruit d’une collaboration entre l’OMM, la Commission de l’Union africaine, la Commission économique pour l’Afrique par l’intermédiaire du Centre africain pour la politique en matière de climat, des organisations scientifiques internationales et régionales et des organismes des Nations Unies.
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