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Niger et France: des relations «normales»

Publié le mardi 30 novembre 2021  |  wakatsera.com
Cérémonie
© Présidence par DR
Cérémonie solennelle de la rentrée de l`école militaire supérieure du Niger et la visite du Prytané Militaire de Niamey présidée par le Chef de l’État, Chef Suprême des armées S.E.M Mohamed Bazoum
Vendredi 15 Octobre 2021. Le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef Suprême des Armées, SEM Mohamed Bazoum, a présidé la cérémonie solennelle de lancement de la rentrée académique 2021-2022 de la Première promotion du cours d’état-major de l’Ecole Militaire Supérieure (EMS) des Forces Armées Nationales.
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«Merci de m’avoir donné l’occasion d’apporter des réponses en vue d’éclairer l’opinion de nos concitoyens ainsi que de l’extérieur sur une question qui fait l’objet d’une exploitation de nature à nuire à notre image et à nos relations avec un pays qui est important pour nous, parce que c’est un pays ami avec lequel nous entretenons une relation de grande qualité, comme, au demeurant, nous l’entretenons avec bien d’autres pays.» Ainsi a introduit son propos, le président de la république du Niger, Mohamed Bazoum, constamment dans un souci d’associer son peuple à la gestion du pays, mais aussi de «rendre à César ce qui est à César» en matière de coopération entre le Niger et la France et de soutien au Sahel, dans la lutte contre le terrorisme. Dans ce message, le président nigérien, avec son franc-parler légendaire n’a pas manqué d’assumer les relations de son pays avec la Turquie, la Chine, les Etats-Unis d’Amérique, la Belgique, l’Allemagne, le Canada, et la France.

Douze bataillons de forces spéciales pour une armée performante

«La sécurité de nos citoyens, a commandé de notre part, que nous donnions une formation de type forces spéciales à notre armée, dans le cadre d’une coopération avec un certain nombre de pays. Nous avons à ce jour formé 12 bataillons de forces spéciales avec l’appui des Etats Unis d’Amérique, de la Belgique, de l’Allemagne, du Canada et de la France.

Vous savez, lorsque j’étais à Banibangou, j’ai dit aux populations de cette localité que si je comprends bien leur détresse, je ne suis pas d’accord qu’elles puissent penser qu’elles ont vocation à défendre leur sécurité, parce qu’il y a des institutions de la République dédiées à la sécurité des populations.

Ce sont les Forces de défense et de sécurité, je leur ai dit que ce sont elles qui en ont la charge, et c’est moi personnellement en tant que président de la République, qui en ai la charge. Et pour assurer cette charge, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour que notre armée soit la plus performante possible.

Le ministère de la Défense nationale et l’État-major de notre armée ont décidé d’accroître la part de forces spéciales dans notre armée, de façon à leur permettre d’acquérir des compétences qui sont de nature à faire en sorte que nous ayons un bon rapport de force vis-à-vis de notre ennemi. Ces forces spéciales, chaque fois qu’elles ont été formées, ont toujours eu un comportement totalement différent des forces qui n’ont pas acquis cette formation.

Hommage particulier

Je voudrais, à cet égard, rendre un hommage particulier au bataillon formé par le Canada à Ouallam, qui a eu à mener le combat héroïque à l’issue duquel 40 terroristes dont de grands chefs avaient été tués. Le Canada a fait cette formation et est reparti, mais cette formation a profité à notre bataillon qui, lui, est là, et est en opération en ce moment dans la zone de Filingué et Abalak.

Les Américains ont eu en charge la formation de nos militaires à Doku Arlit et à Diffa. C’est une formation d’élite de grande qualité pour nos soldats, formation assortie d’équipements, depuis la chaussette jusqu’au véhicule blindé. Eux aussi, sur tous les fronts, se sont fait remarquer, et je me souviens de l’héroïsme dont ils ont fait preuve à Bosso, le 3 juin 2016.

En tant que ministre de l’Intérieur à l’époque, je m’étais rendu le lendemain sur les lieux de ces évènements-là. Les Belges assurent la formation de nos forces spéciales à Maradi, les Allemands assurent la formation de nos forces spéciales à Tilia, et là également c’est assorti de l’équipement qui va de la chaussette du militaire jusqu’au véhicule blindé. C’est ce bataillon que j’ai déployé depuis trois jours dans la zone d’Agando, et, plus à l’Ouest à Tankadami. Aujourd’hui, ils sont à Tenkadami où ils ont fait un travail remarquable.

Les Français ont eu la charge d’entrainer le bataillon de Dosso qu’ils ont équipé. C’est mon devoir à moi, le devoir de l’État-major de l’armée, d’assurer à nos forces la formation, au moyen de laquelle elles peuvent acquérir les compétences qui les rendent de nouveau crédibles et au niveau du défi auquel elles font face.

Vous savez, c’est notre pouvoir régalien et c’est notre responsabilité, sous-tendue par notre éthique, au sujet desquels nous ne demandons l’avis de personne, sinon notre propre conscience. Nous pouvons être critiqués, mais ça ne nous dira jamais rien, parce que ceux qui nous critiquent pour ce que nous faisons, ignorent tout simplement de quoi il s’agit. Et quand vous êtes critiqué par quelqu’un qui ne sait pas ce que vous faites, comment vous le traitez? Avec le sourire. Voilà ce que ça signifie pour nous, ce genre de critiques.

Relation Niger et France

Notre relation avec la France, je voudrais vous en parler. Nous le disons une fois encore que c’est un pays avec lequel nous avons une relation particulière que nous assumons. Je n’éprouve aucun complexe à revendiquer mon amitié avec la France. Ceux qui me critiquent ne savent pas d’où je viens. Ils ne savent pas d’où nous venons.

Le président Issoufou (Issoufou Mahamadou, son prédécesseur, NDLR) avant moi, notre équipe, pour ceux qui nous connaissent, qui connaissent notre trajectoire, le savent, nous ne sommes pas des personnes qui sont susceptibles d’être soumises à qui que ce soit. Et parlant de nos relations avec la France, quand nous sommes arrivés au pouvoir, et que le président Issoufou avait prêté serment, nous étions en pleine guerre de Libye, menée par l’OTAN, après une résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU.

La première occasion de sortie à l’extérieur du président Issoufou dans une conférence internationale, c’était le 26 mai 2011. Il avait été invité à la réunion du G7 à Deauville. Il y avait tous les grands et la Libye était inscrite à l’ordre du jour de cette rencontre. Le sujet sur la Libye a été un des derniers points et ça s’est passé assez tard dans la nuit. Un certain nombre de chefs d’Etat africains avaient été invités à cette conférence. Ils avaient pris la parole les uns après les autres. Dans le protocole, le président Issoufou qui venait d’être élu, était le dernier. Il y avait le président Abdoulaye Wade qui était en phase avec les Occidentaux pour les inciter à faire le travail qu’ils étaient en train de faire en Libye. Les autres chefs d’Etat africains présents à cette rencontre ont dit des choses auxquelles personne n’avait prêté attention. Il se faisait donc tard et il y en avait parmi les présidents du G7 qui étaient presque assoupis. Quand le président Issoufou a pris la parole, nous avons constaté que tout de suite chacun s’est réveillé, chacun a eu recours à son stylo, à son calepin et s’est mis à noter, parce qu’il disait des choses intéressantes mais qui n’allaient pas dans le sens de ce qu’ils étaient en train de faire.

Lorsqu’ils ont dû répondre, ils n’ont répondu qu’à lui seulement. Il leur avait dit: «Ce que vous faites est dangereux pour le Sahel et dangereux pour la Libye. Nous aurons une somalisation de la Libye et nous aurons le développement du terrorisme islamiste dans ce pays qui va déferler sur les pays du Sahel, déjà fragiles et qui va compromettre leur avenir». Le président Obama (le président américain, Barack Obama, NDLR) l’a regardé et lui a dit: «mieux vaut finir le job, nous allons finir le boulot». Ils n’ont donc pas accordé de l’intérêt à ce qu’il leur a dit, parce qu’il venait d’arriver, ils ne le connaissaient pas.

La France au secours du Mali

Je suis sûr que si c’était vers la fin de son dernier mandat qu’il leur avait parlé sur un pays voisin, ils auraient été plus attentifs à ce qu’il leur avait dit. Le président Sarkozy (le président français Nicolas Sarkozy) était là. Si nous sommes soumis à la France, vous pensez que le président Issoufou aurait parlé avec autant de liberté, autant de vigueur? Nous sommes allés le 7 juillet 2011, rencontrer le président Sarkozy à Paris. Nous avons eu une discussion très rude à cette occasion, pour lui dire notre désaccord avec ce qu’il faisait, pour le danger que ça représentait pour notre pays et pour notre sous-région. Il ne nous a pas entendus lui aussi, et nous l’avons trouvé particulièrement déterminé et étions ahuris par sa détermination.

Le président Issoufou m’a dit de continuer la mission. Moi je suis resté en Europe, je suis allé rencontrer mon homologue italien, le ministre des Affaires étrangères d’Allemagne, la Commission de l’Union européenne, le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg. A tous, j’ai expliqué les risques qu’il y avait de continuer cette entreprise de destruction de la Libye. Si nous étions un pays soumis à la France et sachant l’engagement du président Sarkozy, tel n’aurait pas été notre comportement.

Lorsque les terroristes ont tenté d’envahir Bamako, le président Dioncounda Traoré avait demandé le secours de la France. Le président Issoufou a appelé le président Hollande pour soutenir le président Dioncounda Traoré, pour lui dire d’envoyer des forces, parce que le Mali en avait besoin. Ils sont intervenus, ils ont investi Gao, Tombouctou, ils n’avaient pas investi Kidal. Quel est le pays africain dont les dirigeants avaient critiqué le fait que Kidal n’ait pas été investi? C’était le Niger, c’était le président Issoufou, c’était moi, ministre des Affaires étrangères. Parce que nous, nous étions les seuls de tous ceux qui comprenaient la situation du Mali et pouvaient déceler les lacunes de l’intervention de la France. Le souligner, le regretter et continuer à travailler pour que les choses avancent dans le sens que nous avons indiqué.

Comment peut-on nous traiter, nous, des gens soumis à la France? Ça, ce n’est pas une preuve de soumission. Après, il y a eu l’opération Barkhane, la reconfiguration. Barkhane a une base au Tchad, c’est une opération sahélienne, parce que l’épicentre du terrorisme se situe à Gao et à Menaka. Il va progresser par la suite malheureusement vers le Centre du Mali, Mopti, ensuite plus au Sud.

La France nous a demandé de lui permettre d’avoir une base aérienne projetée ici, qui a pour vocation d’intervenir au Mali. C’est une stratégie régionale dans le cadre du G5 Sahel et le meilleur endroit à partir duquel la France peut intervenir, c’est Gao, c’est Menaka qui est à 200 km, c’est Niamey. Nous avons accepté que des avions et des drones français soient positionnés ici, mais qui ont pour vocation de se projeter sur le Mali. Parce qu’à l’époque nous n’étions pas concerné par le phénomène. Ça c’était notre devoir de solidarité vis-à-vis du Mali dans le cadre d’une stratégie avec un partenaire important comme la France qui avait commandé cela. C’est ça qui explique qu’il y ait cette base aérienne projetée ici.

Des bases logistiques liées aux enjeux de la guerre

Et même par la suite, les Allemands nous ont demandé d’avoir un petit dispositif logistique ici, parce que pour la première fois, ils allaient déployer des forces dans le cadre d’une mission de l’ONU qui est la MINUSMA qui intervient à Gao. Ils nous ont dit qu’ils avaient besoin d’acheminer les vivres et les moyens dont leurs militaires ont besoin, à partir de l’aéroport de Niamey. Et nous leur avons permis d’avoir une certaine présence logistique ici. Là également, pour la France comme pour l’Allemagne si c’était Kayes ou si c’était Sikasso qui étaient concernées par le phénomène du terrorisme, personne ne serait venu dire au Niger qu’il aurait besoin d’une petite base logistique ou aérienne projetée. Cette base aurait été installée à Bamako, parce que ça aurait été plus pratique. Voilà, pour ceux qui veulent comprendre, le pourquoi de la présence des Français, des Allemands ici. C’est parce que tout simplement la guerre au Mali, elle se passe dans la zone qui est la plus proche du Niger et de la capitale du Niger en particulier.

Donc si la géographie n’avait pas dicté sa loi, personne n’aurait vu ces bases ici qui sont intimement liées aux enjeux de la guerre dont le théâtre c’est le Nord du Mali, seulement à 200 km du Niger tout simplement. En quoi nous serions pour cela dépendants de la France ou des autres?

La vérité sur l’uranium

A chaque fois que vous entendez des Africains, des journalistes, des gens peu avertis parler du Niger et de sa relation avec la France, on vous dit la France, le Niger est sa chasse gardée à cause de l’uranium. Je voudrais leur répondre en leur disant que l’uranium produit au Niger par ORANO, dans le cadre de la seule mine qui reste désormais, qui est celle de Somaïr Arlit, c’est 2000 tonnes par an. Le kilogramme de l’uranium en ce moment, il coûte 43 000 FCFA au marché spot. Il était tombé même à 20 000 FCFA. Mais la France achète notre part à nous à 43 000 FCFA. La tonne c’est donc 43 000 000 FCFA. Multipliez par 2000, vous aurez 86 milliards de FCFA. C’est ça la vérité des chiffres sur l’uranium. En quoi c’est stratégique? Le Niger, applique les recettes sur l’uranium à partie de la vente de ses minerais l’an passé de 27 milliards, et c’est un seul bureau de douane qui fait ça en quelques mois chez nous. Et pour ceux qui ne le savent pas, je voudrais leur dire que la part d’approvisionnement de la France en uranium à partir du Niger, représente 25% de ses approvisionnements totaux. La grande partie de son uranium provient du Canada, parce que l’exploitation de l’uranium canadien coûte moins cher, il y a moins d’investissement à cause du terrain, de la nature du minerai, de sa teneur en uranak. Et une bonne partie vient du Kazakhstan. Est-ce à dire que le Canada est soumis à la France, parce qu’il lui vend une grande quantité d’uranium, presque la moitié de l’uranium que la France utilise? Ou que le Kazakhstan qui vend infiniment plus que nous serait soumis à la France?

Nous avons de grandes quantités d’uranium, mais elles ne sont pas exploitables. Les Chinois sont venus, ils ont ouvert une mine, ils sont restés quelques années, ça n’a pas marché, ils ont refermé. Nous sommes en discussion avec une société canadienne, qui tarde à ouvrir une mine, qui l’ouvrira j’espère, à la faveur de la hausse du cours de l’uranium en coût et en perspective.

L’uranium, c’est un minerai comme un autre pour nous, ouvert à qui veut l’exploiter, à qui a les capacités technologiques de l’exploiter et qui a un marché où il peut le vendre. Ce n’est pas autre chose que cela. C’est comme le pétrole. Donc on ne peut pas faire cette association entre uranium France, de façon totalement éternelle pour dire que de toute façon la France et le Niger ont un lien comme ça qui peut tout expliquer, et qui, quelles que soient les autorités, est tenu à se soumettre à la France, cela n’a pas de sens.

Nous, nous avons envie de diversifier nos partenaires, nous avons envie d’exploiter notre uranium et quiconque se présentera à nous pour exploiter l’uranium, nous lui ferons toutes les facilités prévues par le code d’investissement. Alors, en quoi nous serions soumis à la France?

Tout l’armement du Niger vient de l’Europe de l’Est et de la Chine

Regardez les provenances de notre armement, si nous étions soumis à la France, comment achèterions-nous tout notre armement en Europe de l’Est? Presque tout notre armement nous vient de l’Europe de l’Est, parce que le coût est plus bas.

Tous nos hélicoptères, à part ceux que la France nous a donnés, nous les achetons en Russie. En ce moment, nous avons passé un marché d’acquisition d’avions avec une société américaine. Nous avons passé des marchés d’acquisition des drones relativement nombreux avec la Turquie, un système de radar, des avions de guerre, des blindés.

Pourquoi nous le faisons avec la Turquie, parce que c’est moins cher. Les Rafales françaises coûtent très chères, nous n’en avons pas les capacités, les blindés français coûtent très chers. Et c’est une loi du marché, qu’on s’approvisionne là on a l’offre plus abordable. Ce n’est pas que nous ayons des liens quelconques de type idéologique avec la Turquie, nous avons une relation comme avec n’importe quel autre Etat, et le fait que nous achetions des armes à un tel ou à un tel ne dénote d’aucune préférence de notre part pour lui, dû à des raisons qui n’ont pas à voir avec le marché tout simplement.

Donc nous ne sommes pas soumis à la France, cela est très clair. Toutes nos cartouches, nos armes, elles nous viennent de la Chine, parce que c’est moins cher, même les grenades lacrymogènes, on a tendance de plus en plus à les acheter en Chine, parce que c’est moins cher, ou dans les pays de l’Europe de l’Est pour ce qui concerne les minutions et les armes.

En tout cas, ceux qui se proposent pour les acheter, en général, quand on conclut les marchés avec eux, c’est là-bas qu’ils vont s’approvisionner. La dernière fois que nous avons acheté des blindés à la France, c’était en 2017, c’était des bastions de transport de troupes. Mais depuis lors, nous n’avons rien acheté, parce que nous regardons les marchés et nous voyons quelles sont les occasions les plus favorables.

Donc qu’on cesse de croire que parce que nous avons acheté une arme à un tel ou untel que nous avons un lien spécial et que c’est la preuve que désormais ça ne va pas trop avec tel autre partenaire.

Dans la lutte contre le terrorisme, la France consent le plus de sacrifices

En un mot, nous sommes dans une relation normale avec la France. De tous les pays qui sont engagés à nos côtés pour la lutte contre le terrorisme aujourd’hui, la France est le pays qui consent le plus de sacrifice. Les Français, ce sont qui ont tué Abdelmalek Droukdel le patron d’AQMI, dont les officines sont au Mali et ici sur notre territoire. Ce sont eux qui ont tué Abou Walid al Sahraoui à partir d’une décision retenue à l’occasion de la rencontre du G5 Sahel avec la France à Pau. Ce sont eux qui ont tué l’adjoint d’Abou Walid de Sahraoui, qui est quelqu’un d’extrêmement important dans la région de Menaka et voisines. Ils ont tué les sept responsables de l’EIGS. C’est une organisation qui est affaiblie et nous sommes en train d’exploiter son affaiblissement en ce moment.

Nous le devons à la France, nous ne le devons pas à un autre pays. Ils n’étaient pas obligés de le faire, mais ils le font et l’on veut que nous ne le lui reconnaissions pas, nous le lui disions pas, et que si nous le reconnaissons et que nous le disons, c’est que nous sommes des vendus à la France, non!

Mon propos a été de vous dire que la France n’a pas des intérêts économiques particuliers au Niger qui serait sa chasse gardée. Regardez bien, à part VIOLA qui est dans l’eau, qui a un contrat d’affermage, dans la distribution et la vente de l’eau dans un certain nombre d’agglomérations du Niger, ou Satom qui est dans les routes et qui fait les meilleures routes du Niger et qui a de temps en temps quelques parts de marchés, le pétrole du Niger est exploité par une société chinoise, avec un investissement de quatre milliards de dollars, en ce moment pour la construction du Pipeline.

Nous avons exporté de grandes quantités de pétrole, c’est avec les Chinois, ce n’est pas avec les Français. Dans nos infrastructures, ce sont les sociétés turques et chinoises qui sont les plus présentes, parce qu’elles ne considèrent pas que nous sommes des pays où on ne peut pas investir à cause de l’insécurité. Mais les sociétés françaises, européennes, elles sont absentes. Donc, vous voyez bien que sur le plan économique, il n’y a pas de raisons qui puissent expliquer que nous ayons une relation particulière avec la France. En tout cas j’ai donné assez d’éléments à cet effet qui puissent justifier qu’ils soient présents jusqu’à consentir le sacrifice de leurs enfants au Mali. Ce sont 53 jeunes français qui sont morts au Mali, et l’on veut que nous le ne reconnaissions pas et que nous n’exprimions pas notre gratitude à l’Etat français, qui dépense un milliard de dollars pour entretenir Barkhane et concourir à la sécurisation de notre espace.

«Nous reconnaissons à la France ce qu’elle fait pour sécuriser le Sahel»

Nous ne sommes pas de ceux qui pensent que c’est aux Français de régler nos problèmes, et j’ai eu à le dire à l’Elysée, en affirmant que ce dont nous avons besoin, ce n’est pas des forces au sol, nous avons besoin d’un soutien aérien, nous avons besoin d’un soutien technologique, et nos services de renseignement à nous, qui nous permettent d’arrêter beaucoup de terroristes avant qu’ils ne passent à l’action. Vous n’avez pas une idée du nombre de terroristes que nous arrêtons dans cette région de Torodi avant qu’ils ne passent à l’action. Nous le faisons grâce à la coopération avec les services de renseignements français, et les moyens de la technologie qu’ils mettent à notre disposition. Nous ne sommes pas ingrats pour ne pas reconnaitre cela. Ils n’étaient pas obligés de le faire. Donc, nous reconnaissons à la France ce qu’elle fait pour sécuriser le Sahel. Elle est le pays qui fait le plus d’efforts, le jour où chacun fera un effort qui mérite d’être souligné, nous le soulignerons, et chaque fois que quelqu’un fait du bien, nous lui reconnaissons ce bien. Vous n’avez pas idée du nombre de terroristes que nous arrêtons dans cette région-là. Nous le faisons grâce à la coopération avec les services de renseignements français, et les moyens de la technologie qu’ils mettent à notre disposition. Nous ne sommes pas ingrats pour ne pas reconnaître cela. Ils n’étaient pas obligés de le faire, ils peuvent se comporter comme les autres pays également.

Ce n’est pas à la France de régler tous les problèmes du Sahel

Donc, nous reconnaissons à la France ce qu’elle fait pour sécuriser le Sahel. Elle y a été engagée, nous ne sommes pas de ceux qui leur demandent de régler tous nos problèmes, parce que j’ai entendu des gens dire que si les Français sont là et que les problèmes ne sont pas réglés, c’est que ce sont eux qui en sont à la base. Le jour où les Français plieront bagages de Gao ça sera le chaos. Les gens de Gao le savent de toutes les façons.

Nous considérons ce qui est fait au Mali, parce qu’il y a un continuum entre le Mali et nous, et nous sommes totalement solidaires, dans le bonheur comme dans le malheur. Ce qui se fait au Mali nous profite à nous aussi. Partout où dans le Sahel on peut affaiblir des terroristes, c’est un gain pour nous.

Et les Français sont ceux qui font le plus d’efforts, je le dis. Il y a d’autres Etats avec qui nous sommes, je vous ai dit ce que font pour nous les Américains, les Allemands et tous les autres. Le jour où chacun fera un effort qui mérite d’être souligné, nous le soulignerons, et chaque fois que quelqu’un fait du bien comme les Américains sont en train de le faire, nous leur reconnaissons leur bien.»

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