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Libre opinion/ Expulsion des 8 acquittés d’Arusha: “Le Niger piétine les droits humains pour le compte des néo-colons”, Elie Umukunzi, Expert des Droits de l’Homme

Publié le mercredi 12 janvier 2022  |  aNiamey.com
Elie
© Autre presse par DR
Elie Umukunzi, Expert des Droits de l’Homme
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Huit hommes sont menacés dans une jeune démocratie qui devrait mettre en avant les droits humains avant tout autre chose si elle veut être une réussite sociale et économique. Mais le néocolonialisme véhiculé par le président français, Emmanuel Macron, sous l’influence du rwandais, le général Paul Kagame, son nouveau proxy en Afrique, semble limiter le Niger dans ses avancées, voire l’inciter à être à nouveau un paria au niveau international en violant les droits humains et les conventions internationales.


NIAMEY, Niger (11 Janvier, 2022) - Le peuple du Niger commençait à vivre avec un optimisme; un espoir nourri par le récent changement politique qui a fait du Niger une nouvelle jeune démocratie. Le pays est riche en matières premières ; une richesse qui malheureusement jusqu’à présent n’avait souvent profité qu’à une minorité, la population était optimiste pour un meilleur avenir pour tous.

Malheureusement lorsqu’on parle de matières premières et richesses naturelles, très souvent on se retrouve dans un cadre néo-colonialiste où les anciens colons ou des nouveaux veulent à tout prix garder la main-mise sur ces richesses. Et cela à tout prix. Une dictature économique donc.

C’est dans ce cadre que le Niger se voit prendre une position contre les droits fondamentaux de huit hommes qui ont été libérés ou acquittés par le Tribunal Pénal International Pour le Rwanda (basé à Arusha, en Tanzanie) et transférés, après un accord entre les Nations Unies et le Niger, à Niamey, pour y vivre.

L’accord date du 15 novembre 2021 et stipule clairement que ces 8 hommes resteraient au Niger en respectant la loi et qu’à aucun moment le Niger ne pouvait prendre une décision unilatérale les concernant sans l’accord de l’ONU. Surtout une décision qui pourrait voir ces hommes tomber dans les mains du président rwandais Paul Kagame.

Malgré ces accords, le 27 décembre 2021, le Niger donne l’ordre de quitter le territoire à ces 8 hommes dans les 7 jours, c’est-à-dire avant le 2 janvier 2022. N’ayant d’autres papiers que ceux qui leur avaient été donnés par le Niger, ces hommes risquent très vraisemblablement d’être renvoyés dans leur pays d’origine et donc se retrouver entre les mains de Paul Kagame.

Malgré les nombreuses protestations de l’ONU, le Niger ne prend pas de mesures nécessaires pour au moins expliquer ses raisons de vouloir expulser ces hommes au delà du simple “pour des raisons diplomatiques" que le Niger réplique à chaque fois que la question de la légalité et d’humanité derrière cette décision unilatérale et illégale au regard des engagements internationaux du pays. Ce 3 janvier, le gouvernement du Niger a donné 30 jours supplémentaires à ces 8 hommes mais en aucun cas ils expliquent les raisons derrières les décisions des derniers 10 jours et ce qu’ils considèrent comme “raisons diplomatiques" suffisamment graves pour bafouer les droits humains et les accords internationaux auxquels le Niger s’est engagé.

Une des pistes d’explication des actions du Niger, que les médias et commentateurs avancent, est le fait que la France aurait demandé au Rwanda d’envoyer des troupes au Niger pour aider à protéger les intérêts économiques de la France au Niger au regard des soucis d’insécurité qui se présentent actuellement. Pour information, 1000 militaires rwandais se trouvent au Mozambique à l’invitation de la France pour protéger les intérêts économiques de Total dans le nord du pays où il y a des insurrections que l’armée du Mozambique n’arrive pas à maîtriser. Les militaires rwandais ont démontré leur valeur à la France au Mozambique et répéter ceci au Niger semble logique. L’expulsion des 8 hommes au Niger serait donc une condition imposée par le président rwandais Paul Kagamé à son homologue français, Emmanuel Macron, qui à son tour à relayer la demande aux autorités nigériennes.

Le chemin vers une meilleure démocratie n’est jamais évident. Mais c’est certain que présenter des “raisons diplomatiques” pour piétiner les droits humains et le non-respect d’accords internationaux n’est pas la bonne route. Et certainement pas un exemple à suivre par d’autres pays.

Après de nombreuses années vécues dans l’incarcération et l’incertitude d’avenir, ces hommes ainsi que leurs familles aspirent à une vie plus sereine auprès de leurs familles exilés en Europe ou dans tout autre pays respectant leurs droits fondamentaux de l’homme en accord avec l’ONU.

Ce qui se passe au Niger est surtout des choses qu’aucune personne, média ou organisation prônant les droits humains, l’anti-colonialisme et/ou le panafricanisme ne peut laisser passer sans s’indigner.


Elie Umukunzi

Jambo ASBL

Consultant Indépendant en Droits de l’Homme
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