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Entretien avec le président du Conseil municipal et maire de la commune urbaine d’Agadez : «Sans accompagnement économique local, l’activité des passeurs ne pourra pas être enrayée», estime M. Abdourahmane Aboubacar Touraoua

Publié le mardi 22 fevrier 2022  |  Le Sahel
Abdourahmane
© Autre presse par DR
Abdourahmane Aboubacar Touraoua
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Ville cosmopolite et chef-lieu de la région, la commune urbaine d’Agadez est située dans le département de Tchirozérine. Elle a une superficie de presque 900 km 2 et une population estimée à 160.000 habitants en 2020 selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2012. La commune d’Agadez abrite presque le tiers de la population de la région et la proportion des jeunes (40 %) est assez forte avec un âge compris entre 15 et 39 ans. Elle compte 62 quartiers et villages administratifs avec une densité moyenne de 333,33 habitants au km². Véritable carrefour caravanier, de commerce et d’échanges culturels, la ville d’Agadez a connu son essor avec l’installation du Sultanat Touareg de l’Aïr au début du 15 ème siècle, alors que sa sécurité était assurée par les guerriers fournis par les confédérations du pacte Sandal. Ce processus étant encouragé par le Sultan et par les possibilités offertes par son essor économique. La ville recevait, de plus en plus, de caravanes. Le commerce transsaharien devenait très avantageux pour ses différents acteurs. Aujourd’hui, Agadez reste encore un carrefour malgré les multiples défis du moment. Dans cet entretien le président du Conseil municipal et maire d’Agadez, M. Abdourahmane Aboubacar Touraoua nous parle des potentialités de cette ville ‘’Porte du désert’’, ainsi que des défis auxquels Agadez est confrontée, la gestion du budget communal et les perspectives.

Monsieur le maire, pouvez-vous nous dire les potentialités que cette ville historique d’Agadez regorge ?

Je dois d’abord dire en plus du rôle historique du passage, de transit et de destination des nombreuses caravanes, Agadez a été et demeure une ville de commerce, d’échanges culturels, de tourisme dont l’hospitalité, les potentialités et l’historicité ont fait sa renommée sur le plan national, régional et international. Le centre historique de la ville d’Agadez communément appelé ‘‘vieille ville’’ est composé de onze anciens quartiers, qui sont Katanga, Obitara, Amdit, Hougberi, Founamé, Amarewat, Akanfaya, Oumourdan Magas, Oumourdan Nafala, Agargarin Saka et Oungoual Bayi. Leur fondation remonte au 11ème siècle. Ainsi, le 22 juin, la 37ème session du comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui s’est tenue à Phonom Penh, au royaume du Cambodge, a inscrit ce centre historique d’Agadez sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial. C’est la première fois que ce label est conféré à un site culturel nigérien. Seuls deux sites naturels du pays avaient jusque-là rejoint la prestigieuse liste, peut-on rappeler. Appelée, la porte du désert ou carrefour du commerce caravanier, la vieille ville d’Agadez abrite des sites qui remontent aux XVe et XVIe siècles. Sa grande mosquée coiffée d’un imposant minaret de 27 mètres entièrement bâti en terre crue, constitue l’un des phares du tourisme au Niger. Agadez est aussi une des plus anciennes cités du Niger dont l’origine remonte au début du XVe siècle. Elle a été une plaque tournante du commerce transsaharien et un centre de rayonnement de l’Islam au Soudan central.

La ville riche de monuments historiques, a été construite selon un schéma architectural unique.

Agadez, c’est aussi un passage pour les migrants en partance vers le Magrheb et l’Europe?

En effet, aujourd’hui, la ville d’Agadez constitue un carrefour central des flux migratoires. L’agglomération accueille annuellement plusieurs milliers de migrants nationaux et sous régionaux, ce qui amène la proportion de la population induite à porter au double la population réelle obligeant la commune à dépasser largement les programmations annuelles. Le flux migratoire conjugué à la croissance démographique naturelle de la population urbaine ne cesse de provoquer une urbanisation rapide de la ville et à une détérioration du cadre de vie des populations. Réellement, la ville compte plus de 300.000 habitants avec le flux migratoire et un taux d’accroissement naturel de 3,6%.

La Commune regorge d’importantes potentialités jusqu’ici non exploitées et qui peuvent révolutionner la vie des populations. Nous pouvons citer entre autres : l’agropastoralisme avec les productions maraîchères, l’arboriculture fruitière et l’élevage; la position géostratégique permettant la création de port sec ou des grands corridors d’échange entre les produits nationaux de l’Algérie, de la Libye, du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Ghana…, l’artisanat, la culture et le secteur touristique avec des visites permanentes pour le tourisme intérieur et une saison de 3 mois pour le tourisme extérieur ; la fête de Bianou qui fait de la ville une destination mondiale ; la vieille ville classée patrimoine mondial de l’UNESCO offrant une grande opportunité touristique ; les opportunités de création des PME et PMI sur les potentiels minier, artisanal, culturel et agropastoral, ainsi que l’existence d’importantes infrastructures économiques (banques, hôtels, campings, marchés, aéroport, gares routières…) sociales (centres sanitaires, éducatifs, sportifs, culturels, artistiques…) et sécuritaires.

Quels sont, à présent, les défis auxquels cette ville historique fait-elle face ?

Les défis de la commune d’Agadez sont aujourd’hui nombreux et énormes. Cependant, je vais vous en citer quelques-uns. Tout d’abord, il y a la question de la bonne gouvernance administrative, financière et domaniale de la commune ; la mobilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre du Plan de gestion des déchets; le manque de planification réaliste, la nécessité d’un renforcement de capacitations des réseaux de desserte en eau et en électricité. A cela s’ajoutent, le besoin de création des centres économiques avec des PME et PMI, pour circonscrire les problèmes de la pauvreté et de l’emploi; la nécessité d’accompagner significativement les besoins d’importants appuis aux secteurs sociaux de base, à savoir l’éducation, la santé, l’hydraulique et l’environnement.

Sur la question migratoire, il faut reconnaître que, ce phénomène a toujours constitué l’activité principale sur le plan économique depuis que le tourisme a cessé, surtout au niveau de la jeunesse. La migration a toujours été considérée comme une activité licite à Agadez. Donc avec la loi, il fallait créer des mesures compensatrices pour tous ces acteurs qui ont toujours vécu de la migration, c’est-à-dire qu’il faut un plan de reconversion de ces acteurs pour lutter contre la migration. C’est pour cette raison qu’on a tiré la sonnette d’alarme afin que des mesures urgentes et conséquentes puissent être trouvées très rapidement. Car, sans accompagnement économique local, l’activité des passeurs ne pourra pas être enrayée. Néanmoins des pistes pour relever ces multiples défis existent. Nous suggérons la révision du Plan de développent communal (PDC) et de l’adapter aux orientations du Conseil municipal ; la révision du Plan d’Investissement Annuel (PIA); l’organisation d’une table ronde des partenaires et investisseurs. Nous proposons aussi l’organisation des missions de prospection; l’invitation et la réception des missions des partenaires et la redynamisation du circuit de la diplomatie.

Dans le cadre de la lutte contre la migration clandestine, le Niger a bénéficié de plusieurs appuis des partenaires. Quel est l’impact de ces appuis sur la commune?

Objectivement, nous voyons des Organisations Internationales dans le domaine de la migration et ses effets connexes. Nous avions eu des foras et autres rencontres des acteurs de la migration, mais la commune d’Agadez ne fait que continuer à endosser les coups du flux migratoire qui a fait doubler sa population. Nous avons des projets qui attendent avec l’OIM. Ainsi, la commune d’Agadez a ficelé plusieurs projets de développement, nous attendons encore les partenaires notamment l’OIM et l’UNHCR. Le Conseil municipal de la commune urbaine d’Agadez a tenu les 13, 14, 15 et 16 décembre 2021, dans la salle de réunion de la mairie d’Agadez a adopté les budgets et le PIA exercice 2022. Ainsi le budget général est d’un milliard quatre cent soixante-quatorze millions cent mille francs (1.474.100.000) FCFA; le budget d’investissement est deux milliards deux cent soixante-quinze millions huit cent quatre mille cinq cent quarante francs (2.275.804.540) FCFA et un Plan d’Investissement Annuel (PIA) de dix–huit milliards trois cent quarante-deux millions trois cent trente-huit mille francs (18.342.338.000) FCFA. Notre Conseil Municipal a 23 grandes orientations qui sont en cours de mise en œuvre ou en traduction en stratégies. Nous attendons vivement l’accompagnement de l’Etat, des populations, des investisseurs et des partenaires au développement pour un développement harmonieux de la commune d’Agadez.

Interview réalisée par Mahamadou Diallo(Envoyé Spécial ONEP)
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