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Fonds BMZ pour la résilience au Sahel: à Diffa, les interventions multisectorielles de l’Unicef renforcent la résilience des communautés [Reportage]

Publié le samedi 19 mars 2022  |  actuniger.com
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© Autre presse par dr
Fonds BMZ pour la résilience au Sahel: à Diffa, les interventions multisectorielles de l`Unicef renforcent la résilience des communautés [Reportage]
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Confrontée déjà à la persistance des défis structurels de développement comme les autres régions du Niger, la région de Diffa, à l’extrême sud-est du pays, fait face depuis quelques années à de nouveaux chocs sécuritaires et humanitaires dont la prise en charge nécessite des réponses adaptées. Afin de remédier à ces défis multiformes, le gouvernement privilégie des approches sectorielles comme celle que met en œuvre l’UNICEF, grâce à un financement du ministère allemand de la coopération économique et du développement (BMZ) dans quatre (04) communes de la région. Des interventions multisectorielles dans les domaines de la santé, la nutrition, l’eau, l’hygiène et l’assainissement ainsi que l’éducation, la protection de la mère et de l’enfant, la gestion des urgences et l’inclusion sociale qui permettent de renforcer la résilience des communautés comme en attestent les résultats sur le terrain et la satisfaction des populations bénéficiaires. Reportage de notre envoyé spécial qui s’est rendu dans la zone pour constater de visu les activités réalisées ainsi que l’impact des réalisations de l’UNICEF grâce au financement BMZ sur la vie des populations bénéficiaires dont il a également recueilli les impressions.

Situé en plein cœur du Sahel, le Niger possède l’une des populations les plus dynamiques et les plus jeunes du monde. Le pays est toutefois affecté par des urgences chroniques, récurrentes et soudaines, qui sont aggravées par des vulnérabilités multidimensionnelles, des chocs climatiques et des déplacements de population en raison de l’insécurité née des opérations des groupes armés étatiques dans les régions frontalières. Le pays fait, en effet, face à une prévalence de malnutrition aiguë globale (MAG) de 15 % et à une prévalence de la malnutrition aiguë sévère (MAS) de 3,2 %, c’est-à-dire au-dessus du seuil d’urgence défini par l’OMS. Aussi, la situation nationale du retard de croissance est également alarmante avec près d’un enfant sur deux qui souffre de malnutrition chronique. Avec ce taux et compte tenu de la taille de sa population, le Niger compte aujourd’hui l’un des nombres les plus élevés d’enfants souffrant d’un retard de croissance dans la région du Sahel. En plus de cette situation nutritionnelle préoccupante, seule 63 % de la population a accès à des sources d’eau améliorées et 71 % pratique la défécation à l’air libre. Les données officielles montrent aussi que seule une personne sur deux a accès aux services essentiels et un enfant sur deux n’est pas scolarisé. Trois adolescentes sur quatre sont mariées avant l’âge de 18 ans, ce qui représente le taux le plus élevé au monde. Par ailleurs, une fille sur trois est mariée avant l’âge de 15 ans et seuls 30 % des enfants de moins d’un an sont déclarés à la naissance et 82 % des enfants ont subi une discipline violente. Le Niger est également confronté à des inondations récurrentes pendant la saison des pluies. En 2020, plus de 500.000 personnes ont été affectées. Le pays accueille également plus de 350 000 populations déplacées de force, dont des réfugiés, tout en étant un pays de transit pour la migration. Dans l’ensemble, 2,3 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire chaque année.

L’approche multidimensionnelle de l’UNICEF, une réponse adaptée pour faire face aux défis et chocs

La région de Diffa, à l’extrême sud-est du pays, est l’une des régions où ces défis et ces chocs ont été ces dernières années particulièrement amplifiés par l’insécurité ambiante avec la multiplication des attaques terroristes et la crise humanitaire qui a suivi avec le déplacement internes des populations ainsi que l’arrivée massive des réfugiés en provenance des pays voisins confrontés aux même menaces sécuritaires. Afin de faire face à la persistance des défis structurels de développement et gérer les chocs récurrents, le gouvernement du Niger met de plus en plus l’accent sur les approches multisectorielles, qui peuvent être utilisées pour faire face aux situations d’urgence récurrentes en insistant sur la lutte contre les causes profondes, l’atténuation des risques et l’amélioration de la préparation. À terme, cela permettra ainsi de renforcer la résilience globale des populations. L’expérience de plusieurs pays y compris le Niger a, en effet, montrer que l’investissement pour le renforcement de la résilience pourrait permettre de limiter l’impact négatif des différentes crises grâce au renforcement des capacités intrinsèques des communautés et des systèmes et réduire le cout des interventions humanitaires.

C’est cette approche que met en œuvre l’UNICEF dans le cadre de ses interventions dans quatre (05) communes de la région (Diffa, Mainé-Soroa, Chetimari et Geskerou) grâce à un financement du Ministère allemand de la Coopération Economique et du Développement (BMZ) destiné à renforcer la résilience au Sahel. L’approche de l’UNICEF pour la résilience au Niger est basée sur le renforcement des capacités des autorités locales autour des efforts de décentralisation, et des approches communautaires intégrées réunissant la nutrition, la protection, les services WASH, l’éducation et les services de santé qui sont fournis de manière durable, en renforçant les capacités locales à gérer les services et à effectuer un changement de comportement. Ainsi, pour le renforcement de la résilience, l’UNICEF intervient à plusieurs niveaux simultanément afin de soutenir les capacités d’absorption, d’adaptation et de transformation des systèmes, des communautés, des ménages et des individus. Les résultats sur le terrain sont assez édifiants et soulagent les populations bénéficiaires qui s’approprient progressivement des nouvelles méthodes et concepts ainsi que des réalisations effectuées pour consolider les acquis et améliorer leur vécu quotidien.

Des interventions sanitaires adaptatives à fort impact

En matière d’interventions sanitaires par exemple, les interventions de l’UNICEF grâce au financement BMZ  ont été principalement axées sur des actions à fort impact notamment en matière de vaccination et de prise en charge de la malnutrition. C’est ainsi que l’UNICEF a appuyé les 612 villages des quatre communes en médicament, ce qui a permis d’améliorer significativement l’accès aux soins à travers notamment les services de proximité de plus de 300 relais communautaires. C’est ainsi que plus de 2500 enfants de moins de cinq ans ont été pris en charge pour le paludisme, les pathologies respiratoires aigües et les diarrhées.

L’hôpital de District de Mainé-Soroa a ainsi bénéficié d’un nouvel appareil de laboratoire de dernière génération, GenExpert. "Cet appareil nous permet de faire un certain nombre d’examens que nous ne pouvions pas faire dans le temps. Grâce à cet appareil, nous arrivons à réaliser les examens pour la tuberculose, le suivi des patients sur les charges virales, les examens pour la Covid-19 aussi, les hépatites ainsi que des examens de VIH chez les nourrissons", se réjouit Dr Oumarou Batchiri Alio, médecin chef du district sanitaire. Selon lui, grâce à cet appareil mis à leur disposition par l’UNICEF, les patients sont pris en charge sur place sans avoir à les référer vers d’autres centres, "ce qui constitue un gain de temps et donc de sauver des vies".

Toujours dans le cadre de ce partenariat, l’UNICEF a appuyé des activités de relais RCCM qui ont été dotés de plus de 510 caisses dans le cadre de leur travail. Ces relais ont reçu une quantité importante de médicaments dont 138 cartons d’amoxicilline 250 et 143 cartons de paracétamol pour la prise en charge des petits enfants au niveau périphérique. A cela s’ajoute la dotation des cases de santé de chaîne de froid, principalement des réfrigérateurs solaires, afin d’étendre la couverture vaccinale pour lutter contre les épidémies et lutter aussi contre les pandémies jusqu’à dans les coins les plus reculés de la zone qui sont assez souvent difficile d’accès. Dans la commune de Mainé-Soroa , 153 relais communautaires ont bénéficié de renforcement de capacité et travaillent au quotidien auprès des populations avec le matériel et les médicaments qui ont été mis à leur disposition pour la prise en charge des maladies à la périphérie (paludisme, pneumonie, diarrhées). "Le constat est que moins de patients arrivent dans des états gravitaire dans nos centres de santé et cela est bien visible dans les rapports que font ces relais régulièrement", a souligné Dr Oumarou Batchiri Alio.

Le financement BMZ a aussi permis de recruter et de former 31 médiatrices communautaires sur la prévention de la transmission mère-enfant du VIH dans les 26 CSI de la zone d’intervention du projet ainsi que le Centre de Santé Mère-Enfant de Diffa et District sanitaire de Mainé-Soroa ont été recrutées, formées et sont en train de travailler dans leurs communautés respectives. Ainsi, plus de 330 mères et leurs enfants ont bénéficié de leurs services dans les quatre communes au cours du premier trimestre de 2021. "Les médiatrices joue un rôle capital pour ce qui est de l’importance consultation et de la vaccination des enfants. Ces médiatrices sensibilisent plus facilement les femmes. Avant cette initiative de l’UNICEF, nous avons énormément de mal à faire dépister les femmes, mais grâce à leur travail, les femmes acceptent maintenant de se faire dépister et nous arrivons à dépister des cas qui sont par la suite pris en charge. Cela nous permet aussi de suivre la femme jusqu’à la naissance et de suivre l’enfant après sa naissance jusqu’à 16 voir 17 mois pour confirmer ou infirmer si l’enfant n’est pas contaminé par la mère", témoigne Tahirou Djibo Nassirou, chef du Centre de santé intégré (CSI) du quartier Château de Diffa qui tient à remercier l’UNICEF et la coopération allemande pour cet appui grâce auquel le taux de dépistage a été rehaussé avec, par exemple, 42 cas qui sont sur la liste active contre 14 en 2020. Mme Fati Adi est justement une des relais communautaire qu’on appelle médiatrice et qui joue un rôle de lien entre sa communauté et le CSI du quartier Château et que nous avons trouvé en pleine séance de sensibilisation avec une dizaine de femmes venues en consultation et dont certaines avec leurs enfants. "Nous sensibilisons les femmes pour les consultations pré et post natales. On leur fait des tests sur le VIH et la transmission de la maladie de la mère à l’enfant. On leur offre aussi des produits contre le paludisme, le tétanos et le fer et grâce à cet appui, la situation a beaucoup évolué avec davantage de fréquentation des centres de santé par les femmes», nous a-t-elle déclaré.

Le Centre de santé Mère et Enfant (CSME) de Diffa a lui bénéficié d’équipements pour la salle néonatale notamment une table de réanimation, plusieurs couveuses et cinq (05) concentrateurs d’oxygène. Des équipements qui ont permis de constater une baisse du décès des nouveau-nés car en cas de problèmes, ils sont pris aussitôt en charge selon le chef du service qui apprécie à sa juste valeur cet appui de l’UNICEF.

Pour ce qui est de la malnutrition, 18.173 enfants ont été traités pour malnutrition aigüe sévère (MAS) dans la région de Diffa. Le financement du BMZ a permis à l’UNICEF de fournir 4.200 cartons d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi en 2020, ce qui permet de couvrir les besoins de 6 057 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition sévère (MAS). De juillet 2020 à avril 2021, 98,4 % des enfants sortis du programme de traitement de la MAS sont guéris, moins de 1 % sont décédés et moins de 1% ont abandonné. En dehors du programme de prise en charge, un dépistage de masse pour la détection précoce de la malnutrition aigüe a aussi été effectué en utilisant la stratégie du porte-à-porte dans 616 villages répartis sur 4 municipalités dans les deux districts de santé sélectionnés couplés au référencement des cas graves vers les centres de prise en charge (CRENI) à Mainé-Sorao et à Diffa. Au total, 6 387 enfants (3 181 garçons et 3 206 filles) ont été dépistés, et parmi eux, 129 enfants souffraient de malnutrition sévère.

Dans le cadre du programme de prévention de la malnutrition en général chez les enfants de 6 à 23mois, deux unités de production de farine fortifiée pour enfant "Garin Yara" ont été mises en place dans les communes de Diffa et de Mainé-Soroa. Ces unités de production sont gérées par des Groupements féminins sélectionnés au préalable sur la base de leur expérience dans la production d’aliments de complément. Le marketing et la distribution sont assurés par les jeunes formés à cet usage à travers les quatre communes. Une initiative dont se félicite Mme Maloumi Fati Amani, présidente de l’unité de production "Garin Yara" de Diffa: « avant nous étions sans activité mais avec l’avènement de cette unité de production, nous sommes 35 femmes qui travaillons. Pour le moment, nous avons mis en place un comité pour faire le travail et nous arrivons quand même à assurer nos dépenses familiales prioritaires et même à prévoir d’épargner pour d’autres besoins ou en cas d’urgence car le produit est très demandé et le marché prometteur". De 10 points de vente au démarrage, on en compte 24 aujourd’hui et en quelques mois.

WASH : des réalisations pour un accès équitable à l’eau potable

En matière d’accès à l’eau et à l’assainissement, le financement BMZ a permis à l’UNICEF d’améliorer l’accès aux services à travers notamment l’approche WASH piloté par les municipalités au niveau de la communauté, dans les écoles et les établissements de soins de santé. Cela a ainsi permis de fournir de l’eau potable à plus de 15.304 personnes et 6412 écoliers dans les 4 municipalités grâce à la construction de forages équipés de pompes humaines, de poste d’eau autonome, de mini-adduction d’eau potable simple et multi-villages et de raccordement d’écoles et de centres de santé aux réseaux d’eau existants. Le Financement a ainsi permis la réalisation et la réhabilitation de deux mini-adduction d’eau potable multi-villages dans la commune de Chétimari et la réhabilitation d’une mini-AEP et d’un poste d’eau autonome (PEA) dans la commune de Mainé-Soroa pour améliorer l’accès à l’eau potable des populations. C’est ainsi que les villages comme Maissorodi et Kadjimeri ont bénéficié de ces réalisations qui font le bonheur tant des élus locaux ainsi que des populations bénéficiaires qui en plus d’avoir de l’eau potable, ont de quoi abreuver leurs troupeaux et aussi s’adonner à des activités génératrices de revenus comme le jardinage. A Soukoundou, un autre village qui a bénéficié de la réhabilitation et l’extension de son Poste d’eau autonome (PEA), alors en panne, et qui est désormais équipé d’un champ solaire et d’un groupe électrogène, le chef du village Issoufou Abdou, témoigne: "nous avons beaucoup souffert du problème d’eau mais avec cette mini AEP, l’eau est disponible et nous sommes même en train de refaire nos maisons. Nous allons prendre soin de notre mini AEP et il y a même des jeunes gens qui ont promis d’assurer la garde permanente de cette infrastructure vitale pour nous". Visitant la mini-AEP de Boulamari qui a aussi bénéficié du même appui ainsi que de plusieurs bornes fontaines, le Directeur départemental hydraulique et de Mainé Soroa, M. Salifou Issa, se réjouit lui de l’avancée significative qu’enregistre le pays tout entier grâce à ces réalisations qui permettent au pays de faire un grand pas dans le cadre de la phase du PROSEA (Programme Sectoriel Eau et Assainissement) dont l’objectif visé par le gouvernement est que l’eau potable soit disponible à 20 mètres tout au plus des populations.

« Nous ne pouvons que remercier UNICEF pour tous les efforts déployés au profit de notre population grâce au fonds BMZ. Comme vous pouvez le constater vous-même autour de vous, vous pouvez voir l’engouement des femmes et des enfants à qui ces réalisation ont considérablement alléger les corvées. Le changement est palpable car les femmes ont plus de temps pour s’adonner aux autres travaux domestiques au lieu de parcourir des kilomètres pour chercher pendant des heures cette denrée rare qui est source de vie". M. Bagalé Oumara, Président délégation spéciale Chetimari

En matière d’accès à l’eau potable également, un forage équipé de pompe à motricité humaine a également été réalisé à l’école de formation et d’apprentissage culturelle de Diffa (EFAC) pour améliorer l’accès à l’eau des apprenants et enseignants.

Dans le cadre de l’amélioration des conditions d’hygiène et du cadre de vie au niveau des ménages, l’UNICEF a appuyé le Ministère de l’hydraulique et de l’Assainissement pour initier l’approche communale WASH/ATPC dans la commune urbaine de Mainé-Soroa afin de la certifier fin de défécation à l’air libre (FDAL). C’est dans cette optique que l’ONG IDELA a été identifiée pour la mise en œuvre de l’approche FDAL, ce qui a amélioré les conditions d’hygiène et d’assainissement pour 101.132 habitants de la municipalité de Mainé-Soroa c’est à dire dans les 279 villages et 6 sites de déplacés que compte la commune.

Le chargé de programme WASH à ONG IDELA, M. Sidi Oumarou Ada, explique que le programme a débuté au mois de mai 2021 pour une durée de 15 mois et actuellement, 310 villages ciblés sont à un niveau de couverture en latrines de 100 %. Suite à une évaluation qui a été faite en décembre dernier sur un échantillon de 110 villages, tous ont été certifiés FDAL et par conséquent, à partir de cet échantillon, l’ensemble des 310 villages sont donc certifiés du "Label FDAL". Dans la mise en œuvre e cette activité, c’est l’approche ATPC qui est mise en œuvre. Elle consiste aux communautés d’analyser elle-même la situation en matière d’hygiène, assainissement, les pratiques de défécation et leurs conséquences suscitant ainsi une action collective de la communauté afin d’atteindre et de maintenir en état de fin de défécation à l’air libre par la construction de latrines par les communautés. Les activités WASH sont également en train d’être déployées dans les écoles à travers des séances de sensibilisations sur le lavage des mains, la salubrité dans les écoles et aux alentours et aussi dans les formations sanitaires. "Les bénéficiaires apprécient la mise en œuvre de l’ATPC car auparavant, les populations déféquaient à l’air libre, ce qui leur causer énormément de préjudices notamment les maladies comme eux-mêmes ont eu à le constater", souligne le chef de programme WASH à l’ONG IDELA qui ajoute que depuis la mise en œuvre de l’ATPC, le changement est visible et leurs dépenses pour les soins suite aux vomissements ou diarrhées ont fortement baissées. "Chaque ménage des villages de la commune et doté aujourd’hui de latrines et les habitants font aussi des séances de salubrité périodiquement dans le village», met en avant M. Sidi Amadou Ada de l’ONG IDELA, partenaire de l’UNICEF pour cette activité.

A Ambouram Abakaram, un des villages bénéficiaires de cette initiative, ce qui frappe en tout cas au premier regard, c’est la propreté des rues et des concessions. De quoi ravir Adji Hassan, un habitant du village: «nous avons été sensibilisés dans un premier temps sur la propreté. Après la propreté corporelle, nous avons été édifiés sur la propreté au niveau des ménages. Comme vous le constater aujourd’hui, les rues et ruelles de notre village sont propres. Avant la formation, nous souffrons de plusieurs maladies dans notre village, mais après la formation, des maladies comme le choléra, des boutons qui apparaissent, la diarrhée et les vomissements, bref toutes les petites maladies ont disparues grâce à la formation de l’ONG IDELA dans le cadre de l’appui de l’UNICEF".

Dans le cadre de ces interventions pour l’accès à l’eau potable et l’assainissement et pour renforcer les systèmes, le financement BMZ a aussi permis à l’UNICEF la construction et l’équipement d’un laboratoire d’analyse et de contrôle de la qualité de l’eau au niveau de la Direction régionale de l’Hydraulique et de l’Assainissement (DRHA) de Diffa pour le suivi de la qualité de l’eau de tous les ouvrages hydrauliques à l’échelle de la région.

Education : des initiatives pour améliorer l’accès et l’utilisation des services

Dans le domaine éducatif, le financement BMZ a permis l’ouverture de 40 centres d’éducation alternatives (CEA) dans les communes d’intervention du projet, ce qui a permis de former 1359 adolescents et des jeunes dont 602 filles contribuant ainsi au développement de leurs capacités et à leur insertion socioprofessionnelle. A terme, le dispositif CEA permettra aux jeunes de participer activement au développement local et à la consolidation de la paix comme l’explique Maman Laoual Bedai, Inspecteur en charge de l’Alphabétisation et de l’Education non formelle de Mainé Soroa, pour qui l’initiative est très louable malgré quelques difficultés liées au manque de moyens. Depuis les années 2014 et 2015 et le début de l’insécurité que connaît la région, en effet, il y a eu un déplacement massif des populations qui sont venues s’installer au niveau des différents quartiers de la ville. C’est donc pour prendre en charge ces enfants qui sont hors école que l’UNICEF a apporté un appui considérable pour enrôler ses enfants dans ces CEA pour trois années de formation. Après la formation, les apprenants sont transférés au niveau des centres de formation aux métiers (CFM) pour apprendre un métier et s’incérer et donc dans la vie active. "C’est vraiment formidable cette initiative de UNICEF de mettre en place des Centre d’éducation alternative (CEA) surtout au regard de l’objectif, celui de s’intéresser aux enfants hors école, qui sont nombreux, et à qui on permet d’apprendre un métier, c’est à dire leur offrir une seconde chance.»

A 16 ans, Amina Saley fréquente le CEA de l’école Toudoun Wada de Mainé: "je suis fier d’étudier ce qui va me permettre d’apprendre un métier car avant je ne faisais rien". C’est aussi une histoire pareille que raconte son voisin de table à la même école. Ousmane Saley est lui un refugié venu de Gaidam, un village du Nigeria où il vadrouillait selon ses propres mots. Avant de rejoindre l’établissement, il ne faisait également rien et maintenant qu’il a intégré le CEA, son rêve c’est d’apprendre un métier qui va lui permettre de travailler "pour subvenir à mes besoins et prendre en charge mes parents".

La directrice de l’école, Mme Gagi Ramatou ne manque pas d’éloges pour traduire sa reconnaissance à l’UNICEF qui, grâce à l’appui de BMZ a créé un CEA au sein de son établissement où sont accueillis des enfants hors écoles qui sont pour la plupart des déplacés internes ainsi que des déplacés et des retournés du Nigeria. "C’est des enfants qu’on sauve et à qui on offre une autre alternative que la rue", dit-elle tout en profitant pour solliciter auprès de l’UNICEF et de son partenaire, un appui en infrastructures et en desserte d’eau, ce qui, selon l’éducatrice, "va beaucoup bénéficier aux élèves et à l’ensemble de l’école".

Toujours en matière de scolarisation, et particulièrement le maintien de la jeune fille à l’école et la promotion de l’abandon du mariage d’enfant, le projet BMZ a permis à l’UNICEF d’initier un dispositif de mentorat à la fois scolaire et communautaire pour 2000 filles du primaire et le premier cycle du collège. Le dispositif à terme permettra d’améliorer les résultats scolaires dans les matières fondamentales (maths, français, écriture) et assurer un environnement favorable à leur épanouissement et protection contre toutes sortes de violence, y compris le mariage d’enfants. « Le mentorat, c’est une relation d’aide, de soutien et d’échanges dans laquelle une personne appelée mentor apporte son aide à une personne appelée mentorée", explique Mme Tankora Zara, mentor pédagogique au CES Kazelma Taya de Diffa. Elle precise qu’il à deux volets : le volet social animé par un mentor communautaire et le volet pédagogique assuré par des encadrant pour les filles qui ont un niveau faible dans certaines matières dans lesquelles elles seront accompagnées pour rehausser leur niveau. Mme Hassane Mariama, mentor communautaire dans le même établissement précise que pour le volet communautaire, des conseils sont donnés aux filles sur la santé corporelle et surtout la vie en société, "car comme vous le savez, les jeunes filles ont besoin d’être encadrées dans notre société», a-t-elle tenu à ajouter.

L’une des bénéficiaires de ce dispositif, Safia Laouali Malam Amadou, 16 ans et élève en classe de 5e ne cache pas sa fierté: "je suis vraiment fière d’avoir été sélectionnée pour bénéficier du mentorat. Avec la formation qu’on nous dispense, nous apprenons mieux et ce n’est pas parce que nous sommes nulles mais cela nous permet de nous améliorer, de corriger nos difficultés et nos lacunes afin de devenir beaucoup plus intelligentes».

Appui à l’approche communautaire de protection de l’enfant et de promotion de la cohésion sociale

L’approche communautaire de protection de l’enfant menée par l’UNICEF dans le cadre du financement BMZ a permis la mise en place et le renforcement de 40 comités villageois de protection de l’enfant (CVPE), 4 comités communaux de protection de l’enfant (CCPE ) et 2 comités départementaux de protection de l’enfant (CDPE) qui ont pour rôle d’identifier, de signaler et de référer les enfants à risque de protection dans les communautés y compris les filles à risque de mariage d’enfant, les enfants sans acte de naissance et les enfants victimes d’abus et de protection. Ainsi, ce dispositif a permis à 255 filles et 162 garçons de retrouver le chemin de l’école, 72 garçons et 72 filles de bénéficier d’un programme d’apprentissage en métiers. Également, dans le cadre du même dispositif 450 enfants dont les enfants sortis des groupes armés, les enfants séparés et non accompagnés et autres enfants ont bénéficié d’un programme de réinsertion socioprofessionnelle.

A Awaridi, un village à la périphérie de la ville de Diffa qui abrite plusieurs sites de refugiés et de déplacés internes, les activités ACPE (Approche communautaires de protection de l’enfant) consistent à impliquer les communautés non seulement dans l’identification des besoins en protection des enfants mais aussi pratiquement dans la mise en œuvre. Ces activités sont appuyées par les facilitateurs communautaires avec un assistant technique qui est basé au niveau de la Direction régionale de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant qui joue le rôle de relais entre la direction, UNICEF et avec la communauté. Plusieurs groupes ont été créés à cet effet: Le groupe des femmes, celui des hommes, le groupe des adolescents garçons et le groupe des adolescentes filles. Ces différents groupes, en fonction de leur centre d’intérêts respectifs, ont suivi des enseignements modulaires durant une période de près de 8 mois sur leur bien-être, la santé mentale, la santé de mère et de l’enfant, l’éducation sexuelle, la cohésion sociale et également toute initiative communautaire qui est de nature à contribuer à l’instauration d’un environnement propice à la protection de l’enfant. "L’un des objectifs principal est de mettre fin au mariage d’enfants, mais également d’encourager les communautés à aller se faire consulter avec les enfants et les femmes enceintes et aussi d’encourager et de sensibiliser sur l’importance de l’enregistrement des naissances ou des services d’état civil", nous a-t-on précisé.



Ali Dan Baba, Bachir, assistant technique au programme ACPE, rencontré au village Awaridi, précise que le programme, mis en œuvre par la Direction régionale de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant avec l’appui de l’UNICEF, a pour objectif "de renforcer les capacités des communautés sur les droits humains, la santé de reproduction, la paix et la cohésion sociale, la protection de l’enfant, les pratiques néfastes pour la santé de la femme et de l’enfant". Dans les communes d’interventions, des animateurs-terrain font des séances éducatives avec les différents groupes et le constat, c’est qu’il y a une inscription massive d’enfants à l’école dans les différents villages de la zone mais également beaucoup plus de déclarations des enfants à l’état civil, davantage de femmes dans les centre de santé pour les consultations prénatales grâce notamment aux séances sur la santé de reproduction. "Il y a aussi des activités génératrices de revenus dans des villages, ce qui, de manière générale signifie qu’il y a beaucoup d’acquis qui méritent d’être pérenniser". C’est d’ailleurs pourquoi, un atelier a été tenu avec les maires des différentes communes pour que les autorités locales puissent s’approprier toutes ces activités car, a-t-il estimé, "autant il y aura des résultats, s’ils ne sont pas consolidés par les maires, le travail risque d’être inefficace. »
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