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Nécrologie: le Pr André Salifou n’est plus!

Publié le lundi 16 mai 2022  |  actuniger.com
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© Autre presse par Dr
Pr André Salifou, ex président de la Conférence nationale du Niger et le Haut-Conseil de la République, parlement de la Transition; Ex député et Ministre d`État; Ex professeur d`histoire et géographie à l`Université de Niamey.
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Le Professeur André Salifou a tiré sa révérence ce samedi 14 mai 2022 à Niamey. Né en 1942 à Zinder, dans le Sud-Est du Niger, André Salifou a présidé successivement, de 1991 à 1993, la Conférence nationale du Niger et le Haut-Conseil de la République, parlement de la Transition. Il a par la suite été député et Ministre d'État. Auparavant, André Salifou avait enseigné l'histoire et la géographie dans le Secondaire et, de 1979 à 1991, l'histoire de la colonisation et de la décolonisation à l'Université de Niamey. De 1972 à 1979, il avait été fonctionnaire international à l'Agence de Coopération culturelle et technique, à l'Unesco et à l'Organisation commune africaine et mauricienne. André Salifou est l'auteur d'ouvrages consacrés notamment à l'histoire, à la pédagogie universitaire et au théâtre.

Il y a quelques jours, la nation lui rendait hommage en donnant son nom à l'Université de Zinder. Afin de rappeler le riche parcours de cet intellectuel hors pair, nous reproduisons ici une de ses biographies réalisées par le magazine d'informations générales SEEDA, il y a quelques années.

C’est grâce à l’ouvrage captivant et pathétique du regretté Albert Ferral consacré à l’histoire des Foyers des métis de la Colonie du Niger que nous avons des informations détaillées sur le parcours exceptionnel de l’ homme de lettre et homme de culture, l’universitaire et intellectuel africain, qu’est le Pr André Salifou.

Etudes, diplômes et grades universitaires

Né en 1942, le pensionnaire du foyer métis de Zinder qui a fréquenté l’école régionale de Zinder s’est intéressé au théâtre dès l’âge de 10 ans. Sa passion pour la scène l’a amené à suivre des cours à l’Institut d’Art Dramatique dans la capitale ivoirienne Abidjan alors qu’il effectuait ses études secondaires au Lycée de Cocody de 1961 à 1963. Il a effectué ses études supérieures à l’Université de Toulouse le Mirail (France). En 1967 il obtint sa licence es-sciences humaines (option Histoire) puis, un doctorat de 3èmecycle sur le Damagaram soutenue en 1970 ; enfin, une thèse de Doctorat d’état sur la colonisation dans l’espace nigérien soutenue en 1979. A l’époque, la thèse de Doctorat d’Etat qui sera supprimée dans les années 1980 était le dernier diplôme universitaire dans le système français.

En ce qui concerne les inscriptions sur les listes d’aptitude aux différentes fonctions et grades universitaires, les universitaires nigériens de la première génération (les Pr Dan Dicko, PR Sidikou H. Harouna, Ba Boubakar, Abdou Moumouni, Diouldé Laya, etc., ont évolué dans le système français. C’est ainsi que le Pr André Salifou est passé Maitre Assistant en 1970 après sa thèse de 3ème cycle, Maitre de conférence en 1979 après sa thèse d’Etat puis Professeur Titulaire en 1981 sur une liste d’aptitude aux fonctions de Professeur Titulaire agrée par le Comité Consultatif universitaire (CCU) de Niamey.

La fonction enseignante

A l’instar de la presque totalité des universitaires nigériens, le Pr André Salifou est un sac à dos, c’est-à-dire qu’il a effectué toute ses études supérieures parallèlement à sa carrière de fonctionnaire de l’Etat nigérien ou fonctionnaire international Il a servi comme enseignant au CEG de Dogondoutchi (1964-1965). Au niveau national le Pr André Salifou va occuper respectivement les fonctions suivantes : professeur puis directeur par Intérim de l’Ecole Normale de Zinder (formule Unesco) ; de 1979 à 1984 Professeur et Doyen de l’Ecole de Pédagogie qui deviendra plus tard Faculté de Pédagogie puis Ecole Normale supérieure.

Fonctions gouvernementales et parlementaires

A y voir de prés, en dépit de son amour pour la carrière enseignante et de ces compétences exceptionnelles pour ce métier, le Pr André Salifou a effectué l’essentiel de sa carrière professionnelle dans les organisations internationales et les fonctions gouvernementales, parlementaires et diplomatiques :

1991 : présidence du Présidium de la conférence nationale souveraine ;

1991-1993 présidence du Haut Conseil de la République ( HCR : Parlement de la période de Transition) 1994 : Député à l’Assemblé Nationale au titre de son parti politique ;

1995-1996 puis 1998-2002 Président du Conseil d’Administration de la COCERTA /filière Uranium)

1996 -1997 : ministre d’Etat chargé de l’enseignent supérieur et puis ministre d’Etat chargé des relations extérieures du premier gouvernent issue du Coup d’Etat du Général Baré

2010 ……Conseiller spécial, avec rang de ministre, à la Présidence (sous Salou Djibo et Mahamadou Issoufou)

Une riche carrière internationale

1973-1978 Bureau régional de l’UNESCO BREDA (Dakar) ;
1978-1979 : Directeur des Affaires sociales et culturelles de l’OCAM (Bangui / Centrafrique) ;
1996- 2001 (Francophonie et OIF) : représentant permanent du Chef de l’Etat, envoyé spécial (Comores)
2002 : envoyé spécial de l’Union Africaine puis de la Commission de l U A (Madagascar, Centrafrique, Tchad) ;
2003-2005 : représentant spécial de la Commission de l’Union Africaine en Cote d’Ivoire chef du bureau de liaison de l’UA en Côte d’Ivoire, représentant de l ’UA au comité de suivi des accords de Marcoussis.
Une carrière politique mitigée Le Pr André Salifou a présidé la Conférence Nationale Souveraine puis le Haut Conseil de la République de 1991 à 1993 dans un contexte d’instabilité sociopolitique. Puis, il a siégé, à l’Assemblée Nationale au titre de son parti politique. Objectivement, on ne peut pas dire que l’universitaire et homme politique nigérien a connu un grand succès auprès des masses populaires. Il n’a pas échappé au sort réservé à d’autres universitaires africains qui se sont lancés dans la politique. En effet, en Afrique francophone, en dehors du Président malien le Pr Alpha Omar Konaré (Archéologue de son Etat) qui a utilisé un réseau d’associations pour créer son parti politique l’ADEMA, beaucoup d’universitaires qui ont essayé d’accéder au pouvoir par le biais d’un parti politique, n’ont pas pu accéder à la fonction suprême de Chef d’Etat. C’est le cas des professeur J. Ki-Zerbo (Burkina Faso), Cheikh Anta Diop (Sénégal) pour ne citer que ces deux exemples. Le Pr André Salifou (comme d’autres universitaires nigériens d’ailleurs) a connu cette amère expérience.

L’homme de lettre, l’homme de culture

Il est, en raison de ses nombreuses publications (voir liste jointe), l’auteur nigérien le plus prolifique après Boubou HAMA et incontestablement l’universitaire nigérien le plus connu à l’étranger. Il est à la fois historien, romancier, acteur, metteur en scène, etc. Lorsqu’il s’agit du Pr A. Salifou, un personnage controversé, adversaires et partisans s’accordent pour reconnaitre en lui trois qualités certaines : le pionnier de la recherche historique au Niger, l’auteur prolifique et intellectuel courageux. Dans le domaine littéraire, André Salifou a publié des romans (l’oeuvre romanesque peu connu du grand

public a eu moins de succès), de nombreuses pièces de théâtre dont certaines comme Ousmane Dan Fodio, le serviteur d’Allah n’ont pas encore été jouées sur scène. S’inspirant du théâtre populaire, il a initié un théâtre moderne nigérien à partir de pièces théâtrales comme Tanimoune (médaille d’or à la Semaine national de la jeunesse 1968), si les Cavaliers, etc… Il a contribué à la mise en place d’une génération de comédiens nigériens, une Ecole d’art dramatique, la génération connue sous le nom de Yazi Dogo et sa troupe.

Nul ne peut contester qu’André Salifou est un universitaire accompli : mais s’agit t-il d’un grand intellectuel ? les avis sont partagés, car, malheureusement, tous les universitaires ne sont pas des intellectuels. En ce qui concerne le Pr André Salifou ont peut répondre par l’affirmative. De manière générale (spécialistes du domaine excusez mon raccourci pour la définition), on considère comme intellectuel, quelqu’un dont les activités atteignent un certain niveau d’analyse, de réflexion, de recherche ou de création au service de ces contemporains à tel enseigne qu’il est souvent cité comme une référence dans un domaine de compétence précis ; à condition disent certains que cette activité intellectuel ne soit utilisée pour une promotion sociale et politique quelconque notamment pour accéder au pouvoir. Le Pr André Salifou fait partie des universitaires qui, à travers les conférences publiques expose clairement et courageusement ses opinions n’en déplaisent aux pouvoirs en place. Ce furent le cas en 1983 lors de ses conférences publiques sous le règne du Président Kountché, et il y’a une dizaine d’années au cours d’une conférence tenue en 2010 dans l’amphithéâtre 1000 places de la FSEJ.

Pour avoir été un des ses élèves à l’école Normale de Zinder, puis un de ses étudiants au département d’histoire, et plus tard, pour l’avoir côtoyé et bien observé trois mois durant sur le perchoir de la conférence nationale souveraine, j’utiliserai deux mots pour résumer sa personnalité et sa carrière : le Pr A. Salifou est grand acteur, un artiste de talent (l’art recouvrant ici toute sa dimension littéraire (notamment philosophique), scientifique et culturelle. En effet, ce sont les conférences débats, ses prises de positions dans les débats publics et son apport exceptionnel à la naissance d’un théâtre moderne nigérien qui constituent à mes yeux ses contributions les plus significatives à l’oeuvre de construction nationale.


PUBLICATIONS DU Pr ANDRE SALIFOU

Ouvrages d’histoire
Le Damagaram ou sultanat de Zinder aux XIXème siècle, Etude Nigérienne, N°27,,1971.
Kaoussan ou la révolte sénousite, Etude Nigérienne N°33, Paris , 1973. • Histoire du Niger, Paris, Nathan,1989.
La question touarègue au Niger, Paris Karthala, 1993.
Le Niger, Paris, l’Harmattan, 2002.
Biographie politique du président Diori Hamani ,Paris , Karthala, 2010.
Œuvres littéraires (roman et théâtre)
Tanimoune, (théâtre), Présence Africaine, Paris, 1973.
Le fils de sogolon suivi de Si les Cavaliers avaient été là, (théâtres) Niamey 1985.
Ousmane Dan Fodio serviteur d’Allah, (théâtre) Niamey 1988.
La valse de vautours ( roman),Paris, Karthala, 2000.
Tels pères tels fils, Paris Karthala 1996 (Roman) .
Entretien avec mes enfants sur la démocratie en Afrique, Paris, Présence Africaine, 2005.
Manuels scolaires
Mères et enfants de l’Afrique d’autrefois, (en collaboration) Unicef, 1979.
Décolonisation et problèmes de l’Afrique Indépendante,(en collaboration) Paris, Edicef, 1983.
L’Europe et l’Afrique du XVème. siècle aux indépendances, Bruxelles, 1987.
Esclavage et traite négrière, (Roman) Paris, Nathan ,2006.
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