Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Niger – Conclusions de l’enquête sur la tuerie de Téra : la seconde mort des martyrs

Publié le vendredi 20 mai 2022  |  levenementniger.com
Le
© Autre presse par DR
Le rapport définitif sur les détournements de fonds au ministère de la Défense a été remis à la justice nigérienne
Comment


Au Niger, le gouvernement a rendu public, le 17 mai 2022, les conclusions de l’enquête menée par la Gendarmerie nationale suite aux événements tragiques survenus le 27 novembre 2021 à Téra (région de Tillabéry). Dans un communiqué, les autorités gouvernementales ont annoncé que le Niger et la France ont décidé de dédommager ensemble les victimes du drame en raison de l’absence d’éléments pouvant permettre « de cerner le déroulement exact des événements ». Une décision qualifiée d’« insulte » à l’égard du Niger par certains acteurs de la vie sociale et politique.

Les trois (3) victimes tombées le 27 novembre 2021 à Téra, sous les balles des militaires du convoi de la force Barkhane, se retourneront sans doute dans leurs tombes. Pour cause, le gouvernement nigérien, à travers un communiqué, signé du ministre de l’Intérieur, un ancien enfant d’AREVA, aujourd’hui Orano, indique effroyablement que « l’exploitation des résultats de l’enquête de la Gendarmerie du Niger et de l’Armée française n’ayant pas permis de cerner le déroulement exact des événements qui ont provoqué la mort et les blessures des manifestants, le Niger et la France ont décidé d’assurer ensemble, le dédommagement des familles des victimes ainsi que des blessés ».

Le communiqué gouvernemental précise que « les deux (2) parties sont convenues d’un dédommagement à parts égales » et que des « contacts ont été pris avec les autorités traditionnelles religieuses de Téra ainsi que les représentants des victimes et des montants des dédommagements ont été convenus pour chacune des victimes ». Le document rapporte également que « les montants dus aux bénéficiaires ont été virés dans des comptes bancaires communiqués par les représentants des familles concernées », tout en soulignant que « le Niger et la France se félicitent de leur collaboration dans ce dossier particulièrement sensible et se réjouissent de la solution obtenue ».

Une insulte pour le Niger

« C’est une décision choquante, et à certains égards, insultante pour le Niger, même si elle a été acceptée, selon le communiqué, par les familles et les autorités coutumières », s’indigne Moussa Tchangari, acteur de la société civile. Le même sentiment est partagé par Omar Hamidou Tchiana, un des farouches opposants de Bazoum. A travers un tweet, l’opposant dit que « ce communiqué du gouvernement de Mohamed Bazoum confirme que les soldats français peuvent, pour quelques euros, tuer impunément des Nigériens. Cet acte est l’insulte ultime à la mémoire des victimes et à la dignité du Niger », a-t-il dit.

Amers baisers de Bazoum

Dans un entretien exclusif accordé à « La Croix » et à « L’Obs« , paru le 18 mai 2022, Mohamed Bazoum, dans une phraséologie bédouine, tente de dédouaner la soldatesque de ses maîtres à penser de l’hexagone en affirmant sans ambages que « l’enquête française a consisté à dire que l’armée française avait procédé à des sommations avec des armes létales. Elle a conclu que ses militaires n’avaient pas tué ».

Mieux, en gouverneur relevant directement de l’Elysée qui administre le territoire nigérien comme sous l’occupation où les populations étaient soumises à la servitude, Bazoum soutient que « ce sont probablement les moyens létaux utilisés par l’armée française, à des fins de sommation, qui ont eu pour effet d’atteindre un certain nombre de manifestants et tué trois d’entre eux, des enfants ». Pour lui, « si la France a une part de responsabilité, le Niger aussi », expliquant que « nous avions engagé des forces pour maintenir l’ordre et elles n’ont pas été efficaces. Les Français ont dû se dégager eux-mêmes, ils ont dû utiliser des moyens létaux qui ont pu provoquer la mort. Les familles attendent d’être indemnisées. Nous allons le faire, c’est notre responsabilité. »

Dès lors, on comprend que Bazoum et les siens, qui ne sont que des relais de la France, ont choisi leur camp au détriment de l’intérêt du Niger et de son peuple. Par sa gouvernance inique, en faisant des contre-valeurs sa boussole et l’argent son seigneur à penser, l’effroyable pouvoir rose à Niamey, miné par des scandales les uns plus sulfureux que les autres, a perverti la société nigérienne par des pratiques mafieuses qui n’ont rien à envier à la camorra sicilienne. Sinon comment peut-on indemniser des familles sans reconnaitre sa responsabilité et présenter des excuses officielles, car toutes les sources consultées ont affirmé sans ambages que ce sont les soldats français qui ont tiré à bout portant sur les manifestants ?

Cette autre attitude méphistophélique des dirigeants nigériens démontre que ces derniers, pour sauvegarder leur double nationalité, n’ont aucun scrupule à souiller même les morts pour atteindre leur objectif. Les mêmes sinistres subterfuges ont été utilisés pour enterrer le dossier de l’étudiant Bagalé assassiné, celui des soldats sacrifiés à travers le scandale du ministère de la Défense nationale et beaucoup d’autres. Quelle ignominie ?

Ceux qui pensent que Bazoum n’est pas le binôme parfait d’Issoufou qui a plongé le Niger dans les ténèbres peuvent continuer leur sommeil. Et comme l’a si bien dit notre confrère Nobert Zongo, « les peuples comme les hommes finissent toujours par payer leurs compromissions politiques : avec des larmes parfois, du sang souvent, mais toujours dans la douleur. » Le Niger a presque touché le fond et pour le redresser, il faut plus accorder un état de grâce à Issoufou III. La survie du Niger en dépend.
Commentaires