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M. Issa Issoufou, maire de la commune rurale de Tirmini : Le problème d’eau potable reste et demeure en tête des demandes de la population

Publié le vendredi 8 juillet 2022  |  Le Sahel
M.
© Autre presse par DR
M. Issa Issoufou, maire de la commune rurale de Tirmini
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Monsieur le Maire pouvez-vous nous présenter la commune rurale de Tirmini et nous faire un peu son historique ?

La commune rurale de Tirmini est située dans la partie Est du département de Takieta. Sa superficie est estimée à environ 2000 km² et avoisine celle du département de Kantché tout entier, à titre illustratif. Elle est limitée à l’Est par le IVème arrondissement de la Ville de Zinder et de la commune de Dakoussa, à l’Ouest par les communes de Garagoumsa et Ouarafane (Tessaoua), au Sud par les communes de Droum (Mirriah) et Icihrnawa (Kantché) et enfin au Nord par les communes de Gangara, Falenko et Olléléwa.

Le village de Tirmini, chef-lieu de la Commune sis à l’Ouest de la Ville de Zinder à 21 km sur la RN1 est situé entre 8°39’ et 38 de longitude Est 13°46’’ et 59’’ de latitude Nord. Son relief est marqué par un affleurement du socle granitique dans la partie sud et un plateau parsemé de dunes de sables et de buttes du continental Hamadien au centre.

La population de la commune est estimée à environ 161 000 habitants selon les projections de l’INS (2021). Sur le plan éducatif, la commune rurale compte 118 écoles primaires à la rentrée 2021-2022. A la même date, le nombre des établissements secondaires est de 7 dont un CES à Tirmini.

Du point de vue socioéconomique, les réalités sud-nord se distinguent parfaitement par les activités exercées par la population et leur mode de vie. Les habitants vivant au nord mènent une vie typiquement rurale et ne se distinguent pas de ce point de vue à la vie que mène la population du Damergou et celle du sud, proches de Zinder mène une vie à l’image de la Ville.

L’histoire de Tirmini ne se distingue pas nettement de celle de Damagaram décrite par Pr ANDRE SALIFOU. La famille royale serait issue de sultanat de Zinder et y réside depuis avant l’indépendance du Niger. Une des grandes guerres contre la pénétration coloniale avait eu lieu à Tirmini, d’où le nom que porte la commune dont l’origine vient du verbe « terminer » en français. Récemment l’histoire de Tirmini aurait dû prendre un autre tournant décisif suite à la découverte, par un chercheur archéologue, de ce qu’il considère comme « pyramide ». Il y avait des tentatives de recherches scientifiques dans ce sens, jusqu’à la cessation des activités, les hypothèses sont affirmatives. La découverte des squelettes d’hommes de longueur mesurant des mètres et bien d’autres objets constitueraient des prémices à la justification de l’hypothèse avancée par le chercheur. Quant à l’espace communal, son peuplement est, bien sûr, dû à la migration de la population qui serait venue de tout bord dont celle d’origine kanourie est majoritaire. L’influence du commerce a aussi favorisé le déplacement d’autres ethnies sur l’espace dont notamment les haoussas et les Touaregs. Mais il existe aussi une forte présence des peulhs dissimulés partout sur le territoire communal avec leur organisation traditionnelle et culturelle.

Quelles sont, M. le maire, les principales activités économiques de la population de Tirmini ?

Les principales activités de la population de la commune rurale de Tirmini sont l’agriculture, l’élevage, le commerce et l’artisanat. L’agriculture occupe la majorité de la population active. Elle est pratiquée non seulement sous pluie, mais aussi en irrigation. En ce qui concerne cette dernière, la commune rurale de Tirmini dispose des potentialités inestimables dans certaines localités comme Tiss, Maijirga Agali, Baboul, Foura Guirké où les points d’eau pourraient permettre un maraichage conséquent pouvant rehausser le niveau de vie de la population. Dans ce sens, si les partenaires peuvent appuyer, j’estime que les résultats seraient appréciables et pourraient réduire les vulnérabilités de la population. En ce qui concerne l’agriculture traditionnelle, elle est pratiquée sur l’ensemble de la commune et se heurte aux problèmes habituels liés à sa pratique (raréfaction de pluies, moyens traditionnels, l’amenuisement des terres …). La pression démographique a de plus en plus un impact sur la production de cette dernière. La population augmente et les terres diminuent en conséquence. Ce problème crée actuellement un tâtonnement dans la mise en œuvre des stratégies de survie par la population de la commune. La population se contente, comme moyen de survie, de l’exode rotatif et de la mendicité féminine qui se développe de plus en plus vers les centres urbains proches (Zinder et dans les centres urbains secondaires). Selon une étude menée par l’ONG ACMEF en collaboration avec le Conseil régional en 2020, beaucoup de femmes qui se trouvent dans les rues de la Ville de Zinder sont originaires de la commune de Tirmini compte tenu de la proximité entre les deux localités et certaines raisons, qu’il est difficile de relater ici.

En ce qui concerne l’élevage, malgré les défis auxquels il est confronté, il est en train de bénéficier d’un regain de la population. Je crois beaucoup, en tant qu’autorité, à la façon dont la population maitrise et s’intéresse à l’élevage. Mieux, le programme du président de la République pour la redynamisation de l’élevage à travers la vente à prix modéré d’aliments bétail cette année à suscité davantage un grand engouement autour de la pratique de l’élevage dans la commune rurale de Tirmini. Puisqu’il est difficile de résoudre l’éternel problème de l’agriculture, je fonde beaucoup l’espoir sur la pratique de l’élevage surtout si les partenaires s’y impliquent. Dans ce sens, la commune rurale de Tirmini a déjà signé des engagements avec certains partenaires pour le développement de cette filière. Nous profitons également de cette occasion pour lancer un vibrant appel à toutes les bonnes volontés qui veulent nous appuyer dans ce domaine.

Le commerce et l’artisanat vont de pairs, en pratique, dans la commune rurale de Tirmini. Le commerce exercé dans la commune rurale de Tirmini se résume essentiellement à la satisfaction des besoins primaires même si des cas isolés se distinguent çà et là dans la commune. Nous avons à cet effet une dizaine des marchés (petits et moyens) où les habitants exercent leurs activités. Il existe comme partout ailleurs ceux qui pratiquent le commerce à domicile et dans les boutiques dans nos différents villages de la commune. D’autre part, certains villages se distinguent dans la pratiquent de l’artisanat, c’est l’exemple de Kalgo-Tiss où la population est connue par son génie créateur en fabrication des chaussures, des ceintures, des cartables et d’autres objets y afférents en peaux. Le village de Gariga lui se spécialise en fabrication des canaris en pot.

On constate aussi que la population majoritairement jeune s’intéresse de plus en plus au domaine du transport. Les jeunes de la commune s’activent aussi dans le domaine de transport inter-villages à l’aide des tricycles. Ils connectent nos villages à la ville de Zinder surtout ceux situés non loin de la route RN1.

Comment se portent les indicateurs sociaux de base de votre commune ?

Comme je vous l’avais dit, la commune rurale de Tirmini est l’une des plus grandes communes de la région de Zinder, sinon du Niger j’allais dire. De ce fait il serait difficile de maitriser les indicateurs sociaux. Ils se portent probablement dans les mêmes conditions que ceux de la région. Nous avons un espace vaste sur lequel 118 écoles sont créées, les unes distantes des autres. Le terrain d’accès est difficile car sablonneux. Donc pour vous dire que les indicateurs relatifs à l’éducation méritent véritablement d’être améliorés. Selon les évaluations académiques de fin d’année en fin 2021, la commune a été classée dernière du département. Des efforts ont été fournis par la commune, sur fonds propres, en construisant des classes, en redynamisant les structures éducatives et en dotant tous secteurs pédagogiques (ils sont au nombre de quatre) en moyens roulants. Nous avons également au début de l’année acheté des fournitures scolaires (ce qui est rare pour les communes), mais je sais que les défis restent encore énormes. C’est pourquoi, nous avons véritablement besoin d’un soutien dans ce sens pour améliorer les indicateurs y afférents.

Dans le domaine de l’hydraulique, l’Etat a fourni beaucoup d’efforts en dotant la commune d’une dizaine de systèmes hydrauliques (mini AEP, postes d’eau…). Le besoin étant important, nous avons, depuis l’année passée, engagé la réhabilitation des forages et des puits cimentés dans la commune. Nous avons à la date d’aujourd’hui soit modernisé ou réhabilité une vingtaine d’ouvrages cités. Il est vrai qu’il est difficile pour une commune de satisfaire un peu plus de 160 000 habitants, mais les indicateurs dans ce sens sont nettement améliorés comparativement aux besoins passés. Mais cela ne signifie pas que le problème est résolu, le besoin reste actuellement grandissant. Le problème en eau potable reste et demeure en tête des demandes de la population. Je constate partout où je passe les femmes et les enfants dans la corvée de recherche d’eau dans un mécanisme purement traditionnel.

Dans le domaine de la santé, nous disposerons d’une vingtaine de cases de santé et six centres de santé intégrés (CSI). La couverture sanitaire est assez bonne me semble-t-il. Je le dis ainsi puisque je reçois moins de demandes dans ce sens. Ces centres de santé sont relayés par deux ambulances qui assurent les évacuations en cas de nécessité, l’une placée à l’extrême nord à Ingnéloua, et l’autre au sud à Tirmini. Nous venons de finaliser la maintenance de ces véhicules. Nous avons également construit, sur fonds propre, un centre de santé à Effadalan où nous avons constaté une forte concentration de la population et le terrain très sablonneux ne permet pas l’accès facile vers les centres de santé. Le recrutement des agents sera lancé très bientôt pour rendre ce centre opérationnel. Cependant, l’une des plus grandes préoccupations pour améliorer les indicateurs relatifs à la question sanitaire est la fréquentation de ces centres. A cette problématique viennent s’ajouter un taux de malnutrition relativement élevé (ce qui a conduit d’ailleurs le ministère de la santé à diligenter une étude dans le département dont les résultats sont disponibles et que des dispositifs, en lien avec les communes, sont en train d’être mis sur pied) et la mauvaise fréquentation des femmes pour les consultations post et prénatales sont au centre des préoccupations. C’est pourquoi, nous encourageons une fois de plus la transformation des cases de santé en des centres de santé intégrés.

Voilà en quelques mots l’état de quelques indicateurs sociaux de la commune que vous pouvez cerner de façon qualitative. Mais à travers le programme du président de la République son excellence Mohamed BAZOUM, certains indicateurs connaitront une avancée significative, j’ai parfaitement confiance. Et nous au niveau des collectivités, nous sommes en train de nous rallier dans la droite ligne du programme du gouvernement pour qu’on puisse ensemble relever le défi.

Par le passé (2004- 2005), la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire, comment se porte la situation aujourd’hui ?

Oui justement par le passé notamment en 2004 et 2005, la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire comme d’autres communes du Niger. Mais depuis lors le gouvernement a pris des mesures qui consistent à casser le prix des céréales sur le marché suivi par la distribution gratuite aux familles vulnérables. Pour accompagner ces mesures nous avons voté au cours d’une de nos sessions la réhabilitation de certains magasins villageois. En plus de la vente à prix modéré, la commune rurale de Tirmini a également contribué dans ce sens. Mais malgré tout, compte tenu des aléas climatiques, nous enregistrons chaque année un certain nombre de villages vulnérables. Pour l’année 2021, la cellule crise alimentaire a validé 39 villages. Les ménages vulnérables de ces villages ont bien reçu des semences de la part de l’Etat et la vente à prix modéré continue dans ces mêmes villages. Cependant, même si les productions agricoles arrivent à terme sans problème, elles sont insuffisantes car l’évolution des terres et de la démographie sont en déphasage. Il faut absolument, j’espère bien, penser à une alternative qui va permettre à combler ce déficit. Je crois que c’est dans ce sens que le gouvernement est en train d’implémenter la culture du riz dans la région de Zinder. La prise de contact avec les acteurs concernés à déjà commencé.

Quelles sont les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini ?
Les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini sont énormes. L’une des potentialités de la commune est sa richesse plus ou moins importante en cours d’eau de surface dans certaines localités comme Tiss, Angoual Gogé, Baboul, Maguirami, Foura Guirké. Dans ces zones, la population pratique le maraichage de façon traditionnelle même si d’autres sont encore réticents et les terrains restent inexploités, ce qui mérite véritablement une sensibilisation et un accompagnement. Un autre avantage de la commune rurale de Tirmini est sa position par rapport à la ville de Zinder. Je veux dire l’histoire du village qui rime avec celle de Damagram mérite d’être immortalisée. En fait je rêve de la construction d’un patrimoine monumental qui retrace l’histoire de Damagaram. Je pense que ce site touristique ajouté à ce qui est considéré comme « pyramide » pourrait bien faire de Tirmini une vraie entrée de Zinder en beauté. Nous sommes en train de réfléchir, si les moyens nous permettent, comment concrétiser cette idée.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans la gestion de cette commune ?

Les principales difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont celles relatives à la compréhension même des principes de la décentralisation. Les acteurs avec lesquels nous travaillons au niveau local ignorent les textes régissant la bonne marche des collectivités. Ils pensent que tout est possible n’importe comment et n’importe quand. J’essaie de faire de mon mieux pour que les textes soient respectés et que les choses se passent règlementairement, mais je ne suis pas, le plus souvent, compris. Cela me prend beaucoup du temps d’explications pour que les gens essaient de faire un semblant de compréhension. Je constate que les normes officielles et les normes pratiques sont en désaccord total dans la gestion de la commune. Souvent cette situation nous met en conflit latent souvent même ouvert avec les acteurs y compris les autorités traditionnelles. Il existe dans les représentations sociales de la population des préjugés souvent nourris par certains hommes politiques à des desseins y afférents. Une autre difficulté à laquelle nous sommes confrontés dans la gestion de notre commune est celle de répondre à certaines questions relatives aux critères de sélection des villages vulnérables. Les gens ne se fient pas à l’expertise des agents techniques, ils pensent que le choix est opéré par le maire surtout qu’il est difficile pour un paysan de faire le distinguo entre les concepts vulnérabilité et pauvreté. Aussi, compte tenu des moyens modestes des collectivités, il est quasiment impossible de répondre à toutes les sollicitations de la population. Pourtant, les problèmes sont réels.

La plupart des communes du Niger vivent un problème un problème d’incivisme fiscal, comment se présente la situation à Tirmini ?

Dieu merci dit-on. Dans ce sens nous avons un chef traditionnel dynamique dans la mobilisation. Vous l’avez dit que la majorité des communes ont ce problème, mais la situation me semble mitigée à Tirmini. Si je compare le taux des autres communes de la région à la mienne, je peux sans risque de me tromper dire que la situation chez nous est acceptable. J’ai dirigé la collecte pour l’année 2022, j’estime que le taux de payement avoisine 60%, ce qui est à mon sens encourageant. La population commence à comprendre mais des stratégies sont intensivement utilisées.

Quelle est l’évolution du taux de recouvrement fiscal à Tirmini ?

En tout cas j’ai constaté que le taux de recouvrement évolue quand même. Si je compare le résultat de l’année 2022, il est plus performant que celui de 2021. La situation me semble similaire pour les années antérieures. Cependant, beaucoup reste à faire dans la sensibilisation des acteurs car il existe toujours des nouveaux qui cherchent à déjouer la bonne marche du processus. Nous sommes gênés à faire pression sur les citoyens, mais souvent elle s’impose.

Par Oumar Issoufou(onep)


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