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Polémique autour de l’héritage de Maman Abou : Laissez les morts en paix !

Publié le dimanche 7 aout 2022  |  nigerdiaspora
Maman
© Autre presse par DR
Maman Abou, PDG de la Nouvelle Imprimerie du Niger (NIN), le fondateur et directeur de publication de l’Hebdomadaire "Le Républicain"
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Depuis quelques jours, une polémique enfle, portée par la presse et les médias sociaux sur l’héritage de feu Mamane Abou. Entrepreneur de rigueur qui a, à force d’intelligence et d’initiatives, fondé discrètement, un riche patrimoine qui fait aujourd’hui, la convoitise de bien de personnes, Mamane Abou est aussi un homme politique très discret, peu connu du grand public quand même très engagé politiquement dans le parti de Bazoum Mohamed. Son image, pour les Nigériens qui peuvent le reconnaitre, vient de la conférence nationale où il a joué un rôle de premier plan, notamment à travers la Commission Crimes et abus qu’il avait dirigée.

Mais voilà que décédé depuis de longs mois, son nom refait surface, et l’on n’arrête pas de parler de lui, et notamment de l’héritage, de celui qui en peut avoir droit, de celui à qui on doit, et parce que ses enfants reconnus sont encore mineurs, confier, jusqu’à leur majorité, le riche héritage qu’il laisse. La fortune est immense et on comprend bien d’appétits autour de cet héritage pour lequel, on tombe jusque dans l’ignominieux dévoilement de la vie intime d’un homme, parlant de ce qu’il ne puisse pas, non sans contradiction, procréer pour dénier à des enfants reconnus par un père, une paternité et un héritage alors même qu’au même moment, l’on peut entendre qu’il aurait, dans la même veine du déshonneur qu’on fait à la mémoire du défunt, conçu un autre enfant hors mariage.
Voilà donc où notre société est arrivée : pour l’argent, nous sommes capables de toutes les vilenies, jusqu’à offenser la mémoire de nos morts auxquels nous devons, pour le repos de leur âme, un respect surtout quand l’homme dont on parle, reste cet homme humble, incapable d’ostentation malgré la fortune sur laquelle il trône. Les Nigériens connaissent les maisons de tous les hommes riches, ou devenus riches, mais qui peut aujourd’hui dire, dans quel quartier il vivait, à quoi peut ressembler sa maison ? Personne. Le frère et le père décédé n’ont point besoin de cette mauvaise publicité qu’on est en train de lui faire et dans laquelle, sa famille, elle-même, peut rentrer pour demander, semble-t-il, un test ADN pour corroborer une paternité qu’elle dit aujourd’hui douteuse. Peut-on, exposer son mort jusqu’à un tel point ?


Or la question, aujourd’hui, est de se demander si du vivant du père, du frère, cette famille et ce frère dont parle beaucoup la presse, pouvaient avoir le courage de poser le problème dans les mêmes termes, pour lui faire croire qu’ils le font parce qu’ils voudraient de son bien, contestant en face de lui la paternité des enfants qu’il reconnaissait, on imagine, en toute responsabilité ? Sans doute qu’une cérémonie de baptême avait été organisée pour la naissance de ces enfants et on l’imagine richement, et cette famille, à ce qu’on sache, à l’époque, n’a jamais boudé l’événement pour avoir aujourd’hui le comportement qui souille la mémoire du défunt frère. En l’espèce d’ailleurs, le plus important est, et devant le juge, que la reconnaissance parentale qui, officiellement, devant la famille et devant les institutions de l’Etat, fait porter son NOM à ces enfants, et mieux, sous un régime matrimonial ? Qui a donc à redire ?

Débat malsain…
Le débat est malsain et inconvenant au contexte. Depuis quelques années, il n’est que déplorable de constater qu’il y a trop de méchancetés dans notre société où les intimités et des problèmes de familles sont exposés dans la rue, dans l’espace public, presque instrumentalisés ou à des fins politiques ou à des fins de succession. Dans ce qui se dit aujourd’hui autour de la succession de Feu Maman Abou, trois questions nous paraissent importantes : un autre, ou une famille après que l’intéressé ait reconnu les enfants, peut-il être fondé en droit – et pour quel intérêt – à remettre à cause la paternité reconnue par le père de ces enfants ? Quelles relations, cette famille, par un tel comportement, crée entre elle et ces enfants ? Dès lors, quelle garantie de sécurité une telle famille peut-elle donner à l’héritage « gardé » jusqu’à la majorité des enfants et notamment lorsqu’elle peut déjà penser que les enfants ne sont pas les siens et donc de la famille, et qu’elle peut même avoir la hardiesse de le contester ? Ce débat n’a pas lieu d’être, pour l’image de la famille, pour le repos de l’âme du défunt, pour l’avenir des enfants.
L’affaire, ainsi qu’on peut le voir, est très sérieuse et dénote de la crise morale dans laquelle notre société est en train de tomber, à perdre le sens de l’humain, de la morale sociale pour ne fonctionner que sous le contrôle du matériel, de l’argent. Il n’est donc que légitime qu’une femme même divorcée, se battent pour ces enfants car, nulle part, l’on ne peut entendre qu’elle réclame l’héritage pour elle-même. Qui peut d’ailleurs aimer plus qu’une mère des enfants ? Ceux qui s’agitent autour de l’héritage, peuvent-ils mieux se soucier de ces enfants et de leur héritage surtout quand ils sont dans cette démarche de leur denier le droit successoral ?

Peut-être, pour des raisons que tout le monde sait, on évite dans cette affaire la procédure islamique qui posera des questions qui peuvent bien embarrasser des protagonistes du différend. Dès lors, dans ce dossier, seul le droit cartésien, moderne, peut régler le problème. La conscience du juge, dans la rigueur de ce que dit la science du Droit, peut mieux élucider ce qui est en train de devenir un drame familial. Et le juge, ne jugera que de l’intérêt des enfants qui ne doivent pas être spoliés pour régler le problème autour de ce qui garantit la sécurisation de leur héritage et ce jusqu’à ce que, le prenant sur leur conscience et sur leur responsabilité, la famille leur retire un NOM, leur déniant une paternité et ensuite un héritage convoité.


Mais pour le moment, en se comportant de cette manière, la famille pourrait montrer au Juge qu’il a des raisons de douter pour ne pas faire trop confiance. Religieusement, dès que quelqu’un meurt, personne ne touche plus à ses biens jusqu’à ce que, par les procédures consacrées, son héritage soit fait.
Il ne faut donc pas déroger à cette règle. Et pour nous enrichir, compter sur nous-mêmes, sur nos efforts, pas sur la mort d’un autre. Laissons nos morts dormir en paix !

ISAK
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