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Jusqu’où iront les émeutiers du gasoil ?

Publié le mardi 9 aout 2022  |  actuniger.com
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© Autre presse par DR
La marche de protestation de la société civile interdite par les autorités municipales
La marche de protestation du vendredi 13 janvier de la société civile interdite par les autorités municipales
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Syndicalistes, acteurs de la société civile, tous groggys par la hausse du prix du gasoil, rugissent enfin à la vie publique, après plusieurs années d’un « je-m’en-foutisme » débridée qui a contribué à affecter la bonne santé de la démocratie nigérienne. « M 62 » c’est le nom de ce tout nouveau cadre de lutte citoyenne concoctée devant le péril qui guette le Niger.



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Même si la naissance de « M 62 » a suscité par endroits des hourras, au point que certains le considèrent comme une nouvelle idylle pour faire triompher des causes justes, pas sûr que ces animateurs sont tous mus par la même intrépidité.

Au-delà de la grogne provoquée par la hausse du prix du gasoil, le « M 62 » version nigérienne, a inscrit dans son agenda la défense de la souveraineté nationale alléguant, à l’appui de sa prétention, le repli tactique sur le territoire nigérien des troupes françaises chassées du Mali.

Néanmoins, ce réveil a surpris plus d’un observateur de la vie publique nigérienne, tant il y a eu par le passé des situations plus inquiétantes et périlleuses dans tous les domaines de gouvernance. Mais ces situations ont quasiment laissé les responsables syndicaux du pays dans un silence assourdissant.

Rappelons que sous le régime de Tandja Mamadou, ces mêmes responsables syndicaux tapis dans « M.62 » ont fait montre d’un engagement sans faille quand il s’était agi de défendre la démocratie.

En effet, durant la décennie passée sous le règne de son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, ces responsables syndicaux ont opté pour une trêve syndicale de fait, même face à des pires situations qui ont contribué à détruire le bonheur des millions des nigériens. Certains de ces responsables syndicaux étaient coptés dans les différentes institutions du pays où ils ont été contentés dans des simples rôles de commis d’Etat. Ce jeu de représentation a suffi à leurs yeux pour faire le bonheur d’un régime mafieux, reléguant ainsi au second plan le bonheur de leurs structures syndicales et de leurs militants.

Face aux nombreuses affaires de corruption, de détournement des deniers publics, de déni de justice, seuls quelques-uns d’entre eux ont été vus à l’œuvre, certains avaient même été privés de leur liberté pour avoir défendu la démocratie et dénoncé la dictature. Mais leurs « camarades » syndicalistes n’ont pas daigné dire un seul traitre mot pour manifester à leur égard, ne ce serait-ce une solidarité de façade.

Le Niger et les nigériens gardent encore les séquelles de la mal gouvernance d’Issoufou Mahamadou, du fait des mesures iniques que celui-ci a imposées à son peuple. On peut citer entre autres les terribles épreuves nées de l’avènement de la loi des finances 2018, la mauvaise gouvernance sécuritaire qui a injustement endeuillé de nombreuses familles dans les zones des conflits armés, les affaires de détournement des centaines des milliards de francs CFA au ministère de la défense, l’impunité accordée à des indélicats proches du régime, etc.

Le comble c’est surtout le tripatouillage électoral et le braquage des urnes au moyen d’armes à feu, ajoutés à tout ceci les violations en cascade de la Loi Fondamentale du pays. Tous ces épisodes sombres, qui ont pourtant marqué la gouvernance du sieur Issoufou Mahamadou, sont passés comme un non-événement sous le regard généreux des responsables syndicaux du pays. Il a fallu seulement d’une augmentation du prix du gasoil pour que ces derniers sonnent sur le tocsin, comme pour dire aux nigériens que c’est maintenant que l’heure est vraiment grave.

C’est donc tout ceci qui fait beaucoup douter de l’engagement de la junte syndicale tapie dans « M.62 ». Dans le même ordre d’idée, on peut même se demander si ce ralliement des responsables syndicaux, très « amis » au régime d’Issoufou Mahamadou, n’ont pas un autre chat à fouetter, par le truchement d’un mouvement qui se veut social et juste.

Le « M.62 » n’est pas un mouvement de trop et sa venue n’est pas aussi tardive, si seulement ces principaux animateurs vont tous regarder dans la même direction.

Le défi qui sera pour le « M.62 » c’est de faire en sorte que leur mouvement puisse donner de l’entrain dans le seul intérêt du peuple nigérien et non pas dans le cadre d’une lutte téléguidée ou même suscitée par des quêtes de prébendes, de positionnements politiques, ou encore par des calculs politiques sournois.

Rien n’est tard pour s’attaquer aux vrais maux qui minent le Niger et son peuple. Le « M.62 » est donc à encourager. Mais la prudence doit être de mise derrière toute agitation sociale spontanée. S’entourer de beaucoup de précautions, c’est encore mieux, pour ne pas servir de faire-valoir dans une cause politique pour le moins funeste.

Cela peut facilement vous arriver quand on co-anime un mouvement avec des acteurs sociaux qui peinent à sortir du conditionnement politique auquel ils sont habitués.

Lamine Souleymane
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