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Lutte contre l’impunité : Bazoum Mohamed fait du surplace

Publié le dimanche 25 septembre 2022  |  nigerdiaspora
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© Autre presse par DR
Arrestation de 49 militaires ivoiriens au Mali : « Je trouve ça totalement absurde...Ouattara a été trahi », Mohamed Bazoum
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Il est vrai que Bazoum venait pour la continuité, mais le faisant, il promettait de « consolider et d’avancer ». Ce qui, à y regarder de près, promet, quand on sait lire entre les lignes, un certain changement, ne serait-ce que par le style de gouvernance. L’homme, il est vrai, par son style de vie, est d’un socialisme modeste, peu porté sur la brillance de la vie, humain « philosophiquement », mais portant un coeur à Gauche. Toutes choses qui le rendent foncièrement différent de son prédécesseur porté, lui, par ses vanités démesurées, sur un certain culte de la personnalité par lequel il se donne des allures de surhomme pour paraitre celui qui domine tous et tout. Les deux hommes, bien qu’issus du socialisme, n’ont pas la même foi politique. Quand Bazoum peut être un socialiste convaincu, l’autre ne porte, lui, qu’un socialisme de pacotille, quelque peu « frelaté » qui n’a aidé qu’à galvauder l’image d’une idéologie qui se veut pourtant près des hommes, à l’écoute de la société, humble et solidaire. Ce devoir de comparaison s’impose, fut-il un crime pour les milieux proches de l’ancien président, afin que l’on puisse comprendre que, même animé par la volonté de bien faire dans la rigueur d’un socialisme enfin réhabilité, l’homme, depuis quelques mois, depuis plus d’un an, bientôt deux, gère entre inertie et doute, entre hésitation et la peur d’une déflagration interne qui pourrait lui compliquer un pouvoir déjà trop difficile à gérer. Alors qu’il va bientôt consommer la moitié de son mandat, voilà que, pour parler de bilan, l’homme n’en a presque pas, ne pouavoir le courage de porter son programme, obligé, ainsi qu’on le lui a imposé, de gouverner par le présidium de son parti qui, selon ses propres indiscrétions, devrait dicter la conduite à tenir, sans doute loin de ce que pourrait lui indiquer un programme qu’il défendait devant le peuple et qui, en principe, devrait lui servir de tableau de bord pour « avancer ». Mais alors, pourquoi au temps d’Issoufou le CEN ne décidait pas à la place du président « élu » de l’époque qui pouvait seul agir, souvent dans le mépris même de la loi ? Est-ce un parti qui est élu ou un homme pour diriger un pays ? Le programme sur la base duquel il se fait élire est-il celui d’un homme ou du parti ? A quoi bon vouloir faire ce chantage à Bazoum juste parce qu’on a perdu le pouvoir pour vouloir ainsi trouver le moyen de gouverner avec lui, en décidant souvent à la place, prétextant un choix qui viendrait du CEN qui ne peut être responsable devant le peuple ? Il reste que pour répondre d’une gestion, c’est le président qui est responsable devant le peuple, non un parti, a fortiori un CEN-bidon.

Il ne faut pas oublier qu’il héritait de son successeur d’un pays malade où tout est à refaire, un pays dans lequel, l’amour de l’autre a déserté les coeurs, une nation faite d’injustices et d’inégalités, de corruption et de concussion. Sans audace, il est clair qu’il est difficile de gouverner un tel pays surtout lorsque, plus que d’une opposition normale et institutionnelle, il doit, curieux que cela puisse paraitre, s’inquiéter plus d’une autre, prête à ne pas lui faire de concession et qu’il doit affronter avec tact dans son propre parti sur lequel il pourrait manquer d’emprise pour mieux gérer « son » pouvoir, si tant est qu’il est à lui, non à un autre qui se servirait de lui comme figurant, pour se donner, par une telle malice, un troisième mandat qu’il ne peut avoir le courage de prendre par un coup de force ainsi que beaucoup de ses pairs l’ont tenté, souvent sans survivre à leur entêtement.

Comment ne pas comprendre donc l’impatience des Nigériens, à ne pas voir le pouvoir bouger, faisant du surplace sur des questions essentielles, pour lesquelles, les Nigériens et certains partenaires, attendent d’avoir de la lumière ? C’est d’autant important que c’est le magistrat suprême lui-même qui, en prenant le pouvoir, dans son discours d’investiture, avertissait que les temps ont changé et que chacun devrait désormais répondre de ses actes, sans compter sur un autre, pas sur le parti, pas sur sa région. Un tel discours courageux dans un pays fait de malaises et d’injustices ne peut qu’être audible. Cette volonté politique exprimée attirait irrésistiblement une vague de sympathie pour un président qui aura été le plus contesté de l’Histoire du pays, pour comprendre qu’il lui est possible de communier avec les Nigériens malgré des relations qui auront été difficiles. Cela peut montrer à quel point les Nigériens sont tolérants même quand la gestion antérieure les obligeait à la haine et à la détestation de l’autre.

Et la question que beaucoup de Nigériens se posent est de savoir s’il est encore raisonnable de continuer à croire à ces promesses de justice données par le Chef de l’Etat. Ceux qui, il y a quelques jours, boudaient la réunion du CNDP parce que sceptiques quant à la volonté réelle du régime d’amorcer un changement, peuvent-ils avoir été plus vigilants et clairvoyants pour se méfier d’un rapprochement au nom d’un dialogue qui pourraient ne pas en être un ? Alors que le régime patauge dans ses réformes initiées pour sortir l’école de l’impasse, incapable de trouver la voie et les bons acteurs, alors que sur une autre priorité, la sécurité en l’occurrence, l’on peine à voir l’éclaircie, il y a raisonnablement à se poser des question quant à la capacité du président de la République à porter « son » pouvoir pour mener le bal afin de ne pas paraitre, comme l’a dit un autre, ce « dirigeant dirigé » ? Au plan de la justice, les attentes sont fortes, et le successeur d’Issoufou ne peut pas ne pas le savoir. Il sait les profonds malaises qu’une gouvernance désastreuse de dix années ont provoqués dans le corps social pour ne pas savoir donner une réponse à cette situation afin d’aider le pays à se relever de ses torpeurs. Mais le peut-il ?

Il y a aujourd’hui beaucoup de dossiers connus de tous les Nigériens auxquels il tarde à donner une suite et, pour ce, l’on soupçonne que sa cooptation pour arriver au pouvoir, ne lui donnait de mission que de mettre le pied sur ces affaires devenues encombrantes pour la renaissance.

CAIMA, le riz pakistanais, les rails de Bolloré, Radisson Blue, l’espace des cases allemandes sur lequel trônent des hôtels, l’Uraniumgate, le MDN-Gate, le dossier Africard, l’aide militaire italienne, la Sonidep et la gestion du pétrole nigérien, etc. Quand on considère le nombre d’affaires qui ont éclaboussé l’ancien régime et qu’on tente d’étouffer, se servant d’un homme qui a pourtant promis au peuple justice, l’on ne peut que comprendre la délicatesse des problèmes dont il hérite, ne pouvant savoir que faire d’un pouvoir devenu un piège.

Mais ce n’est pas tout. Par son initiative, depuis son arrivée, certaines inspections d’Etat ont été diligentées dans l’administration pour s’enquérir de certaines gestions soupçonnées depuis des années d’opacité, il a reçu certainement les résultats lui sont donnés, mais manquant de courage politique, depuis des mois, le parquet ne peut en être saisi pour donner à ces dossiers, la suite judiciaire qu’ils méritent. L’enseignement secondaire, l’enseignement primaire, la Santé, l’Elevage, l’Hydraulique, et tant d’autres structures étatiques, n’ont révélé qu’une catastrophe qui a fait des socialistes les prédateurs les plus voraces que l’humanité ait connus. La Halcia elle-même a ses dossiers, notamment par rapport à la gestion opaque des fonds du Covid, mais ellemême ne peut faire avancer ses investigations. Les deux contrôles ne révèlent pourtant partout dans l’administration étatique que des ruines, des saccages immenses qu’on ne saurait tolérer dans un Etat de droit normal. Mais alors, pourquoi avoir instruit ces audits et autres inspections d’Etat si ce n’est pas pour faire payer à ceux qui ont gaffé leurs manquement ?

Est-ce donc pour s’en servir comme moyen de chantage, pour mettre aux pas des hommes et des femmes qui, depuis qu’il est au pouvoir, voudraient le dominer par le lobby parallèle qu’ils formaient pour lui faire croire qu’il ne gagnait le pouvoir que par eux ?

Ceux qui ont pillé l’Etat pour s’enrichir de manière illicite, peuvent-ils être plus puissants que celui qui a en principe le pouvoir pour manquer tant de courage à sévir et à faire rentrer l’Etat spolié dans ses droits ? A quoi sert un pouvoir s’il ne peut permettre d’être le plus fort, le plus puissant ? Bazoum, peut-il ne pas savoir, depuis qu’il a eu la chance d’être au palais, qu’il est le plus puissant de tous, surtout lorsque l’administration et l’armée – en principe – répondent de son autorité ? Peut-il avoir laissé un autre choisir les hommes à sa place pour ne pas savoir les contrôler et vivre dans la gestion du pouvoir avec tant de crainte, ne pouvant avoir la force de « prendre » son pouvoir et le gérer au nom de la gloire à laquelle il aspire ? En faisant montre d’une telle faiblesse, il va sans dire qu’avec le peuple, le mariage risque de ne pas être long.

Désaffection…

Les Nigériens qui attendent de sa part justice, ne peuvent pas plus longtemps attendre encore, lorsque bientôt, il devra entamer la troisième année de son mandat – alors que la cinquième ne pourrait être qu’une année de campagne – presque sans avoir rien entrepris de grand qui puisse le rassurer d’avoir un bilan à présenter devant le peuple en 2026. Il devra bientôt faire face à une désaffection de la part de son peuple qui va alors se détourner de ses promesses qu’il ne peut tenir pour n’avoir d’autres choix que de se battre pour imposer justice et vérité ainsi qu’il le faut dans toute démocratie. Mais on sait pourquoi il hésite à sévir, à demander, de la part de ceux qui, tous, sont de son parti, sinon de sa mouvance, de rendre compte, de rendre gorge, s’inquiétant de ce qu’on devra l’accuser de manquer de gratitude à leur égard pour l’avoir aidé à atteindre des sommets. Mais il y a davantage peut-être.

Son système risque-t-il de s’effondrer ?

Bazoum sait que tout le système dont il a hérité est pourri et que vouloir faire la lumière sur tant de gestions, alors que les inspections menées pourraient lui avoir montré l’immensité du saccage, et à quel point le mal a gangrené le système, c’est aussi pour lui une manière de scier la maigre branche sur laquelle il s’appuie pour gouverner. Il va sans dire qu’en faisant toute la lumière sur tant de dossiers, il risque de déstabiliser son parti et avec lui, peut-être, son pouvoir. Mais l’homme d’Etat n’a que faire de telles considérations surtout quand il est dans le cas qui est le sien où, un clan lui dispute « son » pouvoir. N’est-ce pas d’ailleurs un moyen pour lui, lorsqu’il en a l’audace, de se libérer de l’attelage insupportable de son prédécesseur pour voler de ses propres ailes ?

Ces petits pas ne peuvent pas l’aider à avancer. Et, tant qu’il voudra entrer dans l’Histoire, il devra les hâter car au-delà de ses oppositions internes et externes, il a à faire face à un temps qui joue contre lui pour ne plus lui donner le choix de l’hésitation. Comme quoi, on ne peut pas avoir le pouvoir, et ne pas savoir se sortir de telles situations inconfortables.

Bazoum seul, peut choisir et décider pour Bazoum…

Mairiga
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