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Enseignement professionnel : L’IFTIC, une fabrique de futurs chômeurs ?

Publié le vendredi 4 novembre 2022  |  nigerdiaspora
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© Autre presse par DR
Visite du ministre de la Communication à l’IFTIC : Habi Mahamadou Salissou encourage les encadreurs et les étudiants et dirige une réunion de son Cabinet
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Que l’on se comprenne bien, il ne s’agira pas dans cet article d’une intention malveillante à l’encontre de l’Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la Communication (IFTIC). Jadis, c’était le Centre de Formation aux Techniques de l’Information (CFTI), un centre de référence en Afrique subsaharienne qui accueillait pas d’étudiants en journalisme et autres techniques de l’information du continent africain. De grands noms en matière de presse africaine y sont passés. C’était, à l’époque, un institut véritablement pionnier dans le domaine de la formation en journalisme, puisque, pour ce genre de formation, les Africains se rendaient le plus souvent en France. Le CFTI, puis l’IFTIC étaient venus combler ce grand besoin de formation professionnelle dans le domaine de la communication, en général. Des Gabonais, des Ivoiriens, des Tchadiens, des Sénégalais, des Camerounais, presque toute l’Afrique francophone y était concernée.

Mais, ce dont il sera question dans les lignes qui suivront a trait à une réflexion générale sur la situation actuelle d’un prestigieux institut professionnel, mais qui, aujourd’hui, semble ne plus être que l’ombre de lui-même, peut-être pour n’avoir pas su s’adapter à l’évolution des choses. L’IFTIC, comme d’ailleurs toutes les autres écoles étatiques du pays, n’a pas échappé à la situation de déclin général de la qualité de la formation dispensée, sans doute sacrifiée sur l’autel d’une marchandisation de l’enseignement. Le constat est le même, qu’il s’agisse de l’IFTIC, de l’ENA, de INJS, de l’IPDR de Kollo, ou autres grandes écoles publiques nationales, partout c’est la décadence, la descente aux enfers qui seront devenues le lot quotidien de ces anciens glorieux centres d’enseignement technique et professionnel au Niger. Toutes ces grandes écoles publiques avaient pour vocation première, à leur création, de former de jeunes nigériens destinés à occuper les différents postes de travail dans le pays, aussi bien au sein de l’administration publique, de l’administration décentralisée, que dans le secteur semi-privé ou privé. L’IFTIC faisait partie de cette aventure républicaine. Comment, alors, ce prestigieux institut en-est-il arrivé à ce stade-là, cette dégringolade dans la qualité des produits finis qui en sortent, chaque année, mais qui peinent à trouver du boulot sur le marché local ?

Avant, l’IFTIC avait le monopole de l’enseignement professionnel en matière de communication. Mais, depuis la libéralisation de l’enseignement supérieur au Niger, l’IFTIC a perdu un tel monopole et doit, alors, faire avec la concurrence des autres instituts privés qui dispensent le même type de formation. Alors, en plus des produits finis issus, chaque année, de l’enseignement professionnel privé, l’IFTIC jette aussi sur le marché ses propres produits finis. Ainsi, avec le cumul total, le marché du travail local devient inondé et les débouchés de boulot pour ce type de formation ne courent pas les rues de Niamey. Chaque année, ils sont environ des centaines qui sortent de l’institut, nantis de leur parchemin, mais qui ont du mal à trouver même le simple stage, a fortiori du travail, faute d’organes de presse en nombre suffisant pour pouvoir caser tout ce beau monde. Même la Fonction publique, censée être la première pourvoyeuse d’emplois, n’organise que rarement des concours de recrutement en matière de communication. Alors, l’on se tourne vers le privé qui ne peut prendre qu’en fonction de ses moyens et de ses besoins réels dans le domaine de la communication d’entreprises, entraînant ainsi une certaine inflation au niveau de ce secteur du monde du travail.

Dans ces conditions, comment remédier à une telle situation ? Certaines grandes écoles avaient été confrontées au même phénomène de cette inflation dans la formation, notamment les instituts de formation aux professions juridiques comme le Notariat. Pour éviter de saturer le marché de cette profession dans certains pays, il avait été préconisé de revoir la périodicité des cycles de formation afin de les espacer dans le temps, de telle sorte que les différentes promotions ne se superposent les unes sur les autres, comme c’est souvent le cas dans un cycle annuel. On pourrait préconiser, par exemple, un cycle de formation dans le domaine concerné, tous les cinq (5) ans. De façon plus concrète si un cycle de formation arrive à son terme, il faudra attendre cinq (5) années pour rouvrir le même cycle. Ainsi, de cette manière, l’on pourrait éviter les chevauchements entre les promotions observés dans les cycles de formation permanents. Les Notaires, en plus du concours très sélectif institué pour entrer dans la profession, sont parvenus à réguler intelligemment les flux des produits de ces écoles notariales afin de préserver la santé financière de la profession.

Au niveau de l’IFTIC, l’on pourrait envisager la même chose, en revoyant, justement, la périodicité actuelle des cycles de formation en journalisme, en techniques de l’information et de la communication, ainsi qu’en documentalisme et aux techniques d’archivage. En effet, il serait judicieux de réfléchir sur une telle possibilité afin d’adapter la formation aux profils du marché du travail, de telle sorte que l’offre d’emplois ne devienne supérieure à la demande. Autrement, il serait, tout simplement, suicidaire, pour l’IFTIC de continuer à fonctionner sur ce rythme infernal qui met en péril l’avenir même de la profession assurée par cette école. En plus d’une périodicité raisonnable, l’IFTIC devrait également redéfinir les curricula qui y sont enseignés.

Le besoin urgent de redéfinir les curricula

Aujourd’hui, le constat est effarant à propos de la qualité des enseignements qui sont dispensés à l’IFTIC, qui n’est pas seulement propre à cette école supérieure, mais qui concerne les autres centres d’enseignement professionnel et technique du pays. En cause, souvent, les différents curricula qui s’y déroulent, mal formulés et inadaptés aux évolutions sociétales, d’une manière générale. A cela il faudrait ajouter la baisse du niveau des enseignants-mêmes, vacataires pour la plupart d’entre eux et dont le niveau pédagogique laisse, parfois, à désirer. Les produits qui sortent de cet institut sont, souvent, de médiocre qualité, surtout en matière de presse écrite. Nous savons, en effet, de quoi nous parlons, nous qui, au niveau de la presse écrite indépendante, les accueillons, soit pour des stages, soit pour des postes de collaboration au sein de la Rédaction. Leur niveau d’expression écrite et orale est souvent scandaleux et on ne sait pas à qui il faut, en première position, l’attribuer, entre les enseignants et les étudiants. Des deux, probablement. En outre, il conviendrait aussi de s’interroger sur les choix que font, souvent, certains parents d’étudiants de continuer à envoyer leurs progénitures dans des écoles sans s’assurer, au préalable, des débouchés réels de travail que peuvent offrir ces filières de formation professionnelle à ces milliers de diplômés qui en sortent, chaque année, par charrettes entières ! Souvent, le côté pompeux de la filière suffit à emporter leur adhésion sans être informés, réellement, sur le contenu exact de la formation reçue, comme par exemple la filière dite ‘’Communication des entreprises’’, dans un pays où un tel domaine demeure encore embryonnaire, du fait de l’état de développement des entreprises locales.

Enfin, en plus de tous ces handicaps patents et réels qui caractérisent ces vocations dispensées à l’IFTIC, principalement, la composante du journalisme, l’on pourrait relever l’absence de ce que l’on pourrait appeler le feu sacré, c’est-à-dire la passion personnelle pour cette profession. En effet, le journalisme, d’une manière générale et historique, était d’abord une affaire de conviction personnelle, une certaine sensibilité, un engagement personnel, avant d’être un métier pour gagner sa vie. Et cela se s’enseigne pas dans une école de journalisme, mais s’acquiert par la culture, la découverte, l’expérience et par l’amour pour la cause juste, les combats nobles des hommes et des femmes sous toutes les latitudes de la planète Terre. Emile Zola n’était pas sorti d’une école de journalisme, mais, par la qualité de sa plume exceptionnelle et par son engagement progressiste, il avait beaucoup contribué à l’essor de ce métier, au truchement du Journal ‘’L’Aurore’’ dans lequel son célèbre article ‘’J’accuse’’ avait eu les échos retentissants que l’on sait sur la fameuse affaire ‘’Dreyfus’’. Idem pour Balzac, Sainte-Beuve, Anatole France du 19ème siècle et ceux de la ‘’Belle époque’’, comme Léon Daudet, Charles Maurras et autres !

Sanda
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