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Amères vérités : C’est au Président Bazoum d’abord de se garder de protéger ceux des siens (politiques et autres) lorsque le comportement de ceux-ci n’honore pas la noble fonction de président de la République, président de tous les Nigériens.

Publié le samedi 28 janvier 2023  |  nigerdiaspora.net
Bazoum
© Autre presse par DR
Bazoum Mohamed
Ministre d’Etat chargé de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses
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Amères vérités : C’est au Président Bazoum d’abord de se garder de protéger ceux des siens (politiques et autres) lorsque le comportement de ceux-ci n’honore pas la noble fonction de président de la République, président de tous les Nigériens.

TEL EST PRIS QUI CROYAIT PRENDRE. Bazoum Mohamed est le président de la République du Niger depuis avril 2021. À ce titre, comme le prévoit la loi fondamentale, il est chef de l’État, président du Conseil des ministres, commandant en chef des forces armées nigériennes, président du Haut conseil de la magistrature. Il dispose ainsi de tous les pouvoirs dont il peut avoir besoin pour nommer, limoger, suspendre, radier, impulser et soutenir une lutte réelle contre la corruption. Il ne doit pas, il ne peut pas se plaindre de quoi que ce soit parce qu’il est le chef suprême de l’État, celui dont l’action ou l’apathie, voire l’inertie, induit tout le reste en matière de gouvernance. Si l’on assiste, donc, à un développement exponentiel de la corruption, avec des élites dirigeantes qui sont impliquées dans des affaires de détournements de deniers publics à coups de milliards de francs CFA, sans autre action du chef de l’Exécutif que des discours, c’est qu’il n’a aucune volonté de mener le combat contre la corruption et les infractions assimilées.

En stigmatisant les travers de la justice, allant jusqu’à mettre en cause les juges, le président du Haut conseil de la magistrature se met la corde au cou. Il n’était pas obligé de parler à nouveau d’un sujet sur lequel il n’a rien à dire jusqu’à preuve du contraire. En laissant croire que le goulot d’étranglement se trouve au niveau des juges appelés à « se garder de protéger ceux des leurs lorsque le comportement de ceux-ci n’honore pas leur noble fonction de juge », Bazoum Mohamed a pratiquement provoqué un déluge qui va, d’une façon ou d’une autre, l’engloutir. C’est très simple à comprendre.

Premièrement, en faisant trop dans la démagogie, le président de la République s’est fait prendre à son propre piège en poussant le syndicat des magistrats dans ses derniers retranchements. Il a sans doute misé sur un silence lâche de la part de ses membres. Mal lui en a pris. Le Saman lui a répondu sèchement et vigoureusement en demandant la création des conditions idoines de mise en oeuvre effective de la séparation des pouvoirs, en l’occurrence :

1. L’adoption sans délai de la nouvelle loi sur le Conseil supérieur de la magistrature dans le sens d’extirper de sa composition les représentants des pouvoirs exécutif et législatif ;

2. L’adoption d’un plan de carrière des magistrats définissant des critères objectifs et transparents de nomination, d’affectation et de promotion des magistrats.

3. La réforme du statut des magistrats du parquet pour qu’ils soient plus indépendants vis-à-vis de l’exécutif dans l’exercice de leur fonction.

Le Saman ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Afin que nul n’ait le moindre doute sur les sources et niveaux de blocage dans la lutte contre la corruption et les infractions assimilées, autrement dit sur « qui protège qui », il exige du gouvernement :

1.La transmission sans délai aux juridictions compétentes des différents rapports de la Cour des comptes, de la Halcia, des inspections d’Etat et des finances faisant cas de diverses malversations financières et de détournement de deniers publics.

2.La levée de tous les obstacles juridiques et judiciaires liés à la poursuite contre les parlementaires et membres du gouvernement.

C’est un coup sans parade possible pour Bazoum Mohamed et il ne peut être que K.O. Après un tel Uppercut, il ne peut se relever, sauf s’il a plusieurs vies. La corruption et les détournements de deniers publics, il connaît si bien les dossiers et les mis en cause qu’il agace ses compatriotes en continuant à parler, à parler, à parler… Les effets d’annonce ne marchent plus et Bazoum Mohamed en a pour son compte. Il ne peut ni engager ce qu’il prétend vouloir et pouvoir faire, ni mettre un terme à l’immixtion du politique dans les affaires judiciaires.

Quoi qu’il en soit, il est mis dos au mur et ne peut gagner son pari qu’en sévissant dans son propre camp politique, terreau de la corruption et des détournements des deniers publics. En un mot, c’est un combat qu’il ne peut pas et ne veut pas gagner pour la simple raison que le pouvoir dont il jouit est construit à partir de la corruption. Le seul dossier du ministère de la Défense nationale est suffisant pour comprendre que Bazoum Mohamed est proche de tout, sauf de la sincérité. N’est-ce pas pendant qu’il est président du Conseil supérieur de la magistrature que ce dossier a été vidé de son essence ? L’Etat qu’il incarne en premier s’est déclaré ne pas se constituer partie civile, ouvrant ainsi le boulevard possible à un non-lieu pour les mis en cause. De quelle justice parlet- il, alors ?

Il n’y a pas d’exagération à le dire : dans le meilleur des cas possibles, le Président Bazoum patauge. Dans le pire des cas, il se moque de ses compatriotes en continuant à parler de lutte contre la corruption alors qu’il doit se taire à ce propos. Il a bien indiqué que ceux qui ne le croient pas capable de passer à la vitesse supérieure l’apprendront bientôt à leurs dépens, mais ses paroles n’ont aucune chance de convaincre qui que ce soit. Ni dans son camp où on se moque de lui, ni dans celui de l’opposition politique et de la société civile que ses discours agacent, encore moins dans les rangs des diplomates qui sont lassés de l’écouter sur la question. Bazoum Mohamed doit savoir que, s’il s’agit pour lui de faire peur à des compagnons politiques en agitant l’arme judiciaire, il a tiré à terre. Car, il sait de toute évidence qu’il n’a aucune chance de gagner ce combat. Combien de velléités a-til eues et qui n’ont connu qu’échec et amertume chez lui ? Combien d’annonces et de promesses a-t-il faites et qui sont restées sans lendemain ? On ne les compte pas.

Il n’y a pas de risquer à parier pour un milliard de francs CFA que le Président ne va pas gagner 1/5 du combat contre la corruption tant qu’il ne se départira pas, lui-même, de ce qu’il reproche aux magistrats. C’est à lui d’abord de se garder de protéger ceux des siens (politiques et autres) lorsque le comportement de ceux-ci n’honore pas la noble fonction de président de la République, président de tous les Nigériens. S’il réussit ce combat sur lui-même, alors, il réussira la lutte contre la corruption et le peuple l’applaudira comme un héros. Dans le cas contraire, il sera toujours perçu et à juste titre comme le premier protecteur des auteurs de corruption et de détournements des deniers publics. Ses discours n’y changeront rien.

BONKANO
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