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Lettre au président de la République BM : Monsieur le Président Au lendemain du massacre d’Intagamey, la sortie médiatique de Hassoumi Massoudou et d’Alka Indatou, aux côtés des autorités françaises accusées par l’opinion d’être derrière .....

Publié le jeudi 23 fevrier 2023  |  nigerdiaspora.net
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© Autre presse par DR
Lettre au président de la République : Monsieur le Président, vous le savez mieux que moi, les malfaiteurs gagnent des batailles, mais la justice finit toujours par gagner la guerre
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Lettre au président de la République BM : Monsieur le Président Au lendemain du massacre d’Intagamey, la sortie médiatique de Hassoumi Massoudou et d’Alka Indatou, aux côtés des autorités françaises accusées par l’opinion d’être derrière ce qui s’est passé, est une insulte au peuple nigérien.
Est-ce une façon de dire aux Nigériens que c’est la France qui compte d’abord ? Permettez-moi de vous parler du fond du coeur. Ce n’est pas bien, ce que vous faites. Un chef d’État, ça écoute son peuple, ça pleure avec lui, ça essuie ses larmes. Un chef d’État, ça respecte les douleurs de son peuple, ça ne voyage pas à tous vents lorsqu’il est en train de pleurer ses enfants tombés sous les balles assassines d’un ennemi dont nous n’avons pas, vous et moi, la même compréhension de l’identité. Vous comprenez sans doute ma colère, légitime et justifiée. Car, j’ai appris que vous êtes parti dans un long voyage au lendemain du massacre des soldats nigériens à Intagamey et qu’à cette date, vous seriez vers Ndjamena où vous devez prendre part à une rencontre du G5 Sahel. Vous avez ainsi commencé à faire comme l’autre qui prenait l’avion, sans état d’âme, pour des voyages de plaisance alors que le Niger, son pays, venait de subir une attaque meurtrière. Je me souviens d’un de ces voyages qu’il a effectué en Guinée Conakry, au temps de la belle entente avec son frère Alpha Condé, pour l’inauguration du barrage de Kaléta alors que le Niger venait de subir une attaque “terroriste” meurtrière dans l’est. Vous aussi, vous êtes parti au lendemain de l’attaque de Intagamey dont le bilan réel n’est toujours pas connu des Nigériens. De 10 morts comme vous l’avez fait savoir dans un communiqué gouvernemental, le bilan a évolué à 17 selon une “mise à jour” de l’Etat-major des armées, ce qui met de l’eau au moulin de ceux qui disent que le bilan est encore plus macabre et que vous avez dissimulez la vérité. De Bruxelles où vous êtes parti, paraît-il sur invitation du président du Conseil européen, vos pas ou plutôt votre coeur puisque les pieds ne vont pas là où le coeur ne veut pas, vous a conduit à Paris où vous êtes parti faire le “gaysoua” au président français, puis à Addis Abeba pour la conférence de l’Union africaine avant d’atterrir dans la capitale tchadienne pour une réunion du G5 Sahel.

Monsieur le “Président”

Votre départ a été ressenti par vos compatriotes comme l’expression de votre insouciance par rapport à ce qui frappe votre pays. Vous êtes parti là où un chef d’État, tel qu’ils le conçoivent et l’attendent, aurait décidé d’annuler tout son agenda et de décréter un deuil national. Avez-vous plus cher que votre pays et votre peuple pour préférer satisfaire à une invitation et des réunions, de nature cyclique, plutôt que de compatir avec votre peuple ? Un ami, qui a vécu de très longues années en Occident en tant que diplomate, m’a dit d’ailleurs qu’en pareilles circonstances, les occidentaux n’ont aucun respect pour leur hôte. Ils l’accueillent avec le sourire, m’at- il dit, mais rient sous cap de ce genre de dirigeants qui banalisent ainsi le massacre de leur armée. Il a sans doute raison. Moi aussi, je ne peux respecter le chef de famille dont le fils meurt et qui va tout de même en boîte de nuit ou même dans une réunion pour discourir sur des choses sans lendemain. Cela fait sept jours que vous êtes parti, laissant derrière vous un peuple martyrisé, violenté, massacré, chassé de ses terres qui se demande de quoi demain sera fait. Votre peuple se demande à quoi vous jouez lorsque votre gouvernement organise une conférence de presse avec cette prétendue partenaire de la France pour saluer la mémoire des soldats français qui seraient tombés pour garantir notre sécurité, louer la coopération avec la France et renouveler son engagement à continuer à servir la France dans sa politique pourtant contestable et contestée à plus d’un titre. C’est extrêmement grave et choquant de voir Hassoumi Massoudou et Alka Indatou se livrer à ce numéro mélodramatique au lendemain du massacre d’Intagamey. Leur sortie médiatique, aux côtés des autorités françaises accusées par l’opinion d’être derrière ce qui s’est passé à Intagamey, est une insulte au peuple nigérien. Est-ce une façon de dire aux Nigériens que c’est la France qui compte d’abord ? C’est assurément une insulte au peuple nigérien qui pleure encore ses fils tombés dans des conditions encre floues où de nombreuses voix, je ne vous le cache pas, affirment que les éléments de l’armée nigérienne ont subi des bombardements aériens. Faut-il vous cacher la raison invoquée ? Je ne le pense pas. Selon une opinion de plus en plus répandue, les éléments de l’armée massacrés ont pris des terroristes et des complices français qu’ils tenaient à acheminer à Niamey afin que nul ne conteste plus jamais l’implication de la France dans le drame que vit le Niger. Est-ce vrai ou faux ? Vous vous êtes muré dans un silence troublant si bien que l’on se demande si cette thèse n’est pas finalement conforme à la vérité.

Quoi qu’il en soit, les mêmes causes produisent les mêmes effets, dit-on. Si les éléments des Forces armées nigériennes en patrouille ont été bombardés grâce à des vecteurs aériens, exactement comme à Chinégoder, Inatès ou encore Karamga, il faut bien que vous ouvriez les yeux pour regarder la réalité en face. Qui s’acharne ainsi à décimer l’armée nigérienne ? Quelle est l’identité réelle de ces prétendus terroristes qui passent allègrement entre les mailles des filets des forces de défense et de sécurité ? Le ver n’est-il pas dans le fruit ?

Monsieur le “Président”

Je vais essayer d’être plus clair. Vos compatriotes accusent abondamment la France. Si elle n’est pas accusée d’être ces terroristes surarmés qui déstabilisent le Niger, massacrent ses enfants et occupent ses terres, elle est toutefois pointée du doigt pour sa passivité face à une tragédie qu’elle peut aider à arrêter. Supposons que la France ne soit pas responsable de ces massacres continus. Pourquoi ne les arrête-telle pas ? Je suis personnellement d’avis que si la France ne réagit pas conformément à nos attentes, c’est qu’elle tire grand profit de ces massacres. Vous ne pouvez pas réfuter cette logique. Je peux avoir des difficultés à prouver que c’est la France qui nous tue. Il ne m’est pas en revanche laborieux de soutenir que la présence militaire française ne nous sert à rien. Pourquoi persistez-vous à fermer les yeux sur l’inutilité de la présence militaire française au Niger ? Tout comme les autres, d’ailleurs.

Vous devez ouvrir les yeux et refuser cette coopération bancale qui ruine notre pays et compromet son existence. Vous devez ouvrir les yeux et admettre que la présence militaire étrangère ne sert pas les intérêts du Niger. Vous devez ouvrir les yeux et admettre ce que vous savez, ce que vous comprenez. À moins que vous, vous y tirez un certain profit qui ne profite pas au Niger, je ne comprends pas cet aveuglement à servir une cause qui ne sert que les intérêts français.

Monsieur le “Président”

« Les hommes qui obtiennent le pouvoir ont le choix de le porter comme un sacerdoce ou de l’exercer comme une sinécure. Ceux qui en font un sacerdoce se dévouent à leurs peuples, servent leurs peuples avec ferveur et abnégation. Ceux qui en font une sinécure ne songent point au bien-être des peuples, ils se gavent d’avantages et de privilèges, se prélassent, observent la corruption des hommes et des choses avec désinvolture. Ils s’entourent de collaborateurs et de courtisans du même acabit ». Ces mots sont ceux de Moumouni Farmo, un homme que vous connaissez bien pour avoir été votre condisciple dans la presqu’île du Cap-Vert (Dakar) comme il l’a d’ailleurs précisé dans un texte qu’il a titré « Discours de la raison à Bazoum ».

Moumouni Farmo, un esprit dense et généreux par ailleurs à qui vous me permettez au passage de rendre hommage, a tout résumé dans ce passage. Votre destin est entre vos mains. Soyez sûr d’une chose, Ce que vous faites sera impérissable dans la mémoire de votre peuple. Vous pouvez choisir d’agir à contre-courant des intérêts de votre pays car c’est vous qui décidez aujourd’hui au nom de l’État. Cependant, vous ne serez qu’un épisode de la vie de ce pays qui survivra certainement à ces épreuves douloureuses. Réfléchissez- y.

Mallami Boucar
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