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SE. Emilia GATTO, Ambassadeur d’Italie au Niger : " le Niger est un pays que nous considérons avec un grand avenir "

Publié le vendredi 24 mars 2023  |  actuniger.com
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© Autre presse par DR
SE. Emilia GATTO, Ambassadeur d`Italie au Niger : " le Niger est un pays que nous considérons avec un grand avenir "
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Le 6 mars 2023, a été lancé le Projet "LabInnova Sahel", une initiative de la coopération italienne en collaboration avec l'Agence italienne de commerce extérieur (ITA) au profit des producteurs des pays du Sahel Central (Niger, Burkina et Mali). Ce projet, qui s'inspire de l'expérience "LabInnova Africa", qui a enregistré un succès retentissant dans une quinzaine de pays africains se décline en deux composantes "LabInnova Agribusiness" et "Lab Innova Aviculture", qui sont des programmes intégrés d'assistance et de formation qui visent à renforcer les techniques de production et les capacités managériales des entreprises africaines de l’agroalimentaire, dans le but de leur faciliter aussi bien l’accès aux marchés européens, en particulier italiens, qu'à améliorer leur compétitivité à l'international. Dans cet entretien, SE Emilia GATTO, Ambassadrice de l'Italie au Niger, explique en détails les objectifs assignés à cette initiative du ministère italien des Affaires étrangères ainsi que les perspectives de la nouvelle dynamique de coopération nigéro-italienne qui accorde une importance stratégique au renforcement des relations économiques avec un accent particulier à la promotion des échanges commerciaux entre les deux pays.

Excellence, quels sont les principaux objectifs du Projet italien "Lab Innova Sahel" qui a été lancé au début de ce mois de mars dans les pays du Sahel notamment au Niger ?

C'est un projet qui vise à faire rencontrer des entrepreneurs nigériens qui sont intéressés par le marché italien et les réalités productives de l'Italie. En organisant ces séminaires, qui sont des formations et des cadres d'échanges de compétences, l'objectif est d'établir des contacts entre les entrepreneurs des deux pays, leur permettre de nouer des partenariats et ainsi, créer de plus en plus une dynamique qui puisse renforcer les relations économiques et commerciales entre l'Italie et le Niger. C'est un projet qui a été initié par le ministère des affaires étrangères italien à travers l'Agence du Commerce extérieur, dont je salue d'ailleurs les efforts et la parfaite collaboration. En effet, cela cadre parfaitement avec les efforts que l'ambassade est justement en train de mener pour renforcer les relations économiques et commerciales entre les deux pays.

Vous savez l'Italie et le Niger ont vu ces dernières années leur relation bilatérale se développer à une grande vitesse et cela dans beaucoup de domaines notamment en matière de coopération, d'aide au développement, d'appui humanitaire, de gestion des flux migratoires ainsi que contre les trafics mais également des domaines stratégiques politiques. Dans ce contexte, il est très important d'intégrer de plus en plus les relations économiques et commerciales d'autant qu'il y a de la marge. Personnellement, je suis convaincu, que l'Italie doit davantage accompagner le Niger dans le cadre de leur partenariat, parce que ce n'est que par cette voie que nous arriverons tous à établir un partenariat gagnant-gagnant qui sera bénéfique pour toutes les parties.

Pour le Sahel et particulièrement le Niger, les filières concernées sont l'agrobusiness et l'aviculture. Quelles sont les principales raisons qui expliquent le choix de ces filières ?

C'est un aspect important de ce projet que vous venez de soulever et c'est pour cela que cette initiative me tiens beaucoup à cœur parce qu'elle s'insère parfaitement dans les efforts que nous menons pour renforcer la coopération entre l'Italie et le Niger notamment pour ce qui est de la promotion des relations économiques. Vous savez, pour l'instant nous ne disposons pas d'une représentation de l'Agence italienne de commerce extérieure ici à Niamey. Cependant, nous sommes en train de déployer toute une stratégie pour le faire car c'est très important. Et c'est pour cette raison que j'ai lancé un programme qui s'appelle "IN Action" c'est à dire L'Italie (I) et le Niger (N) en action en référence à la dynamique que nous sommes en train d'insuffler pour accompagner les partenariats entre les deux pays dans tous les domaines. Nous avons pour ce faire mis en place des groupes de travail avec des entrepreneurs et hommes d'affaires qui se rencontrent régulièrement pour échanger sur les opportunités d'affaires en fonction des réalités de chaque pays. Et c'est au travers de ces échanges qu'il est ressorti que bien que ces acteurs qui participent aux activités des groupes mis en place sont dans divers domaines notamment l'agrobusiness, les cuirs, l'artisanat et la mode mais également dans les secteurs du digital, de la technologie, du financement, les secteurs les plus porteurs sont ceux de l'agro-business et celui des Cuirs et Peaux.

Par ailleurs, avec le Programme du Président de la République SEM. Mohamed Bazoum de développer des pôles agroalimentaires dans toutes les régions du pays, en raison notamment des potentialités énormes du pays, les perspectives pour le secteur de l'Agrobusiness et de l'Aviculture sont prometteuses surtout pour les PME/PMI. C'est assez motivant car l’Italie est un pays dont la structure économique pour ce qui est des secteurs productifs est une économie qui est basée sur une structure portée par les petites et moyennes entreprises surtout dans les secteurs de l'agrobusiness et aussi dans tous les secteurs qui relèvent de l'artisanat. Je pense que c'est pour cela qu'au final, vu les potentialités que nous avons au Niger et en Italie et au regard des opportunités de les développer, que le choix s'est porté naturellement sur ces filières.

Le projet "LabInnova Sahel" s'inspire beaucoup de l'initiative "LabInnova Africa" qui a été mise en œuvre dans plusieurs pays africains et qui est particulièrement axé sur la formation et les échanges des compétences. Quels ont été les résultats de cette première phase de formation ?

Sans doute, je peux vous dire que cela a suscité beaucoup d'intérêts et un réel engouement ce qui a balisé la voie pour pouvoir nouer les contacts nécessaires pour cette première phase. Nous avons enregistré beaucoup de retours positifs et avec notre stratégie d'aller progressivement c'est à dire avec des petits pas, les entreprises se rencontrent et évoluent vers des partenariats. C'est ce modèle que nous avons proposé et que nous proposons également actuellement puisqu'il a fait ses preuves avec les résultats positifs enregistrés.

Madame l'ambassadrice, le projet Lab Innova constitue-t-il le point de départ d'une présence économique plus importante de l'Italie ici au Niger ?

Absolument ! Au Niger particulièrement et au Sahel en général parce que nous avons compris l'importance de cette région. Petit à petit, dans tous les secteurs que je viens de citer et aujourd'hui plus qu'avant, nous sommes convaincus qu’il est important d'investir dans le secteur économique et commercial pour renforcer notre coopération avec les pays de la région. Il faut aussi relever que le Niger tient une place de premier plan dans cette stratégie parque le pays a fait beaucoup de progrès et veut aller de l'avant. En effet, le pays a de grandes ambitions pour développer son écosystème industriel, nouer des partenariats et attirer plus d'investisseurs pour accompagner son développement. C'est ce qui explique d'ailleurs, la tenue à Niamey, en novembre dernier, du Sommet de l'industrialisation de l'Union africaine mais aussi tous ces forums et rencontres d'affaires internationales où on ne parle que de business parce qu'il y a des opportunités à saisir dans le pays et il importe d'accompagner le Niger dans son processus de développement et d'industrialisation et c'est pour toutes ces raisons que le Niger est un pays que nous considérons avec un grand avenir.

Je dois aussi souligner que dans le Sahel, qui traverse des crises, l'influence du Niger est assez importante puisqu'elle permet de stabiliser la région. La situation au Sahel est assez complexe avec des situations d'instabilité politique, de menaces sécuritaires et de chocs de différents ordres notamment migratoires ou dûs aux effets du changement climatique. Dans ce contexte des plus complexes, le Niger apporte vraiment sa contribution pour la paix et la stabilisation et pour nous, c'est très important et aussi une raison de plus pour accompagner le Niger. Et d'ailleurs nous ne sommes pas les seuls qui ont cette volonté et cette ambition. C'était tellement étonnant quand Son Excellence Monsieur le Président de la République, M. Mohamed Bazoum, a présenté le PDES à Paris pour mobiliser autour de 23 milliards d'euros pour réaliser ce programme, ce qui n'est pas déjà rien, il a reçu plus de 40 milliards d'euros d'engagements. Cela signifie une énorme ouverture de crédits pour le pays et pour moi c'est une première. Puis après, au niveau de l'Union européenne, lorsque nous avons compris cette dynamique que connait le pays, nous avons organisé récemment le premier Business Forum Niger-UE pour justement encourager les échanges commerciaux. Beaucoup d'entreprises sont venues y assister. Du côté italien, même si nous n’avons pas une tradition de présence ici au Niger, nous étions quand même la troisième délégation en termes d'importance. J'étais très contente. Aussi, je me souviens que juste quelques jours avant la Table ronde de Paris pour le financement du PDES, le Président de la République s'était rendu en Italie où il participé à une conférence et nous avons profité de l'occasion pour organiser une rencontre entre le Chef de l'Etat et nos entreprises et j’avais remarqué que les entreprises italiennes les plus importantes avaient pris part. Cela signifie également qu'il y a un intérêt grandissant du coté des investisseurs et entrepreneurs italiens pour le Niger.

Excellence, le Niger comme les autres pays sont des pays à vocation agro-pastorale mais dont les chaines de valeurs ne sont pas véritablement exploitées. Comment ce programme pourra-t-il aider les principaux acteurs à développer ces secteurs ?

En Italie, notre système économique est fondé sur les petites et moyennes entreprises (PME). Nous avons que très peu de géants pour ce qui est des entreprises. Ce sont donc les PME/PMI, en majorité familiales, qui constituent l'essentiel de notre écosystème économique et industriel. Dans ce système, nous avions aussi dans le temps géré la problématique de l'approche intégrée, de la mise en place de chaîne de valeur d'ensemble et même à petite échelle. Comme je l'ai entendu à travers les ministres et même le Premier ministre du Niger, le souhait c'est qu'ici aussi le pays puisse se développer à travers les petites et moyennes entreprises pour que chacun apporte sa contribution dans la chaîne de valeur. Cela m'a fait énormément plaisir, car nous avons aussi fait à peu près la même chose, et c'est pour cela que nous pensons que nous avons beaucoup de similitudes avec le Niger.

Madame l'ambassadrice, la coopération italienne ne date pas de longtemps au Niger, mais on constate qu'il y a un certain dynamisme, vous faites pratiquement sinon beaucoup plus que d'autres chancelleries qui sont là bien avant. Alors vous vous intéressez au secteur de l'agroalimentaire et de l'agrobusiness, quels sont les autres secteurs de l'économie nationale qui pourraient intéresser la coopération italienne ?

C'est vrai et pour dire les choses de manière plus claires, je suis la deuxième ambassadrice d'Italie au Niger. Notre présence ici est très récente effectivement. En plus des autres secteurs que vous aviez évoqué, un secteur important qui nous intéresse et qui est porteur d'énormes potentialités, c'est celui des cuirs et peaux. Justement, au mois de février dernier, une mission d'entrepreneurs nigériens est allée en Italie pour l'agrobusiness et au même moment, une délégation d'opérateurs nigériens qui s'est rendu en Italie au salon dédié aux cuirs et peaux, "LINEAPELLE" qui est pratiquement le salon le plus important de l'Italie et comme vous le savez, l'Italie est leader dans la maroquinerie, les chaussures et tout le reste et c'est peut-être même je dirais, l'un des salons les plus importants au monde. Le Niger a participé à ce salon mondial à travers la Chambre de commerce et d'industrie (CCIN), que je remercie vraiment au passage, et cela est une preuve que même les institutions nigériennes nous accompagnent. Pour la première fois, le Niger avait un stand et c'est tout simplement magnifique. Je pense donc que dans le secteur de Cuirs et Peaux, nous avons beaucoup de choses à échanger.

Un autre secteur que je trouve prometteur, c'est le secteur des énergies renouvelable. En Italie, nous faisons beaucoup dans ce secteur même si ce n'est peut-être pas trop connu malheureusement. Bientôt, au début du mois de mai, il y aura une grande conférence sur l'énergie solaire au Niger, et nous travaillons actuellement très activement pour qu'il puisse avoir des contacts, pour que les Italiens puissent venir et que nous puissions faciliter les échanges avec les opérateurs nigériens.

Aussi, le secteur des petites machines nous intéresse beaucoup parce que très prometteur comme en Italie. Ce ne sont pas des machines monstres mais de petites machines qui servent à faire des chaussures de qualité et que je pense que le Niger pourrait avoir besoin, c'est-à-dire garder le côté artisanal, mais faire en sorte que ça ne soit pas primitif. En effet, si la technique est primitive, c'est-à-dire qu'on fait tout à la main, on ne pourra jamais produire et ça ne sera jamais bien fait.

Pour revenir au projet "LabInnova Sahel", comment a-t-il été élaboré et avec quels acteurs il sera mis en œuvre au Niger ?

Au Niger, il y a une vingtaine d'entrepreneurs qui sont d'ailleurs presque tous dans notre programme "IN Action". Ce sont des entrepreneurs qui sont intéressés pour une participer à la prochaine édition du salon "Macfut". Vous savez, la première édition du salon, c'était pratiquement la toute première mission d'une délégation d'entrepreneurs nigérien en Italie, et elle était dirigée par la ministre l'industrie Mme Gourouza Magagi. Et depuis, puisque le chemin a été balisé, nous avons essayé d'envoyer des entrepreneurs. À l'époque justement, quand ils sont allés à "Macfut" pour la première fois, ils étaient ravis mais il n'avait pas de stand. Cette fois-ci on veut vraiment construire, vu qu'ils ont déjà quelques contacts. Avec "LabInnova Sahel " qui va durer près de 20 jours avec une fréquentation assidue, cela donnera la possibilité aux entrepreneurs d'aller en Italie au Salon "MACFUT" et d'être pris en charge. Les opérateurs nigériens bénéficieront donc de l'accompagnement jusqu'à la tenue du Salon. Il y aura aussi plusieurs formateurs et je profite de l'occasion pour vous annoncer que j'ai lancé des cours d'italiens à l'Université Abdou Moumouni de Niamey qui viennent s'ajouter aux cours particuliers et qui suscitent un engouement très important auprès des étudiants et des professionnels, ce qui ne fait que nous réjouir. "LabInnova" veut vraiment être quelque chose de concret avec des actions concrètes, donc pas seulement que de la théorie, mais une théorie qui puisse s'accorder avec la pratique.

Propos recueillis par A.K. Moumouni (actuniger.com)
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