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Discours du Haut Représentant Maman Sambo SIDIKOU - Misahel– Union Africaine

Publié le lundi 3 avril 2023  |  nigerdiaspora.net
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© Présidence par DR
Présidence : Le haut Représentant de l’UA pour le Mali et le Sahel, Maman Sadikou reçu par le président Bazoum
Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Mohamed Bazoum, a reçu vendredi après-midi 18 juin 2021, le Secrétaire Permanent sortant du G5 Sahel, M. Maman Sambo Sidikou.
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MISAHEL–UNION AFRICAINE

New-York 23 mars 2023

Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie pour votre participation à cet évènement.

Permettez-moi de rendre hommage au cadre offert par l’ONU – qui organise la coopération entre des pays sans frontières communes mais mus par l’ambition de préserver un bien commun.

Pays-Bas et Tadjikistan, Sénégal et Suisse -pour ne citer que ces Etats, démontrent le bien-fondé de la concertation pour répondre aux défis de l’anthropocène.

Notre ordre international connaît d’importantes mutations, qui génèrent de nouveaux rapports de forces et des lignes de tension.

Le Sahel n’est pas étranger à cette évolution. Nous voici devenus, à nos dépens, une région où s’affrontent les ambitions hégémoniques de certains Etats.

Toutes les sociétés humaines ont développé des compétences pour gérer et partager l’eau.

La zone sahélo-saharienne l’a fait et compte des trésors d’ingénierie sociale et technique méconnus.

Le Sahel dispose d’un génie propre, méconnu, et qui mérite d’être mobilisé pour répondre aux défis du présent – et de notre futur.

Parlons d’eau, puisque c’est l’objet qui nous rassemble.

Les fleuves sont des axes de communication dont le potentiel est sous-exploité. Sur certains tronçons et à certains moments de l’année, la navigation sur le Maayo (également appelé fleuve Sénégal) ou le Djoliba (également connu sous le nom de Niger) est une alternative au transport routier.

Je réside à Bamako et suis de Niamey, deux agglomérations où la navigation fluviale offrirait de nombreux avantages à la mobilité urbaine.

S’agissant d’eau potable, notamment en milieu urbain.

Le coût de l’eau reste trop élevé pour la bourse d’un grand nombre de ménages et d’entrepreneurs. Mais la demande est considérable, stimulée par la croissance démographique, l’urbanisation et le pouvoir d’achat de plus en plus important de certains citadins.

Cette économie de l’eau est un véritable « relais de croissance » et je pense que nous gagnerions à souligner les opportunités existantes pour que ressources humaines, techniques et financières soient allouées aux acteurs publics et privés compétents.

Concernant l’eau en milieu rural, je pense que l’ignorance nous joue des tours.

Il y a dans cette salle et dans de nombreux lieux du Sahel, des personnes qui connaissent les principaux enjeux et les leviers qu’il convient d’actionner.

Tout cela dépasse les slogans ou interventions ponctuelles présentées par certains acteurs menant des campagnes de levées de fonds.

Le paysage médiatique est saturé d’informations partielles et ponctuelles qui vantent forages et points d’eau.

Mais rares sont les décideurs qui connaissent la « politique de l’eau » de leurs pays.

C’est, à mon sens, le principal défi : connaître nos ressources, chiffrer nos besoins et effectuer les arbitrages correspondant au modèle de croissance que nous envisageons.

Il y a donc un urgent besoin d’« alphabétisation hydrique » car la saine gestion et le partage équitable de l’eau contribuent à la cohésion sociale, attestent de la cohérence de certaines politiques publiques et permettent une croissance économique durable.

Enfin, concernant la coopération internationale, je pense qu’il faut rendre hommage à un exemple de pragmatisme.

L’OMVS est une institution dont le travail, opiniâtre, discret et tangible mérite d’être salué.

Les défis politiques, diplomatiques et économiques n’ont pu interrompre une coopération technique portée par ces Etats membres.

C’est notre version, ouest africaine et sahélienne, de la diplomatie de l’eau.

Nous devons mieux connaître son histoire, apprendre de ses réussites et faire preuve d’ambition.

En guise de conclusion, et avant de laisser la parole à des personnes plus compétentes et expérimentées que moi, je voudrais conclure par trois messages clés.

« Alphabétisation hydrique » – car l’eau est trop sérieuse pour que nous ignorions dans quelle/s mesure/s elle peut changer nos vies et la trajectoire de nos sociétés. C’est le chantier de la « politique de l’eau » - intelligible, financée et comprise par ses acteurs.

« Economie de l’eau » - coût et distribution de l’eau, transport fluvial … osons parler de « profits partagés », de qualité et de mobilité, pour le bénéfice des petites et moyennes entreprises sahéliennes ainsi que des consommateurs.

« Diplomatie de l’eau » - qu’il s’agisse d’ingénierie sociale autour d’ouvrages d’art conçus pour l’économie agropastorale, de barrages d’importance régionale ou de coopération internationale, il faut nous doter d’une boîte à outils orientée vers l’action.

Je suis parfaitement conscient des défis, notamment sécuritaires, de certains pays du Sahel.

Mais cette crise est temporaire, elle est aussi un défi à notre intelligence collective.

Comment reconstruire différemment et mieux, quand viendra le temps d’une action résolue, mieux pensée et plus pertinente ?

En attendant, chaque jour, nous pouvons agir – discrètement, mûs par des convictions et convaincus que nous faisons œuvre utile pour notre génération et celles qui prendront notre suite.

Puisque débute le mois du ramadan, permettez-moi de conclure par trois versets (33, 34 et 35) d’une sourate (Ya Sin) riche de sens :

« Un signe pour eux est la terre morte : nous la faisons revivre et produisons d’elle des grains pour leur nourriture. Nous y faisons pousser des jardins de dattiers et de raisins, et nous y faisons jaillir des sources. Ceci est pour les pourvoir de fruits, et pour les laisser produire de leurs propres mains tout ce dont ils ont besoin. Seront-ils reconnaissants ? »
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