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Reddition de l’UFPR: après avoir déposé les armes, Mahamoud Sallah tente d’expliquer les raisons de son mouvement politico-militaire

Publié le lundi 15 mai 2023  |  actuniger.com
Niger
© Autre presse par DR
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Deux jours après avoir été reçu au Palais de la Présidence par le Chef de l'Etat Bazoum Mohamed, le Président du Comité politique de l'Union des Forces Patriotique pour la Refondation de la République (UFPR), Mahamoud Sallah Browmi, a animé une conférence de presse, dimanche 14 mai 2023 à Niamey, pour expliquer les raisons du retour dans les rangs du mouvement politico-militaire qu'il a lancé en août 2020 dans l'extrême nord-est du pays. Selon le désormais ex-chef rebelle, l'UFPR a décidé de répondre à la main tendue du Président Bazoum "sans conditions" et après avoir constaté "les actions menées ainsi que la volonté affichée par le Président de la République pour combattre la corruption". Une position aux antipodes de la position affichée jusque-là et depuis plusieurs années par l'ancien syndicaliste et ex-révolutionnaire qui a été un des plus fervents et virulents critiques du régime du PNDS Tarrayya.

Comme lors de la réception officielle par le Chef de l'Etat, à laquelle il a eu droit vendredi dernier au Palais de la Présidence, c'est en compagnie de plusieurs cadres du groupe rebelle que le Président de l'UFPR a été face à la presse lors de la conférence qu'il a animée ce dimanche 14 mai 2023 à Niamey. Face aux médias, Mahamoud Sallah a tenté d'expliquer la décision prise par le mouvement politico-militaire après trois (03) de maquis, "celle de déposer les armes et de faire la paix avec la République". Selon le Président du Comité politique de l'UFPR, après des "négociations internes" et suite "l'appel du Chef de l'Etat", le mouvement s'est concerté et, "nous avons accepté de répondre à la main tendue du Président de la République sans condition".

"Il y a eu des négociations et des médiations en interne car c'est une affaire nigéro-nigérienne et depuis un certain temps, nous avons constaté qu'il y a un changement et des améliorations. Le Président de la République nous a tendue la main et nous avons entendu cet appel et pris la décision, après concertation, de répondre à cette main tendue du Chef de l’Etat qui est en quête perpétuelle de la paix. Il y a les actions menées et la volonté affichée pour combattre la corruption par le Président de la République. Nous avons décidé de faire la paix avec le gouvernement et avec la République et cela sans condition". Mahamoud Sallah Browmi, Président du Comité politique de l'UFPR.

Une reddition sans condition mais des ambitions et un programme

Face aux journalistes de plusieurs médias du pays, le Président du Comité politique de l'UFPR a beaucoup insisté sur le fait que le mouvement qu'il dirige n'a pas déposé les armes pour obtenir "des postes". "Je n'ai pas besoin de ça pour obtenir un poste, j'ai un poste bien avant l'arrivée de ce pouvoir et aujourd'hui le Niger est une terre d'opportunités qu'il suffit d'avoir de la matière grise pour en profiter", s'est-il défendu tout en reconnaissant toutefois, qu'ils pourront être "mal compris" par une certaine opinion. Des propos en référence certainement aux commentaires qui ont suivis l'annonce de cette reddition sans condition de l'ex groupe rebelle.

Sur l'avenir du mouvement politico-militaire, Mahamoud s'est montré assez vague. "Nous avons des ambitions et un programme", a-t-il indiqué avant d'ajouter qu'une décision sera prise après concertation avec ses camarades sur cette question. Bien qu'il a rappelé avoir tourné le dos à la politique depuis 2016, il n'a pas écarté l'éventualité l'idée de transformer le mouvement en "association" comme la Constitution en garantit le droit à tout citoyen nigérien. "Le Niger est vaste de 1.267.000 Km2 et dispose sur une étendue de plus de 250 kilomètres des terres fertiles avec de l’eau à moins de 2 mètres de profondeur", a-t-il souligné, laissant entendre que c'est opportunité à saisir d'autant que la situation politique et socioéconomique du pays est en train de s'améliorer.

Un front de moins et un opposant virulent dans les rangs

Dans son intervention, Mahamoud Sallah a rappelé que c’est en 2019, après plusieurs réflexions que ses compagnons et lui ont décidé de la création de l'Union des Forces Patriotiques pour la Refondation de la République (UFPR) et de prendre par la suite les armes et rejoindre le maquis pour combattre "la gabegie et la mauvaise gouvernance" ainsi que les autres tares dont ils tenaient pour responsable le régime du PNDS Tarrayya dirigé alors par l'ancien Président Issoufou Mahamadou.

Officiellement pourtant, c'est le 20 août 2020 que le mouvement a été lancé à travers une déclaration publique qui avait tenu lieu de manifeste de création du groupe politico-militaire. "C'est parce que nous sommes déçus de la gouvernance actuelle du pays, inquiétés des perspectives d'avenir, fatigués de vivre la misère abominable et profondément attachés à l'avenir d notre nation, que nous décidons ce jour, 20 août 2020, de la lancer le mouvement dénommé l'Union des Forces Patriotiques pour la Refondation de la République (UFPR) qui a pour but d'œuvrer à l'avènement d'une république véritablement souveraine, démocratique capable d'assurer la paix, le développement et la justice sociale pour tous", pouvait-on lire dans le dit manifeste. A l'époque, et sans qu'on puisse véritablement s'en assurer, le mouvement qui se disait actif dans la partie nord-est du pays, aux confins des frontières avec la Libye et le Tchad, revendiquait jusqu'à 10.000 combattants. Depuis son lancement, l'UFPR s'est plus manifestée par des déclarations politiques truffées de critiques acerbes contre le régime de Niamey que par des actions militaires sur le terrain. Sur sa page Facebook, des images de quelques dizaines de combattants armés ont été certes régulièrement postées à ses débuts et mêmes quelques attaques contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) revendiquées par le mouvement. Cependant, dans cette autre zone des trois frontières qui a de tout temps été une sorte de "no man's land" et qui est devenue une véritable poudrière depuis le déclenchement de la guerre en Libye et la chute de Khaddafi, difficile de savoir qui est qui entre bandits armés, trafiquants de tout acabits ou membres de groupes rebelles. Pour ainsi dire et malgré les menaces, l'UFPR n'a pas véritablement constituée une menace sérieuse plus que les autres groupes armés criminels qui pullulent dans cette partie de l'extrême nord-est nigérien.

Cependant, pour les autorités de Niamey, c'est une belle victoire surtout pour le régime du PNDS Tarrayya et en premier lieu, le Chef de l'Etat Bazoum Mohamed, qui a selon plusieurs sources, des liens de parenté certes éloignés avec le Président du Comité politique du mouvement rebelle. Avec cette reddition de l'UFPR, c'est un front de moins mais aussi et surtout, un opposant virulent qui rentre dans les rangs après avoir observée une posture des plus radicales contre les "camarades socialistes" depuis leur accession au pouvoir en 2011.

Ancien syndicaliste passé par l'Université de Niamey, où il fut Délégué de la Faculté des sciences économiques et juridiques, Mahamoud Salah a également milité au sein du MODEN/Lumana de l'opposant Hama Amadou, parti au titre duquel il s'est d'ailleurs présenté sans succès aux élections législatives de 2016. Il a aussi flirté avec la Révolution démocratique (RD), une structure qui se réclamait de la société civile avant de rejoindre également le camp du pouvoir.

Très radical, Mahamoud Sallah a été plusieurs fois interpellé par la Police judiciaire et a séjourné ans les geôles de la Cellule anti-terroriste entre 2016 et 2019 pour ses prises de position virulentes contre le régime de Mahamadou Issoufou. Une posture qu'il a maintenue contre Bazoum Mohamed. L'alternance démocratique de 2021 ? "un coup d’Etat électoral préparé par le régime mafieux de Mahamadou Issoufou", selon lui. Lors du second tour de l'élection présidentielle de 2021, il a appelé d'ailleurs à voter pour Mahamane Ousmane, "le candidat du moindre mal", selon lui face à Bazoum Mohamed qu'il qualifiait alors de "marionnette".

Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous le pont et le mouvement créé par Mahamoud Sallah n'a pas fait long feu pour ainsi dire. Fin 2020, il a été même arrêté puis placé en détention en Libye où il a passé cinq (5) mois dans une prison de Joufra, dans le centre du pays. A sa libération, le 20 janvier 2021, il a accusé les miliciens de la tribu Ouled-Souleyman, des parents à Bazoum Mohamed selon l'UFPR.

Désormais donc, c'est la paix des braves entre les autorités et l'UFPR et entre le Président Bazoum et Mahamoud Sallah. Il reste à savoir quelle sera la vraie portée de cette reddition et à quelles conditions elle a été faite car malgré cette tentative de convaincre l'opinion et en dépit de l'inexistence d'un accord officiel, la polémique va continuer à s'enfler. Du reste, le Président du Comité politique de l'UFPR n'a pas dévoilé où et quand seront remises les armes que le mouvement politico-militaire affirme avoir déposées et combien de combattants ont suivi le Comité dans sa reddition. Des zones d'ombres qui persisteront certainement encore longtemps, le temps de savourer les fruits de la paix !

A.Y.Barma
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