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Conférence de presse du ministre des Mines: Ladan remet Bazoum à sa place…
Publié le vendredi 24 janvier 2014   |  Le Monde d’Aujourd’hui


Omar
© Autre presse par DR
Omar Hamidou Tchiana, ministre d`Etat, ministre des Mines et du Développement Industriel


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Selon toute vraisemblance, lors de sa dernière sortie médiatique à Zinder, Bazoum Mohamed, ministre des Affaires Etrangères et tout nouveau président du PNDS-Tarayya, le parti au pouvoir, a tenté de forcer la main au gouvernement afin que celui-ci cède à AREVA ce qu’elle voulait.

En effet, tout le monde a entendu Bazoum Mohamed dire que la loi minière de 2006 n’est pas applicable à AREVA compte tenu de la baisse du prix de l’uranium sur le marché international. Cette affirmation du puissant ministre d’Etat a été le premier point abordé par le ministre d’Etat, des Mines Omar Hamidou Ladan dans une conférence de presse samedi dernier. Le ministre transfuge du Lumana est sans équivoque, il remet Bazoum à sa place en réaffirmant toute son autorité, avant de dire à AREVA que le gouvernement nigérien n’a pas l’intention de faire plaisir à ses beaux yeux. « Les négociations avec les sociétés minières se font sous ma direction et uniquement sous ma direction. J’ai à côté de moi des hommes et des femmes compétents qui donnent entièrement satisfaction et avec lesquels nous défendons pied à pied les intérêts du Niger et uniquement les intérêts du Niger » dixit le ministre des Mines Ladan Tchiana.



« Nous défendons pied à pied les intérêts du Niger et uniquement les intérêts du Niger », alors question : qui ne défend pas uniquement les intérêts du Niger si ce n’est ceux qui veulent que la loi 2006 ne soit pas appliquée à AREVA ?

Répondant à une question des journalistes, le ministre Ladan explique le point d’achoppement des négociations Niger – AREVA : « c’est une question un peu technique mais je vais essayer de la résumer. Dans les conventions, on parle de statu quo fiscal, c’est ça qui lie SOMAÏR et COMINAK de 2003 à 2013 et cela a été signé sous l’empire de la loi de 93. Mais entre temps, il y a eu une nouvelle loi qui est celle de 2006. Donc à partir de l’instant où la convention arrive à son terme, on ne peut plus appliquer une loi qui n’est plus d’actualité, c’est-à-dire, les dispositions fiscales de 93. Voilà le différend qu’il y a entre les sociétés minières et nous. Nous disons que les dispositions fiscales qu’ils veulent qu’on continue d’appliquer ont été abrogées par la loi 2006 donc les seules dispositions fiscales valables, aujourd’hui, sont celles contenues dans la loi minière 2006 »

Et le ministre Ladan revient ensuite et encore sur le cas Bazoum : « la gestion des ressources minières relève exclusivement du ministère des Mines et du Développement Industriel. Je dis, la gestion des ressources minières est la prérogative du ministère des Mines et du Développement industriel. L’application de la loi 2006 ne plait pas aux sociétés minières, ça c’est la position des sociétés minières mais nous, nous disons que l’application de la loi n’est pas circonstanciée, la loi, elle est faite pour être appliquée et tant qu’elle n’est pas abrogée, elle doit être appliquée à tout le monde et avec la même rigueur (…) le ministre des Affaires Etrangères est un citoyen, il donne son point de vue sur ce qu’il pense être possible mais ce qui se passe dans le domaine des mines est la prérogative du ministère des Mines et du Développement industriel. C’est à nous que délégation a été faite par le président de la République et le Premier ministre pour traiter de ces questions-là »

Sans doute agacé par l’intrusion du ministre Bazoum dans les affaires de son Département, Ladan Tchiana ne s’est pas montré tendre avec son collègue du gouvernement. Il le qualifie de simple citoyen, feignant d’ignorer que Bazoum est quand même ministre de la République de surcroît président du parti au pouvoir, c’est-à-dire, celui du président de la République. Là on comprend aisément que Ladan a été piqué au vif par les déclarations de son homologue que les négociations avec le géant français du nucléaire civil. Et pour s’en prendre si vertement, pour désavouer publiquement le N°1 du PNDS-Tarayya, l’ultra proche du président Issoufou, il faut être un Ladan Tchiana. D’où ce dernier a-t-il eu des assurances que rien ne lui tombera sur la tête s’il agissait ainsi ? Cela, est-il le prix à payer pour maintenir le ministre des Mines dans le gouvernement de « large ouverture » ? Cette question mérite réflexion quand on sait que la dernière conférence de presse annulée au dernier moment par le ministre Ladan a donné lieu à moult interprétations dont une annonce de démission avortée. Certes, le ministre des Mines a vigoureusement démenti cette éventualité mais cela n’a rien d’étonnant dans la mesure où, même s’il a effectivement failli démissionner, aujourd’hui qu’il est resté au gouvernement il ne peut pas le dire en public. Donc, ses démentis sont un non évènement.

La Société civile a aussi eu sa dose. Le ministre des Mines réfute ses accusations et lui refuse le moindre rôle à jouer dans les négociations minières : « les gens ont parlé d’opacité des négociations. J’aimerai dire que les négociations avec les sociétés minières sont une prérogative exclusive du gouvernement. Ni la société civile ni quiconque ne doit être partenaire à ces négociations. Ce que les Nigériens sont en droit d’attendre de nous, c’est que ces négociations se fassent dans l’intérêt du Niger, et préserver les intérêts du peuple nigérien. Il n’est pas question pour nous de prendre des personnes sans mandat pour les mettre dans les négociations. On nous a aussi accusés d’être complices des sociétés minières. Si on était complice des sociétés minières, aujourd’hui on aurait déjà fini, on aurait déjà signé ces conventions minières-là. C’est justement parce que nous exigeons que les intérêts du Niger soient Deux nouvelles sont à retenir de la conférence de défendus, que cela prend du temps. »

Deux nouvelles sont à retenir de la conférence de presse de Ladan Tchiana. La bonne, c’est cette détermination du gouvernement à ne pas transiger face à AREVA sur l’application de la loi 2006 que le ministre des Mines a affiché. Si c’est avec le consentement du Premier ministre et du président de la République que le ministre Ladan a dit tout ce qu’il a pu dire, les Nigériens peuvent s’estimer heureux puisque leurs dirigeants ne sont pas prêts de sacrifier leurs intérêts sur l’autel de la Françafrique. Cela serait certainement une façon pour le régime de mettre très mal à l’aise son partenaire AREVA et renforcer la position des négociateurs nigériens qui pourront alors dire aux français « ben voyez-vous, notre gouvernement a déjà dit que l’application de la loi 2006 est une obligation, on ne peut plus revenir dire au peuple autre chose. Cette hypothèse est solide quand on sait surtout que le président Issoufou séjourne à Paris. Même si le président français tentait de lui mettre la pression, il a de bons arguments avec les déclarations de son ministre des Mines. Déclarations faites en l’absence du président Issoufou, si vous voyez bien ce que nous voulons dire …

Mais si, un peu moins que Bazoum (puisque au moins c’est de son ministère qu’il est question) le minier du Niger a donné sa vision personnelle des choses, alors, là il lierait les pieds et les poings du gouvernement qui se verra contraint d’aller dans le sens voulu et annoncé par le ministre Ladan. La mauvaise nouvelle, c’est que, la sortie médiatique du minier nigérien montre clairement les guéguerres au sein de l’équipe gouvernementale. Non seulement, on se rend compte que le gouvernement ne parle pas d’une même voix mais on découvre aussi que des supers ministres dits, à tort ou à raison « proches » des intérêts français peuvent se permettre de dégager, défendre et officialiser des positions qui jurent d’avec celles du gouvernement mais aussi avec les intérêts du Niger.

Amadou BELLO

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