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Niger : crépuscule de la liberté de la presse ?
Publié le mercredi 29 janvier 2014   |  L'Observateur Paalga


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© Autre presse par DR
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Les relations entre le régime du président Mahamadou Issoufou et la presse nigérienne ne sont pas au beau fixe. Elles se sont même détériorées avec de nouvelles arrestations de journalistes : en effet, le 17 janvier 2014, deux hommes de médias et un activiste de la société civile ont été interpellés. Poursuivi pour "complot contre la sûreté de l’Etat et recel de malfaiteurs" par suite de la publication d’un article critique contre le pouvoir, Soumana Idrissa Maïga a été relaxé par le procureur, qui a estimé qu’il n’y a pas matière à poursuivre. Même sort pour Abdoulaye Mamane, accusé de propos outrageants à l’égard du président de la République suite à un débat télévisé.
Mais à peine ces confrères ont été libérés que deux autres, Zakari Adamou et Ousmane Danbadji, prenaient le chemin inverse : ils ont été placés en garde-à-vue pour "délit de presse et dénonciation calomnieuse" Naturellement les organisations professionnelles des journalistes sont montées au créneau pour exiger la libération sans délai et sans condition de leurs membres d’autant plus que ces détentions préventives violeraient la loi sur le régime de la presse.
Mais la vague de protestations semble n'avoir aucun effet attendrissant sur le pouvoir, qui est décidé à sévir, puisque le ministre de la Justice a annoncé lors d’un point de presse que ses services allaient poursuivre "cinq cas d’appels à la haine ethnique, à l’insurrection et au coup d’Etat, proférés sur des médias locaux".
Et revoilà lancé le débat qui a cours sous nos tropiques sur la dépénalisation des délits de presse. Pour les défenseurs de ce principe, un journaliste ne doit pas séjourner en prison pour des opinions émises dans l’exercice de sa profession. Mais d’autres estiment que l’homme de presse est un citoyen comme les autres ; par conséquent il doit répondre de ses forfaits et subir la loi même quand elle est dure.
Certes, au Niger comme ailleurs, ils sont nombreux, les confrères qui, au nom de la liberté d’expression, prennent des libertés avec les règles élémentaires d'éthique et de déontologie qui encadrent une profession où le moindre écart vis-à-vis de la responsabilité sociale peut être très lourd de conséquence.
Le cas ivoirien dans un passé récent et le génocide rwandais sont illustratifs du drame humain et des dommages matériels que la presse, dans son ensemble, peut causer à une nation. De ce fait, les hommes de médias doivent cultiver le professionnalisme pour être défendables dès lors que leur liberté est bafouée.
Cela dit, il est de notoriété publique que les pouvoirs sont réfractaires aux critiques des médias qui mettent à nu leur mal gouvernance politique et économique. Mais c'est établi, la démocratie se mesure à l’aune de la liberté de presse dont on jouit dans un pays.
En Afrique, lorsque certains régimes sont en difficulté, le premier réflexe est de casser du journaliste. Oubliant que ce n'est pas en cassant le thermomètre qu'on fait baisser la fièvre. Ne vaut-il pas mieux avoir le thermomètre a son chevet pour mieux contrôler la température plutôt que de l'écraser au risque d'être surpris par une fièvre de cheval aux effets mortels ?
Dans le cas d’espèce, on peut être tenté d'établir une relation de causes à effets entre cette ouverture de la chasse aux journalistes et les difficultés actuelles de Niamey à relever les nombreux défis, notamment la sécurité alimentaire, la déliquescence du système éducatif, les problèmes énergétiques et nous en oublions.
Du reste, l’opposition politique a organisé en fin décembre une gigantesque marche pour dénoncer la corruption, la mal gouvernance et l’incapacité de Mahamadou Issoufou à résoudre les problèmes des Nigériens.
En attendant que la preuve de la culpabilité de nos confrères soit établie dans les faits qui leur sont reprochés, c'est le président Mahamadou Issoufou qui court le risque de dégrader son pays dans le hit-parade des Etats démocratiques. Car comme le disait déjà Chateaubriand aux XIXe : "La liberté de la presse est la mère de toutes les libertés". C'est encore plus vrai de nos jours où le monde est devenu celui de l'information et de la communication.

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