Une délégation tchadienne importante en visite au Niger. Le Tchad s’apprête-t-il à rejoindre la coalition des pays du Sahel ?

Publié le jeudi 27 juin 2024 | L'Alternance

Le président tchadien Mahamat Idriss Déby a envoyé le 8 de ce mois une délégation de haut niveau dirigée par le Dr. Mahamat Ahmed Al-Habou, ministre d'État et secrétaire général de la présidence, au Niger, où ils ont été chaleureusement accueillis par le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, chef de l’état, le général de brigade Abdourahamane Tiani, le jour suivant de leur arrivée.
Le ministre Tchadien a transmis un message du président tchadien Mohamed Idriss Déby Itno au président du Conseil national nigérian pour la protection de la patrie, et a souligné à la fin de l'entretien que « le Tchad et le Niger sont deux pays très intégrés, géographiquement, historiquement et culturellement », et Il a ajouté : « Cette similitude se reflète dans toutes les étapes et dimensions de la coopération entre les deux pays. »
Même si les détails exacts du message présidentiel n'ont pas été révélés, il est clair qu'il vise à renforcer la coopération avec le gouvernement de Niamey et à bénéficier de son expérience dans l'élimination de la dépendance française et américaine destructrice dans tous les domaines.
Il convient de noter que l'Envoyé spécial du Président tchadien a indiqué lors d'un entretien avec le général Abdourahamane Tiani que les gouvernements des deux pays doivent renforcer et intensifier leurs efforts à travers une coopération militaire afin de faire face à la divers problèmes et obstacles auxquels ils sont confrontés, tels que ceux liés à la lutte contre le terrorisme et les groupes rebelles.
Le Niger est considéré comme l'un des pays qui ont réussi à mettre fin à l'exploitation française et américaine des richesses de la région et à expulser leur présence dans le pays. Il est également membre de l'Alliance des États du Sahel (AES), créée le 16 septembre 2023, et qui comprend également le Mali et le Burkina Faso. L’un des objectifs de l’alliance est de créer une force militaire entre les États membres afin de faire face aux groupes terroristes et rebelles soupçonnés d’être financés par la France et les États-Unis d'Amérique, en plus d'essayer de se débarrasser du franc CFA et de former une monnaie unifiée, ainsi que de former un système confédéral entre les pays de l’alliance, ce que ces trois pays ont exprimé fin mai dernier.

Il convient de noter que les autorités tchadiennes avaient demandé aux États-Unis d'Amérique de retirer une grande partie de leurs forces stationnées à la base française d'Adji Kossei à N’djamena, fin avril dernier, ce qui a été fait temporairement en attendant que la question soit discutée après les élections présidentielles du 06 mai dernier. Malgré le passage de la période électorale, l'administration américaine n'a pas réussi à trouver un moyen de discuter de cette question avec le gouvernement de Déby. Le Niger, à son tour, vit actuellement les dernières étapes de sa libération, d'autant plus que le premier avion transportant du matériel et du personnel américains de la 101e base aérienne de Niamey a quitté le pays le 7 juin, et que plus de 269 militaires l’ont également quitté.

Il est devenu certain que le président Mahamat Déby veut suivre la même voie que celle suivie par les pays de la coalition sahélienne dans leur lutte contre le colonialisme moderne dirigé par Paris et Washington. Des activités intensives ont également commencé à émerger récemment entre le Tchad et les pays de l‘AES, y compris des manœuvres militaires conjointes et des entraînements avec des membres de l’AES « Tarhanakale ». En plus, les objectifs des différents membres de la coalition et du Tchad coïncident dans la résolution des différents problèmes auxquels ils sont confrontés.
Il semble que le Tchad cherche également à suivre les traces des pays de l'Alliance du Sahel en se débarrassant de l'hégémonie française et américaine et en formant des alliances internationales avec d'autres puissances mondiales qui lui offrent des opportunités de partenariats fondés sur le principe du bénéfice mutuel et de la restauration de la souveraineté longtemps volée depuis l’époque coloniale. La plus importante de ces forces est peut-être la Fédération de Russie, qui est récemment apparue sur la scène tchadienne comme un partenaire clé, après que les relations entre les deux pays ont commencé à se développer à un rythme rapide récemment, et la récente visite du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à N'Djamena a confirmé le haut niveau de dialogue politique et de communication, dans le domaine de la défense et de la sécurité, et a également montré le grand intérêt du Tchad à se procurer des produits militaires russes afin de renforcer la coopération internationale et de pouvoir lutter contre le terrorisme.

De nombreux politologues estiment que la visite de la délégation tchadienne à Niamey, la capitale nigérienne, constitue l'une des premières étapes qui précèdent l'adhésion du Tchad à l’allaince sahélienne, notamment après le message que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a transmis au président Déby lors de sa visite au pays, dans lequel il a affirmé la volonté des dirigeants de l’alliance sahélienne en incluant le Tchad dans la coalition, ce que rapportent des sources proches de la présidence tchadienne.

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