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Sahel : Le Drian et la nouvelle donne militaire française
Publié le mercredi 12 fevrier 2014   |  L'express


Le
© AFP par DR
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian


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La dérive chaotique du Sud libyen conduit Paris, sinon à changer son fusil d'épaule, du moins à affiner son dispositif. L'un des chantiers majeurs de la tournée africaine entreprise dimanche par le ministre de la Défense. Soumis aux chefs d'Etat africains concernés début janvier, présenté au secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel trois semaines plus tard, le redéploiement militaire français sur le front sahélien prend tournure. Il s'agit pour Paris d'affiner son dispositif et de le rapprocher des foyers de tensions criminalo-djihadistes. A commencer par le Sud libyen, vaste aire semi-désertique livrée à l'anarchie, et terreau propice à l'essor des réseaux terroristes et des trafics en tous genres (armes, drogues, migrants). A la faveur d'une nouvelle tournée en Afrique centrale -la troisième en moins de deux mois-, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a ainsi obtenu avant-hier l'aval du chef d'Etat du Tchad Idriss Déby Itno pour installer à N'Djamena le commandement opérationnel régional de ce dispositif reformaté, installé jusqu'alors à Bamako (Mali). Il est probable que l'effectif présent dans la capitale tchadienne, où se trouvent stationnés la plupart des moyens aériens français -avions de chasse Rafale et Mirage 2D- sera porté a minima de 950 à 1200 hommes.

Dès lors, cette configuration inédite, dictée par la nouvelle donne géopolitique, reposera sur quatre pôles. A savoir, outre N'Djamena, Niamey (Niger), centre névralgique du renseignement et port d'attache des deux drones Reaper acquis voilà peu auprès des Etats-Unis, Ouagadougou (Burkina Faso), base arrière des forces spéciales, et Gao (Mali). Des postes avancés, situés au plus près du bourbier libyen, compléteront l'architecture résumée ici. Ils ont vocation à accueillir des petits détachements et à abriter des stocks de carburant et de munitions. Parmi les emprises pressenties, citons Faya-Largeau -un classique- et Zouar au Tchad, ou encore Madama, dans l'extrême nord-est du Niger, site d'un ancien fortin de l'ère coloniale. De même, il est acquis que Paris consolidera son assise à Tessalit, ville malienne distante d'à peine 100 km de la frontière algérienne. Autant dire qu'il conviendra de déployer des trésors de diplomatie pour désamorcer les réticences d'Abdelaziz Bouteflika et de ses généraux.

Ménager Idriss Déby

Les impératifs stratégiques du moment conduisent Paris à ménager Déby, partenaire précieux au Mali et acteur-clé sur l'échiquier centrafricain. Au risque de passer sous silence les errements de ce prince de l'équivoque, qui aura lâché tour à tour ses protégés banguissois Ange-Félix Patassé, François Bozizé puis Michel Djotodia. Comment oublier que maints Tchadiens rallièrent la Séléka ou que le contingent maison de la force africaine en RCA, qu'elle se nommât Fomac hier ou Misca aujourd'hui, a vigoureusement épaulé les " cousins " de la nébuleuse rebelle ? De même, le tropisme autocratique de " notre ami Idriss ", qui joue habilement de sa rente de situation, bénéficie d'une insolite mansuétude. Que l'on songe à la disparition plus que suspecte, début 2008, de l'opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh, ou au complot imaginaire " déjoué " à grand fracas en mai 2013. " Grande conspiration " providentielle, puisqu'elle offrit au chef de guerre zaghawa le prétexte rêvé pour coffrer une cohorte de félons supposés, députés, officiers ou journalistes.

A ce stade, on ne peut manquer de relever l'écueil paradoxal que constituent pour l'ex-puissance coloniale, avocate comme il se doit du strict respect de la vox populi, les hypothèques électorales. Chez la plupart des partenaires privilégiés de la France en matière de sécurité régionale se profilent, dans un futur proche, des scrutins à haut risque. Tel est le cas au Niger, où le président Mahamadou Issoufou, aux prises avec la grogne de maints hauts gradés, se verra défié par son ex-allié Hama Amadou, aujourd'hui titulaire du perchoir de l'Assemblée nationale. Même topo ou peu s'en faut au Burkina Faso : là, Blaise Compaoré s'obstine à modifier une constitution qui, en l'état, lui interdit de briguer l'an prochain un nouveau mandat ; ce qui aura eu pour effet de déclencher une mutinerie politique de grande ampleur dans les rangs du parti au pouvoir. Au Congo-Brazzaville, tout porte à croire que Denis Sassou Nguesso tentera en 2016 de s'octroyer un nouveau bail ; scénario qui suppose de " toiletter " la loi fondamentale. Est-ce là tout ? Non : on entendra l'appel des urnes résonner aussi à plus ou moins brève échéance en Algérie, en Côte d'Ivoire, au Tchad et au Gabon. Gageons que le syndicat des sortants saura invoquer les vertus de la continuité et de la stabilité par temps d'orage.
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