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Persistance de la crise sociopolitique au Niger : à qui profite le pourrissement ?
Publié le mardi 4 mars 2014   |  nigerdiaspora.info


Journée
© Autre presse par DR
Journée internationale de la liberté de la presse : conférence-débat animé par M. Harouna Niandou, journaliste professionnel
Jeudi 02 mai 2013. Conférence débat en prélude à la journée internationale de la liberté de la presse à l`IFTIC en presence du ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies de l`Information, M. Salifou Labo Bouché. Photo : Une vue des participants.


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Une crise politique qui s’éternise sur fond de discours ethnocentristes, d’arrestations et d’intimidation d’opposants, de journalistes et d’enseignants ; … Des débauchages, défections, déclarations et meetings politiques à n’en point finir ; … Un début de « violence politique » avec des tirs sur la résidence du Président de l’Assemblée Nationale, par ailleurs « tête de file » de l’opposition politique et une mine qui explose à Iférouane en plein Festival de l’Aïr, en présence de Birgi Rafini, « fils du village » et Premier Ministre ; … Une paupérisation visible des masses populaires ; … Des « affaires sulfureuses » non encore élucidées et toujours impunies ; …. Les négociations avec AREVA qui sont littéralement bloquées ; … Les colères et les angoisses des nigériens qui augmentent chaque jour ; … Le méli-mélo est complet.

Alors, les nigériens s’interrogent. Pourquoi les choses ne marchent-elles pas comme il faut dans leur pays ? Pourquoi ça se complique toujours ? Ya-t-il des « mains invisibles » derrière tout ça ?

Le paradoxe de l’opulence
« C’est vraiment paradoxal, ce qui arrive à notre pays ! », note scandalisé, un enseignant autour d’une discussion politique dans une fada de Maradi. En effet, voici un pays qui n’a même pas une grande population à nourrir, producteur d’uranium, de pétrole, d’or ; des denrées parmi les plus prisées au monde, mais qui se trouve être le pays le plus pauvre du monde. Un gros hiatus qui agace franchement tous les esprits sensés de ce pays. C’est sans doute ici, l’une des sources du mécontentement grandissant qui gagne les nigériens. Le développement tarde toujours à venir. Encore faudrait-il opérer un distinguo à ce niveau. Beaucoup de « nouveaux nigériens » dont les affaires ou le niveau de vie ont prospéré, pensent légitimement qu’il n’ya pas « crise » et que tout va pour le mieux dans leur pays. Pour ces gens-là, tout ce qui se raconte n’est que jalousie, calomnie et délire d’opposant. C’est leur droit le plus absolu. Mais comparé au « sentiment général » qui se traduit concrètement dans les chiffres de notre IDH, ya pas match comme dirait l’autre.

Pour les autres nigériens, ceux qui n’ont rien à voir avec ni l’un ni l’autre et qui sont concentrés sur le développement de leur pays, la chose se présente à peu près comme cela : Ils sont les citoyens d’un « pays qui a des richesses » (à ne pas confondre avec « pays riche »), mais dont ils n’arrivent pas à y accéder. « C’est un peu comme si on te disait que ton père ou ton frère est riche et qu’il n’arrive pas à te financer le moindre projet pour une raison que tu ignores. Tu deviens de plus en plus amer, une amertume qui peut te transformer en opposant radical contre ton père ou ton frère », explique monsieur Issa Cissé, Socio économiste, pour caractériser le sentiment général. Leçon à tirer : Dirigera mieux, celui qui est capable de mieux partager !

Un pays uni, une classe politique désunie !
Voila qui pourrait, peut-être, expliquer en partie la virulence des crises politiques au Niger. Actuellement et selon toute vraisemblance, pouvoir et opposition ne se parlent pas et ne parlent pas le même langage. Ce qui engendre directement cette volatilité politique extrême, caractérisée par les défections, les déclarations, les exclusions et les empoignades judiciaires dans les partis de l’opposition. Le vertige s’empare alors du pays. Les groupes organisés (syndicats et associations) se mettent en ordre, pour ne pas dire se jettent dans l’arène politique, pour débiter des déclarations et des déclarations. Tout ce brouhaha a pour conséquence de remettre au second plan, voire au troisième plan, les questions du développement du pays.

Actuellement, il se passe que les deux camps politiques ne se parlent pas. Les séances du CNDP, depuis l’avènement du GUN, quand elles sont tenues, sont extrêmement tendues et ne débouchent sur aucune décision consensuelle. Les rencontres entre le Président de la République et le « chef de file de l’opposition » sont arrêtées. La rupture est totale. Désormais, les choses se règlent par des coups. Et en politique tous les coups permis a-t-on coutume de dire. Ainsi, les « armes démocratiques » sont largement mises à contribution : liberté d’expression, liberté de conscience, liberté de manifestation ; tout est usé et abusé. Les deux camps politiques, au lieu d’être complémentaires comme sous la 5ème République, sont aujourd’hui en ordre de bataille rangée et ne manquent aucune occasion de s’invectiver et de s’insulter vertement.

Heureusement pour eux et pour nous, le Niger est un pays qui a une formidable « chance historique ». Sinon ailleurs, les agissements de nos hommes politiques pourraient directement déboucher sur des pogroms inter ethniques. La chance de ce pays c’est d’être constitué à plus de 99% ( ?) de musulmans et surtout d’être constitué de peuples qui n’ont aucun « contentieux historiques » entre eux ; des peuples qui se sont métissés et qui entretiennent des liens de cousinage et parenté à plaisanterie. Ailleurs où la fracture « musulman/chrétien » est vivace et où des « frères ennemis » se sont retrouvés dans un même pays, des crises politiques comme celle qu’on connait au Niger, débouchent inéluctablement sur des affrontements ethniques. Voila pourquoi, les rivalités Haoussa/Zarma et ou Touareg/Sudistes que les hommes politiques exploitent en temps de crise, pour dangereuses qu’elles soient, ne déboucheront sur aucune violence inter ethnique. D’autant que également, l’opinion est persuadée que tous ceux qui cherchent à tirer profit des rivalités haoussa/zarma et qui en parlent publiquement, ne sont ni des « vrais haoussas », ni des « vrais zarmas ».

A qui profite la situation ?
Tous les observateurs avertis des relations Niger-France ont noté les « coïncidences troublantes » entre les crises politiques qui affectent régulièrement le Niger et les agendas liés à l’exploitation de l’uranium de son sous sol par la multinationale française AREVA. En effet, la crise politique actuelle intervient pile à un moment où le gouvernement de notre pays « négocie dans l’opacité », malheureusement, une nouvelle convention d’exploitation minière avec AREVA. Au mépris de tout bon sens et de tous les principes en matière de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), AREVA refuse tout simplement de se voir appliquer la loi minière de 2006, jugée pourtant par les experts de la chose, comme étant l’une des plus souples et des plus avantageuses pour les investisseurs sur le continent. De ce fait, les négociations sont bloquées et on ne compte plus le nombre de reports.

AREVA joue sur le temps, parce qu’elle a sans doute un plan bien précis. Il ya fort à parier que la crise politique actuelle ait été inventée de toute pièces par les stratèges de l’Elysée en vue de fragiliser le gouvernement nigérien au moment des négociations avec AREVA. Cette crise politique a donc pour but de faire écran aux nigériens sur les négociations et de les empêcher de voir ou même de s’intéresser à ce qui se passe. N’est-ce pas ce qui se passe actuellement ? L’opposition se tait royalement sur la question et attend de voir le gouvernement échouer pour crier scandale. Prenez « les tirs sur la maison de Hama », la mine qui explose à Iférouane, le groupe d’ONG touarègues d’Agadez regroupées au sein du CRI et qui crie à la marginalisation des populations du nord, vous verrez que ce sont des pièces qui collent parfaitement au puzzle classique mis en place par AREVA pour avoir ce qu’elle désire à moindre frais chez les nigériens. Il ne manque plus désormais que les bidasses pour foutre le bordel général dans le pays. Qu’importe ce qui arrivera, l’essentiel est que le statut quo prévale sur l’exploitation de l’uranium. On est tous manipulé !!!

Ya-t-il un moyen de contrer « le plan AREVA » ? Oui : Renouer le dialogue politique le plus rapidement possible et s’excuser les uns les autres. Surveiller les « agissements des français » et surtout, arrêter de négocier avec « les commerciaux d’AREVA ». Un gouvernement négocie avec un gouvernement et non avec une entreprise qui du reste appartient à un gouvernement. Pendant ce temps, les nigériens devront encore et une fois de plus, prendre leur mal en patience.

El Kaougé Mahamane Lawaly

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