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Discours de son excellence Hama Amadou, Président de l’Assemblée Nationale, à l’ occasion de la cérémonie d’ouverture de la première session ordinaire de l’Assemblée Nationale tchadienne au titre de l’année 2014
Publié le mardi 8 avril 2014   |  Nigerdiaspora


Assemblée
© aNiamey.com par DR
Assemblée nationale de cote d’ivoire : séance solennelle d`ouverture de la 1ère session ordinaire 2013
Mercredi 24 avril 2013. Abidjan. Plateau, palais de l`assemblée nationale. Le président de l’assemblée nationale de CI, Guillaume Soro a présidé la première session ordinaire de l’année 2013 Photo(Hama Amadou, Le président de l’assemblée nigerienne)


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C’est assurément pour moi-même et la délégation de parlementaires nigériens qui m’accompagnent, un moment de réelle satisfaction mais aussi de plaisir mêlé.
Satisfaction d’être à N’Djaména à vos côtés en ce jour d’ouverture solennelle de votre première session ordinaire pour l’année 2014 ;

DISCOURS DE SON EXCELLENCE HAMA AMADOU, PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE, A L’ OCCASION DE LA CEREMONIE D’OUVERTURE DE LA PREMIERE SESSION ORDINAIRE DE L’ASSEMBLEE NATIONALE TCHADIENNE AU TITRE DE L’ANNEE 2014

N’Djaména, le 7 avril 2014
C’est assurément pour moi-même et la délégation de parlementaires nigériens qui m’accompagnent, un moment de réelle satisfaction mais aussi de plaisir mêlé.
Satisfaction d’être à N’Djaména à vos côtés en ce jour d’ouverture solennelle de votre première session ordinaire pour l’année 2014 ;


Satisfaction d’avoir pu honorer l’agréable invitation que vous nous avez adressée, témoignant ainsi de la grande amitié qui existe et a toujours existé, entre les peuples nigérien et tchadien.


Satisfaction enfin de voir s’instaurer entre nos deux parlements des liens particuliers susceptibles de créer à travers nos deux pays, la passerelle dont l’Afrique centrale et l’Afrique de l’ouest ont besoin pour bâtir les fondations d’un rapprochement économique et social capables de mettre fin aux barrières artificielles créées délibérément par la colonisation, et qui demeurent encore hélas dans nos têtes. Ces barrières, malheureusement, font de nos deux espaces communautaires des enclaves isolées l’une de l’autre et dont les regards, chacun de son côté, sont tournés vers le monde occidental et jamais vers les frères africains.


Mais par la grâce de Dieu, le Tchad et le président Idriss Deby Itno, viennent de briser les premières planches pourries de cette barrière, en se précipitant sans calcul d’aucune sorte, au secours du Mali, pays au cœur de l’Afrique occidentale, dont certains, parmi ses plus proches voisins hésitaient, s’enlisant dans des atermoiements incompréhensibles, essayant, je ne sais pourquoi, de résoudre d’abord de fausses et inutiles équations politiques et financières, alors même que le danger qui s’est abattu sur ce pays, les guettait tous semblablement pour leur réserver un destin tout aussi funeste.


Alors que le Tchad, avec ses hommes et ses propres moyens, était arrivé aussitôt que requis, pour se retrouver aux côtés de la France, dans les montagnes des Iforas, afin de traquer et anéantir, l’engeance criminelle qui y était tapie.


C’est donc pour cette raison aussi que la délégation nigérienne et moi-même, sommes très heureux d’être les premiers parlementaires de l’espace CEDEAO, à venir ici, devant vous, honorables députés tchadiens, dire merci de vive voix, au Tchad, à son courageux peuple et à son grand président, un des plus dignes fils de notre continent.
Du reste, le Tchad a fait preuve de la même détermination dans l’esprit de l’unité africaine, pour s’impliquer avec une rare constance, dans l’œuvre salutaire de défense de la stabilité politique de ses voisins. Les centrafricains ne me démentiront pas. Même s’il faut le dire, l’ingratitude des peuples, pousse souvent ceux-ci à vouloir jeter l’opprobre sur leurs bienfaiteurs. Mais les grands dirigeants comme les grandes âmes, savent transcender ces petites mesquineries du sentiment populaire, instable et changeant, de par sa nature même.


Même s’il est vrai qu’une frange immature du peuple centrafricain s’est montré aussi ignoble qu’irréfléchi pour s’en prendre avec une haine mal contenue aux militaires tchadiens et aux ressortissants tchadiens, attitude, Monsieur le président, vile et des plus condamnables, le Tchad doit savoir que la communauté internationale et le gouvernement de transition centrafricain ont besoin de lui pour stabiliser ce pays malgré tout africain, plongé dans l’horreur de la guerre civile.


L’Afrique, autant que la communauté internationale, ont besoin du Tchad dans ce dossier. Aussi, le monde doit-il à votre peuple et à ses dirigeants, les égards dus à leurs efforts panafricanistes. Que le Tchad veuille bien donc reconsidérer sa décision. Elle est normale, car un cœur blessé mène très souvent à une réaction extrême. Néanmoins, l’enjeu est important pour l’Afrique, dont le salut ne peut être toujours dévolu à ses maîtres d’hier. C’est en cela que le Tchad est un symbole puissant de notre émancipation en devenir.


Mesdames et Messieurs,
C’est un vrai plaisir pour notre délégation d’être aujourd’hui parmi vous, parce que notre présence contribuera, j’en suis persuadé, à consolider cette fraternité de sang et de culture, jamais prise en défaut au cours de la longue histoire commune que partagent nos deux peuples, depuis la nuit des temps, histoire devenue aujourd’hui, l’humus fertile qui nourrit et enrichit les relations pacifiques et fructueuses entre nos deux Etats. Comment ne pas retenir aussi que nos deux pays, bien que sévèrement enclavés, sans accès direct à la Mer, n’en constituent pas moins, les ponts naturels et incontournables, entre l’Afrique méditerranéenne et l’Afrique noire. Une similitude de géographie qui crée entre eux, une similitude de destin. Il n’y a donc rien d’incongru à dire qu’un nigérien est bien chez lui au Tchad tout autant qu’un tchadien ne peut être ni dépaysé ni étranger au Niger.


Mais se sentir comme chez soi, ne dispense pas un homme bien élevé, d’exprimer sa gratitude à ses hôtes. Aussi voudrais-je, dire à nos frères et hôtes tchadiens, nos sincères remerciements pour les attentions particulières dont nous avons été gratifiés depuis notre arrivée en terre hospitalière du Tchad.


Mon cher frère Kabadi, je suis personnellement d’autant plus heureux d’être ici à N’Djaména à vos côtés, que j’apprécie au plus haut point et avec moi les députés nigériens dans leur ensemble, l’homme sage et pondéré que vous êtes, et surtout l’homme animé, à l’instar du président Déby Itno, d’une volonté sans pareille, de redonner un sens et un contenu réel à l’unité africaine ainsi qu’à l’intégration de notre continent sur tous les plans.


Au Niger nous en sommes convaincus. Les liens particuliers que vous vous efforcez de bâtir entre nos deux parlements en constituent la preuve concrète. Je voudrais vous assurer à notre tour, de l’inébranlable volonté qui nous habite, de contribuer activement avec vous, à créer les relations les plus actives et les plus exemplaires entre nos deux Assemblées. Nous avons, à cet égard, déjà discuté et arrêté un cadre de coopération avec vous à cette fin, lors de votre dernier séjour à Niamey. Nous souhaiterions signer un protocole d’accord pour conclure ces discussions, avant de quitter votre belle ville de N’Djaména en pleine mutation.


Monsieur le Président,
L’Afrique connaît aujourd’hui une période de croissance économique jamais égalée qui autorise à entrevoir l’avenir de notre continent sous de meilleurs auspices. Pourtant, aussi impressionnante soit-elle, cette croissance est aléatoire, car reposant essentiellement sur l’exploitation de matières premières, par conséquent sur des richesses éphémères. Au mieux, c’est un formidable tremplin, mais qui risque de ne pas servir à grand-chose, parce qu’elle ne trouve pas dans chacun de nos Etats, le relais d’une industrie locale d’offre de biens et services capable de la démultiplier. Il est utopique de penser que nous pourrons construire les fondements d’une économie dynamique, capable de rivaliser avec les autres et de soutenir le développement durable de notre continent, sans celle-ci et encore moins sans l’accès aux marchés des pays africains.
Vous l’aurez compris, la croissance est un simple levier qui si elle encourage et offre des perspectives, n’en est pour tout pays africain qu’un indicateur d’effort endogène. Aussi, est-ce une erreur grossière de considérer la croissance comme la preuve de succès économiques, parfois douteux mais toujours soporifiques, au point où, trop souvent, malheureusement, nous nous laissons aller à un endettement tout à la fois débridé et suicidaire pour nos États. C’est dire que nous devons faire attention à ne pas prendre pour la fin, ce qui n’est en réalité qu’un début, et par conséquent, oublier de préparer demain parce qu’aujourd’hui est si prégnant qu’il obscurcit l’horizon. Il est vrai que le choix n’est pas toujours facile. Il peut même parfois se révéler très difficile, tant les attentes sont fortes dans nos pays alors que tout y est prioritaire et que les populations, pressées par les impératifs de la vie quotidienne, n’ont pas toujours la patience d’attendre les retombées, hypothétiques, il faut le reconnaître, des programmes de développement.


Mesdames et messieurs,
Vous le savez autant que moi, les efforts de développement dans nos pays sont parfois plombés par des maux que nous avons, jusqu’ici, de la peine à éradiquer, ou même à contenir l’amplification. En effet, la corruption, la concussion, l’achat de conscience et le détournement des deniers et biens publics, se développent à un rythme effréné, sur le terreau fécond de notre façon africaine de conduire la gestion des affaires de l’État.


Nous devons alors combattre d’abord et vaincre nos complexes liés à une mentalité dominée par le doute de soi, devenu notre principale faiblesse. Autrement, l’embellie économique actuelle qu’affichent nos économies, tout comme les promesses qu’elle renferme, fondront comme beurre au soleil.


Dans la même optique, il nous paraît primordial, pour donner une chance à la démocratie et à l’État de droit de s’enraciner solidement dans nos mœurs politiques, pas toujours exemptes de reproches, que les acteurs politiques, qu’ils soient au pouvoir ou à l’opposition, fassent preuve de lucidité et de discernement dans les actes qu’ils posent.


Certes, la démocratie est un chantier perpétuel, un processus continu qui n’est, nulle part au monde, ni achevée ni parfaite. Nos démocraties ont donc du chemin à faire, notre apprentissage se faisant dans un contexte où d’autres préoccupations, parfois existentielles, viennent bouleverser l’agenda de la République. En effet, la question sécuritaire, qui se pose à nos États de façon récurrente, est parfois synonyme de suspension du processus démocratique, ou dans le meilleur des cas, de mise en veilleuse des libertés démocratiques. Là également, il faut faire un choix, entre, d’une part, la prise de mesures, forcément contraignantes pour les libertés publiques, afin d’assurer la sécurité ; d’autre part, la préservation et la garantie des principes et règles démocratiques, avec le risque certain d’exposer le pays à une situation aux conséquences désastreuses.


Ce dilemme face auquel nous place la gestion de l’État est toujours mal vécu dans nos pays. Il est perçu, non sans raison parfois, par les uns comme une volonté délibérée d’entraver le jeu démocratique tandis qu’il s’impose aux autres comme un devoir sacré, donc une priorité absolue de l’État. L’avenir des générations futures nous importe certes, mais que faire lorsque le présent-même est hypothétique ? La sécurité, tout comme la stabilité politique et institutionnelle de nos États, supposent de hautes exigences de la part du citoyen. Elles supposent notamment une plus grande responsabilité dans la préservation de la paix et de la quiétude sociale, une grande capacité à surmonter les épreuves difficiles et un désir toujours plus fort de vivre ensemble et de travailler ensemble pour construire nos pays.


Cette dynamique, c’est à nous, filles et fils du continent, de la construire, par nos compétences certes, mais aussi par les vertus dont nous devons être porteurs. Le parlementaire en particulier, de par la nature de ses missions, est le premier garant de cette stabilité. Qu’il flanche, et tout bascule. Il doit par conséquent se montrer à la hauteur de la confiance dont il a été investi en devenant un militant acharné de la démocratie et de l’État de droit. Il doit se battre constamment pour ne pas être en porte-à-faux avec les principes qui fondent sa mission de protection des intérêts du peuple.


Monsieur le Président,
Je disais, à l’entame de ce message que le Tchad et le Niger ont en commun bien plus qu’un simple tracé de frontière. Car, outre l’histoire, la géographie mais aussi les hommes, il y a désormais l’économie qui donnera bientôt, grâce au pipeline de 600 km qui reliera les dunes de sable d’Agadem au terminal pétrolier de Kribi, au Cameroun, un peu plus de vitalité aux relations entre nos deux pays.


C’est donc une nouvelle ère de la coopération entre le Tchad et le Niger, mais aussi entre le Cameroun et le Niger, qui va s’ouvrir et je ne trahirai sans doute pas la pensée générale dans cet hémicycle en affirmant que tout, aujourd’hui, nous commande d’accélérer le processus de l’intégration africaine. Ce partenariat stratégique, scellé par deux protocoles d’accord, est une preuve, entre autres, que nous pouvons mieux réaliser nos projets de développement si nous nous donnons la main, dans une dynamique de complémentarité et d’unité de notre continent.


Honorables députés,
Mesdames et Messieurs,
Notre responsabilité commune, je le disais tantôt, est de mettre un terme aux barrières artificielles de toutes natures érigées par l’ancien colon, aux fins de balkaniser notre continent. Et il est fort étrange que ce soit nous-mêmes africains, qui en entretenions encore à l’époque actuelle où nous nous targuons d’être libres et émancipés, la douloureuse permanence. La raison ?l’égoïsme des nations, qui malgré l’impitoyable pauvreté qui les étreint toutes, continuent malheureusement de nourrir les réticences de nombre de nos Etats à accélérer l’intégration africaine.


Cette unité de l’Afrique au Niger, nous y croyons fermement. Parce que c’est d’elle que dépend la véritable émancipation de notre continent et la réhabilitation de l’homme noir, en tant que citoyen à part entière du monde. Nous avons aussi l’intime conviction que non seulement nos parlements ont à ce propos une carte à jouer, mais qu’ils ont le devoir et les moyens de donner un coup d’accélérateur à ce processus. L’idée fait son chemin. Nos récents échanges à ce sujet à Midland, Monsieur le Président, me confortent dans l’idée que partout les responsables africains commencent sérieusement à y réfléchir. Mais pour avancer, il faut agir. Et c’est à cela que je vous invite tous chers collègues députés. Parlons-en mais surtout commençons à agir. Les peuples africains y sont prêts. Ils attendent leurs dirigeants.

Je vous remercie de votre aimable attention.

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