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Interview : Mahamadou Issoufou s’engage dans la diversification des partenaires
Publié le vendredi 15 fevrier 2013   |  Autre presse


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© Autre presse par DR
Le président du Niger Mahamadou Issoufou
Photo: SEM Mahamadou Issoufou


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Le président de la république du Niger, Mahamadou Issoufou, a accordé une interview à la Radio France Internationale (RFI) dans l’émission Internationale du 3 février 2013. Il est revenu sur la crise malienne, l'intervention militaire française, le partenariat avec Areva, la sécurité et la négociation avec MNLA.

Il s’est livré à un jeu souvent difficile de questions-réponses, surtout à une période aussi intense où notre voisin, le Mali, est en prise à une guerre imposée. Malgré, la pression des journalistes, Mahamadou Issoufou est resté imperturbable, cohérent et explicite, une attitude saluée par tous.

Le président de la république est resté, durant l’interview, clair et précis sur toutes les questions. On se souvient qu’il était le premier à tirer la sonnette d’alarme pour une intervention militaire au Mali.

Mahamadou Issoufou a salué intervention française qui a arrêté l’avancé des djihadistes : « L’intervention française était nécessaire et légitime. Si la France n’était pas intervenue après l’offensive des jihadistes sur Konna, ils seraient à Bamako. Cela veut dire que l’Etat malien serait devenu un Etat terroriste, menaçant les pays voisins. ».

Cependant, il déclaré que cette intervention ne doit pas s’arrêter tant que les menaces terroristes ne seront pas anéanties : « Je ne pense pas que l’intervention française soit terminée avec la libération des villes du nord du Mali. Les Français sont actuellement à Kidal. Il reste à remonter plus au nord, vers Tessalit. Mais même avec cela, le problème n’est pas réglé. » ainsi « L’objectif de cette guerre, c’est non seulement de libérer le nord du Mali des jihadistes et des trafiquant de drogue, mais aussi de débarrasser l’ensemble du Sahel de ces groupes […] qui constituent, non seulement, une menace pour nous, mais aussi pour vous, pour l’Europe, pour le monde entier. », avant de renchérir :

« J’ai confiance en cette force, la MISMA. Notre contingent (680 soldats) est actuellement présent à Gao, et je crois que les autres pays africains sont en train de se préparer […] Le plus important, c'est la mise en place d'une force capable de sécuriser le nord du Mali et le Mali afin de créer les conditions d’organisation d’élections libres et démocratiques. ».

La France ne sera pas seulement dans cette guerre pour le terrorisme, la relève sera faite par la force africaine de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) dont le rôle sera déterminant, car à la longue, elle prendra une autre casque : « Je ne vois pas d’inconvénient à ce que la MISMA soit transformée en un contingent de casques bleus, c’est peut-être même mieux encore. Cela donne plus de certitudes pour mobiliser de manière constante les moyens, afin que la situation puisse être maîtrisée. »

La situation sécuritaire du Niger n’est guère que celle du Mali. Il est évident que certains dispositifs n’ont pas été pris dans ces régions et qui ont pour conséquences cette situation. Au Niger, le gouvernement a préféré prendre le taureau par les cornes en s’assurant d’une grande protection avec les drones américains.

Selon Mahamadou Issoufou, le Niger n’est pas épargné des menaces, l’insécurité créée par les groupes terroristes du Nigeria sont à craindre : « Le Mali a déjà été occupé, tous nos pays sont des cibles. N’oubliez pas que nous avons une menace potentielle. Boko Haram est présent au Nigeria, et le Niger partage une frontière de 1 500 kilomètres avec le Nigeria. Donc le Niger comme tous les autres pays de l’Afrique de l’Ouest sont des cibles potentielles des terroristes. »

La France a toujours traité la question des Touaregs de manière intentionnelle. Les Touaregs ne peuvent être dissociés de la communauté touarègue, il est aussi admis que le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) n’est pas représentatif de la communauté touarègue. Cet amalgame entretenu par la France est la base des incompréhensions.

Pourquoi cette propension colonialiste est-elle régulièrement exploitée par la France pour faire pression sur ses partenaires ? Aucun Touareg n’a jamais réclamé son droit d’être de l’Azawad, ces aïeux ont fait de lui déjà fils d’Azawad, alors, vouloir réclamer cette identité est suspect. Qu’on laisse la communauté touarègue vivre en paix au lieu de les transformer en terroristes et en trafiquants.

Aujourd’hui, l’Europe se bat pour consolider son union, il est temps qu’on laisse les Africains aussi renforcer leur unité que d’essayer de morceler des territoires.

Le président de la République, Mahamadou Issoufou, a déploré la situation de l’Afrique qui ne présente pas un ensemble cohérent « Lorsque vous regardez la carte de l’Afrique, elle ressemble à un miroir brisé. Il ya tellement de frontières artificiellement mises en place que je pense qu’il ne convient pas d’en rajouter. Déjà, les pays africains ne sont pas viables, alors, les diviser, les balkaniser, ce serait mettre en place des Etats encore moins fiables […], donc il faut éviter la division du nord du Mali. ».

Pour Issoufou, il est important que les dirigeants africains puissent mettre en place des projets de développement et donner aux collectivités les moyens de se prendre en charge :« Il y a une autre façon d’associer les populations à la base, de leur permettre de prendre en main leur destin au niveau local, c’est la décentralisation. C’est ce que nous avons mis en œuvre au Niger. Cela peut être une voie pour le Mali. ». Le Niger à travers l’initiative 3N (les Nigériens nourrissent les Nigériens) ouvre la voie aux autres dans cette dynamique.

Sur la question du MNLA, le président de la république a été clair : « Ce qui est important, c’est de noter que les Touaregs ne sont pas toujours représentés par ceux qui prétendent les représenter. Le MNLA n’est pas représentatif du peuple touareg […]. La communauté des Touaregs est immense. [...] Le MNLA est minoritaire parmi les Touaregs. » Si le MNLA veut se considérer faisant partie des citoyens maliens, il doit cesser d’être un hors-la-loi : « Il me semble que le MNLA est une des causes de la crise au nord du Mali [...] Je pense que ce serait contradictoire de ne pas désarmer le MNLA par rapport à l’objectif de restauration de l’intégrité du Mali. S’ils désarment, on peut éventuellement leur donner une place à la table des négociations. ». On ne négocie pas avec un hors-la –loi.

Sur la présence de forces spéciales françaises au Niger autour des sites miniers, le président a confirmé cette présence en justifiant par une mesure de sécurité : «Je le confirme. Nous avons décidé, après ce qui s'est passé en Algérie, de ne prendre aucun risque et de renforcer la protection de ces sites. »

Par rapport à l'uranium du Niger, le Président de la république a été clair : «L'uranium ne rapporte pas suffisamment au peuple du Niger, il faut rééquilibrer le partenariat avec Areva ». Le Niger gagne seulement 100 millions d’euros, une véritable insulte. Les dispositions sont en tain d’être prises pour que certaines sociétés reviennent dans le domaine de l’Etat. D’où la nécessité d’actionner le levier de la diversification des partenaires.

Sur la question des otages, le président de la république, Mahamadou Issoufou, estime que « Selon les informations que nous avons, ils sont effectivement vivants, ils se trouvent probablement au nord du Mali, près de la frontière algérienne. »

Même si le Président de la république doit continuer à parler le langage diplomatique, il est temps que nos chefs d’Etat sortent la tête de l’eau pour dire aux occidentaux « y en a marre » et le peuple doit suivre son président. Le salut de l’Afrique réside dans ce sursaut. L’exemple des pays émergents doit réveiller l’Afrique.

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