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Interview de M. Inoussa Samna, préfet de département de Diffa : ’’Depuis trois ans, beaucoup de choses ont changé dans le département de Diffa, en termes d’améliorations’’
Publié le vendredi 18 avril 2014   |  Le Sahel




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Monsieur le préfet, l'année 2012-2013 a été marquée par des inondations provoquée par la Komadougou. Quelle a été l'ampleur des dégâts dans votre département qui semble être le plus touché?

Je voudrai tout d'abord remercier l'Office National d'Edition et de Presse pour ce privilège qu'il m'offre de parler de la situation au niveau du département de Diffa. Effectivement, les années 2012 et 2013 ont été marquées par des inondations dues aux crues exceptionnelles de la Komadougou. Selon les récits des anciens de la région, cela fait plus de 50 ans, voire 60 ans, que les populations n'ont pas vu un tel phénomène. Pour nous, c'est une conséquence manifeste et concrète du changement climatique. Et cela nous a posé beaucoup de problèmes parce que c'est un évènement auquel nous n'étions pas préparés. En 2012, quand les inondations ont été déclenchées, nous avons eu une prompte réaction des autorités au plus haut sommet.

Il vous souviendra que cela a suscité la visite du Premier ministre, Chef du gouvernement. Mais avant le Premier ministre, les autorités régionales et départementales ont très vite pris en charge les populations, ce qui nous a donc permis de pouvoir les reloger, c'est-à-dire, de les sortir des endroits où elles étaient menacées. Pour 2012 comme pour 2013, toutes les personnes affectées ont été prises en charge par l'Etat et les partenaires techniques et financiers, notamment les humanitaires. Pour ce qui est de 2012, comme ce fut le cas à Niamey, toutes ces populations ont été recasées dans des endroits où elles sont à l'abri des inondations. L'Etat leur a affecté des parcelles en bonne et due forme, leur permettant ainsi de construire des maisons ; et durant toute l'année, les sinistrés ont bénéficié de l'assistance de l'Etat et des partenaires afin de pouvoir les autonomiser.

Pour ce qui est de 2013, nous avions malheureusement eu l'expérience de 2012, ce qui a facilité notre réaction parce que ça nous a permis déjà de mettre en place des structures d'intervention rapide. Voilà pour ce qui est de 2013 qui, de façon visible, était plus grave que 2012, mais compte tenu de la thérapie que nous avons utilisée en 2012, nous avons pu gérer 2013-2014 avec beaucoup plus d'efficacité. Présentement, nous sommes en train de réfléchir pour prendre des mesures plus pérennes afin de les mettre définitivement à l'abri de ces genres de situation.

Monsieur le préfet, quelles sont les données chiffrées de ces catastrophes ?
Pour ce qui est de l'année 2012, c'est 12000 personnes qui avaient été concernées, et parmi eux, une majorité d'enfants. Pour ce qui est de 2013, ce chiffre a baissé parce que les populations ont très vite compris qu'elles seront menacées. Elles ont par conséquent pris leurs dispositions. On estime les sinistrés à près de 8000 personnes. En termes de dégâts sur les infrastructures et la production, j'avoue qu'en 2012, toute la production au bord de la Komadougou a été détruite par les eaux. Plus de 45 villages ont été affectés. Pour cette année, nous avons pris nos dispositions. C'est en ce sens que nous avons appuyé les producteurs en matériels afin qu'ils puissent construire des digues de fortune pour pouvoir se protéger. Les dégâts ont été moindres par rapport à l'an passé, mais plusieurs hectares ont été engloutis par les eaux. Du point de vue infrastructures, moins de villages ont été enregistrés. Mais la particularité de 2013-2014, c'est que l'inondation s'est étendue à des endroits qui en avaient été épargnés en 2012. Ce qui, nécessairement, nous interpelle, et nous sommes en train de réfléchir pour arriver à endiguer cette situation de façon structurelle.

Monsieur le préfet, le département de Diffa est concerné par les retournés ou les réfugiés du Nigéria, du fait de la situation sécuritaire qui prévaut dans ce pays voisin. Quelles est l'état de la situation ?

Comme vous le savez, le premier département du front par rapport au Nigéria, c'est Diffa. Depuis que ces évènements ont commencé en 2011, la situation s'est beaucoup dégradée en 2013, compte tenu des dispositions sécuritaires qui ont été prises au niveau de l'Etat du Nigéria. Nous avons trois catégories de personnes : nos compatriotes nigériens installés au Nigéria depuis plusieurs décennies, qui n'ont aucun lien avec leur pays, mais qui, aujourd'hui, compte tenu de la situation, sont obligés de revenir ; nous avons aussi d'autres compatriotes qui reviennent parce qu'ils sont à cheval entre le Niger et le Nigéria ; et enfin, nous avons des Nigérians qui ont des parents ici parce que c'est la même population. C'est une situation très inquiétante.

A chaque fois qu'on enregistre des attaques au Nigéria, tout le département est concerné. Nous avons connu une période extrêmement trouble le mois passé avec l'attaque du village de Gashkar à environ un kilomètre et demi de la frontière du Niger, où presque tout le village s'était replié vers le Niger et ils sont actuellement installés aux villages de Guésséré, Garin Dogo et d'autres villages environnants. La particularité que nous avons en termes de réfugiés dans la région de Diffa, c'est qu'il n'y a pas de camps de réfugiés. Cela est dû au fait que la Komadougou est la frontière naturelle entre le Niger et le Nigéria. Nous ne pouvons pas construire des camps à côté de l'insécurité.

Et quand on va un peu plus au nord, nous n'avons pas d'infrastructures adéquates pour construire ce genre de camps. Ce qui fait que nous avons privilégié le regroupement des personnes en familles au niveau des communes, au niveau des départements, pour pouvoir les prendre en charge. Et c'est une stratégie qui a été bien saluée par le Haut Commissariat aux Réfugiés qui nous a rendu visite il y a quelques semaines de cela. Avec les partenaires, nous mettons tout en œuvre pour prendre en charge les réfugiés. L'identification des réfugiés a commencé. La cérémonie a été lancée par le secrétaire général du Ministère de l'Intérieur. Les activités de recensement et d'identification se poursuivent, ce qui nous permettra de recenser effectivement les réfugiés qui sont venus du Nigéria, mais aussi de faire la part des choses avec nos compatriotes qui étaient installés là-bas, mais qui reviennent compte tenu de la situation.


Monsieur le préfet, quel regard jetez-vous sur les trois ans d'action du Président Issoufou Mahamadou ?
Je voudrais à ce niveau, d'abord féliciter et saluer le Président de la République pour la confiance qu'il a placée en nous pour nous permettre de pouvoir participer de façon active à l'œuvre de construction de notre pays. Je ne suis pas un habitué de mon poste actuel. J'ai beaucoup évolué dans l'observation et la contestation, et aujourd'hui, je suis dans l'action.

Je suis très fier d'être aux côtés du Président de la République et de participer à la construction de notre pays. Depuis depuis trois ans, beaucoup de choses ont changé dans le département de Diffa, en termes d'améliorations. Nous avons, par exemple, dans le domaine de l'Education, des infrastructures dans presque tous les villages. Partout où il y a des écoles, il y a des classes en matériaux définitifs.

Je m'arrête sur ce point pour souligner qu'au niveau de Diffa, nous avons un sérieux problème qui est la résistance pour envoyer les enfants à l'école. Nous avons les classes, nous avons les enseignants, mais très souvent, nous n'avons pas d'élèves. Parce qu'il y a encore une forte résistance due peut-être à la culture, et cela mérite une attention particulière, non seulement des autorités, mais surtout de toute la population, j'allais dire de tous les ressortissants de la région de Diffa.

En fait, c'est une question de fond qui doit être traitée avec beaucoup de sérieux. A cela, j'ajoute que dans tous les autres domaines, nous participons quotidiennement à la transformation des choses. Voyez-vous, la route Diffa-N'Guigmi est en train d'être refaite. Ça fait plus de 20 ans qu'il n'y a pas de goudron entre Diffa et N'Guigmi et aujourd'hui, les travaux sont bien avancés. Au niveau de l'agriculture, quand nous étions arrivés ici à Diffa en 2011, tous les produits des cultures de contre-saison (chou, salade, carotte) étaient importés de Zinder. Vous pouvez faire un tour aujourd'hui.... Tout est produit à Diffa. A l'époque, ici à Diffa, on ne cultivait que le poivron. Il y avait une forte résistance à la diversification des productions. Mais dans le cadre du Programme de la Renaissance, principalement avec l'initiative 3N, avec toutes les sensibilisations et la mise à disposition des semences aux producteurs, on n'importe rien de Zinder en termes de légumes et autres aliments.

Concernant l'environnement, Diffa est très diversifiée. Autant qu'il y a la Komadougou, une zone fertile, il y a aussi tout le nord qui est désertique. C'est beaucoup de millions qui ont été investis pour la récupération des terres, la confection des bandes pare-feux et aussi la fixation des dunes. Ces interventions permettent de fixer les populations. En effet, avec le ''cash for work'', presque toutes les populations nécessiteuses ne se déplacent plus vers le Nigéria. Non seulement, ça va leur permet d'avoir des revenus, mais aussi de participer à la protection de l'environnement. Quant à l'élevage, il y a eu beaucoup de progrès dans ce domaine avec les vaccinations, mais également les investissements dans le cadre des groupements pour créer des unités de production, et aussi des coopératives permettant aux gens de faire de l'élevage industriel. Rien que dans le département de Diffa, il existe 3 à 4 sites où les gens ont été organisés, formés, pour se prendre en charge.

Il y a également des producteurs privés qui ont été fortement soutenus dans le cadre de l'initiative 3N pour que leur production puisse être améliorée afin de subvenir aux besoins de la population de façon générale. En résumé à votre question, je pense que c'est un évènement important qu'il faut célébrer, mais aussi qu'il faut surtout encourager. Depuis trois ans, notre pays est en train d'être transformé avec beaucoup d'investissements en faveur du développement et je pense que c'est aussi un évènement de réflexion pour pouvoir aller de l'avant. Au-delà du côté festif, c'est surtout le côté réflexif qui doit primer pour que tout le monde puisse s'assumer. Pour une fois qu'on a la possibilité de participer au développement de son pays, je pense qu'on se placer au-delà de toutes les considérations pour participer au progrès du Niger. Parce qu'il ne s'agit que du Niger et c'est cela la chose la plus importante pour les Nigériens.

Siradji Sanda et M. S. Abandé Moctar, Envoyés spéciaux

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