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Lettre ouverte au président de la République
Publié le lundi 21 avril 2014   |  tamtaminfo


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© Présidence par DR
Visite d`amitié et de travail du président Mahamadou Issoufou au Gabon
Mardi 15 avril 2014. Gabon. Le président de la république, Issoufou Mahamadou a effectué une visite de 48h les 15 et 16 avril 2014. Photo : Le président de la république, Issoufou Mahamadou


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Monsieur le Président, J’ai parcouru votre bilan et je dois avouer, à mon humble avis, que vous êtes très fort. Il n’y a pas de doute, le peuple nigérien, à moins d’être ingrat, va bientôt se lever comme un seul homme, pour exiger qu’un bonus de trois ans vous soit accordé pour avoir mieux travaillé que tous les présidents réunis qui se sont succédé à la tête de l’État du Niger.
Aussi, par anticipation à ce qui ne saurait tarder, je tiens à être le premier à vous adresser mes félicitations pour cette prouesse que vous avez réussie en si peu de temps ; une prouesse qui laisse entendre que, soit Diori, Kountché et les autres ont passé le clair de leur temps à voler l’argent de l’État, soit ce sont des incapables.

C’est vrai qu’aucun d’entre eux n’a votre génie, votre patriotisme et votre intégrité. Vous êtes un génie, monsieur le Président et les intéressés (Kountché, Diori et les autres), eux-mêmes, ne pourront jamais avoir la prétention d’être votre égal. Parce que, pour avoir réussi, en trois ans, à faire ce dont vous avez fait étalage et qui a été largement commenté par vos obligés, sans avoir jamais dépassé la barre des 50% d’exécution du budget national, il faut être un démiurge.

Et je me dis qu’un peuple qui a la chance inouïe d’avoir un « homme » pareil à la tête de l’État doit rendre grâce à Dieu et remercier son bienfaiteur. Le peuple nigérien peut donc se réjouir et se frotter les mains. Ah, si seulement ils avaient su depuis bien longtemps qu’ils avaient un « démiurge », capable de transformer le gazon jauni en tartan et les cases délabrées en gratte-ciel, ils n’auraient jamais perdu leur temps et leur énergie à aller à des élections, fastidieuses et coûteuses pour le Niger.

C’est dire que si les Nigériens vous avaient accordé leur confiance depuis toutes ces années où vous vous échiniez à les convaincre, le Niger serait déjà devenu un Eldorado où le seul effort à faire pour se remplir les poches serait…de se courber pour ramasser ors et diamants. Bref, vous êtes là et je constate que les partenaires extérieurs du Niger vous chouchoutent énormément.

Pour vous faire plaisir et vous aider, les Chinois en particulier sont même prêts à faire l’impasse sur la moitié d’un prêt contracté auprès d’EXIMBANK tout en finançant plusieurs autres projets de façon altruiste. Ah, si seulement je pouvais être dans votre petit secret pour être si aimé au point que des États entiers sont prêts à construire le Niger à notre place, et avec en sus leurs propres ressources. Et malgré tout, vous vous contentez de le faire, sans tambours ni trompettes. Extraordinaire Issoufou !

Et c’est pourquoi, monsieur le Président, connaissant votre grande humilité qui, seule, explique ce silence assourdissant alors que vos succès éclatants, que dis-je, vos prouesses surhumaines, commandent et justifient que grand bruit soit entretenu autour ; sachant que vous souffrirez énormément de demander au peuple nigérien ce qui est loin d’être une faveur, mais un mérite et une gratitude de sa part, je me fais le devoir de porter l’initiative à la connaissance de mes compatriotes.

Aussi, je n’attendrai pas votre caution pour demander à nos compatriotes, au regard de vos miracles économiques, de vous accorder UN BONUS DE TROIS ANS, à la fin de votre premier mandat. A la fin du deuxième, nous verrons si nous pourrons demander six ans de bonus ou carrément faire sauter le verrou de la limitation des mandats. Pourquoi pas ?

La vérité est que vous êtes fort, monsieur le Président, et personne ne peut vous contester d’avoir réussi à surrendetter le Niger en si peu de temps. J’ai essayé de faire le point sur cet endettement inadmissible en trois ans. Mais j’ai parfaitement compris.

Vous courez derrière vos 6000 milliards. Qu’importe pour vous si le Niger doit en souffrir. C’est ce souci primordial qui a motivé ce cinéma auquel vous vous êtes livré avec le fameux train de Bolloré. Je l’ai suivi avec grand sourire. En fait, j’aurai dû pleurer pour le Niger, car c’est un drame. Vous engagez notre pays dans un projet de cette envergure sur la base d’un simple ordre de services du ministère de l’Equipement, sans appel d’offres, ce qui constitue une nième violation de la constitution de votre part.

L’étude de faisabilité de ce projet n’existe même pas encore. J’ai appris toute la pression qui est actuellement exercée sur ceux qui en ont la charge afin qu’ils la terminent rapidement et que l’atelier de validation soit tenu à très brève échéance. Qu’est-ce qui vous arrive, monsieur le Président, pour inaugurer une gare ferroviaire dont l’étude de faisabilité du rail n’est même pas encore faite ? Beaucoup de nos compatriotes l’ignorent, mais, moi, je le sais et cela m’inquiète quelque peu.

Aussi, avec tout le respect que je vous dois, je me vois, encore une fois, dans l’obligation morale de vous dire crûment la vérité : vous êtes en train de surrendetter le Niger, parfois dans des conditions scabreuses qui tranchent carrément avec les règles de gestion démocratique. Ainsi, après le deal chinois qui continue de dresser ses tentacules pour enserrer notre pays, c’est au tour de Bolloré, le camarade de l’Internationale socialiste. Je sais que mes vérités ne sont pas pour vous plaire.

Mais, je continuerai à vous les marteler tout en évitant, au maximum, les affirmations gratuites. Toutefois, je commenterai les faits, particulièrement vos actes qui violent la Constitution et mettent en péril l’économie nigérienne. C’est dans cette logique que je vous parle aujourd’hui du train. Soyez rassurés, je n’ai aucune intention de dénigrer le projet en tant que tel. J’en conteste les conditions de réalisation qui sont scandaleuses.

D’abord, l’Uemoa, qui est brandie pour camoufler ces conditions, ne finance que l’étude de faisabilité. Ce sont les pays qui financent, en particulier le Niger qui a le plus à gagner dans cette affaire. Mais vous n’avez jamais révélé les coûts aux Nigériens. Pourquoi ? Parce que vous le ne savez pas, vous-même. Et dans ce flou, ne soyez pas surpris que des esprits malins fassent courir le bruit que c’est le Niger qui s’est engagé à supporter les parts de ses voisins ?

Quant à moi, je pense que c’est normal. Vous faites cela en dehors de toute transparence et c’est très grave pour le Niger. Car, en acceptant de s’engager dans ce projet que je qualifie de tonneau de Danaïde pour le Niger, vous offrez à Bolloré le gros lot au loto de la renaissance. Il sait que, dans ces conditions floues où on lui donne cartes blanches pour financer et dresser bilan, forcément opposable au Niger, c’est le coup du siècle.

Tout comme les banques qui acceptent de l’accompagner, Bolloré n’est pas fou pour s’engager dans une telle aventure sans être sûr qu’il en sera le gagnant. En effet, sans aucune base de contrôle des investissements qui seront consentis par Bolloré, ni a priori ni a posteriori, le Niger ne peut qu’endosser ce que l’intéressé présentera demain. S’il dit qu’il faut 50 ans de concession pour espérer retirer ses sous, le Niger ne pourra que s’incliner.

En tout état de cause, vous, vous ne serez plus là pour gérer la catastrophe et on comprend fort bien que cela ne constitue pas une préoccupation pour vous. Monsieur le Président, je voudrais vous poser une question : dites aux Nigériens comment êtes-vous parvenu à réaliser 98,50% de votre programme en trois ans alors que vous n’avez jamais pu exécuter le budget de l’État à plus de 50% ? Je vous pose la question en sachant que les sources de financement sont en principe budgétisées.

Vous êtes vraiment fort, très fort, monsieur le Président et je ne me trompe pas en demandant à mes compatriotes de vous accorder un bonus de trois ans à la fin de ce premier mandat. Je vous fais également la promesse de relancer le sujet si jamais vous êtes réélu pour un deuxième mandat afin, comme je l’ai écrit plus haut, qu’il vous soit accordé un bonus de six ans ou mieux, de modifier les dispositions de la Constitution qui nous empêchent de continuer à profiter de vos bienfaits à vie.

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