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Négociations Niger – AREVA : Les erreurs du Niger !
Publié le jeudi 8 mai 2014   |  Le Souffle


Uranium:
© Autre presse par DR
Uranium: les autorités du Niger pourraient renoncer à durcir la fiscalité sur Areva


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Ballotés inlassablement par des évènements politiques qui s’accélèrent, les nigériens ont quelque peu oublié le « combat » que leur pays est en train de mener face à AREVA, le N°1 mondial du nucléaire, une entreprise détenue à 80% par l’Etat français.

Une situation créée à dessein, selon certains observateurs, pour « divertir » les nigériens et ainsi contraindre assez facilement leur gouvernement à signer un de ces « accords boiteux » engageant l’avenir de leur pays, en jouant cyniquement sur la carte de l’usure et du pourrissement de la situation interne.

De report en report, cela fait aujourd’hui cinq mois que les négociations piétinent. Dans l’intervalle, la multinationale française et le gouvernement nigérien sortent par intermittence pour « calmer » l’opinion nationale, en lui promettant une conclusion très prochaine des accords. Depuis, toujours plus rien. Alors les nigériens s’impatientent : Pourquoi AREVA refuse de se voir appliquer la loi minière de 2006, pourtant « normale » et « attractive » et que la CNPC, la SEMAFO et d’autres entreprises extractrices ont accepté sans problème ? Où se situe le problème ? Le Niger a-t-il commis des erreurs qui le prédisposent à un tel traitement de la part des français ?

Le combat du siècle !

Ils ne sont pas très nombreux, malheureusement, y compris au sommet de l’Etat, les nigériens qui ont une claire conscience, du fait que leur pays est en train de mener, ce que ailleurs dans le monde, les observateurs qualifient de « combat du siècle ». Un combat opposant David et Goliath ; un combat opposant le pays le plus pauvre de la planète doté d’uranium en quantité, au « Géant mondial du nucléaire », une entreprise appartenant à l’un des pays les plus puissants au monde et qui tente de s’en accaparer presque gratuitement. Ce combat passionne la société civile et les médias internationaux qui y ont braqué tous leurs projecteurs. Aujourd’hui, beaucoup d’ONG telle OXFAM, le ROTAB et bien d’autres observatoires et médias de part le monde, scrutent à la loupe les faits et gestes AREVA.

Et c’est peut-être là, la chance du Niger. Même si AREVA campe sur sa position, le Niger peut compter sur le soutien de la société civile nationale et internationale pour relayer son combat et l’encourager à persister. AREVA le sait plus que quiconque, elle est observée de partout. La moindre manœuvre compromettante de sa part va incontestablement provoquer un tollé généralisé. Ni bon pour l’image de la France, encore moins pour Hollande ! Pour l’instant, AREVA continue de profiter de la situation. En l’absence d’accords, ce sont les anciens textes qui lui sont appliqués ; donc la balsa continue !

Des erreurs de jeunesse ?

Notre est pays est jeune, c’est évident. Face à la vieille et rusée France et face à AREVA reconnue pour ses talents de corruptrice et de manipulatrice, le jeune quoi que téméraire Niger, ne dispose sans doute, ni de l’expertise, ni de l’altitude nécessaire lui permettant de négocier sereinement. Un combat livré à armes inégales où, n’eut été la vigilance internationale, le sort de notre pays aurait été scellé d’avance, tant il a commis des erreurs qui auraient pu lui couter cher.

La première de ces erreurs a été de négocier avec une entreprise, en lieu et place d’un pays. Notre pays n’a pas compris qu’un pays, fut-il le plus pauvre et le plus petit, ne peut négocier ses ressources et ses intérêts supérieurs qu’avec un autre pays. Les Républiques se succédant à la vitesse grand V au Niger, la 7ème République n’a réussi à capitaliser ni les méthodes, ni les acquis de la 5ème République, pendant laquelle le Président français descendait à Niamey pour négocier. En clair, dans les présentes négociations, le Niger se trompe royalement de cible. Ce n’est donc pas étonnant si jusqu’à présent, aucun des objectifs n’est atteint. En définitive, s’il ya des accords à signer, c’est avec la France qu’il faudra les négocier et non avec AREVA. L’affaire ALSTOM faisant l’objet d’âpres transactions entre l’américain Général Motors et l’allemand Siemens, directement gérée par l’Elysée, est là pour nous prouver à quel point notre pays est victime de la méprise française. Ici, le gouvernement français en quête d’opinions favorables dans les sondages, s’évertue à s’accaparer le leadership dans des négociations entre entreprises, alors qu’à contrario, avec le scénario Niger – AREVA, il abandonne le leadership des négociations aux « commerciaux d’AREVA ». Preuve une fois de plus que la France n’a pas d’amis.

L’autre erreur, c’est de négocier dans l’opacité la plus totale. Plus qu’une erreur, c’est une bévue monumentale. Au nom de quelle légitimité le gouvernement nigérien peut-il se permettre de négocier l’avenir d’une ressource nationale sans en associer, ni l’opposition politique, ni la société civile ? Ici également, la 7ème république n’a pas tiré les enseignements de la 5ème République où l’opposition et la société civile étaient associées à tous les agendas. C’est à présent que l’opinion nationale, après avoir vainement harcelé l’opposition de se prononcer sur les négociations Niger – AREVA, commence à comprendre le mutisme de celle-ci. En effet, l’opposition qui devrait légitimement y être associée, ne l’étant pas, ne peut que se taire et regarder les « pros » de la chose, surtout dans un contexte de crise politique.

Voici quelques unes des erreurs commises par notre pays, des erreurs directement imputables aux gouvernants en place qui portent l’entière responsabilité de l’échec des négociations uranifères. Car désormais, c’est d’échec qu’il faudra parler.

El Kaougé Mahamane Lawaly

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