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Mme Ousseini Camara Mariama, maire de la commune rurale de Karofane : «Nous sommes conscients de l’importance des infrastructures pour le développement d’une commune et le bien-être de ses populations»
Publié le samedi 25 mai 2013   |  Le Sahel


Mme
© Autre presse par DR
Mme Ousseini Camara Mariama


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Madame le maire, voulez-vous bien nous présenter votre entité administrative, la commune rurale de Karofane?
La commune rurale de Karofane est une commune du département de Bouza qui s'étend sur 610km2. Elle est limitée au nord par la commune rurale de Babban Katami et Bouza, à l'Est par la commune rurale de Wourno dans le département de Madaoua, au Sud par la commune urbaine de Madaoua et à l'Ouest par la commune urbaine de Bouza. Cette commune dont j'ai la charge compte 77 185 habitants. La population est essentiellement composée de Haoussas, de Peulh, et de Touaregs. Nous avons aussi des sous groupes ethniques.
Les composantes de la population vivent en parfaite symbiose et dans la paix. La commune rurale de Karofane est une entité qui regorge d'importantes potentialités, notamment agricoles. Nous avons ainsi plus de 5000 hectares exploitables en matière de cultures irriguées. Les superficies exploitées sont très importantes, mais elles le seront davantage avec les efforts que nous sommes en train de déployer. Nous espérons avoir également l'appui de l'Etat et des partenaires dans le cadre de la mise en œuvre de l'initiative 3N. La commune de Karofane est dirigée par un Conseil communal composé de 11 conseillers. Je suis la seule femme élue et par la grâce de Dieu, j'ai été choisie pour diriger le conseil.
Justement Madame le maire, que représente pour vous être maire quand on est mère de famille et comment concilier les deux charges ?
Pour moi, être maire, donc administrateur d'une commune, et être mère de famille, c'est vraiment un grand travail. C'est vrai je suis l'une des rares femmes à occuper ce poste dans notre pays depuis le début effectif de la décentralisation en 2005. Je ne sais pas si c'est un privilège ou pas pour une femme d'être maire, mais je vous assure que c'est un grand travail, une charge lourde qui nécessite un engagement fort, du courage et beaucoup de volonté. Je vous avoue que gérer une mairie et un foyer n'est pas une chose facile. Mais, personnellement, je n'ai pas trop de difficultés, peut-être parce que j'ai passé beaucoup de temps à travailler dans les associations, organismes et ONG. J'assume les deux responsabilités à la fois, avec une relative facilité. Je gère la mairie sans problème parce que je bénéficie de l'appui et de la compréhension de mes collègues, et j'arrive à m'acquitter de mon devoir de présidente du Conseil communal. Je bénéficie aussi de la compréhension de ma famille. Cela me permet de m'occuper convenablement de mon époux et de mes enfants en tant que mère de famille. Au plan social, j'honore normalement mes obligations sociales en participant aux cérémonies des baptêmes, mariages et des décès dans la commune. La responsabilité administrative ne doit pas vous faire occulter ou négliger votre famille, votre entourage, en un mot le social.
Vous venez de dire que vous avez été élue maire de votre commune par dix autres collègues du Conseil. Comment sont vos rapports avec vos collègues conseillers élus qui sont des hommes ?
Mes rapports avec les conseillers sont des rapports que tout maire doit normalement avoir avec les autres élus. C'est des rapports de confiance, d'entraide. J'ajoute que nos relations sont cordiales et honnêtes. Je n'ai pas de problème avec mes collègues malgré le fait qu'ils soient des hommes. Grâce à cette confiance, je dirige le conseil sans difficulté et nous avons une compréhension mutuelle depuis plus de deux ans que nous sommes appelés à présider au destin de notre commune. Nous partageons les informations, et en cas d'activités, chacun est responsabilisé selon la commission dans laquelle il se trouve. Nous avons au total quatre commissions, à savoir la commission culturelle, la commission mobilisation financière, la commission développement communautaire et la commission chargée de la promotion féminine.
Mme le maire, beaucoup de responsables communaux soulignent, entre autres difficultés, celle de la mobilisation des ressources. Est-ce le cas dans la commune de Karofane ?
Au sein de notre Conseil communal, la commission mobilisation des ressources est celle qui a le plus de difficultés. Nous sommes en 2013, mais jusqu'ici, nous n'avons pas pu résoudre la question des arriérés accumulés depuis l'exercice 2005 jusqu'en 2010. Quand nous nous sommes installés, nous avons essayé de régulariser les choses sans grand succès. La difficulté réside dans le fait que les administrés politisent les choses et refusent de payer les taxes, et certains ne comprennent pas l'importance malgré les efforts de sensibilisation que nous déployons. Toutefois, il y a eu une évolution par rapport à la mobilisation quand on compare avec les années antérieures. L'année précédant notre prise de fonction, la mairie avait élaboré un budget de 45 millions et elle n'a pu mobiliser que 15 millions. Notre Conseil, lui, a élaboré un budget de 61 millions en 2011 et nous avons mobilisé 35 millions, soit plus de 50%. Donc, je pense vraiment qu'il y a une évolution, surtout par rapport au plan d'investissement qui consacre le financement des actions par les partenaires. Sur ce point, sous sommes à plus de 100% avec les partenaires. L'an dernier, nous avions prévu 161 millions et nous avions eu plus de 205 millions. C'est un réel motif de satisfaction et cela nous encourage à chercher des partenaires et nouer davantage des relations, notamment dans le cadre de la coopération décentralisée.
Madame le maire, vous venez justement de parler d'investissement. Et quand on dit investissement, on pense tout de suite aux infrastructures de base. Qu'est-ce qui a été réalisé dans ce sens dans la commune de Karofane ?
Sur ce point, nous avons des projets pour développer notre commune. Nous sommes conscients de l'importance des infrastructures pour le développement d'une commune et le bien-être de ses populations. Nous avons créé un centre de formation professionnelle pour les femmes grâce à l'appui de l'ONU Femmes. Les femmes pourront apprendre des métiers afin de pouvoir, plus tard, exercer des activités génératrices de richesses. Nous avons eu à confectionner des poubelles publiques pour redonner un nouveau souffle à l'assainissement dans notre commune. Nous envisageons de construire une salle de réunion, un magasin de stockage et une boutique d'intrants. Les terrains sont déjà acquis et le processus est enclenché. En plus, nous avons des terrains pour la création d'un marché à bétail dont le dossier d'appel d'offre est lancé. Dans le domaine de l'eau, nous avons procédé au fonçage de deux puits et à la réhabilitation des deux autres. En ce qui concerne la santé, nous avons amélioré la capacité du CSI à travers l'achat de quelques matériels et le recrutement de 5 agents temporaires pour assurer la salubrité des locaux. Nous avons aussi réhabilité les toilettes, l'incinérateur et le hangar d'attente du CSI.
Le Niger a fêté la 22ème édition de la journée nationale de la femme. Pensez-vous que le combat des femmes a porté aujourd'hui ses fruits?
La femme nigérienne d'aujourd'hui n'est plus la femme nigérienne des années d'après l'indépendance. Elle a véritablement évolué, ses conditions de vie se sont améliorées, sa position sociale et politique a connu une avancée notoire. Laissez-moi-vous dire que cela n'est pas un hasard, loin de là. Les femmes ont mené un combat farouche depuis 1991, et ce combat a été fructueux. Moi, je suis une femme politique depuis l'avènement de la démocratie. Je me suis lancée dans la politique, puisque j'ai la forte conviction que les femmes ont une place à occuper et un rôle à jouer dans notre pays. C'est cette conviction qui m'a amenée à embrasser la politique, alors que j'étais au lycée. Mon histoire en dit long sur le combat des milliers d'autres femmes nigériennes qui se sont engagées, comme tous les autres citoyens, dans la politique, dans les affaires, dans les associations. Déjà en 2005, j'ai été élue conseillère communale. C'est un combat rude que j'ai mené pour arriver là et pour être maire d'une commune après une lutte âpre. Aujourd'hui, si les femmes sont ministres, députés, maires et autres responsables d'institutions, c'est une réelle avancée. Nous avons la loi sur le quota qui est appliquée et de nombreuses dispositions légales et législatives en faveur des femmes ont été adoptées et mises en œuvre dans notre pays. Tout cela, c'est le fruit du combat des femmes, et je pense que ce combat est en train de payer, car il y a une nette évolution en ce qui concerne la promotion de la femme, comparativement aux années précédant les années 1990. Cependant, il faut reconnaitre que beaucoup reste à faire pour que les femmes puissent véritablement jouir de leurs droits et participer effectivement à la gestion de notre pays.

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