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Propositions pour une dépolitisation de l’administration publique Nigérienne
Publié le lundi 27 mai 2013   |  Le Sahel




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« Laisser faire un système injuste est une collaboration à ce système; Alors les opprimés deviennent aussi cruels que l’oppresseur » disait Martin Luther King,

Dans son discours d’investiture le 07 avril 2011, le Président de la République à déclaré que « Mon ambition est de réconcilier les Nigériens, tous les Nigériens. Dans cette perspective, en plus des pouvoirs classiques (pouvoir exécutif, pouvoir législatif, pouvoir judiciaire), les partis politiques, les organisations de la société civile et la presse, participeront à la consolidation de l'équilibre des pouvoirs. Dans la même perspective, il sera mis fin à la politisation de l'administration.

En effet, qui, mieux que nous qui en avons souffert pendant une quinzaine d'années, peut y mettre fin? Le mérite, la compétence, le sens du service public, l'ardeur et la ponctualité au travail, la conscience professionnelle, la discipline, la hiérarchie et l'autorité y seront rétablis. Des dispositions seront prises pour créer un environnement et des conditions favorables à l'accroissement de la productivité des agents de l'Etat. La corruption, les passe-droits, les trafics d'influence, les détournements des deniers publics, notamment les fausses factures et les surfacturations ainsi que toutes les autres dérives seront combattus. Si nous restons fidèles à nos valeurs, alors, nous réussirons à répondre aux attentes de notre peuple. »

Nous nous sommes alors interrogés, en tant que Citoyen Nigérien, si ce pari est réussi? Malheureusement, j’aimerai bien pouvoir vous dire oui.

Pour une efficacité de notre administration, pour une marche vers le développement de notre pays, pour une amélioration de la qualité du service public, pour reconquérir la confiance des usagers du service public, nous proposons quelques pistes de réflexions dans le but de dépolitiser l’administration publique. Comment s'y prendre ? Il s'agit d'agir sur les blocages au niveau de la communication avant d'aborder les problèmes de fond.

« Dans les comptes de fées, il faut embrasser les crapeaux pour les transformer en princes charmants… » comme disait l’autre. La démarche est contre-intuitive et l'on peut comprendre que les fonctionnaires préfèrent, comme les autres d'ailleurs, étreindre la réussite, le succès et la gloire. Mais à quel prix et ce pour combien de temps et de quelle manière ?

Mal gérés, les difficultés, les réformes et les problèmes se transforment aisément en crapeaux. Plutôt que de les affronter, on préfère les déplacer, regarder de l'autre côté et se boucher le nez. Cependant, comme le disait Marc Aurel, « face à l’obstacle, il faut l’action ».

La fonction publique, en tant qu’institution, a un rôle décisif à jouer dans l’édification d’une nation.

Alors, une prise de conscience s’avère désormais nécessaire de la part des fonctionnaires publics aujourd’hui. Ils doivent adopter un comportement éthique et faire preuve de responsabilité et de transparence. Cette prise de conscience serait nécessaire du fait de l’émergence d’un consensus sur le fait qu’une bonne gouvernance et une administration publique saine sont le fondement d’un développement durable. Les incidences de pratiques contraires à l’éthique et les agissements criminels dans le secteur public sont insupportables pour l’édification d’une nation, se traduisant par une perte de confiance dans les institutions publiques et une érosion de l’état de droit lui-même.

Impuissante devant les besoins exprimés par les citoyens, incapable de s’adapter aux règles de modernité d’un contexte mondial de compétition pour l’efficacité et la qualité, Corruption, incompétence, clientélisme, absentéisme, insubordination, désorganisation, centralisation, politisation… la longue liste des maux qui gangrènent l’administration publique au Niger.

Le mal est profond. « Quand tu te présente dans un service public, le spectacle est désolant ». Les bureaux désertés par les employés partis régler quelques problèmes familiaux, tantôt c’est le chef de services qui est parti dans son village sans permission d’absence, assister à un meeting de son parti. Et donc vous devez revenir la semaine prochaine pour une signature qui aurait pu être faite pour un dossier qui ne pourrait pas attendre du fait de l’urgence de la situation. Mais hélas ! Peine perdue ! Vous allez sans doute rater ce concours car la date limite de dépôt des dossiers sera échue avant son retour.

« Tous les remèdes jusqu’ici expérimentés ont été sans effets durables ». Et pourtant face à cette situation de détérioration du service public, beaucoup de mesures ont été tentées sans succès. D’abord des notes de services pour rappeler ou renforcer les sanctions encourues, des campagnes de sensibilisation (colloques, séminaires, journée d’étude et de réflexion, réunion de service…), instauration de la journée continue afin d’aménager le temps. Malgré ces efforts le problème demeure entier.

Face à cette situation il faut agir et le plutôt sera le mieux, car il y a péril en la demeure. C’est pourquoi, nous proposons que :

L’administratif donne des orientations au politique qui ferait une option en dernier. C’est cela une démarche administrative cohérente. Ce qui n’est malheureusement pas souvent le cas. « On a souvent donné trop d’importances aux compétences politiques dans notre pays. Il est temps de faire la promotion au plus haut niveau des compétences techniques et managériales ». Il n’est pas rare de voir des cadres accuser les politiques parce qu’ils n’ont pas l’autonomie de décision.

La démocratie entraîne pour nos pays certains coûts pour lesquels les populations africaines n’étaient pas suffisamment préparées. L’un de ces coûts est lié à la qualité de nos institutions. Certaines de nos institutions ont un impact négligeable sur la vie publique de notre pays. Le Conseil Economique et Social (CESOC) par exemple est une institution limitée à un rôle de conseiller aux affaires sociales. « Toute une administration consomme des ressources publiques des contribuables » nigériens « pour donner des conseils dont le Président peut tenir compte ou non ! ». Peu de département ministériel consulte effectivement le CESOC avant la mise en œuvre de réformes qui ont pourtant un impact social évident. Le cas de la Haute Autorité à la Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), la Ligne Verte, la Haute Autorité à l’Initiative 3N, le médiateur de la République (s’il jouait promptement ce rôle, il nous aurait évité l’écriture d’un tel article, car cette problématique justifie sa création), Le Conseil de la République, Le conseil National de Dialogue Politique (CNDP) sont tout aussi sujet à interrogations. Quel est leur impact sur la gouvernance publique dans notre pays ? Comment impactent-elles les mœurs sociales ? Quels sont les transformations qu’elles ont apportées à la nation dans leur domaine respectif d’intervention ? Depuis la création de la HALCIA et la ligne verte, la corruption a-t-elle cessé ou reculé ? Quel a été le rôle du Conseil National de Dialogue Politique dans la gestion des crises socio-politiques qui ont émaillés le dernier quinquennat de Monsieur Tandja? Quel est l’utilité du Conseil Economique et Social (CESOC) dans l’armature institutionnelle nigérienne? Est-il opportun et efficace de conserver des institutions telles que le CESOC dans la nouvelle architecture institutionnelle de notre pays en cas de révision de la constitution ? Certaines institutions mises sur pied par décret présidentiel ne devraient elles pas être supprimées pour réduire le train de vie de l’état nigérien? Faut-il continuer à créer des institutions politiques au Niger parce qu’en France (notre modèle) le besoin s’est fait sentir, ce malgré nos différences culturelles ? En ce moment où la masse salariale défraie la chronique, quel est le poids des salaires des décideurs politiques et des membres des institutions de la république dans la masse salariale globale? A titre d’exemple le salaire de base du médiateur de la République est exceptionnellement plus élevé que celui de l’Agent public le mieux gradé dans la catégorie A1 (cf Grille salariale des Agents publics au Niger et la loi n°2007-026 du 13 juin 2007 portant Statut Général de la Fonction public)

Sur le plan administratif, du fait de la multiplication des départements ministériels, les structures administratives se sont multipliées. Dans certains secteurs sociaux (eau, santé, éducation) il n’est pas rare de voire plusieurs structures gérer les mêmes questions. Les exemples foisonnent. Pour vous en rendre compte essayer de récupérer les décrets portant Attributions, Organisation et Fonctionnement de plusieurs ministères. Regardez leurs organigrammes. Vous y découvrirez des incongruités. Nous aurons peut être l’occasion d’y revenir, mais si vous êtes curieux et si vous avez du temps, faites en l’expérience par vous-mêmes

Une structure administrative ou une institution de l’état, c’est des véhicules pour les responsables, du carburant, des primes et autres allocations, des occasions de corruption (pas étonnant qu’elle ne recule pas). La réduction du train de vie de l’état ne doit pas être un vain discours. Monsieur le Président de la République, vous devez montrer votre bonne foi à vos électeurs et au peuple du Niger tout entier. Vous avez à maintes reprises déclaré que vous partagiez nos peines et nos souffrances. En tant que citoyen, nous exigeons plus que des mots, nous voulons des actes, des actes forts et significatifs. Le pouvoir nous appartient. Ce pays nous appartient. Monsieur le Président, les nigériens vous ont confiés leurs destinées pour cinq ans et vous devrez en rendre compte devant eux, devant l’histoire et par-dessus tout devant Dieu. La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse. Si vous craignez Dieu, vous tiendrez compte de nos aspirations profondes.

Les réformes administratives et institutionnelles devraient passer par la suppression ou la fusion de certaines structures, notamment certains ministères. Cette réforme est indispensable plusieurs raisons :

- créer des structures plus fortes ;

- renforcer la visibilité de ces structures sur le terrain ;

- accroître l’imputabilité des responsables de ces structures dans les résultats escomptés ;

- réduire le train de vie de l’état

-. Eviter les multiples nominations partisanes en prônant le mérite puisque c’est du Niger qu’il s’agit et non pas d’une organisation politique.

Les directeurs généraux de la SONIDEP, de la NIGELEC, de la SONUCI, de l’OPVN, de l’ORTN, de la SONITEL, de toutes les sociétés d’Etat et d'une multitude d’établissements publics (dont le nigérien lambda ignore l’existence faute d’éducation, de formation et d’informations) devraient être nommés sur dossier, selon les compétences et le potentiel requis et non par leur ministre de tutelle. Pas étonnant qu’on n’arrive pas à redresser certaines entreprises qui font des pertes et dilapident les ressources publiques. « Ce sont nos enfants, ceux des pauvres, des sans voix qui payeront le lourd tribu de l’incompétence et de la mauvaise foi de certains dirigeants. Rien que pour ça nous n’avons pas le droit de nous taire ». Les Directeurs Généraux sont donc redevables des politiques. Ils ont tendance à leur renvoyer l’ascenseur, ce qui ma foi est tout à fait naturel. Il est normal pour un nigérien de se montrer reconnaissant (surtout pour quelqu’un qui occupe une place dont le mérite et les compétences ne vont jamais le permettre). Vous et moi nous ferions peut être la même chose en pareille circonstance. Pour mettre fin à ce système, je propose que les Directeurs Généraux soient recrutés par une procédure de sélection de dossiers en appel à candidature. Ce sont les volontaires et les capables qui doivent occuper désormais ces fonctions. Les Conseils d’Administrations sont composés des représentants de l’administration publique et d’autres parties prenantes. Il est temps de responsabiliser les dirigeants de nos établissements publics. Un Directeur Général doit compter sur ses compétences techniques et managériales, sur les résultats qu’il obtient et non sur ses relations politiques. Il est temps de mettre fin à 53 ans de malaises, d’incompétences, de sacrifices inutiles pour les vaillantes populations de notre pays.

On a connu des ministres qui soit ignorent soit ne respectent pas les bases du leadership et du management. Un ministre est censé être un leader ou tout au moins un manager. Comment atteindre des résultats si vous n’avez même pas une idée de ce que vous devriez faire? Certains cadres ont l’impression qu’ils sont managés par des incultes. Un ministre incompétent est source de démotivation, de frustrations et de dispersion de ressources publiques.

« Il faut organiser des séminaires gouvernementaux et de façon systématique après chaque remaniement ministériel. Il faut mettre l’accent sur le type de management en vigueur dans les multinationales ». Il y a des nigériens de l’intérieur ou de l’extérieur qui connaissent les règles managériales pour les grandes organisations. « Les ministres de la république doivent être formés sur la gestion optimale du temps, sur l’art de parler en public, sur l’art de convaincre, de négocier, la gouvernance financière, etc… Un ministre de la république doit avoir des informations en temps réel sur la vision de l’état, la politique dans son secteur d’interventions, les opportunités et les menaces potentiels de son secteur sur toute l’étendue du territoire ». Un ministre doit être choisi sur la base d’un certain nombre de critères. Mais connaissant notre environnement socio-politique, ces critères sont souvent sacrifiés pour d’autres intérêts partisans et particuliers.

Je conviens que les mesures suggérées plus haut ont leur biais ou leur insuffisances comme toute ouvre humaine d’ailleurs. Nous ne perdons pas grand-chose à essayer. Du moins, on y perdrait moins que le système actuel. Il faut dépolitiser l’administration.

Nos populations et les générations futures n’ont pas le droit de payer les erreurs des dirigeants actuels. De toute façon, ils en répondront devant l’histoire, devant le peuple et devant Dieu. Mais il est temps de renoncer à cette Afrique malade de ces dirigeants et de ces systèmes sociopolitiques. Il est temps qu’on soit respecté sur le plan international. Et pour cela, nous devons nous respecter. La restauration de l’autorité de l’Etat ne peut se faire avec le système actuel. Le vœu du Président de la République ne se réalisera qu’à travers des décisions courageuses, parfois impopulaires à court terme. Monsieur le Président, à vous seul vous ne pouvez accomplir cette vision de renaissance. L’adhésion des masses populaires de notre pays à votre vision dépend de votre capacité à tenir vos promesses. Vous rêvez grand pour ce pays, vous avez de grandes ambitions pour le Niger d’après le contenu de vos discours à commencer par le 1er, celui du 7 Avril 2011 (Vous vous en souvenez j’espère?). Les jeunes de ce pays rêvent avec vous. Vous n’êtes pas seul. Pour entamer l’accomplissement de cette vision, votre défi majeur c’est de savoir vous entourer et suivre l’évolution de toutes les situations en temps réel partout sur le territoire national. Ces quelques propositions pourraient améliorer la gouvernance sur tous les plans dans notre pays. Nous sommes reconnus pour être un pays de paix et de tolérance. Monsieur le Président, le pays vous attend et vous observe. Comme à chaque retour de voyage, nous attendons toujours que vous étonnez le monde.

« Le développement d’un pays repose sur la qualité de ses dirigeants. Mais les mécanismes de sélection, de promotion de ces dirigeants peut influer sur leur qualité » disait un Panafricaniste.

En espérant que cette contribution sonnera aux oreilles des décideurs !

Pour un Avenir Radieux au Niger !

Mr. AMADOU ADAMOU BACHIROU

Université du Sud Toulon-Var.

Faculté de Droit

Spécialité : Personnes et Procès : Pratique des Droits Fondamentaux

Tel : 0033.6.66.10.80.93

Email : fatbach125@yahoo.fr

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