Créée le 28 mai 1975 et regroupant 15 Etats membres, la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a soufflé, hier, ses 38 bougies. L'anniversaire de cette organisation d'intégration ouest africaine est célébré dans notre pays par la représentation nationale à travers une conférence publique animée à l'auditorium Sani Bako par deux éminentes personnalités, Dr Mahamane Yahaya, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Economiques et Juridiques (FSEJ) de l'Université Abdou Moumouni et M. Aboubacary Demba Lom, directeur de la Commission Economique pour l'Afrique.
Le thème débattu à cette conférence « bilan et perspectives de la CEDEAO » a permis d'édifier les participants sur l'organisation sous régionale, ses réalisations ainsi que sur les perspectives et les défis auxquels elle est confrontée. On apprend au cours de la conférence que la CEDEAO a la noble mission de promouvoir l'intégration économique dans « tous les domaines de l'activité économique, notamment l'industrie, les transports, les télécommunications, l'énergie, l'agriculture, les ressources naturelles, le commerce, les questions monétaires et financières, les questions sociales et culturelles», la coopération et l'intégration dans la perspective d'une union économique de l'Afrique de l'ouest en vue d'élever le niveau de vie des populations de l'espace.
Pour atteindre son objectif, la CEDEAO s'est dotée d'un cadre légal et des principes fondamentaux mais aussi et surtout de plusieurs institutions à l'instar de la Commission, de la Cour de justice, du Conseil des ministres, de la Conférence des présidents, du Parlement et du Conseil économique et social. La CEDEAO est une organisation sous régionale d'intégration solide en Afrique qui a réalisé beaucoup de progrès et d'avancées dans divers domaines notamment la libre circulation des personnes, la convergence macro économique, l'agriculture, la démocratie, la justice, la paix et la sécurité, l'environnement.
Pour le premier conférencier, la CEDEAO a un bilan mitigé mais encourageant quand on sait que les progrès réalisés au sein de l'espace communautaire le sont parfois dans des conditions peu favorables avec la persistance de l'instabilité politique dans certains pays et l'insuffisance des moyens. C'est pourquoi Dr Mahamane Yahaya a indiqué que la CEDEAO a des limites dans le cadre de l'accomplissement de sa mission. La libre circulation n'est par effective, l'instabilité politique n'a pas disparu, il subsiste la conflictualité entre souveraineté des Etats et impératifs communautaires, la réaction tardive face à certaines situations, la non effectivité des politique d'harmonisation.
Pour sa part, le directeur de la CEA a indiqué que les pays de la CEDEAO ont réussi à réaliser une croissance économique acceptable en dépit de la situation internationale difficile. Si la croissance est de l'ordre de 5% dans les pays membres, il n'en demeure pas moins que la CEDEAO, qui a pour mission l'intégration économique, sociale et culturelle, monétaire, a encore du chemin à parcourir dans plusieurs domaines même dans ceux où elle a réalisé des avancées significatives. La libre circulation est une quasi réussite mais la liberté d'établissement pour les citoyens ne l'est pas encore, la marche vers la monnaie unique piétine, les Etats respectent les critères de convergence selon leur désidérata a-t-il souligné. Concernant le transport, le Directeur de la CEA note l'existence des corridors mais les tracasseries routières n'ont pas totalement disparu de même que les contrôles douaniers.
En outre, beaucoup reste à faire dans le domaine des infrastructures des transports. Sur le plan organisationnel, il a souligné l'absence d'interactions entre les organisations intergouvernementales. Les Etats se retrouvent dans plusieurs organisations, mais il n'existe pas de mécanismes pour rationnaliser les ressources a fait remarquer le conférencier. C'est pourquoi, il a suggéré que les Etats élaborent une stratégie pour avoir le maximum d'efficacité. Il a en outre souligné l'importance d'impliquer les peuples dans la mise en œuvre des politiques et programmes d'harmonisation des textes de convergence.
A l'issue de la conférence, plusieurs participants ont pris la parole pour apporter leur contribution ou poser des questions d'éclaircissements. De leurs interventions, les différents orateurs ont reconnu que la CEDEAO a réalisé des œuvres utiles dans plusieurs domaines, mais il existe des insuffisances qui freinent encore la marche de l'organisation vers la réalisation des objectifs qui lui sont assignés. Ils ont tous souligné la nécessité de faire davantage pour accélérer la marche vers l'intégration.
