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M. Ibrahim Yacouba, ministre des Transports : «Nous sommes au double de la moyenne mondiale sur les deux dernières années en termes d’accroissement du nombre des passagers dans le domaine du transport aérien»
Publié le vendredi 31 mai 2013   |  Le Sahel


M.
© Autre presse par DR
M. Ibrahim Yacouba, ministre des Transports


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Monsieur ministre, sur le plan du transport aérien, en comparant Niamey à d'autres capitales de la sous-région, on peut considérer que notre pays est mal desservi. Que faites-vous pour inverser cette tendance?
Oui, c'est juste quand on regarde en termes de trafic, Niamey est une destination modeste. Mais si on regarde en termes d'accroissement du nombre des passagers, nous sommes au double de la moyenne mondiale sur les deux (2) dernières années. Nous avons certes un chiffre modeste comparé à d'autres aéroports, mais en termes de progression, nous évoluons deux fois plus rapidement que tout l'ensemble des pays. Pour y arriver, nous nous sommes imposé une politique d'offensifs tous azimuts pour demander à toutes les compagnies qui peuvent venir au Niger de venir. Nous leur avons assuré que le Niger est un pays de potentialités, c'est un pays démocratique et de sécurité.
Et il faut dire que nous avons réussi à faire venir l'une des compagnies les plus importantes au monde Turkish Airlines qui a ouvert les liaisons sur Niamey. Nous avons également signé plusieurs accords pour que d'autres compagnies puissent venir. D'autres nouvelles compagnies vont arriver à Niamey .
Et toutes celles desservant déjà notre pays ont augmentés leurs fréquences. Aucune n'a eu un recul de trafic-passagers et aucune n'a eu la volonté de quitter notre pays. Nous allons poursuivre ce travail de signataire des accords.
Le 2ème axe sur lequel nous allons travailler et qui va être un important facteur, c'est que le gouvernement a décidé de construire une nouvelle aérogare-passagers et une nouvel aérogare-fret. Donc l'aéroport de Niamey va être profondément transformé. Sur instruction de SE Mr Le Président de la Republique nous sommes entrain de mettre en place un nouveau projet de construction de l'Aéroport international de Niamey. Après ces travaux, l'aérogare actuelle va être exclusivement réservée aux vols domestiques. Nous allons construire des gares ultramodernes pour les vols internationaux. Les nigériens seront fiers du projet que nous allons porter et qui va changer le visage du Niger. Notre vœu est que le visage du Niger renaissant se découvre dès l'atterrissage à l'aéroport de Niamey. C'est un investissement de plusieurs milliards de FCFA. C'est le plus gros projet que nous allons porter en termes d'infrastructures aéroportuaires. Nous comptons construire un terminal de 20 000 m2 pour le transport-passagers et entre 12 000 et 15 000 m2 pour le fret.
Et pour les aéroports de l'intérieur qui sont tout aussi sinon plus vétustes que celui de Niamey ?
Nous sommes en train de faire en même temps le même projet pour les aéroports d'Agadez et Zinder. Ces trois (3) aéroports internationaux du Niger vont être de nouveaux aéroports. Nous allons les reconstruire et ils seront d'un standing international. Comme vous le savez, aujourd'hui il y a deux (2) sortes de labels en matière de transport aérien. Il y a un label pour les compagnies aériennes et un label pour les aéroports. C'est pourquoi, il y a des listes noires qui répertorient certaines compagnies qui ne peuvent plus voler parce qu'on estime qu'elles ne remplissent pas les conditions de sécurité suffisante. Mais, on est en train aussi d'instaurer un label pour les aéroports. Donc, si un pays ne se met pas à jour ; on risque d'arriver à un niveau où on juge que son aéroport n'est pas fréquentable. Et ça a déjà commencé pour certains pays. C'est pourquoi, nous allons rester dans les normes. Nous allons construire un nouvel aéroport passager sur le même site que l'actuel aéroport de Niamey. Je pense que les accords aériens que nous signons plus les nouvelles infrastructures aéroportuaires que nous allons réaliser vont faire en sorte que le trafic- passagers va continuer à se développer dans notre pays.
Vous avez réussi à attirer de nouvelles compagnies mais la compagnie nationale n'est pas encore opérationnelle, pourquoi ?
C'est le 3ème élément de notre politique de développement du transport aérien. La compagnie nationale a été créée en février 2013 et nous allons nommer dans les jours à venir les principaux responsables de cette compagnie. L'Etat a déjà prévu sa participation au capital dans le budget 2013. Nous avons une dizaine d' opérateurs privés nigériens qui ont manifesté leur intérêt à participer au capital de cette compagnie. Donc, s'il plait à Dieu, les responsables seront bientôt nommés et cette compagnie effectuera ces premiers vols le plus tôt possible, si tout se passe bien. Comme vous le savez, notre pays est vaste et totalement enclave, c'est pourquoi nous avons considéré au niveau du gouvernement et dans le cadre du programme de politique de renaissance, qu'il faut au minimum une compagnie aérienne durable qui puisse assurer régulièrement les vols domestiques et qui puisse aussi accompagner le développement minier et pétrolier de notre pays. Beaucoup de sociétés sont en train de s'installer au Niger pour faire de l'exploration et ou de l'exploitation minière. Nous voulons qu'il y ait des moyens de transport aérien réguliers à leur portée. En plus, cette compagnie contribuera aussi à améliorer la desserte de Niamey par rapport à certaines capitales où c'est encore insuffisant.
L'organisation du Hadj est intimement liée à la problématique du transport aérien, dans quel état d'esprit se prépare l'édition 2013 ?
J'espère que 2013 va être une meilleure organisation. En effet, le gouvernement a mis en place un commissariat dédié au Hadj. Sur ce plan, quasiment toutes les années nous avons eu de grosses difficultés pratiquement toutes les années. A partir de l'année dernière et de l'expérience que nous avons tirée de l'organisation du Hadj, le gouvernement a fait des réflexions qui ont conclu que l'une des faiblesses ou difficultés dans l'organisation du Hadj résulte du fait que nous ne disposions pas d'une structure permanente et un personnel à temps plein dédiés au Hadj. Or, on sait que tant qu'il y aura de sociétés musulmanes, il y aura le Hadj. Et c'est pourquoi, nous avons créé le commissariat. Les responsables ont été nommés, la structure est installée. Elle travaille déjà et nous la soutenons fortement. Pour lui donner tous les moyens nécessaires, nous allons très prochainement adopter un nouveau texte portant sur les conditions d'organisation du Hadj.
Tous les aspects liés, à l'inscription des pèlerins, à leur transport et à leur séjour en terre sainte vont être gérés dans le cadre de ces textes. A cela, il faut ajouter une plus grande collaboration entre les ministères en charge des transports, de l'intérieur et des affaires étrangères. Je crois que cette année, nous avons le cadre pour que le Hadj se passe bien. Mais, cela n'est pas possible sans la rigueur ou la discipline de nos compatriotes qui vont effectuer le pèlerinage. Le commissaire au Hadj a indiqué un délai impératif dans lequel, il faut s'inscrire, mais on a constaté dans les années antérieures que les gens ne respectent pas cette discipline. Or, le non respect de ce délai, a un impact sur tous les autres aspects de l'organisation du Hadj. Je profite de cet entretien pour appeler nos futurs pèlerins à se conformer au calendrier et aux échéances fixés par le commissariat au Hadj.
En somme avec un commissariat au Hadj, une compagnie nationale qui va gérer les aspects du transport des pèlerins, une réorganisation des conditions d'agrément des agences d'organisation du pèlerinage, les conditions sont réunies pour une bonne organisation du Hadj. Mais nous n'oublions pas que l'un des acteurs très faible et qui contribue à la mauvaise organisation du Hadj, c'est les agences du pèlerinage. C'est pourquoi, nous avons décidé de mieux les organiser, de mieux les responsabiliser et les structurer. Avec tous ces éléments réunis, je pense qu'en ce qui concerne le volet transport des pèlerins, tout se passera bien.
Revenons ''sur terre'', pour dire qu'il y a de la réussite dans le volet transport-voyageurs. Qu'est-ce qui a été la clé du succès de notre pays ?
Vous avez dit juste. En effet, notre pays est devenu une référence dans la sous-région en matière de transports voyageurs. Mais, cela a été réalisé au prix de mille et une difficultés. Vous vous rappelez de la résistance des syndicats des transporteurs voyageurs qui estimaient qu'on ne peut même pas imaginer qu'une compagnie puisse exister et puisse assurer des liaisons régulières. Mais la réglementation a été adoptée, des compagnies ont été créées et l'Etat a accompagné leur mise en place. Vous savez que l'Etat par sa politique d'investissement, renonce à des centaines de millions de francs de droit qui sont perçus sur l'achat des véhicules. Cette politique a permis aux opérateurs des compagnies de s'équiper en bus neufs et modernes.
Nous avons continué sur les traces des gouvernements successifs et nous avons choisi de tout faire pour protéger toutes ces structures qui participent à la modernisation du transport. Nous éliminons les formalismes et la bureaucratie qui ne sont pas nécessaires pour que ces compagnies s'installent et opèrent. Et c'est pourquoi elles se sont multipliées. Il y en a parmi elles qui ont des histoires de réussites formidables. Elles ont réussi à multiplier leurs parcs dans des proportions importantes. Tout cela a été possible parce que le gouvernement a fait le choix de soutenir le transport-voyageurs.
Mais la même réussite n'a pas pu se réaliser dans le volet du transport urbain et transport marchandise ?
C'est vrai, il n'y a pas à l'intérieur de nos grandes villes, un système de transport à la hauteur. Nous devons nous inspirer de la réussite des transports voyageurs. Et c'est pourquoi, à l'occasion de la grève des taxis urbains que nous avions gérée l'année passée, nous avons appelé les citoyens nigériens à venir investir dans ce secteur. Nous leur avons aussi promis le soutien et l'accompagnement du gouvernement. Vous avez constaté que nous avions autorisé la création d'une 2ème compagnie après Sotruni pour faire le transport urbain. Nous avons voulu que cet opérateur montre qu'il est possible de faire des affaires dans ce secteur et en même temps rendre service à la collectivité et aux citoyens. Mais nous savons que ce n'est pas suffisant, c'est pourquoi nous continuons à demander aux initiatives privées d'investir dans ce secteur.
Au niveau du gouvernement, nous avons fait des études pour voir quel système de transport urbain mettre en place au niveau de Niamey d'abord, puis dans les autres grandes villes du Niger. Dans les mois à venir, probablement à la fin de l'année, nous estimons que nous pouvons avoir un dispositif de transport urbain à mettre en place. Si l'Etat trouve les moyens de le financer, Niamey aura dans quelques années un autre visage en termes de transports urbains. Nous voudrons mettre en place des bus collectifs pour améliorer la desserte dans la ville de Niamey et pour que la collectivité ne dépende pas d'un seul mode de transport qui peut ne pas être toujours à la hauteur.
Et en ce qui concerne le transport des marchandises ?
Il y a de grosses difficultés dans ce secteur. Vous savez que dans les conventions globales que l'Etat du Niger a signées avec d'autres pays, il était convenu que le fret destiné au Niger puisse être transporté aux 2/3 par les camions nigériens. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui parce que la plupart de nos camions sont vieux. Ils ne peuvent plus donner satisfactions aux opérateurs commerciaux. On voit que ce sont des camions d'autres nationalités qui assurent le fret vers le Niger. Or, la demande des transports est bien réelle. Nous venons de terminer une étude qui montre que si vous mettez en liaison la croissance démographique et l'évolution du PIB, la demande de transport voyageurs et marchandises va augmenter considérablement, jusqu'à doubler tous les dix ans au Niger.
C'est donc un marché potentiellement porteur qui est là. Malheureusement, nous n'avons pas de camions fiables. Leur moyenne d'âge est 25-26 ans pour une moyenne sous-régionale qui tourne autour de 10 ans. C'est dire que nous sommes à la traîne. C'est pourquoi le gouvernement a mis en place un programme de renouvellement du parc automobile pour pallier le manque d'organisation et surtout le manque des moyens financiers de nos transporteurs qui ne peuvent pas acquérir des camions neufs sur fonds propres.

Ce programme prévoit l'acquisition de 600 camions neufs chaque année. Nous avons eu le soutien de l'Union Européenne qui a financé l'étude que nous venons de recevoir. L'étude a aussi permis de prévoir comment mettre en place un dispositif de gestion de ce projet. Nous sommes en discussion avec une institution financière pour nous mobiliser les 100 milliards nécessaires au financement de ce projet.
C'est un objectif que nous poursuivons ardemment parce que si nous ne réalisons pas ce programme, le Niger restera toujours à la traîne en termes de transports marchandises et donc ce secteur ne sera pas compétitif dans notre pays et il ne sera pas une valeur ajoutée pour notre économie ; pire il va coûter toujours plus cher. C'est donc une exigence économique pour nous que de développer ce secteur.
Nous avons eu beaucoup de discussions avec les transporteurs qui adhèrent entièrement à cette démarche. Ils sont en outre impatients parce qu'ils disent que tous les gouvernements ont parlé de ce programme sans arriver à le concrétiser. C'est pourquoi nous tapons à toutes les portes pour prouver que lorsque notre gouvernement s'engage dans des politiques publiques aussi importantes, il est possible de les réaliser. Nous comptons réaliser, plaise à Dieu, ce programme mais en prenant le temps qu'il faut pour qu'il n'y ait pas de ratés lorsque le programme sera mis en œuvre. C'est pourquoi nous avons commencé par cette étude. Ce programme est le plus important en matière de transport terrestre.
Un autre domaine à améliorer, c'est la sécurité routière. Comment est la situation ?
Les chiffres du Niger étaient en effet mauvais dans les années précédentes. Mais Dieu merci, le rapport 2013 a montré que le Niger a fait un bond d'au moins 10 places en termes de sécurité routière. Nos indicateurs se sont nettement améliorés et nous sommes actuellement devant des pays qui ont plus de moyens que nous et qui sont restés longtemps dans cette politique de sécurité routière. C'est ce gain-là que nous voulons consolider sur les années à venir. C'est pourquoi nous avons un nouveau projet de code de la route qui est actuellement devant l'Assemblée nationale.
Une fois adopté, ce nouveau code permettra de mieux créer les conditions de civisme sur la route. Ce texte créé aussi une Agence nationale de sécurité routière à l'instar de ce qui se passe dans tous les pays de la sous-région. En effet, si on veut faire une politique véritable de sécurité routière, il faut un instrument pour porter cette politique. Le Ministère des Transports a jugé dans sa conception et relativement à ses effectifs, que cela ne peut pas être assuré par une simple direction. Si l'Assemblée nationale adopte cette loi, nous aurons une politique véritable et un instrument pour continuer à améliorer les résultats obtenus cette année en matière de sécurité routière.
On ne saurait parler de transport sans évoquer le cas de la SNTN. Où est-ce vous en êtes par rapport à ce dossier ?
Nous avons signé au mois d'avril 2012 un accord avec un partenaire saoudien. Il était envisagé dans cet accord que la SNTN, soit reprise avec la caution d'un nouveau capital plus l'apport de véhicules en nombre pour assurer son exploitation des conditions satisfaisantes. Cet accord n'a pas prospéré, pour dire la vérité, nous n'avons pas eu beaucoup de chance et ce partenaire s'est révélé incapable de respecter et d'exécuter le moindre engagement pris. Malgré tout le travail que nous avons fait pour l'amener à honorer ne serait-ce que le quart de son engagement, ce partenaire n'a jamais pu libérer le moindre centime. Pour dire les choses telles qu'elles sont, je crois qu'ils n'ont pas les capacités des engagements qu'ils ont pris.
Nous avons alors en Conseil des ministres pris la décision de la réhabilitation de la SNTN. Aujourd'hui, nous sommes en discussion avec des partenaires marocains qui sont eux-mêmes dans le transport dans leur pays. Le processus devrait s'achever normalement au plus tard dans deux mois. C'est un engagement que nous avons signé entre les deux parties, pour que tout soit mis en œuvre pour que la SNTN puisse redémarrer dans les deux mois. Et dans le cas de ce processus chacune des parties a déjà respecté ses engagements. Le Conseil d'administration de la SNTN s'est réuni pour approuver le nouveau plan de réhabilitation de la société et les sociétés marocaines se sont réunies de leur côté pour approuver leur participation au capital de la SNTN.
Le lundi prochain, une délégation du Conseil d'administration et la direction générale de la SNTN va se rendre au Maroc pour voir ce qui est possible de finaliser. J'ai bon espoir que ce projet va se réaliser pour que la SNTN puisse redémarrer effectivement. Je connais les attentes des travailleurs, je connais ce que cette société représente pour le Niger et je connais le potentiel qu'elle a en matière de transport pour notre pays. Nous allons continuer à travailler pour arriver à cet objectif. Mais je puis vous dire que nous avons franchement eu de grosses difficultés, nous avons rencontré énormément de partenaires, nous avons quasiment fait la cour à beaucoup de repreneurs potentiels pour qu'ils s'intéressent à cette société. Mais le passif de la SNTN ne joue pas en sa faveur, beaucoup de repreneurs que nous avons rencontrés pensent qu'il est difficile d'apurer le passif, de trouver les moyens d'exploitation et espérer que la SNTN puisse être réhabilitée.
Nous, au niveau du gouvernement, nous sommes convaincus, qu'on peut la faire renaître de ses cendres, c'est pourquoi nous poursuivons cet objectif tant qu'il est possible. Et il faut dire la vérité, nous-mêmes au niveau du gouvernement, nous nous sommes fixés un certain délai à partir duquel nous allons évaluer les possibilités réelles de faire en sorte que cette société puisse redémarrer. Mais pour le moment, nous sommes entrain de travailler sur le projet nigéro-marocain de la réhabilitation de la SNTN. Je vous donne rendez-vous à la fin du mois de juin pour qu'on puisse rendre compte aux nigériens de ce que nous avons fait de cette société. C'est quand même leur patrimoine.

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