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Zinder/Forum social sur la migration clandestine à Kantché : Enrayer le phénomène de migration clandestine et ses multiples dangers
Publié le mardi 24 juin 2014   |  Le Sahel


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© Autre presse par DR
Dr Maikibi Kadidiatou Dandobi, ministre de la Population, de la Promotion de la Femme et de la Protection de l`Enfant


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La ministre de la Population, de la Promotion de la Femme et de la Protection de l'Enfant, Mme Maikibi Kadidiatou Dandobi, a présidé, jeudi dernier, à Kantché, à environ 60 km au Sud-Ouest de Zinder, l'ouverture d'un forum social sur la migration clandestine des femmes et des enfants en direction des pays de l'Afrique du Nord.
Devant les participants à ce forum qui a réuni les autorités administratives et coutumières, les chefs de villages, les représentants des populations et les candidats à l'exode, la ministre de la Population s'est dite émue car, « il est difficile de croire que même au nom de la recherche d'un mieux être, qu'un adulte expose des enfants ou qu'une mère expose ses enfants comme candidat à la migration dont l'issue n'est toujours pas favorable», a-t-elle dit. Nous sommes ici à Kantché, a-t-elle affirmé, à la demande des plus hautes autorités du pays, SE. Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'Etat, du Premier ministre, SE. Brigi Rafini, Chef du Gouvernement, pour dialoguer de manière fraternelle et poser du fond des cœurs cette problématique de la migration qui sévit dans ce département.

Le constat est désormais clair, a insisté la ministre Kadidiatou Dandobi que ce phénomène de migration des femmes avec enfants devient récurrent dans toutes les Communes du département et les autorités au plus haut niveau se fixent comme objectif de contenir ce nouveau mode de vie qui expose femmes et enfants. Malgré le triste drame qui s'était produit dans le désert et qui a endeuillé tout le peuple nigérien avec la mort de dizaines de femmes et d'enfants, la migration reste toujours une tentation pour certaines familles dans toutes les communes de Kantché.
Aussi la ministre a invité les participants à ce forum à s'investir pour cerner les motivations profondes –individuelles et collectives- qui poussent certaines personnes à s'adonner à ce nouveau mode de vie qui désormais concerne plus les femmes que les hommes. La ministre de la Population, de la Promotion de la Femme et de la Protection de l'Enfant s'est aussi interrogée sur les rôles que doivent jouer les chefs de famille, les dépositaires des valeurs et patrimoines culturels et les forces de défense et de sécurité pour enrayer ce phénomène de la migration clandestine.
Elle a rappelé que le gouvernement du Niger a adopté une politique nationale de protection sociale en 2011 qui vise à améliorer de manière significative les conditions de vie des populations les plus vulnérables. C'est dans cette optique qu'un programme de protection sociale des groupes vulnérables a été élaboré et validé par le Ministère de la Population en vue de la mise en œuvre de l'axe quatre de la politique visant les mesures spécifiques en faveur de ces groupes. Pour la mise en œuvre de ce programme de protection sociale, le département de Kantché a été identifié.
Selon la ministre, le choix de Kantché s'explique par le fait que ce département est confronté à plusieurs autres défis avec le récurrent problème de la diminution des terres cultivables, le lessivage des terres, la mauvaise répartition des pluies dans l'espace et le temps, une densité de population de 168 habitants au km carré, considérée comme la plus élevée au Niger et une démographie très galopante avec un taux de croissance de 4,3 % nettement supérieur à la moyenne nationale. La recherche de solutions consensuelles et pérennes est une urgence non seulement pour le gouvernement, mais aussi pour tous les acteurs du développement, a-t-elle expliqué.
La ministre Kadidjatou Dandobi a saisi l'occasion pour mettre à la disposition des Communes, les matériels d'allègement des tâches domestiques à Kantché et Zinder. Il s'agit de moulins à grain, de matériel aratoire et autres kits constitués de moustiquaires, de nattes, de savons pour aider les groupes vulnérables à améliorer leurs conditions de vie.
Réactions des différents responsables.
La tenue de ce Forum a permis aux autorités administratives et coutumières locales, aux candidats à la migration clandestine d'exprimer leur profonde pensée sur ce phénomène.
Le Chef de Canton de Kantché était le premier à prendre la parole pour se féliciter de la tenue de cette rencontre et pour remercier les plus hautes autorités du pays qui accordent divers appuis à sa population afin de diminuer l'ampleur de ce phénomène. ''Le département de Kantché est doigté par les uns et les autres comme une terre frappée par la malédiction où les femmes et les enfants l'abandonnent pour emprunter le chemin de la migration clandestine. Nous devrions changer de comportement pour ne pas constituer la risée du monde nigérien et du monde extérieur qui jettent un discrédit incommensurable sur notre vie quotidienne. Les dizaines de morts que nous avions enregistrés il y a quelques mois dans le désert doivent nous inciter à la réflexion afin que nous abandonnions ce chemin malencontreux de l'exode vers l'Afrique du Nord », a-t-il dit.
Le Préfet de Kantché et le Maire de la Commune sont tour à tour intervenus pour évoquer la pression démographique qui caractérise le département confronté à une insécurité alimentaire chronique incitant les couches vulnérables à s'adonner à la migration clandestine. Ils ont salué le Programme pilote de protection sociale qui s'articule autour de 9 micro- projets touchant les neuf Communes du département de Kantché pour alléger les souffrances des couches vulnérables. Ce programme pilote qui touche toutes les communes est financé à hauteur de 40 millions de FCFA par l'UNICEF.
La ministre de la Population a suivi avec intérêt l'intervention de plusieurs rescapés de la traversée du désert, des chefs religieux, des chefs de village, des chefs de famille, des femmes candidates à la migration , des transporteurs, des agents des forces de défense et de sécurité et du Président de la Commission Nationale des Droits Humains, le Pr Khaled Ikhiri.
Le Gouverneur de Zinder, M. Kalla Moutari, a dans son intervention mis l'accent sur le discrédit jeté par les observateurs sur le département de Kantché suite à la tragédie qui a fait récemment des dizaines de mort dans le désert. ''Nous allons désormais prendre les mesures de coercition pour freiner le phénomène de migration clandestine, empêcher par tous les moyens les femmes et les enfants de franchir les frontières des pays du Nord sous le prétexte de trouver une vie meilleure''. ''Nous entendons infliger des sanctions à l'endroit des passeurs et intermédiaires inhumains'', a indiqué pour sa part le Gouverneur de Zinder qui a recommandé aux autorités administratives et coutumières locales, aux chefs de village de s'investir pour entreprendre des campagnes de sensibilisation dans le souci de venir à bout de ce phénomène.
Le Président de la Commission Nationale des Droits Humains, le Pr Khaled Ikhiri, s'est déclaré bouleversé devant ce phénomène de migration clandestine qui affecte les femmes et les enfants et qui se résument à la pratique de la prostitution et de la traite des personnes punie par la loi. Après le drame dans le désert qui a endeuillé des dizaines de famille de Kantché, il est grand temps selon lui d'arrêter ce phénomène car sa pérennisation risque d'engendrer des conséquences incalculables. Il a demandé aux populations de Kantché d'inscrire leurs enfants à l'école car une jeunesse déficiente peut constituer une source d'agression à l'endroit des parents.

Des candidats témoignent
Mme Rahila Abdou, candidate à la migration témoigne :''Si nous avons choisi la migration en direction des pays du Nord, c'est parce que nos maris ne parviennent pas à satisfaire tous nos besoins. Ils nous assurent les 30 % de nos sollicitations. Et si nos filles se marient, il incombe aux femmes d'assurer les charges essentielles liées à l'achat des lits, des matelas et divers autres effets .Cette aventure a certes son côté pervers, mais les femmes en envoyant de l'argent à partir de ces pays du Nord, permettent à la famille restée au village d'acheter par exemple des animaux''.
Un chef religieux dans son témoignage affirme que l'exode de la femme en direction de l'étranger pour chercher des revenus est contraire à l'Islam. Les marabouts des différentes contrées entendent organiser des prêches à grande échelle pour sensibiliser les couples sur la responsabilité de chacun. Un agent des forces de défense et de sécurité a expliqué aux participants au Forum que pour aller à Alger, il existe plusieurs chemins. ''Ils ont deux autres options : passer par Tchintabaraden ou le Mali. Les femmes s'efforcent chaque jour que Dieu fait de se faire de faux certificats de mariage sous le fallacieux prétexte de partir à Alger rejoindre leurs maris''.
Maraima maman explique pour sa part :''Si j'ai décidé d'aller à Alger, c'est avec l'accord de mon mari et c'est dans le but d'éponger mes dettes vis-à-vis d'une ONG de la place. Dieu merci, une année passée à Alger m'a permis d'envoyer au village plus d'1 million de FCFA pour régler les dettes et faire face aux besoins de la famille.''
Quant à Mariama Issa, elle affirme ceci :''moi, je suis revenu au village car, quand on prend de l'âge, on ne peut plus être efficace dans la débrouillardise. Mme la ministre, aidez-nous à surmonter nos difficultés''.
M. Abdoulaye Abdou, candidat à la migration témoigne :''J'ai séjourné à Alger pendant plusieurs mois avec les femmes de Kantché. Elles nous rapportent qu'elles sont victimes régulièrement de viols dans les concessions où elles travaillent. Elles tombent souvent en grossesse, ces femmes mariées et reviennent au village avec des enfants nés à Alger.''.
Hadiza Ibrah , candidate à la migration précise que : "c'est avec l'aval de mon mari que j'ai effectué le déplacement d'Alger. Après un long séjour, j'ai pu avoir de l'argent pour honorer mes dettes vis-à-vis de l'ong et pouvoir éponger les dettes liées à nos deux champs mis en gage par mon mari. C'était bénéfique pour la famille''. M. Illiassou Aboubacar, transporteur indique qu'ils disposent de papiers légaux pour faire le transport sur l'axe Kantché-Agadez. ''Je ne comprends pas pourquoi, nous subissons des restrictions. Nous sommes en train d'être considérés comme des malfaiteurs pendant que nous sommes en train d'accomplir notre devoir'', a-t-il ajouté.
''Les femmes et les enfants continuent de partir. Au moment où nous tenons ce forum, certaines femmes ont déjà pris place dans des véhicules pour la migration clandestine. Elles ne vont jamais renoncer à l'exode car certaines ont pu se réaliser en épargnant et pouvoir se refaire une nouvelle vie au village avec des ressources importantes en faisant des petits investissements. Mme la ministre, aidez-nous à renouer en toute tranquillité avec le transport que nous effectuons conformément à la règlementation'', a-t-il affirmé.
Le Gouverneur de Zinder, Kalla Moutari affirme que les autorités s'engagent à faire de gros investissements pour vaincre la pauvreté et diminuer la migration clandestine. « Des dispositions sont en train d'être prises pour barrer le chemin aux exodants qui empruntent le chemin du nord. L'école est obligatoire. Vous êtes tenus d'inscrire vos enfants à l'école. Les chefs de village seront mis à contribution pour identifier les candidats à la migration pour qu'ils viennent à subir la rigueur de la loi. Nous entendons privilégier la sensibilisation avant la mise en œuvre des mesures de coercition», a-t-il ajouté.
En tirant les conclusions sur les travaux du forum, la ministre Kadidiatou Dandobi s'est exprimé en ces mots :''J'ai suivi avec grand intérêt les réelles motivations de la migration clandestine. J'ai été suffisamment édifiée par des témoignages des uns et des autres. Nous avons pris bonne note et nous entendons rendre fidèlement compte au Président de la République et au Chef du gouvernement pour que des dispositions soient prises pour enrayer ce fléau à travers une assistance accrue aux groupes vulnérables''. Elle a enfin annoncé qu'un forum sur la migration clandestine va regrouper à Kantché les régions de Diffa, Maradi, Tahoua et Zinder dans les jours à venir.

Siddo Yacouba, ANP-ONEP/Zinder

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