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Interview exclusive de Maître Souleye Oumarou, Président du MDC-YARDA
Publié le mercredi 25 juin 2014   |  Le Canard Déchaîné




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Il y a quelques semaines de cela, votre parti a organisé son premier congrès à Maradi, quel bilan tirez-vous ?

Maître Souleye Oumarou : Je remercie votre Journal, le Canard Déchaîné, pour avoir donné à notre parti le MDCYARDA de s’exprimer tant sur ses activités que sur les questions nationales et internationales qui préoccupent les Nigériens. Comme vous l’avez si bien dit, notre parti a organisé son premier Congrès statutaire à Maradi le 26 avril 2014. Nous nous réjouissons de la présence de milliers de personnes à cette manifestation, en particulier le déplacement de tous les leaders et chefs des partis politiques de l’Opposition, à savoir, S.E Mahamane Ousmane, Président du CDSRahama, Président de l’ARDR, et de S.E Seini Oumarou, Président du MNSD-Nassara et Chef de file de l’Opposition.

A ma connaissance, c’est la première fois qu’un jeune parti qui organise un Congrès à l’intérieur du pays, à presque 800 km de la capitale, voit le déplacement de tels leaders à son Congrès. Nous tenons une fois de plus à remercier ces leaders politiques ainsi que tous nos militants qui sont venus nombreux des quatre coins du pays pour assister à nos travaux. Notre seconde satisfaction, c’est d’avoir permis aux Nigériens de mieux connaître le MDCYarda et sa philosophie politique fondée sur un patriotisme exigeant et intransigeant.

Depuis ce Congrès, nous ne faisons qu’enregistrer de nombreuses adhésions des militants qui ont foi à notre projet de société et au crédit positif qu’ils accordent aux dirigeants du parti.

2- La semaine passée, l’Opposition politique ARDR, après plusieurs refus des autorités de Niamey d’autoriser la manifestation, a finalement eu gain de cause. La marche a eu lieu. Quelles sont vos appréciations ?

Maître Souleye Oumarou : Par rapport à la marche de protestation de l’Opposition, je ne peux qu’exprimer ma gratitude à l’égard de la population de Niamey et de ses environs qui est sortie en grand nombre pour nous apporter son soutien. Il est aujourd’hui évident que si le régime actuel a une légalité discutable en raison des élections passées, l’Opposition politique et, au-delà d’elle, la société civile consciente et responsable, les syndicats indépendants de toute attache politique, la presse libre qui n’émarge pas à la Présidence, toutes ces forces sociales et politiques ont aujourd’hui la légitimité politique et incarnent le pouvoir réel dans le pays. C’est justement par crainte de voir le déferlement de cette foule et de cette masse favorable à l’Opposition que des mesures d’interdiction de manifestation ont été prises par les pouvoirs publics. Or, l’un des premiers droits protégés par toutes les démocraties, et dont il est rarement porté atteinte, est la liberté de manifestation et de réunion, qui sont les symboles même de la démocratie. De tout temps, ce sont les Etats despotiques et les régimes d’exception qui violent cette liberté fondamentale. L’interdiction qui a été prise contre l’Opposition a été faite en violation de la Charte des partis politiques et du Statut de l’Opposition. En effet, s’agissant d’une manifestation manifestation de protestation de l’Opposition, celle-ci n’est soumise à aucune autorisation préalable. C’est aux pouvoirs publics et à eux seuls d’assurer le libre exercice de ce droit. Sans se réfugier à bon compte derrière la notion d’ordre public pour ne pas assurer leurs propres responsabilités en démocratie.

3) La crise politique est-elle réelle ? Quelles sont alors les perspectives pour le Niger ?

Maître Souleye Oumarou : En lisant simplement la Presse et toute la Presse, en écoutant les radios nationales tant publiques que privées, en écoutant les radios étrangères, on peut rapidement se faire une idée du climat politique qui prévaut au Niger. Les relations entre l’Exécutif et le Législatif, entre le Gouvernement et le Parlement ou tout simplement entre les deux personnalités qui incarnent les deux Institutions, à savoir Hama Amadou et Mahamadou Issoufou, les relations sont exécrables et détestables. Il en est de même entre l’Opposition et la Majorité à travers les débauchages des dissidents des partis de l’Opposition par un achat de conscience au prix fort de leurs élus, à un degré jamais égalé. Dans les rapports entre le parti présidentiel et ses alliés, ce sont également des rapports de défiance. Les partis cooptés au sein de la MRN sont des partis floués. Les dissidents de l’Opposition qui ont été recrutés par le parti présidentiel sont ceux que Lénine appelle « les Idiots utiles ». Les rapports entre le Gouvernement d’une part, la Société Civile et les Syndicats d’autre part, ne sont pas reluisants. Ils sont, à l’heure actuelle, explosifs et conflictuels. En clair, l’Etat de droit au Niger relève plus de la propagande que de la réalité. En effet, que constatons-nous aujourd’hui ?

Nous sommes au Niger en démocratie, mais sans dirigeants démocrates à la tête de l’Etat. Nous assistons à la mise en place d’un autoritarisme démocratique et d’une véritable dictature idéologique conduite par les dirigeants d’un parti militarisé et des militants extrêmement disciplinés ayant à leur tête un Chef plébiscitaire.

A la différence des autres partis politiques, le PNDS est un parti qui a une structure et une organisation de type militaire qui propose aux Nigériens un socialisme de caserne à travers la domination totale de l’Etat sur la société. A l’instar du parti léniniste, le parti présidentiel résout tous les problèmes en classant les nigériens en deux groupes : les amis et les ennemis. Comme il n’y a pas de pardon pour l’ennemi, ce type de régime se donne pour objectif de liquider tous les ennemis identifiés comme étant les responsables des difficultés qu’il rencontre.

Comme toujours, tout régime despotique s’appuie sur la police politique et le renseignement pour avoir raison de toutes les Institutions.

Pour durer et perdurer, il est obligé de mentir quotidiennement, sur ce qu’il est. Ainsi, il s’installe dans la double spirale infernale du mensonge et de la terreur inéluctable et ne voit d’issue à son échec que dans la radicalité et les purges qui s’annoncent à l’horizon. L’arrestation des militants de l’Opposition, plus particulièrement du parti Lumana entre dans le cadre de ce projet. Il en va de même des arrestations des étudiants qui réclamaient leurs droits. En l’espace de quelques jours, plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées et mises en prison. Des centaines d’autres ont subi des agressions et des violences extrêmes. Des enfants mineurs ont été pourchassés, même dans des domiciles privés où ils ont trouvé refuge.

Ce projet funeste ne pourra aboutir que si la Justice protectrice des libertés individuelles et des droits de la personne baissait les bras. Jusqu’ici, tous ceux qui ont tenté d’embrigader la Justice ont lamentablement échoué et leur projet s’est retourné contre eux.

4- Le Niger a signé des accords avec le groupe de nucléaire Français, AREVA et bientôt interviendra la signature des conventions. Quelle analyse faitesvous de ces accords ?

Maître Souleye Oumarou : Nous estimons que les Accords signés entre AREVA et le Niger ne sont ni plus ni moins qu’un acte de haute trahison et la preuve d’une connivence active entre le groupe nucléaire français et les autorités du Niger. En effet, quel a été le sens politique du Coup d’Etat de Salou Djibo le 18 février 2010 ?

Tout le monde sait que le Président Mamadou Tandja s’est engagé dans un choix périlleux pour lui-même, mais avantageux pour le Niger : la revalorisation du prix de l’uranium dans un contexte de famine cyclique et la diversification des partenaires dans l’exploitation des ressources minières. C’est dans ce contexte que le prix de l’uranium a été multiplié par cinq (5) et l’exploitation de la mine d’Imouraren ouverte à la concurrence. C’est le même Mamadou Tandja qui a fait adopter la Loi 2006 sur les Taxes minières qu’AREVA avait à son temps accepté contre son gré.

Or, tous ces acquis sont anéantis par les derniers Accords Niger/AREVA. L’exploitation d’Imouraren est enterrée après un semblant de résistance pour berner les Nigériens. Les Taxes minières également ne seront pas payées derrière un habillage technocratique. Pour mieux cacher la forfaiture, cette Convention prouve que la diversification des partenaires est définitivement abandonnée D’autant qu’en dehors d’AREVA et de notoriété publique, plusieurs partenaires extérieurs se bousculent pour exploiter Imouraren et aux conditions du Niger. Ce qui confirme l’opinion que c’est la question d’exploitation de cette mine par d’autres groupes qu’AREVA qui est la véritable cause du Coup d’ Etat de 2010. Il est certain que de tels renoncements n’ont pas été faits sans contreparties, notamment sur les échéances électorales de 2016.

Pour nous, au Mouvement pour la Démocratie et le Changement (MDC-YARDA) le Patriotisme va de pair avec le Nationalisme.

Notre combat est de récupérer, en toute indépendance et en toute souveraineté, toutes nos richesses Nationales qui ont été injustement compromises et spoliées. Nous arracherons avec l’aide de tous les Nigériens patriotes, de tous bords qu’ils soient, pour obtenir la nationalisation des compagnies minières (pétrole, uranium…) ainsi que la réparation des torts et griefs qui ont été causés aux populations nigériennes.

5-La question sécuritaire est très préoccupante aujourd’hui, pensez-vous que cela soit une raison pour que les autorités du Niger acceptent l’installation des bases militaires dans le pays ?

Maître Souleye Oumarou : Aucune raison ne peut justifier l’installation des bases militaires étrangères au Niger dont nous demandons l’élimination. En effet, toute cette histoire de sécurité dans le Sahara rentre dans le cadre de la stratégie et des grands jeux des puissances étrangères. Nous ne saurons cautionner, pour des raisons de géographie politique et de pauvreté, que nos dirigeants politiques consentent une ingérence militaire dans des conflits internes au profit des puissances étrangères.

L’exemple du Congo-Zaïre de 1960 à ce jour nous montre l’inanité de telles abdications de souveraineté. L’élimination des bases militaires étrangères va de pair avec la récupération des ressources naturelles en vertu du Principe sacro-saint de la souveraineté des Etats sur leur territoire et leurs ressources.

Tous les hommes de bonne foi connaissent le système de sécurité idéal pour l’Afrique. Surtout pour le contrôle d’un vaste territoire de 9 millions de km2 comme le Sahara. La mise en place d’une armée unique au service d’un Etat unique dans un cadre panafricain ou d’un ensemble d’Etats dans un cadre régional a été initiée, mais torpillée par ceux qui n’y ont pas intérêt et a été abandonnée.

On peut citer à titre d’exemples : la de l’ANAD (Accord de non Agression et d’Assistance en matière de Défense) créé le 09 juillet 1977 ; du PAM (Protocole d’Assistance Mutuelle en matière de Défense) le 29 mai 1981 ; de la Force Interafricaine et de la Force Panafricaine de Paix (FOPAP).

L’exemple récent du Sommet tenu à Paris sur l’invitation du Président François Hollande, des Chefs d’Etats africains concernés par la question de BOKO HARAM au Nigéria, montre la dépendance extrême de nos dirigeants visà- vis de la France en vue d’assurer notre propre sécurité. Alors celle-ci doit être notre propre affaire. Ainsi, nous assistons impuissants à la recolonisation insidieuse de nos Etats sous la direction des dirigeants que nous avons démocratiquement élus et qui ont renoncé au mandat que le peuple leur a donné contre la sauvegarde de leur pouvoir personnel et de leur propre intégrité physique. Abandonnant ainsi comme par fatalisme entre les mains des puissances impériales tous les attributs de souveraineté qui font d’un pays un Etat digne de ce nom.

Propos recueillis Ibrahim Abdou

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