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Trafic de bébés au Niger : Règlement de comptes ou fait avéré ?
Publié le mardi 1 juillet 2014   |  Le Pays


Bébés
© RFI par DR
Bébés nés à la maternité de Lagos, Nigeria.


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L’histoire ressemble à un conte de fée. Et pourtant ! Des femmes de hautes personnalités de la république nigérienne sont mêlées à une affaire de trafic de bébés. Le pot aux roses a été découvert lorsque trois épouses d’une personnalité se sont retrouvées après plusieurs décennies de mariage sans enfant, avec six jumeaux, soit deux pour chacune d’elles en l’espace de trois mois.

On savait jusque-là qu’une grossesse durait 7 ou 9 mois mais jamais, on n’avait vu une femme accoucher au bout d’un trimestre. Surtout que dans le cas d’espèce, personne dans l’entourage immédiat n’avait vu les pauvres dames mises en cause, porter une grossesse.

Les épouses de personnalités interpellées ont sans doute bénéficié du soutien de leurs maris

Bien plus curieux, c’est le fait d’entendre que les trois épouses d’un homme, fût-il une haute personnalité, peuvent, l’une après l’autre, et en l’espace de trois mois, accoucher toutes de jumeaux. L’acte viendrait d’une Nigérienne lambda des profondeurs de Tillabéri, que l’on n’aurait pas trouvé à redire outre mesure, mais qu’il émane de personnes qui sont censées incarner une certaine valeur et, qui plus est, connaissent la législation en la matière, il y a de quoi perdre son latin. Et quand on sait que l’homme et la femme, depuis Adam et Eve, ont toujours été des complices, on peut conclure que les épouses de personnalités interpellées ont sans doute bénéficié du soutien de leurs maris respectifs. Car on le sait, aucune femme en Afrique, ne peut se permettre d’adopter un enfant sans l’aval de son mari, au risque de se voir traitée de tous les noms d’oiseaux. C’est dire donc que l’on ne saurait absoudre à bons comptes le président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou et le ministre d’Etat dont les épouses méditent actuellement leur sort dans les locaux de la police nationale nigérienne. Déjà que le climat sociopolitique était très tendu entre le chef de l’Etat, Mahamadou Issoufou et le président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou en rajoute avec cette histoire peu glorieuse de trafic d’enfants que d’aucuns ont vite fait d’assimiler à une cabale montée par le pouvoir pour le griller politiquement. Ce n’est pas impossible, ce d’autant plus qu’en politique tous les coups sont permis.

Les pauvres dames tenaient à maintenir l’opinion dans une certaine illusion

Mais dans le cas d’espèce, il est très facile d’établir la culpabilité ou l’innocence des femmes interpellées. Il leur suffit d’apporter la preuve que les bébés retrouvées entre leurs mains sont effectivement les leurs. Et cela, à défaut même du test d’ADN qui offre des risques de manipulation des résultats, elles peuvent apporter les documents et autres actes médicaux obtenus lors des examens prénataux et pourquoi pas postnataux. Bref, si tout cela paraît difficile, dans la mesure où les documents peuvent se perdre ou subir la furie des eaux, qu’elles indiquent la maternité où elles ont accouché pour convaincre le procureur de la République qui dit d’ailleurs disposer d’indices suffisants, confirmant ainsi l’hypothèse d’un trafic d’enfants.

A défaut, nos pauvres dames devront répondre devant la loi qui leur sera appliquée dans doute sa rigueur, y compris leurs époux respectifs si leur complicité est établie. Elles voudraient adopter des enfants qu’elles s’y prendraient autrement, en se soumettant notamment à la réglementation en la matière. Pourquoi avoir choisi de faire dans l’illégalité ce qu’elles auraient pu faire dans la légalité ? Difficile d’y répondre, mais tout porte à croire que ces pauvres, dames, pour échapper à la risée collective, tenaient à maintenir l’opinion dans une certaine illusion, en laissant croire qu’elles étaient aussi capables d’enfanter. Et Dieu seul sait s’ils sont nombreux les pays de la sous-région où prospère ce trafic répugnant qui se passe de la légalité républicaine.

Boundi OUOBA

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