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Affaire dite de « bébés importés », le devoir de la société civile !
Publié le lundi 7 juillet 2014   |  Tamtaminfo


Bébés
© AFP par BOUREIMA HAMA
Bébés nés à la maternité de Niamey
NIGER, Niamey : Babies are seen in incubators at the maternity of Niamey on April 24, 2014. Niger`s government and humanitarians fight against the very high maternal mortality in Niger, a poor country with the highest fertility in the world.


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L’affaire dite de « bébés importés » telle que professionnellement documentée par la presse nigérienne est un phénomène grave d’atteinte aux droits humains et à la morale. La police a fait sa partition par le remarquable travail d’investigation et de collaboration avec la police du Nigéria. Les autorités judiciaires s’y engagent : le parquet de Niamey a ouvert une enquête préliminaire qui a conduit à l’interpellation d’une trentaine de personnes dont un 17 déférées à la prison civile. Les avocats s’y activent conformément à leur métier.
Les organisations de la société civile (OSC), composée des promoteurs des droits de l’enfant, des défenseurs des droits de la femme, des militants des droits humains, des acteurs de la lutte contre la corruption et les promoteurs de la citoyenneté responsable, semblent ne rien entendre encore. Or, à la lumière de l’implication des épouses des acteurs politiques et autres personnalités du pays, il y a risque d’une mauvaise interprétation et d’une banalisation de la gravité du phénomène pour notre pays. Plus que quiconque, les acteurs de la protection de l’enfant et de la promotion de la femme ainsi que les militants des droits humains en général, doivent s’activer pour que le Niger ne soit plus un pays de destination d’un trafic dégradant et indigne pour l’humanité. Avec le silence de la société civile, il y a risque de voir les auteurs et complices relaxés et les pratiques se développer; tant pis si les enfants issus de la traite doivent continuer à servir les desseins égocentriques et malveillants des hommes et femmes du Niger et d’ailleurs. Notre pays est pourtant l’un des plus féconds au monde : les femmes du Niger font 7 enfants chacune, en moyenne.

La traite des enfants est une pratique bannie dans notre pays. Les dispositifs législatif, réglementaire et institutionnel sont très explicites en la matière. La Commission Nationale de Coordination de la Lutte contre la Traite des Personnes et l’Agence Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes ont été créées par l’Ordonnance N° 2010-086 du 16 décembre 2010. Les modalités d’organisation ainsi que le fonctionnement de ces deux organes ont été déterminées respectivement par le décret N°2012-082/PRN/MJ en date du 21 mars 2012 et le décret N°2012/PRN/MJ de la même année. Le Niger avait ainsi donné forme au Protocole Additionnel de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Criminalité organisée. Cette initiative vise à combattre la traite des personnes, particulièrement des enfants tout en se conformant au Plan d’Action de la CEDEAO relatif à la lutte contre cette forme ignoble de la criminalité.
Si ce phénomène de « bébés importés » n’est pas puni, il risque d’être un recours contraire aux mécanismes sociaux de gestion de l’improductivité des hommes et des femmes, en vigueur au Niger. Il s’agit notamment des formes traditionnelles et modernes d’adoption d’enfants, conformes aux mœurs et religions des nigériens. Si les coupables ne sont pas punis conformément à l’abomination et à l’horreur de leurs actes, il ne restera plus que d’assister à une professionnalisation des réseaux de production-vente/achat de nouveau-nés, une sorte de marché à la traite négrière. Les fausses déclarations, les faux papiers, l’absence de scrupule dans l’organisation des baptêmes témoignent de l’assurance des auteurs et complices de ce réseau naissant. La corruption sur toute la ligne !
Il ne faut pas se laisser distraire par les enjeux politiciens que prend ou risque de prendre cette affaire. L’avocat du Président de l’Assemblée Nationale, dont une des femmes compte parmi les personnes présumées coupables, est confiant parce que prêt pour un test ADN. S’il est prouvé que les deux enfants appartiennent à l’épouse de Monsieur Hama Amadou, cela est largement suffisant pour comprendre qu’il ne s’agit ni de vente ni de traite de personnes. Si l’écrasante majorité des femmes ont opté pour des jumeaux (fille et garçon), d’autres ont cherché le sexe masculin comme pour bénéficier lâchement de la large part de l’héritage dont elles bénéficieraient au décès de leurs époux ; la « rivale » n’ayant que des enfants de sexe féminin. Le hic c’est que certains n’ont pas caché qu’ils étaient prêts à faire tout et à tout faire pour avoir des enfants qu’ils n’ont jamais eu biologiquement, socialement et légalement. Apparemment ces derniers ne se gêneraient pas de déclarer avoir acheté des enfants parce qu’ils ont les moyens de les éduquer. C’est cela le drame ! Il faut qu’on se mobilise pour arrêter ce genre de barbarie, ce genre de violence contre les enfants, ce genre de violence des femmes contre les femmes. En effet, des enfants sont « arrachés » (parce que vendus sous la base d’un contrat avec la femme porteuse de la grossesse) pour une autre femme (la cliente); des enfants (de sexe masculin) achetés par une femme (coépouse) pour combattre une autre (sa « rivale »), des femmes violentées par des hommes égocentriques (la femme est au debut et etc.
Les coalitions d’organisations de protection des droits de l’enfant, de lutte contre la traite des personnes, de promotion de la femme (RELTEN, CONAFE, CONIDDE, CONGAFEN, RDFN, Timidria, Réagir Dans le Monde -Tanafili, ORDH – Alhakan nana, Cadre de Concertation des Intervenants en matière de Lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants,..), religieuses (islamiques et chrétiennes) et/ou de droits humains en général (CODDH, MPCR, ANLC, CROISADE, RODADDHD,..) doivent se ressaisir. Elles doivent clairement et énergiquement condamner le trafic de bébés au Niger et encourager les autorités judiciaires à sanctionner les auteurs et complices avérés de cette forme de traite d’êtres humains, conformément à la loi. En tout cas le silence des OSC serait dramatiquement complice de la propagation des pratiques.
Il est à noter que ce n’est pas l’activisme des organisations de la société civile qui déterminerait l’issue des procédures judiciaires. Les suites des affaires devant les tribunaux genre celle des « bébés importés » sont en général déterminées par les moyens financiers mobilisés en faveur des avocats. Je voudrais juste souligner la responsabilité historique des OSC dans l’information et la sensibilisation des citoyens nigériens sur l’interdiction de l’achat, de la vente et/ou de la traite des enfants et des conséquences encourues par les auteurs, co-auteurs et complices.

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