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Jackou cultive l’ethno-régionalisme en toute impunité ?
Publié le lundi 21 juillet 2014   |  Le Courrier


Sanoussi
© Autre presse par DR
Sanoussi Tambari Jackou, conseiller avec rang de ministre au cabinet du président Issoufou


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Les téléspectateurs de certaines chaînes de télévisions privées d’obédience du pouvoir l’ont certainement constaté. Toute la semaine dernière, Sanoussi Tambari Jackou, conseiller avec rang de ministre au cabinet du président Issoufou, s’affiche en vedette sur ces chaînes.

Avec une cible et une mission précises. La cible : le parti CDS Rahama (Convention démocratique et sociale) et son président Mahamane Ousmane. La mission : traîner dans la boue le parti et son président en les couvrant de toutes les tares les plus abjectes, qui ne sont pas tolérées par la société nigérienne. La porte d’entrée pour exécuter la mission, c’est celle de l’ethno régionalisme, du dénigrement, de l’insulte, de la répugnance…

Ce qui paraît intrigant dans cette campagne de lynchage dont sont victimes le parti CDS et son président Ousmane, c’est le caractère gratuit de l’initiative. Beaucoup de Nigériens se posent la question de savoir pourquoi Jackou a décidé de s’en prendre subitement et avec une rare virulence, à Mahamane Ousmane et son parti. Pourquoi ? Puisque les explications qu’il donne pour légitimer son comportement ne convainquent pas totalement. Il dit que Mahamane Ousmane a menti sur lui, en racontant que lui, Jackou, s’est déplacé à son domicile pour lui demander pardon. Subsidiairement, il parle aussi des attaques d’Ousmane dirigées contre le président Issoufou et le PNDS Tarayya qu’il qualifie de tyran et de parti dictateur, lors des meetings organisés par l’Alliance pour la réconciliation, la démocratie et la République (ARDR) en région. Ce qui paraît insupportable aux yeux de Jackou, qui a apparemment décidé de s’ériger en défenseur devant l’Eternel du PNDS et de son président qui sont présentés comme des bons modèles.

Est-ce que ces faits que Jackou reproche à Ousmane, même s’ils sont avérés, méritent qu’il pose et débatte en toute impunité d’un sujet aussi sensible que l’ethnorégionalisme sur les médias ? C’est à cela pourtant que s’est adonné, avec délectation, le président du PNA Al’Oumma, qui revendique à la limite l’ethno-régionalisme. Et qui soutient d’ailleurs que « ²tous les Nigériens sont des ethno-régionalistes pourris » tout comme l’écrasante majorité des partis politiques, hormis le PNDS Tarayya qui a été créé sur des bases politique et idéologique. C’est quand très grave ce catalogage des Nigériens et des autres formations politiques auquel s’est livré Sanoussi Tambari Jackou, sans que cela ne suscite une quelconque réaction de réprobation. Il n’est pas évident qu’il en soit ainsi si ce discours était proféré par d’autres Nigériens ; la suite qui sera vite réservée à l’acte allait déjà être connue. Mais comme le personnage n’est pas n’importe qui, et que le but de sa sortie médiatique était de ternir l’image d’un leader de l’opposition à savoir le président Mahamane Ousmane du CDS Rahama, il n’y a rien de mal dans le discours de Jackou sur l’ethnocentrisme. Pour revenir à Ousmane et à son parti qui sont la cible des tirs sans sommation de Jackou, on se dit évidemment que la question du mensonge sur lui n’est qu’un alibi pour dresser le violent réquisitoire contre Ousmane, qui est présenté par le conseiller ministre à travers ses propos comme «un pingre», «un sournois», «un comploteur», un égoïste qui ne cherche que pour lui-même en se servant de ses camarades, qu’il instrumentalise pour le besoin de la cause. Cette présentation du président Ousmane est excessive, malveillante, pour accrocher l’opinion. Mais lors de sa deuxième sortie, Jackou ne s’est pas contenté uniquement de critiquer le CDS qui le tient toujours à coeur apparemment et Mahamane Ousmane, il n’a pas aussi raté le ministre d’Etat de l’Agriculture, Abdou Labo, malgré que ce dernier soit aujourd’hui en conflit ouvert contre Ousmane par rapport au contrôle de l’appareil politique du parti.

Le différend entre Labo et Jackou remonte, selon ce dernier, aux toutes premières années de notre processus démocratique. Il est dû au fait que Labo était un défenseur zélé de Mahamane Ousmane, dont il était d’ailleurs un instrument, un outil qu’il manie à sa guise contre les autres camarades du parti, à travers des combines de toutes sortes. Pour cela, Jackou, qui dit avoir quitté le parti CDS à cause justement des combines, a qualifié Labo de moins que rien, de valet de Mahamane Ousmane, qui a fini aussi par être combattu par ce dernier. Cette attaque contre Labo n’aurait pas surpris si celui-ci était dans l’opposition. Non ! Labo est du pouvoir qu’il a contribué à faire gagner par le candidat Issoufou en appelant les militants CDS qui lui sont favorables de voter ledit candidat. Et c’est à titre qu’il est depuis l’installation de la 7e République, ministre d’Etat dans les différents gouvernements qui se sont succédé. Mais comme on le sait, depuis quelques semaines, il a des soucis dans l’affaire dite des bébés importés du Nigeria dans laquelle sa deuxième épouse se trouve trempée et détenue à la maison d’arrêt de Kollo en compagnie d’autres dames soupçonnées aussi d’avoir eu leurs bébés dans des conditions similaires. Contrairement aux autres époux entendus et écroués, Labo est toujours libre de ses mouvements parce qu’en tant que ministre, il bénéficie d’un privilège de juridiction qui nécessite sa mise en accusation préalable par l’Assemblée nationale avant d’être entendu par la justice dans l’affaire. Pour le régime, qu’il démissionne de lui-même serait du pain béni, mais visiblement, il n’a pas l’intention de leur faire ce plaisir qui le conduira directement à l’échafaud. C’est qui laisse dire à certains au sein de l’opinion que l’attaque de Jackou contre Labo n’est pas fortuite. Elle procéderait d’uns stratégie visant à le pousser à la porte. Intelligemment, par le biais du dénigrement !

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