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Vote de la loi sur le statut autonome du personnel des douanes : le test de fidélité des «alliés potentiels»
Publié le mercredi 12 juin 2013   |  L'Evènement


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© Autre presse par DR
Fête du 1er mai du Syndicat National des Agents des Douanes (SNAD) : Le SG du SNAD prononçant son discours
Mercredi 1 mai 2013.


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« (…). Il est vrai que nous sommes de temps à autre des adversaires politiques, nous ne sommes nullement des ennemis. Au contraire, nous sommes tous des alliés potentiels». C’est ce qu’a déclaré Hama Amadou, président l’Assemblée national et leader du principal parti allié du président Issoufou lors de la commémoration du 4è anniversaire de son parti à Dosso devant une forte délégation de l’opposition.

Et bien, l’histoire vient de lui donner raison avec le vote de la Loi sur le statut autonome du personnel des cadres des douanes, le 29 mai dernier. Ce jour là, est apparue la première fissure au sein de la majorité depuis l’avènement du président Issoufou au pouvoir. Qui l’aurait crut !

Le parti de Hama Amadou, deuxième personnalité du pouvoir, montrant sa divergence avec son allié, s’est rangé du côté de l’opposition pour l’adoption de cette loi qui a recueillie un vote favorable de 54 voix pour, essentiellement émis par les députés du groupe parlementaire Lumana FA, principal allié du PNDS dans la gestion de la 7ème République, celui du Rassemblement des démocrates, un autre groupe de la majorité au pouvoir et le groupe parlementaire ARN, principale force politique de l’opposition. Le vote contre (40 voix) a quant à lui été émis par le groupe parlementaire PNDS/Tarayya, principal parti au pouvoir, soutenu par les députés de l’ANDP/Zaman Lahiya, un des plus fidèles alliés du « Guri » dans la gestion du pouvoir actuel. Selon nos sources, ce vote semble être un test de fidélité d’une probable nouvelle majorité qui se dessine et qui risquerait de mettre le Président Issoufou en cohabitation. Surtout quand on sait que le Président a bénéficié d’un sursis avec la survenance des attentats terroristes qui ont secoué la capitale et le nord de notre pays. Le résultat de ce vote du statut autonome du personnel des douanes, réconforte votre journal qui, depuis quelques mois, avait rapporté des manœuvres souterraines au niveau de certains leaders de la mouvance présidentielle dans l’optique de parvenir à une recomposition politique en défaveur du principal parti au pouvoir, le PNDS/Tarayya. C’est dire que la prochaine session du parlement risquerait d’être houleuse car, en cas de vote positif d’une motion de censure, elle enfantera de facto une nouvelle recomposition politique. Le Président Issoufou est-il prêt à accepter une telle recomposition qui l’amènera inéluctablement tout droit à une cohabitation qui risquerait d’être tumultueuse? Va-t-il changer de fusil d’épaule pour concocter une nouvelle alliance avec le MNSD Nassara, principal parti de l’opposition qui semble être plus que jamais courtisé?

Les leçons du vote

La convergence des points de vue entre l’opposition et le principal allié du Président Issoufou au pouvoir résultent d’un travail souterrain murement réfléchi dont l’épine dorsale a été l’incarcération du député de l’opposition Ibrahim Foukori, poursuivi pour blanchiment de capitaux. Cette arrestation a servi de prétexte pour ameuter tous les députés afin qu’ils fassent front commun (esprit de corps oblige) contre l’exécutif. Pour rappel, le président de l’Assemblée en violation de la séparation des pouvoirs a écrit au Premier ministre pour lui demander de mettre fin à la violation de la Constitution dans l’arrestation du député Foukori. Au vu du résultat, le plan semble avoir marché. Les députés de la majorité, regroupés au sein du Lumana et du Rassemblement des démocrates sont allés à l’encontre d’une loi de leur gouvernement pour s’entendre avec ceux de l’opposition. Du jamais vu au Niger.

Cette donne semble être un réel motif d’inquiétude pour le « Guri », surtout dans le contexte politique actuel, dominé par une forte pression sur le gouvernement qui ne serait pas, selon nos sources, à l’abri d’une motion de censure. A l’allure où vont les choses, et fort de la réussite de ce test de fidélité, point de doute que si cette motion de censure venait à être déposée, elle pourrait bien recueillir un vote favorable et faire tomber l’actuelle équipe gouvernementale.

Ce qui conduira certainement à un effritement total de cette majorité et aura également pour conséquence immédiate, soit une cohabitation, soit une recomposition ou une dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République et ce, dans l’optique de reconstituer une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale.

Un choix périlleux, dit-on, surtout quand on sait que le parti au pouvoir n’a pas la certitude d’engranger un nombre important des députés en cas des législatives anticipées. Par contre, une dissolution de l’Assemblée nationale ferait bien l’affaire de certains partis politiques, comme le MNSD qui est très courtisé par les principaux partis au pouvoir et le CDS/Rahama, absents dans leurs fiefs aux dernières législatives de 2011.

Le MNSD/Nassara courtisé

Le MNSD, Parti de l’ancien président Tandja, dont le crime aux yeux de la majorité au pouvoir serait le « Tazartché », serait selon nos informations, courtisé par les deux principaux partis au pouvoir que sont le PNDS/Tarayya et le Lumana Africa, deux partis qui ne sont plus en odeur de sainteté. C’est pourquoi, au niveau de ces formations politiques, des instructions auraient été données aux militants de ne point faire des attaques en règle qui étaient le sport favori de certains partis et leaders membres de la mouvance pour la renaissance du Niger (MRN), contre le MNSD, la principale force de l’opposition au Niger. En outre, plusieurs émissaires de deux formations politiques seraient en train de faire le pied de grue chez certains dirigeants du MNDS. On parle même des personnalités de nationalité étrangère qui seraient mises en contribution pour appâter le parti de Seïni Oumarou. Dans cette course dont l’objectif serait de mettre le MNSD dans sa gibecière, la partie semble être plus facile pour le Lumana qui a pris une large avance, sur son concurrent du fait qu’il a l’avantage d’être sorti des entrailles du MNSD. Dans la perspective de satisfaire certaines de ses ambitions politiques, le Lumana a démontré lors de la célébration du 22ème anniversaire de ce parti qu’il a besoin du MNSD. A cette occasion, le président du Lumana FA n’a pas tari d’éloges à l’endroit de ce parti, ainsi qu’à ses principaux responsables qui, selon lui, partagent encore les mêmes souvenirs qui ne peuvent être effacés en si peu de temps. Mais c’est surtout à l’occasion de la célébration du 4ème anniversaire du Lumana FA à Dosso que les signes d’un probable rapprochement entre ces deux formations politiques sont apparus au grand jour. C’est une forte délégation des leaders de l’opposition dont le président de l’ARN, Mahamane Ousmane, ainsi que des représentants personnels du président du MNSD/Nassara qui ont marqué de leur présence à cette célébration. Ali Sabo, représentant de Seïni Oumarou à cette cérémonie, n’est pas passé par quatre chemins pour rappeler le fort lien qui unit les responsables actuels du parti Lumana à ceux du MNSD/Nassara qui, selon ses propres termes, sont des «frères issus des mêmes père et mère».

Du côté du PNDS Tarraya, beaucoup de réseaux d’amis auraient été mis en branle pour amener Seïni et sa troupe à composer avec Issoufou au cas où le Lumana lui fait un faux bon. Ce qui explique l’opération de charme du Président Issoufou envers son ancien challenger Seïni Oumarou, à la tête du parti qui demeure un des plus populaires sur l’échiquier politique national. Le Président Issoufou a reçu à plusieurs reprises en l’espace de deux mois, le leader de l’opposition qui selon certaines indiscrétions lui aurait fait des propositions pour une éventuelle participation de l’opposition au gouvernement d’union nationale en raison de la situation sécuritaire complexe que vit notre pays. Selon toujours nos sources, le leader de l’opposition aurait accepté à condition que le Président Issoufou respecte l’engagement que tous les responsables politiques ont pris devant Salou Djibo, qui est celui de la dissolution de l’Assemblée à un moment ou un autre, parce que le parlement actuel ne reflète pas la représentation nationale. Alors du Lumana ou du PNDS chez qui basculera le MNDS?

Le tandem PNDS/ARN

Cette alliance aura au moins le mérite de mettre fin à l’anarchie dans les alliances politiques ou les partis de moindre envergure qui se résument parfois à leurs leaders essayent de tirer leur épingle du jeu. En outre, au gré de cette alliance, le président Issoufou peut mettre en orbite son programme de lutte contre l’impunité et aussi celui de la renaissance parce qu’il aura en face de lui une majorité stable, qui même en cas de dissolution de l’Assemblée pourrait se retrouver avec le grand nombre de parlementaires. Ce tandem pourrait aussi mettre fin aux incessants « chantages » de l’allié principal du parti au pouvoir et consacrer l’émiettement de son parti, quand on sait que l’immense majorité des militants Lumana n’aiment pas la façon de faire de leur chef. Enfin, le mérite de cette alliance pourrait permettre au MNSD, fort de son expérience en matière de gestion de crise, de donner un souffle nouveau au Président Issoufou submergé par des problèmes sécuritaires multiformes.

Du tandem Lumana/ARN

Ce rapprochement existait déjà au deuxième tour de la présidentielle avant que Hama Amadou et ces autres camarades sous la bannière de l’ARN, ne tournent casaque pour rejoindre le PNDS. Selon certaines sources, c’est malgré lui que le lion du Lumana a rejoint le camp de Issoufou. Aujourd’hui, c’est lui-même qui reconnait que cette alliance avec le « Guri » n’est pas du tout facile. A Dosso, il s’est plaint de cette alliance. Hama Amadou affirmait qu’elle est faite « de suspicion, de méfiance et d’agacement ». En prononçant ces phrases, Hama a certainement assuré ses arrières sur ses bonnes raisons de renouer avec ses amis d’hier. Son alliance avec l’ARN lui permettra de mettre fin à l’hégémonie du PNDS, et profiter pour se placer à la tête de la future coalition de l’opposition qui lui ouvrira les portes du pouvoir. Il en a montré la preuve lui et ses députés à travers ce vote, par leur capacité à pouvoir changer la tendance actuelle et imposer un nouvel ordre de gouvernance à la 7ème République.

Aussi, ce test de fidélité réussi par ces partis politiques démontre si besoin est, que ces derniers peuvent à tout moment imposer une cohabitation à leur convenance. Mais le grand risque qui guette le Niger, c’est que les principaux acteurs qui sont à l’origine de la cohabitation de 1995 sous le régime de la 3ème République, sont les mêmes qui militent pour une nouvelle cohabitation. Toutes les forces centrifuges sont aux aguets et attendent le moindre faux pas d’une classe politique incorrigible pour imposer aux nigériens une nouvelle chienlit.

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