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La SONITEL crie au secours!
Publié le vendredi 15 aout 2014   |  Tam-tam


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© Autre presse par DR
La SONITEL crie au secours!


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Les Nigériens sont-ils mus par un certain patriotisme ? A première vue, par esprit de fierté nationale, l’on serait tenté de dire oui. Mais au rythme où vont les choses dans le domaine des télécommunications, l’on serait tenté de douter de cette première qui a tout d’une affirmation gratuite. En effet, la situation dans laquelle se trouve la Société Nigérienne de Télécommunications (SONITEL) doit interroger plus d’un Nigérien par rapport à la défense et la préservation du patrimoine national.

Aujourd’hui, cette société qui est pionnière dans le domaine des télécommunications au Niger, se trouve dans une situation peu enviable eu égard à l’autorisation données aux opérateurs de téléphonie étrangers par rapport à la liaison par fibre optique. Une injure faite aux Nigériens patriotes qui savent que le monopole de la fibre optique est détenu par la SONITEL. Pour vous permettre de juger de l’anomalie de cette autorisation, il faut juste se rappeler l’ordonnance n°99-045 du 26 octobre 1999, portant réglementation des télécommunications. Cette ordonnance dispose à son article 58 que « des sanctions sont prévues à l’encontre de l’opérateur qui aura établi ou exploité un réseau ou un service perturbant le fonctionnement des réseaux ou des services existants ».

De plus, la loi n° 2005- 3] du 01/ 12/2005 modifiant l’ordonnance n°99-044 portant création organisation et fonctionnement de l’Autorité de Régulation multisectorielle(ARM), â son article 2 et l’alinéa 3 sur les missions de chaque secteur qu’elle est chargée de réguler, précise entre autres que cette institution doit promouvoir le développement efficace du secteur en veillant, notamment à l’équilibre économique et financier et à la préservation des conditions économiques nécessaires à sa viabilité. L’équilibre économique et financier dont il est question se rapporte à la viabilité des opérateurs, relativement aux investissements réalisés. Le cas de la fibre optique déjà réalisée par la SONITEL peut être logé dans ce cadre. Les syndicats du secteur ont sonné l’alerte à plusieurs reprises en vain.

Les puissants groupes financiers qui sont derrière les opérateurs de téléphonie mobile ont souvent eu le dessus. Les multiples déclarations des structures de la société civile n’y ont rien fait. Au point où à un certain moment de la crise, ces responsables d’opérateurs de téléphonie se sont crus en droit de commettre un crime de lèse-majesté en adressant une lettre musclée au Président de la République. Le décret n° 2000-399/ PRN/MC du 20 octobre 2000, pris en application de l’article 41 de l’ordonnance n°99- 045 du 26 octobre 1999 portant réglementations des télécommunications, détermine les conditions générales d’interconnexion des réseaux de télécommunications, fait en principe partie de la panoplie de lois sensés protégés les sociétés de téléphonie mobiles et internet du Niger de la gloutonnerie des opérateurs étrangers.

Il en est de même de l’ordonnance N° 2010- 89 du 16 décembre 2010 modi- fiant et complétant l’ordonnance N°99-045 du 26 octobre 1999, portant réglementation des télécommunications au Niger actuellement en vigueur. L’interconnexion des réseaux de télécommunications vise entre autres à associer l’ensemble des réseaux et services au sein d’un réseau national nigérien; garantir l’efficacité technique de ce réseau national aux meilleures conditions économiques; favoriser l’émergence de services utilisant les infrastructures des réseaux existants. Il apparait, au vu de ce qui précède, que l’Etat peut prendre les dispositions nécessaires pour d’une part, mutualiser les infrastructures des télécommunications au Niger, mais également d’autre part, assurer à la SONITEL et SAHELCOM une exclusivité dans le domaine de la fibre optique afin d’assurer à ces deux sociétés nationales une bonne compétitivité.

Du reste, Les syndicats nigériens du secteur des télécommunications ont toujours exigé du gouvernement l’interdiction formelle de la duplication des infrastructures en fibre optique par les opérateurs de téléphonie mobile évoluant au Niger. Mais de tout cela semble se solder par la sourde oreille incompréhensible des autorités nigériennes. Les Nigériens ont l’amère impression que lesdites autorités préfèrent faire la part belle aux opérateurs de téléphonie mobile étrangers au lieu de s’intéresser au développement et à la survie de la SONITEL. Un développement qui doit passer nécessairement par le monopole de la fibre optique. Un monopole salutaire qui devrait permettre à la SONITEL de jouer le rôle de grossiste auprès duquel les opérateurs de téléphonie mobile viendraient demander des autorisations contre paiements de sommes d’argent qui vont ensuite participer à la consolidation de l’économie nationale.

Ce qui est loin d’être le cas des opérateurs de téléphonie mobile étrangers dont les propriétaires se trouvent à l’étranger. Aujourd’hui, plus que jamais se pose la question de la défense des intérêts nationaux face à des grands conglomérats étrangers qui n’ont qu’un seul leitmotiv : engranger et sucer les ressources financières des citoyens et des consommateurs nigériens au profit des intérêts étrangers Le plus inquiétant, c’est cette let- tre adressée par l’Autorité de Régulation de la Téléphonie et des Postes (ARTP) adressée au Président de la République alors même que l’institution est sous la tutelle du Cabinet du Premier Ministre. L’ARTP a ainsi brulé la politesse au Cabinet du Premier Ministre auquel pourtant elle doit en principe s’adresser en premier lieu pour toutes questions liées aux opérateurs de téléphonie mobile au lieu d’adresser une ampliation. Pourquoi l’ARTP n’a- t-elle pas passé par le Cabinet du Premier Ministre ?

La question reste aujourd’hui sans réponse. Il reste que les faits sont têtus et démontrent si besoin est que toute décision visant à autoriser les opérateurs de téléphonie mobile étrangers à implanter une fibre optique autre que celle de la SONITEL risque d’entrainer une descente aux enfers d’une des rares entreprises nationales qui continuent de fonctionner dans le tissu industriel quasi inexistant du Niger. Pour répondre aux désidératas du FMI et de la Banque Mondiale, et au nom de la libéralisation du secteur, les députés nationaux avaient décidé, le vendredi 25 mai 2012, de retirer le monopole de l’Internet par fibre optique à la SONITEL. Ce qui sonne comme un arrêt de mort pour cette société qui voit s’envoler la possibilité d’engranger des ressources indispensables au budget national. La SONITEL perdra ainsi l’essentiel de sa clientèle par la vente de l’internet.

Toutes les réunions et tous les comptes-rendus des réunions et les rapports élaborés par les techniciens du secteur pour dissuader les autorités nigériennes d’aller dans le sens de ce retrait de monopole n’ont donc servi à rien. L’un des compte-rendu de rapport de réunion rédigé par le département communication du Cabinet du Premier Ministre, le 14 mars 2014, avait alerté les autorités nigériennes en ces termes : « En réponse aux commentaires et explications de la société Orange-Niger, nous avons aussi interprété et commenté les dispositions de l’article 8.2.1 et celles du décret 2012- 527 pour faire ressortir qu’une liaison filaire ne doit pas être confondue à celle d’une liaison fibre optique et établir son propre réseau n’exclut pas le respect de la réglementation en vigueur ».

L’adoption d’un décret, le 6 décembre 2012, qui renforce la loi 99-045 contre la duplication des infrastructures des télécoms, n’en a également pas refroidis les ardeurs des opérateurs de téléphonie mobile étrangers qui ont pignon sur rue pour faire déplacer une montagne. Les autorités nigériennes sont aujourd’hui interpellées face à cette situation absurde où des opérateurs de téléphonies mobile vont importer la fibre optique alors même que la disponibilité est indéniable sur le plan national. Il est aujourd’hui indéniable que financièrement parlant, le monopole de la fibre optique par les deux entreprises nationales que sont la SONITEL et SAHELCOM allait permettre, à terme, à l’Etat d’engranger plusieurs dizaines de milliards FCFA par an. Mais avec la fin de l’exclusivité du chantier de la fibre optique par la SONITEL, ce sont de gros manque-à-gagner qui vont être ressentis par les caisses de l’Etat.

Mais là où le bat blesse le plus, c’est que l’actuel Ministre des Télécoms, Abdou Mani, est un ancien cadre de la SONITEL, société qu’il avait administrée peu avant d’être promu ministre. Comment expliquer en effet un tel comportement de la part d’une personne qui connaît la fragilité de la SONITEL face à la concurrence déloyale qu’elle subit du fait des opérateurs de téléphonie mobile privés. A notre avis, une seule explication serait valable, très certainement que les espèces sonnantes et trébuchantes sont passées par-là, connaissant la grande capacité de graissage de pattes de ces ogres de téléphonie mobile privés. C’est vraiment dommage, quand chaque fois, c’est un but contre son camp que la SONITEL encaisse !

Melvin Dramane C.

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