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Après l’évasion des prisonniers à Niamey, le ministre de la Justice cherche une fois de plus un bouc émissaire
Publié le jeudi 20 juin 2013   |  Le Témoin


Marou
© Autre presse par DR
Marou Amadou ministre de la justice, Porte-parole du gouvernement


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Comme à la suite de l’incendie du bâtiment de son Ministère, pour lequel il a immédiatement affirmé qu’il est d’origine criminelle, dégageant ainsi toute sa responsabilité, le ministre de la Justice Marou Amadou semble adopter la même attitude pour la spectaculaire et dramatique évasion des prisonniers à Niamey le 1er juin dernier. Sa première réaction (qui semble être pour lui une ligne de défense) est d’affirmer et de soutenir qu’il ne sait pas que le dangereux trafiquant et terroriste Alassane Ould Mohamed dit Chébani se trouvait à la prison civile de Niamey avant qu’on annonce qu’il fait partie des prisonniers évadés.



Après la meurtrière évasion de la prison civile de Niamey - à l’occasion de laquelle trois (03) gardes ont perdu la vie et vingt-deux (22) prisonniers ont pris la fuite - trois (03) éléments de la Garde Nationale du Niger (GNN) ont été mis aux arrêts. Il s’agit du régisseur et du chef de peloton de la prison civile de Niamey et du régisseur de la maison d’arrêt de Kollo. Pour les deux premiers, l’arrestation apparait tout à fait logique vu que le prisonnier était sous leur garde au moment de sa fuite. Pour le troisième par contre, il faut chercher à comprendre.

L’explication donnée est que le supérieur hiérarchique, qui en pareille circonstance devrait assumer toutes ses responsabilités, a décidé de ne rien assumer. Les puissances dont Chébani avait fait assassiner les ressortissants et qui avaient fait pression pour qu’il soit jugé et gardé au Niger ne peuvent pas comprendre que ce personnage dangereux, habitué à s’échapper des prisons, puisse être gardé dans un lieu où on peut prendre la fuite au moindre soubresaut.

Le responsable nigérien de la Justice a pris le devant en exprimant le premier sa surprise d’apprendre que Chébani était gardé à la prison civile de Niamey. Selon le ministre, Chébani devrait être à la maison d’arrêt de Kollo. Là aussi ça ne pouvait pas convaincre parce que Kollo n’est pas une maison d’arrêt suffisamment sécurisée où on doit pouvoir garder sans risque des terroristes et autres criminels de haut niveau. L’Etat a construit une prison de haute sécurité (Koutoukalé) pour cela. Ce n’est d’autant pas plus convainquant que Chébani n’est pas le seul terroriste gardé à la prison civile de Niamey. Il y a les éléments de Boko Haram, le gars qui a tenté d’assassiné le Colonel Malien Gamou et aussi et surtout un Saoudien (Abdalah), celui-là même qui a déclenché l’opération d’évasion en tirant, avec une arme, qu’il a réussi à faire introduire en prison, sur un garde. Ce terroriste saoudien est mort de suite de ses blessures et certainement que les enquêteurs vont avoir beaucoup de mal à déterminer avec exactitude comment l’évasion a été organisée et avec qui et qui.

Pour revenir à la maison d’arrêt de Kollo, qui pour le ministre est un lieu où on pouvait garder des prisonniers dangereux, notons effectivement que Chébani avait premièrement séjourné là-bas. Lorsqu’il était venu pour une audience à la Cour d’Assises, il a été gardé à Niamey. A l’époque, le régisseur de Kollo, le Capitaine Amadou Boubacar Sidikou, était en formation au Mali. Le régisseur de Niamey a tout de même montré à ses éléments un papier comme quoi c’est lui qui le garde à la prison de Niamey pour des raisons de procédure à venir. On était en mai 2012, c’est-à-dire il y a de cela un peu plus d’un an.

Entre temps, le Capitaine Sidikou était revenu de sa formation. Et un jour, le ministre de la Justice était parti visiter la prison de Kollo. Quand il est arrivé le moment d’exposer au ministre les problèmes de la prison, le régisseur à profité de l’occasion pour évoquer le cas Chébani qui avait séjourné à Kollo avant d’être à la prison de Niamey. Le régisseur avait expliqué que de ses propres investigations il avait appris que ce Chébani est un trafiquant de tout genre et qu’il serait lié au MUJAO. Pour suggérer qu’il y a lieu de prendre des dispositions particulières par rapport à lui. Les propos du régisseur ont été tenus en face du ministre et devant témoins. A partir de ce jour, dans le cas où on suppose qu’il pouvait l’ignorer, le ministre de la Justice est mis au courant que le dangereux trafiquant et terroriste Chébani n’est plus à Kollo, mais à Niamey. Et ça aussi, c’est dans le cas où on se dire que le ministre, à qui on transmet mensuellement un rapport sur les prisonniers, n’a pas le temps de s’intéresser à ce genre de paperasse.

Voilà pour les faits dont le ministre dit ignorer. Qu’un ministre de la Justice puisse affirmer, avec sérieux, qu’il ignore où se trouve exactement un prisonnier qui a fait attaquer le convoi d’un prince saoudien (attaque qui a fait 4 morts), qui est soupçonné de l’assassinat d’un Américain et de l’enlèvement d’un ambassadeur canadien (et tout cela au Niger), il faut vraiment l’entendre pour le croire. C’est comme un ministre de la Justice américain à qui on parle d’un des prisonniers de Guantanamo et qui affirme, avec le plus grand sérieux, qu’il pensait que ce monsieur est gardé quelque part dans une prison de New York. N’osons pas trop les comparaisons, parce qu’une telle chose, on ne l’entendra jamais aux Etats-Unis.

Pour ce qui est du Niger, on ne devrait désormais s’étonner plus jamais de rien. C’est ainsi qu’un régisseur se retrouve en prison parce que son supérieur, le ministre de la Justice, dit ignorer qu’un prisonnier n’est pas dans telle prison mais dans telle autre. Tout simplement.

Au moment où nous finissons ce papier, nous apprenons que le Capitaine Amadou Boubacar Sidikou, qui n’a pas l’intention d’accepter de jouer aussi facilement au mouton de sacrifice, a, pour sa défense, demandé de se faire assister par l’avocat Maître Souleye Oumarou. Nous y reviendrons !

I.S. Gaoh

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