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« Vous savez moi j’ai fait voter 3 motions de censures … » Le ministre Bazoum dans tous ses états…
Publié le samedi 22 juin 2013   |  Le Monde d'Aujourd'hui


Le
© Autre presse par DR
Le ministre d`Etat, ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l`Intégration Africaine et des Nigériens à l`Extérieur, M. Mohamed Bazoum


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Dimanche dernier, la radio Anfani a diffusé un entretien exclusif du ministre des Affaires étrangères, de la coopération, de l’intégration africaine et des Nigériens à l’extérieur, président par intérim du PNDSTarayya, Bazoum Mohamed. Il a été question de la santé de l’alliance au pouvoir, la MRN, des rapports avec l’opposition politique, des coupures d’électricité et bien entendu de l’insécurité aussi.

Le jour de l’entretien, Bazoum Mohamed assurait également l’intérim du Premier ministre en déplacement. C’est dire, que c’est avec un des hommes les plus importants du Niger que la radio Anfani s’est adressée. Le Monde d’Aujourd’hui vous propose quelques extraits de cet entretien suivis des commentaires, analyses et compléments d’information de la rédaction du Monde d’Aujourd’hui.

Insécurité.

Sur ce sujet, le Premier ministre par intérim a dévoilé tous les efforts déployés par les autorités pour équiper les forces de défense et de sécurité. Il parlera des hélicoptères de guerre trouvés en piteux état mais réhabilités par la Renaissance, le nouveau matériel aérien et terrestre acheté sur fonds propres de l’Etat. Nous taisons volontairement les détails pour des questions de sécurité. Contrairement au ministre Bazoum, nous pensons que le dispositif de défense d’une nation doit être tenu secret. Concernant toujours l’insécurité marquée par la menace terroriste, la question de ce qui s’est réellement passé au camp de formation de la gendarmerie à Koira Tégui a été demandé à Bazoum.

« À mon avisi, il n’y a pas grand-chose honnêtement parce que l’enquête n’a pas pu établir qu’il y a eu des personnes qui ont tiré des coups de feu, il n’y a pas de traces d’impact, il n’y a pas de douilles, il n’y a rien. Nous sommes dans un contexte où il y a une certaine psychose et peutêtre que du fait de l’obscurité, en voyant même une silhouette au loin, parce qu’on a pas confiance, il peut arriver qu’une sentinelle tire et ça peut déclencher toute une situation un peu comme ce que nous avons vécu au camp de gendarmerie de Koira Tégui. En tout cas, d’après ce que moi je sais, il y a beaucoup de difficultés à dire qu’il y a eu quelque chose de probant de bien concret. On dit qu’on a vu des gens à moto … en véhicule … mais tout cela après l’enquête n’a rien donné de consistant et c’est cela qui explique le peu de commentaire qui était fait par le gouvernement (…) il y a eu beaucoup de tirs.

C’est un camp de 1km sur 1km, il me semble qu’à un moment donné ça tirait un peu partout mais c’est des tirs à l’intérieur du camp, par les gendarmes mais de l’extérieur, pour le moment nous n’avons pas de preuve qu’il y a eu de tirs et s’il y en a eu ce doit être un phénomène totalement insignifiant … » a-t-il répondu. Pourtant, selon des témoins, c’est à 21h précises que 3 roquettes auraient été tirées de l’extérieur, en direction du camp et elles ont déchiré la pénombre due à une coupure d’électricité dans les environs. Cela se serait passé du côté de l’entrée ouest du camp. 10 minutes plus tard, les tirs ont éclaté, de l’intérieur comme de l’extérieur du camp ça tirait. D’autres témoins affirment avoir vu 6 Toyota de la gendarmerie équipée de 12/7, aller vers Koira Tégui en renfort probablement.

Certains riverains ont également soutenu qu’après que les tirs aient cessé, ils apercevaient des bottes jusque devant leurs portes. D’autres affirment que le quartier a été littéralement quadrillé par des hommes en uniforme. Si tout cela s’est réellement passé, le ministre Bazoum pouvait-il l’ignorer ?

Les rapports entre partis membres de la MRN.

Dans un premier temps, le journaliste avait demandé à son interlocuteur ce que deviennent les rapports entre les partis de la mouvance pour la renaissance du Niger. Voici ce qu’il a répondu : « Ben ils (ndlr : les rapports) sont ce que vous voyez, il sont ce qu’ils sont. Nous gérons l’Etat ensemble ». Non satisfait de cette réponse un peu trop simpliste, le journaliste insiste en demandant s’il n’y avait pas des « frictions avec Lumana » surtout au vu du déroulement du vote du projet de loi portant statut du personnel du cadre des douanes. Làdessus, Bazoum tente de minimiser l’évènement :

« pour une disposition qui procède d’un amendement fait par un député et qui paraît aux yeux des députés du PNDS relever du règlement plutôt que de la loi. J’ai signé une lettre, en tant que premier ministre par intérim dans laquelle j’ai saisi la Cour constitutionnelle pour qu’elle nous dise si cette disposition de l’amendement ne procède pas du règlement plutôt que de la loi. C’est une question mineure. Avoir une divergence sur l’interprétation et sur le caractère d’une disposition comme celle là, est-ce la loi, est-ce le règlement, je ne pense pas que ce soit un grand enjeu quelque soit le tapage qui en a été fait, quelque soit l’exploitation qu’on veuille en faire (…) Non ! Je ne vois pas en quoi sur une question théorique comme celle-là qu’il y a un enjeu à caractère politique, je ne le pense pas. »

Néanmoins, on remarque que 20 jours après le vote de ce texte, il aura fallu que le Premier ministre voyage et que Bazoum Mohamed assure son intérim pour que la Cour constitutionnelle soit saisie de la question. Ce qui permet de penser que Brigi Rafini pourrait avoir voulu clore cet épisode contre le gré de Bazoum qui profitera de l’intérim qu’il assure pour faire rebondir les choses. A la question de savoir si les militants du PNDS sont satisfaits de leurs rapports avec Lumana en tant qu’allié, le président par intérim du PNDS répond : « ce n’est pas très important que nous le soyons ou pas. Moi je pense que vous ne nous avez jamais entendu critiquer le Lumana, je n’ai jamais entendu le Lumana critiquer le PNDS.

Ce que les gens rapportent dans les journaux, ce qu’ils peuvent dire ailleurs mais qu’ils n’assument pas, ce n’est pas très important pour moi. Mais vous savez que nous n’avons ni à travers des journaux, ni à travers des déclarations, ni à aucune occasion dit quoi que ce soit vis-à-vis de Lumana qui puisse être interprété comme de nature à remettre en cause la confiance. »

« Ce qu’ils peuvent dire ailleurs mais qu’ils n’assument pas » !

Bazoum voudraitil faire référence aux propos que Hama Amadou aurait tenus à Accra rapportés par le journal qui est justement en procès avec le président du Lumana qui refuse la paternité de ses propos ? Rien n’est moins sûr !

Une idée de motion de censure ?

« Vous savez moi j’ai fait voter 3 motions de censures qui ont fait tomber 3 Premiers ministres. En Septembre 1994, j’ai participé et de quelle façon à une motion de censure qui avait fait tomber le gouvernement de Souley Abdoulaye, fin Janvier 1995, j’ai fait voter une motion de censure qui avait fait tomber le Premier ministre Amadou Boubacar Cissé et en 2007, j’ai fait voter une motion de censure qui avait fait tomber le Premier ministre Hama Amadou. Aucune de ces motions de censure n’avaient pas été annoncées, toutes ont été faites de façon discrète et elles ont réussi. A chaque fois que vous entendez des gens menacer de motion de censure c’est qu’ils ne le feront pas, ils ne réussiront pas.

En 2007, nous n’aurions pas réussi si nous n’avions pas le feu vert au moins tacite du président Ousmane et du président Tandja. Pas plus que nos députés à nous, les députés du MNSD et du CDS n’auraient voté la motion de censure s’ils savaient que le président de la République ne devait pas l’accepter et qu’il devait assumer ses responsabilités en décidant de dissoudre l’Assemblée nationale. En 1994, si nous avions pu voter la motion de censure contre Souley Abdoulaye, c’était parce que c’était un autre contexte. Les députés de 1994 avaient un salaire de 300 000 Fcfa, ils n’avaient pas de diplomatie parlementaire, ils ne voyageaient pas en classe affaire, ils n’avaient pas de crédits.

Les députés d’aujourd’hui, ils ont 25 millions de crédits pour acquérir des véhicules, ils ont 2 millions de Fcfa de salaire, et ils sont tout le temps à l’étranger à voyager en classe affaire, ils ont tellement d’avantages que pour faire plaisir à quelques personnes, vous pouvez compter sur eux pour qu’ils ne scient pas la branche sur laquelle ils sont assis. » On ne peut vraiment dire de Bazoum qu’il est modeste avec tous ces « j’ai fait voter », « j’ai participé et de quelle façon … ». Mais le plus grave, c’est la manière avec laquelle le puissant ministre d’Etat a menacé les députés nationaux.

A bien comprendre le Premier ministre par intérim, le régime a fait exploser les avantages des élus du peuple pour les tenir en joue et leur ôter toute envie de déposer le gouvernement avec la menace de dissolution du parlement en cas de vote favorable d’une motion de censure. Ce qu’il semble oublier, c’est que même en cas de dissolution de l’Assemblée nationale, la constitution impose au président de la République d’organiser des élections législatives anticipées dans 45 jours au moins et 90 jours au plus. Alors, la rupture de ces avantages ne durera que 3 mois et la nouvelle majorité qui sortira des élections pourra même décider de les augmenter.

Et le PNDS-Tarayya sait qu’il n’a aucune chance face à un éventuel bloc MNSD – Lumana – CDS – RDP – RSD et tous les autres. Donc le président par intérim du PNDS aurait gagné à jouer l’apaisement, le dialogue, plutôt que la menace.

Gouvernement d’ nationale ? Depuis quelques temps, une certaine rumeur faisait cas de tractations visant une recomposition politique avec une nouvelle majorité constituée du parti au pouvoir et l’opposition. Bazoum nous éclaire sur ce sujet : « rapprochement PNDS – MNSD il n’en est pas question mais le président de la République n’a pas manqué de dire récemment : vous voyez lorsque je vous disais qu’il fallait que nous soyons tous ensemble dans le cadre d’un gouvernement d’ nationale, je savais de quoi je parlais. La vérité c’est que la situation d’aujourd’hui peut commander un gouvernement d’ nationale.

Si cela est possible, c’est bien. Mais cela n’est pas possible, ce n’est pas la fin du monde, ce n’est pas grave du tout. Je pense que l’opposition semble poser des conditions qui ne peuvent pas être acceptées par le président de la République et cette idée à mon avis est dépassée. » Bazoum Mohamed a refusé de relever les conditions posées par l’opposition. Mais selon nos sources, la dissolution de l’Assemblée nationale est entre autres conditions posées par Seïni Oumarou et les siens pour entrer au gouvernement.

Remaniement du gouvernement.

A propos du remaniement ministériel, l’intérimaire de Brigi Rafini dit qu’il est imminent : « Il ne l’avait pas voulu, maintenant il le veut, il va le faire mais il va le faire en ayant lui seul de façon exclusive le calendrier. Ce que je sais, c’est que probablement il y aura un remaniement mais je ne connais pas la date, ça c’est le président seul qui peut vous le dire, quand il en prendra la décision, ça se saura. » En suivant attentivement le ministre Bazoum Mohamed, on comprend bien pourquoi le PNDS-Tarayya a beaucoup de mal à accorder ses violons avec ses alliés.

Comment peut-on avoir si peu d’estime envers des partenaires politiques et ne pas scier la branche sur laquelle l’on est assis. L’histoire de ce parti politique démontre à suffisance qu’il ne peut s’entendre avec aucun autre parti lorsqu’il s’agit de gérer le pouvoir. L’opposition, c’est encore mieux !

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