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La piraterie maritime en plein essor dans le golfe de Guinée
Publié le mardi 25 juin 2013   |  Xinhua


Cameroun:
© AFP par DR
Cameroun: Ouverture du sommet de Yaoundé sur la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée
Lundi 24 juin 2013. Cameroun (Yaoundé). Plusieurs chefs d`Etat d`Afrique de l`Ouest et du Centre participent au sommet sur la sécurité maritime dans le golf de Guinée.


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YAOUNDE -- La piraterie maritime connaît un essor dans le golfe de Guinée depuis la fin des années 1990, a souligné Pr. Joseph Vincent Ntuda Ebodé, universitaire camerounais, au cours d’un symposium international tenu en prélude au sommet des chefs d’Etat et de gouvernements de l’Afrique centrale et de l’Ouest sur la sûreté et la sécurité maritime ouverte lundi dans la capitale camerounaise.

Le coordonnateur du Centre de recherches et d’études politiques et géostratégiques de l’université de Yaoundé II-Soa au Cameroun se veut même plus pessimiste, lorsqu’il relève que cette activité criminelle, qui a eu pour épicentre la région du Delta du Niger, « prend de plus en plus des proportions alarmantes dans certains Etats riverains du golfe de Guinée.

Cette montée de la piraterie maritime concerne notamment le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, le Togo et dans une certaine mesure la Côte d’Ivoire, le Ghana et la Guinée.

S’appuyant sur les statistiques de l’Organisation maritime internationale (OMI), le Pr. Ntuda Ebodé a répertorié, au cours de la dernière décennie, 102 actes dans les eaux internationales du golfe de Guinée, 170 dans les eaux territoriales et 270 à l’intérieur des ports.

Pour la seule année 2011, les pirates ont pris pour cibles au moins 20 tankers aux larges du Bénin et ont détourné huit navires entre les mois de mars et septembre. Entre janvier et novembre 2012, des pirates bien armés et violents ont été impliqués dans au moins 15 incidents.

C’est que, constate Pr. Ntuda Ebodé, la piraterie a changé de visage dans le golfe de Guinée. A l’origine, précise-t-il, elle se traduisait « par des vols à main armée commis à proximité des ports ou dans les eaux territoriales, au cours desquels les pirates s’en prenaient aux navires et aux plates-formes de forage, (..) prenant des fois des otages pour obtenir une rançon ou pour exercer une pression politique ».

Aujourd’hui, les pirates convoitent davantage les cargaisons de pétrole brut ou raffiné, et n’hésitent pas à recourir aux raids et aux détournements de navires pendant les opérations de transbordement. Et le bateau reste sous leur contrôle tant qu’il n’a pas été délesté de son contenu.

Cela est arrivé en octobre 2012 à un navire en plein mouillage sur les côtes ivoiriennes chargé de 30 000 tonnes de carburant, qui passe sous le contrôle d’une dizaine de pirates lourdement armés et quitte la rade d’Abidjan, traverse le Ghana, le Togo et le Bénin avant d’échouer dans les eaux nigérianes où il sera délesté de 2500 tonnes de gazole avant d’être libéré.

Pour le Pr. Ntuda Ebodé, il ne fait plus de doute que ce sont des réseaux de plus en plus bien organisés et outillés qui animent désormais la piraterie maritime dans le golfe de Guinée. Ceux-ci, explique-t-il, ont affiné leur stratégie de vol et de transfert de cargaisons de pétrole et autres marchandises, en recourant à des navires pour les convoyer vers leurs bases situées loin des lieux d’opérations.

« C’est un phénomène criminel largement financé, une industrie parallèle de plus en plus perfectionné qui bénéficie d’une chaîne d’approvisionnement bien développée. Les criminels comptent parmi eux des ingénieurs qualifiés qui soudent des robinets sur des oléoducs à haute pression et disposent d’ateliers de construction navale », souligne le géostratège camerounais.



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